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"Les entourages sont régnants"

vendredi 8 avril 2022 à 10:40

Quelles que soient les tentatives, le versant technocratique sort toujours vainqueur (VII)

Jean-Michel Eymeri-Douzans, Professeur des universités, directeur adjoint de Sciences Po Toulouse, président du Groupe européen pour l’Administration publique à Bruxelles et auteur du livre Le règne des entourages, paru aux Presses de Sciences Po, travaille sur le décryptage des us et coutumes en cabinet ministériel. Il partage le résultat de ses travaux, pour mieux comprendre les rouages de ces cabinets où sont fabriquées 80% des lois.

Ministères - images : Wikipedia

Reflets : Pour commencer, pouvez-vous décrire le fonctionnement d’un cabinet ministériel? Les fonctions clés, la hiérarchie…

Jean-Michel Eymeri-Douzans Les cabinets ministériels français sont une émanation d’un système qui remonte à la fin du 18e siècle, selon lequel tout homme important dispose de secrétaires particuliers. Les cabinets ont connu un développement hypertrophié basé sur cette habitude. Dans la langue de Colbert, les secrétaires particuliers étaient des «créatures», en général de jeunes hommes éduqués mais sans fortune, qui servaient de plume au sens le plus littéral du terme à leurs maîtres. Les «plumes» de nos politiques actuels, ces conseillers aux discours, sont un clin d’œil à cette époque.

Les pays britanniques ont gardé cette tradition de secrétariat privé assez restreint, composé de quelques membres autour du chef, alors que la France et beaucoup de pays latins ont adopté un autre système de cabinet reposant sur cette idée que j’ai avancée: le ministre n’est plus une personne physique. Le ministre, et en réalité tout chef de l’exécutif, ne peut tenir valablement son rôle, c’est-à-dire «faire de la politique» tout en faisant des politiques publiques, que grâce à cet entourage «taillable et corvéable à merci», tenu dans l’ombre, dont l’influence est minorée et dont les membres ne peuvent jouer en retour leur rôle de collaborateurs qu’en se réclamant de la personne du ministre. C’est pour cela qu’il ne me semble pas exagéré d’affirmer qu’un ministre est...

Coût de l’application TousAntiCovid: les mensonges de Cédric O.

jeudi 7 avril 2022 à 14:10

Le secrétaire d’État chargé de la transition numérique minimise les chiffres.

Le budget officiel prévu avoisine les 30 millions d’euros; 19 millions ont d’ores et déjà été versés. Face à la commission d’enquête du sénat Cédric O vient d’en déclarer 15 seulement. Intérêt ou omission…

Pour fabriquer et héberger TousAntiCovid, la facture est salée... - © Reflets

Le 2 février dernier, le secrétaire d'État chargé de la transition numérique était cuisiné par la commission d’enquête du Sénat sur le rôle des cabinets de conseils dans la gestion des affaires publiques. En d’autres termes, les sénateurs cherchent à comprendre comment l’État peut dépenser autant d’argent en déléguant à des entreprises privées de conseil des tâches normalement dévolues aux hauts fonctionnaires. Cédric O s’est ainsi vu interpellé par les sénateurs sur le bien fondé des dépenses engagées pour les deux applications proposées au plus fort de la pandémie: StopCovid et TousAntiCovid. La première a été réalisée par des entreprises ayant décidé de travailler pro bono, c’est à dire sans être rémunérées. Reflets s’était à l’époque penché sur l’équipe de choc mise en place pour sortir la France du confinement avec StopCovid. Ensuite, l’État décide de passer en mode contractuel. Il va faire travailler des sociétés, sous la direction de l’INRIA, pour produire, espère-t-il, une application qui donne des résultats. Pas certain qu’il y soit parvenu, mais c’est là une question à laquelle devront répondre les spécialistes de santé publique dans quelques années.

En attendant, cette application miracle a coûté une somme rondelette. Interrogé sur ce montant, le secrétaire d’État semblait un peu perdu. Au point de se tourner vers son jeune voisin de table pour lui glisser, juste après avoir activé son micro: «t’as les montants ou pas? Bon...». Après un grand moment de...

Le journalisme indépendant en Russie a-t-il dit son dernier mot ?

mardi 5 avril 2022 à 10:36

Dessous Choc #5

Dernier symbole prestigieux de la presse indépendante en Russie, Novaïa Gazeta a décidé de suspendre sa publication le 28 mars dernier jusqu’à la fin de l’intervention russe en Ukraine.

Cette annonce de Novaïa Gazeta est le symptôme d’une liberté d’information fortement, si ce n'est complètement muselée en Russie à cause de cette guerre.

Le harcèlement, les vexations de toutes sortes, voire plus encore la traque et le meurtre de journalistes, n’est malheureusement pas chose nouvelle sous l'ère poutinienne, en témoigne l’assassinat il y a quinze ans de la journaliste d’investigation Anne Politikovskaïa, l’une des figures de proue de Novaïa Gazetta dont les enquêtes sur les exactions russes en Tchétchénie et la corruption l’avaient rendue extrêmement gênante pour le pouvoir.

A sa suite, malgré les menaces et les pressions, des journalistes dans toutes la Russie et sur différents supports tentent de résister, de plus en plus dans l’ombre et à distance en raison de la situation actuelle, pour faire valoir la liberté d’enquêter et d'informer.

Écrit en octobre dernier, donc avant l'invasion de l’Ukraine par les Russes, un petit livre évoque cette résistance créative et vivante du journalisme indépendant : Ils font vivre les journalismes en Russie (éditions Les petits matins). Johann Bihr, journaliste et consultant, ancien responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières (RSF) en a dirigé la publication. Il répond aux questions d’Antoine Bellier.

Ministères régaliens, de plein exercice, délégué ou secrétariat d'Etat... qui est qui ?

lundi 4 avril 2022 à 15:04

Petit rappel de la structure du Gouvernement actuel (VI)

On y perdrait ses petits... pour mieux cerner de quoi on vous parle, on vous a concocté une petite infographie qui permet d'identifier quels ministères sont rattachés à quoi, et qui sont les ministères régaliens. La page à laisser ouverte dans l'onglet d'à côté, pendant que vous lirez ce dossier !

Ministères - images : Wikipedia

Le Gouvernement Castex compte 44 ministères.

17 sont des ministères dits "de plein exercice", desquels peuvent dépendre des ministères délégués ou bien des secrétariats d'Etat, que l'on compte respectivement au nombre de 14 pour les premiers et de 13 pour les seconds.

Dans chaque article vous retrouverez ce petit encadré, qui rappelle le code employé dans les graphiques :

Lecture des graphiques :

Le Gouvernement est constitué de ministères de plein exercice, sous lesquels se trouvent des ministères délégués et des secrétariats d’État. Retrouvez la liste des ministères à ce lien. Dans chaque graphique présenté vous repérerez les catégories suivantes: • Ministères de plein exercice en gras (blanc et bleu) • Ministères régaliens en bleu • MD = Ministère délégué • SE = Secrétariat d’État

Composition du Gouvernement - Création Nostromo Production pour Reflets
Composition du Gouvernement - Création Nostromo Production pour Reflets

Chaque ministère doit respecter un quota de personnes embauchées. Sous Edouard Philippe, ces quotas étaient très resserrés, ce qui a du provoquer quelques burn-outs dans les rangs. Sous Castex, l'étau s'est desserré. Voici les règles édictées par les décrets...

...de 2017, sous Edouard Philippe

Le décret n 2017-1063 du 18 mai 2017 relatif aux cabinets ministériels a limité à dix membres la composition du cabinet d’un ministre, à huit membres celle d’un ministre délégué ou d’un secrétaire d’Etat disposant d’une délégation du Premier ministre ou d’un ministre de tutelle et à cinq membres celle...

Militants, lobbying, think tanks : les cartes rebattues

lundi 4 avril 2022 à 15:03

Quelque 29,41% de lobbyistes à l'Intérieur... (V)

Peu de militants, plus de lobbyistes et de conseillers passés par des think tanks : la cuvée 2017-2022 des cabinets ministériels a ses particularités. Passage en revue.

Ministères - images Wikipedia

Où sont les militants? Plus dans les cabinets ministériels, a priori. Et d’ailleurs, sous cette majorité, on ne parle même plus de militants, mais d’adhérents à la République en Marche. Une nuance qui se traduit par seulement 5,81% de membres des cabinets qui se sont effectivement investis, à un moment ou un autre, au sein de LREM. Quelque 24 des 44 ministères n’ont même aucun membre passé par le mouvement LREM. Avec un parti créé de toutes pièces pour soutenir la candidature d’Emmanuel Macron, c’est finalement assez logique. La politologue Delphine Dulong note une évolution depuis les débuts de la Ve République: « la plupart des ministres arrivaient avec leurs militants. Mais on a assisté à une évolution progressive, le milieu devenant plus professionnel que militant. Aujourd’hui, on reste en moyenne trois ans dans un cabinet ministériel, d’une part parce que c’est usant, d’autre part pour l’utilité que ce passage confère dans une carrière professionnelle

Seulement 5,81% de membres des cabinets qui se sont effectivement investis, à un moment ou un autre, au sein de LREM

Lecture des graphiques :

Le Gouvernement est constitué de ministères de plein exercice, sous lesquels se trouvent des ministères délégués et des secrétariats d’État. Retrouvez la liste des ministères à ce lien. Dans chaque graphique présenté vous repérerez les catégories suivantes: • Ministères de plein exercice en gras (blanc et bleu) • Ministères régaliens en bleu • MD = Ministère délégué • SE =...