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La solidarité avec les journalistes convoqués à la DGSI en un chiffre

mercredi 29 mai 2019 à 22:42

Moins de 10 personnes étaient présentes à la manif...

C'était couru d'avance, mais on a quand même voulu vérifier sur place : 7 personnes se sont déplacées mercredi 29 mai devant la DGSI en soutien à la palanquée de journalistes convoqués ces jours-ci...

La "manif" à son pic de fréquentation dont la moitié d'Extra Muros - © Reflets

Rendez-vous avait été donné par le SNJ-CGT à 11 heures "square de la Libération" à Levallois-Perret, à côté de la DGSI où devait être entendue Arianne Chemin du Monde. Premier couac, le square de la Libération n'existe pas, il s'agit de la place de la Libération. Cet obstacle surmonté, il a fallu se faire une place dans le cortège monstrueux de... 7 personnes. Au plus fort de la manif des journalistes et des lecteurs, en lutte contre l'exécutif qui cherche à identifier les sources des journalistes, il y avait à peu près 10 personnes, dont la moitié, membres du collectif de pigistes Extra Muros. Même France-Info avait parlé de cette manif. On aurait pu s'attendre à un peu plus de confrères présents...

L'appel du SNJ-CGT - Copie d'écran
L'appel du SNJ-CGT - Copie d'écran

Pour ceux qui vivaient au fond d'une grotte ces derniers jours, la profession s'est longuement indignée de convocations en cascade de journalistes dans les locaux de la DGSI (les renseignements intérieurs) ces derniers jours. Pour la plupart d'entre-eux, il s'agit d'identifier leurs sources. La ficelle est grosse : l'exécutif envoie un message via le parquet qui est sous contrôle du garde des sceaux et donc du gouvernement. Le parquet ouvre, probablement à la demande des politiques, il saisit la DGSI comme service enquêteur car il s'agit dans la plupart des cas de compromission du secret défense. Dans cette histoire, le parquet et la DGSI sont instrumentalisés. Les journalistes...

Qui sème le vent...

dimanche 26 mai 2019 à 23:12

Emmanuel Macron frappé à son tour par le dégagisme ?

L'ovni politique a réussi son coup lors de la présidentielle et il en était tout fier : il a anéanti le clivage gauche-droite traditionnel et éparpillé façon puzzle les partis traditionnels. Résultat ? Le FN fait un score habituel élevé mais il n'y a plus personne d'autre.

Les Huns menés par Attila, déferlant sur l'Italie, vus par Ulpiano Checa y Sanz (1887) - Domaine public

Le Rassemblement National est arrivé en tête pour les élections européennes. Ce n'est pas une surprise, les sondages étaient explicites. Ce n'est pas non plus un cataclysme. Le FN avait fait 24,86% aux européennes de 2014 et surtout, ne brillant pas par sa présence dans les travaux des instances européennes, ce parti ne risque pas d'influer sur quoi que ce soit. Les scores élevés du FN/RN ne sont pas une nouveauté : 33% au deuxième tour de la dernière présidentielle, 27,73% aux régionales de 2015. Ce qui change, c'est le paysage politique dans lequel ces scores élevés sont réalisés.

L'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la république a été le théâtre d'un effondrement des partis politiques traditionnels. Le PS et l'UMP ont explosé en vol. La gauche avait fait une politique de droite avec Manuel Valls (faire clic-clic ici pour bien comprendre). La droite a été plombée par l'affaire Pénélope Fillon.

Le sotrytelling présentait Emmanuel Macron comme une sorte de recours, ni de droite, ni de gauche, ni politique chevronné, ni débutant. Celui qui n'avait pas encore été essayé, qui n'avait pas encore déçu. De toutes ces affirmations, seule la dernière était vraie.

Ce n'est plus la cas. Il lui reste environ 25% d'opinons favorables.

Le prochain test est évidemment la présidentielle de 2022. S'il faut désormais, en partie par l'effet de la magie vaudou d'Emmanuel Macron, ne plus compter sur le PS et LR, il...

Européennes : entretien avec deux candidats du Parti Pirate

vendredi 24 mai 2019 à 19:39

Europe, numérique, libertés, et plus si affinités

Entretien avec Florie Marie et Pierre Beyssac, deux candidats de la figure de proue des libertés numériques en Europe.

Painting of a pirate ship - Ambroise Louis Garneray - Scanné par Poecus - Domaine Public

RGPD, neutralité du Net, directive copyright, e-Privacy, etc., c'est aujourd'hui au niveau européen que se prend l'essentiel des décisions concernant le numérique, thématique sur laquelle s'est bâti le Parti Pirate. Comment résumeriez-vous votre vision à ce sujet ?

Pierre Beyssac : Non seulement les décisions se prennent au niveau européen, mais les enjeux doivent être pensés au niveau européen également. La politique française en UE est trop souvent pensée à travers notre prisme national, avec tous les défauts que cela implique : politique industrielle favorisant certains acteurs locaux au détriment d'autres, voire certains lobbies, etc. La Directive Copyright est une illustration de ces travers.

De son côté, le Parti Pirate, d'une part, entretient une réflexion permanente au niveau européen avec ses homologues, et d'autre part axe prioritairement cette réflexion autour des enjeux fondamentaux de la protection des libertés publiques, sans dogmatisme. Cela nous semble indispensable aujourd'hui.

Tout le monde ou presque s'accorde sur le fait que les libertés fondamentales ont été malmenées en France ces dernières années, notamment en ce qui concerne le numérique mais pas seulement. Partagez-vous ce constat ? Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Pierre Beyssac : C'est une évidence. Les lois françaises se suivent et aucune ne va dans le sens de protéger nos libertés, au contraire, depuis plus de dix ans. Pire, la France use de son...

Convocation de journalistes par la DGSI

jeudi 23 mai 2019 à 22:25

Marlène Schiappa avait prévenu !

Imbéciles que nous sommes, nous avions pris les déclarations de la secrétaire d'Etat pour des bourdes comme pourraient en faire des esprits un peu simples. Non, c'était pour de vrai : le journalisme, ce doit être de belles histoires, pas de l'investigation...

Siège de la DGSI à Levallois - NemesisIII - CC‑BY‑SA‑3.0

C'est tellement gros que cela ressemble à un film comique. Une sorte de mix improbable entre "Le grand blond avec une chaussure noire, OSS 117 et Idiocracy. Imaginez une France où les journalistes trop curieux seraient convoqués par le services de renseignement intérieur pour s'expliquer sur leurs enquêtes... On dirait la France du général de Gaulle, comme dirait l'agent OSS 117.

Fin mars 2019, Marlène Schiappa, la Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, taclait dans Télé-Loisirs les émissions Cash Investigation et Envoyé Spécial d'Élise Lucet sur France 2 :

« Je suis en effet interpellée par ce que le format est devenu. Je trouve que quand on montre sans cesse, sur le service public de surcroît, aux gens des exemples de politiciens corrompus, d'hommes et de femmes politiques véreux, de gens qui détournent de l'argent, de gens haineux et magouilleurs, etc. Quand on ne leur montre que ça, je crois qu'on installe dans l'esprit des gens 'Waouh, ils sont tous comme ça'. Et je trouve que c'est un peu une forme de populisme de dire qu'ils sont tous pourris »

Le journalisme d'investigation serait donc une forme de populisme selon la pasionaria de la République en Marche. Au lieu de s'intéresser à ce qui dysfonctionne, les journalistes feraient mieux de raconter des belles histoires.

« J'aimerais que de temps en temps, il y a ait de...

Ghosn, sa soirée d'anniversaire, le fichier Monsanto et Captain Obvious

lundi 13 mai 2019 à 11:49

La lune, le doigt, toussa...

Deux "affaires" ont défrayé la chronique ces derniers jours. La presse fait mine de découvrir et de s'offenser.

Fête d'anniversaire de Carlos Ghosn à Versailles - Capture d'écran

L'ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, avait organisé une petite fête le soir de ses soixante-quatre ans. En mars 2014, la filiale néerlandaise du constructeur "privatise" le Château de Versailles pour la modique somme de 634 000 euros. L'Obs a mis la main sur une vidéo de la soirée. Surprise, cette fête est démesurée. Du luxe partout, des dépenses et une organisation qui laissent pantois tous les journalistes et M. et Madame Tout-le-monde. Dans le même temps, on apprenait qu'un "cabinet de lobbying mandaté par l’agrochimiste américain Monsanto avait fiché illégalement 200 personnes en fonction de leurs positions sur le glyphosate, entre « alliés », « alliés potentiels à recruter », « parties prenantes à éduquer », « parties prenantes à surveiller »", principalement des journalistes, indique Le Monde. Qui l'eut crû ?

Captain Obvious n'aurait pas fait mieux. L'eau ça mouille, la neige c'est froid, les super-riches vivent dans une autre dimension, les grosses boîtes ont transformé le business en guerre et font du renseignement.

Depuis des années, Reflets explique (ici, ici et ) que le commun des mortels n'a pas les moyens de conceptualiser la façon dont les couches les plus élevées de la société vivent. Pour expliquer cela, nous faisions le parallèle avec une sole complètement plate qui aurait du mal à imaginer qu'il existe une troisième dimension. Il y a bien de temps en temps des reportages sur les...