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La Maison du Libre à Brest cherche un local : help !

jeudi 3 décembre 2015 à 16:26

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C’est une association qui accueille plein de projets « libres » (ainsi que d’autres associations). La Maison du Libre à Brest est malheureusement en manque de local suite à un reboot, conséquence de plein de problèmes survenus dans l’intégration au sein d’un projet collectif nommé « les Fabriques du Ponant ».

Pas grave, seulement, maintenant il leur faut un local aux gens de la MDL.

Alors, si vous faites partie des légions de l’Internet libre, ou simplement que vous soutenez ces même légions, que vous n’appréciez pas les éructations de @Mettout de l’Express plus que ça, et que vous avez des plans pour un local à Brest, il est temps de faire œuvre de bienfaisance…

Sinon, vous pouvez toujours relayer ce message.

Mais attention : sachez que tout ce que vous relayez peut-être retenu contre vous.

P.S : Open Path View, c’est chez eux.

L’équipe de Reflets

Vers un état d’urgence permanent et l’interconnexion des fichiers ?

jeudi 3 décembre 2015 à 16:22

etat d'urgenceUne dépêche AFP est tombée évoquant un projet de loi pour permettre un état d’urgence à durée illimitée. On ne parlerait plus de 3, ni même de 6 mois, mais d’un état d’urgence permanent, jusqu’à ce que « ça aille mieux ». Et si le terrorisme, c’est comme la reprise économique, c’est pas demain la veille.

Mais voilà… en découvrant ce matin « l’autre » projet, celui d’interconnecter tous les fichiers informatiques des différentes administrations, on se dit que c’est relativement cohérent cet état d’urgence permanent. Car une fois interconnectés ces fichiers, ils le resteront, état d’urgence terminé ou pas… Donc autant que l’état d’urgence devienne la norme non ?

Que reste t-il maintenant à trouver pour la prochaine salve ? On pourrait peut-être faire comme les américains pour NIPRNet et SIPRNet en ouvrant l’accès à ces données à des centaines de milliers de personnes plus ou moins apparentées à une administration ?

Quoi la CNIL ?

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Logiciel libre : Libervia (Salut à Toi) est sorti !

mercredi 2 décembre 2015 à 19:44

campagne_androidReflets avait déjà parlé de ce développement à ses débuts, et promis d’en faire de nouveau la promotion une fois celui-ci plus abouti. C’est le cas aujourd’hui.

[Communiqué]

Nous sommes heureux d’annoncer la sortie de Libervia (Salut à Toi) 0.6.0.

Libervia est un « couteau suisse de la communication », un outil libre et décentralisé permettant de partager publiquement ou de façon privée des messages, des fichiers, des articles de blog, de microblog, etc.

Le projet a de nombreuses fonctionnalités allant du chiffrement de bout en bout aux jeux, et peut également servir de base pour créer de nouveaux réseaux. C’est aussi un projet éthique, géré par une association loi 1901, suivant un « contrat social », utilisant exclusivement des logiciels libres, militant pour la décentralisation, et fermement opposé à la publicité.

Cette version a vu un très gros travail sur le système de blogs : Libervia offre un moteur de blog décentralisé, accessible à des groupes restreints ou de l’extérieur, et entièrement basé sur le protocole standard et ouvert « XMPP ». L’utilisation de ce standard permet de communiquer avec d’autres projets comme Movim ou Jappix, créant ainsi un grand réseau libre.

Le partage de fichiers en pair à pair (P2P) a aussi été grandement amélioré grâce au protocole « Jingle », ouvrant la voie pour de futures applications comme la visioconférence.

L’annonce officielle est disponible sur le blog suivant (basé sur Libervia) : https://libervia.org/blog/salut-a-toi

Une campagne de financement participatif est en cours pour faire une version de bureau (une étape déjà franchie), et une version Android. Cette campagne étant très proche de la fin, c’est le moment de nous soutenir ! site officiel : http://salut-a-toi.org démo : https://libervia.org campagne de financement : https://www.arizuka.com/fr/projects/libervia

N’hésitez pas à nous contacter (http://salut-a-toi.org/community.html)

L’équipe « Salut à Toi »

@Mettout, vous devriez quand même accepter d’écouter un peu…

mercredi 2 décembre 2015 à 19:02

Guy-FawkesLe propre d’une corporation est d’être corporatiste et donc de se serrer les coudes. C’est naturel, c’est humain. Il est par contre parfois un peu malsain d’en venir à défendre ses collègues, sa corporation, au delà du raisonnable, jusqu’à proférer des contre-vérités. Réponse à Eric Mettout, journaliste parti en guerre — et un peu en cacahuète — contre les « légions de l’Internet libre ». [billet de blog, non corrigé par mes pairs, tant pis pour les amoureux des belles lettres]

Cher Eric, j’ai attentivement lu ton billet de blog intitulé « Les légions de l’Internet libre » et je suis un peu désappointé. En effet, rien de concret, de sourcé, de vérifiable ne vient appuyer ton discours — puisqu’il n’y a rien d’autre que du discours dans ton billet, disons-le — censé défendre l’édito de ta consœur nommé « Daech est une créature de l’ère Internet » (édito auquel Bluetouff a déjà répondu). C’est fort dommage, surtout pour des journalistes.

Reprenons depuis le début. Et tentons de nous mettre d’accord. Tranquillement. Ou pas.

Quand un journaliste veut s’emparer d’un sujet qu’il ne maîtrise pas…

L’édito dont tu prends la défense est absolument déplorable, pour une raison simple : il est un empilement de poncifs et enfile des perles à propos d’Internet, le web, et tout cet univers fort complexe, touffu et fabriqué par des millions de personnes depuis des décennies.

Je m’explique : un journaliste, s’il est un simple « surfeur du web » (expression très 90’s qui pourrait se marier avec les « autoroutes de l’information » de Bill Gates), n’a qu’une vision d’Internet très réduite. Ce qui est bien normal, puisqu’il n’est pas du tout spécialiste, ou féru du domaine.

Décrire Internet depuis l’extérieur, sans le pratiquer intensément durant de longues années, sans y rencontrer ceux qui le font, le modifient, le protègent, est un exercice périlleux pour un journaliste qui veut en parler.

Pour enfiler la métaphore, c’est un peu comme quelqu’un qui n’aurait aucune notion d’histoire, lirait Mein Kampf et voudrait soudainement se mettre à expliquer comment les livres, l’écriture, l’imprimerie et les idées peuvent devenir un très grand danger pour l’humanité. Sans discuter avec aucun historien ou politologue.

La personne en question aurait raison en apparence dans son discours : les livres ça peut être dangereux, les idées aussi, et l’imprimerie une technologie fortement déstabilisatrice, parce que permettant toutes les propagandes. C’est vrai Eric. Mais ce serait un peu réducteur, non ? Et c’est bien là que nous arrivons à Internet, cette imprimerie très moderne…

Internet est Internet parce qu’il est sans contrôle, décentralisé et doit rester neutre

Ce serait un peu long ici même, de te retranscrire toute l’histoire du net, cher Eric, mais il faut que tu saches que ce réseau de réseaux est ce qu’il est, te permet de faire ce que tu fais parce qu’il n’est pas centralisé. Il n’a donc pas de « chef ».

Il n’y a pas d’autorité centrale avec Internet. Et le concept de neutralité du net, qui a déjà une quinzaine d’années est assez important pour une raison simple, puisque sans neutralité du réseau, tu te retrouverais avec plein d’Internet différents les uns des autres, et que fonction d’où, comment, avec quel appareil, quel FAI, que montant payé pour ton accès, tu n’aurais jamais le même Internet. Ce serait dommage, parce que les pauvres, par exemple, auraient leur Internet, bien moins rapide que l’Internet des riches, et puis les communications des puissants auraient des priorités, et tu serais obligé d’attendre, et plein d’autres choses étranges t’arriveraient, au bon vouloir des telco et des décisions de leurs gouvernements…

Mais peut-être es-tu un ardent défenseur de cette conception de la liberté basée sur la discrimination et l’inégalité de fait, par l’argent ou la condition ?

Daech, ce scélérat qui ose utiliser des codes secrets !

Tout le départ de cette histoire vient de ce fameux édito grotesque de ta consœur. Les djihadistes utilisent plein de trucs pas net sur le net. Au point qu’on lit qu’il y a un « Dark Web », et toutes ces choses que le lecteur peu averti prend pour argent comptant : alors comme ça il y aurait des coins sombres dans le réseau ? Naaaan, c’est dingue Eric ! Un scoop : si tu ne veux pas qu’on voit ta tronche en voiture, tu peux faire fumer tes vitres. Ah, zut, ça va être interdit. Mais mieux : tu peux rencontrer des gens dans des endroits où il n’y a :

Dans ces endroits obscurs (ton arrière cuisine, un bois, une carrière, une usine désaffecté, le salon de ta mémé partie en cure), les gens se disent des trucs sans que personne ne soit au courant. Ils peuvent même y préparer des attentats. Que faut-il faire ? Interdire les coins sombres ?

Plus sérieusement : les communications chiffrées, les protocoles d’accès à des services « invisibles », les techniques d’anonymisation, tout ce travail formidable qui a été réalisé sur le réseau pour permettre de préserver autant que possible la vie privée des personnes, sont aussi importants que ton droit à la confidentialité des correspondances, à la vie privée et à la propriété privée. Accepterais-tu de vivre dans une société où l’Etat pourrait ouvrir ton courrier, déclencher une caméra pour regarder ce que tu fais chez toi à tout moment, ou pouvoir écouter tout ce que tu dis, tout le temps ?

Le système politique où ces droits élémentaires (confidentialité, vie privée etc…) étaient annihilés est connu, c’est l’Union Soviétique. l’Express serait donc devenu un repère de staliniens qui voudraient centraliser Internet, le contrôler, lui ôter tout caractère de confidentialité, sous prétexte que des djihadistes l’utilisent ? Il va falloir nous expliquer ça…

La légion d’Internet n’existe pas plus qu’un Daech généré par l’ère Internet

Lors de la seconde guerre mondiale, les Américains avaient trouvé un truc (que tu dois connaître) pour passer des messages vocaux qu’aucun ennemi ne pouvait déchiffrer : ils utilisaient la langue navajo. Comme personne d’autres que les Navajos ne parlaient navajo, et que l’ennemi n’avait pas de Navajos sous la main, c’était bien pratique. On appellait ça des code-talker. C’est un peu PGP avant l’heure, un truc chiffré, que tu ne déchiffres pas comme ça. Il y avait même un dico du code. Effrayant…

Il est pour autant certain que la seconde guerre n’a pas été gagnée grâce aux Navajos. Ni qu’Hitler a pu devenir le Führer et causer 6 millions de morts par déportation uniquement grâce à l’imprimerie. Ou à la radio (et un peu de cinéma-télévision). Même si tous ces éléments l’ont aidé.

Internet est quelque chose de puissant, c’est vrai. Comme la TV, ou la radio en ondes courtes. Pour peu qu’on sache comment il fonctionne. Pour autant Internet n’est pas autre chose qu’un outil de communication dont les êtres humains font ce qu’ils veulent. Mais il ne faudrait pas pour autant en venir à penser que communiquer est dangereux. Les « gentils » communiquent, et les « méchants « aussi. Daech est méchant et il communique. Il utilise des outils modernes de communication. Comme il utilise des moyens modernes pour se déplacer. Pour faire la guerre. Pour engranger de l’argent.

Donc, renvoyer aux lecteurs que Daech est une « créature de l’ère Internet », est une démarche intellectuelle très périlleuse. Totalement foireuse, en réalité.

Les républicains espagnols recrutaient des milliers de jeunes gens qui venaient les rejoindre pour lutter contre Franco : bizarrement, Internet n’était pas encore du tout au point. Les exemples de génocides, de mise en place de dictatures au cours du XXème siècle — tous sans Internet — sont légions.

Pourquoi donc avoir besoin de théoriser sur Internet pour expliquer la création de Daech ? Parce que toutes les autres raisons, politiques, géopolitiques, économiques sont plus difficiles à faire passer, du point de vue de la responsabilité des dirigeants des grandes « démocraties » ? L’intervention de Georges W. Bush de 2003 en Irak ne serait-elle pas un peu en cause ? Le suivisme français en Afghanistan, les atermoiements sur la Syrie, le soutien aux « rebelles » syriens financés par les alliés des pétromonarchies qui ont fini par constituer Daech ne seraient-ils pas de grosses pièces du puzzle, un peut trop gênantes ?

Un indice : sans Internet, les kalachnikov crépitent quand même, les égorgement font couler du sang, les revendications aussi. Un bon gros camescope, et des envois aux plus grandes rédactions, et tout le monde connaîtra la revendication au 20h. Le pétrole se transporte avec des camions pas avec Internet, et s’il n’y a pas d’Internet, tous les systèmes connus depuis la seconde guerre mondiale (et avant) pour échanger des informations et faire des transactions secrètes seront utilisés. Ben Laden en 2001 n’avait pas besoin d’Internet dans sa grotte pour être une super-star…

Je finis donc cette réponse à ton billet avec les « légions de l’Internet libre » — que tu dénonces — mais sans m’attarder, puisque c’est peut-être là le plus affligeant de l’affaire.

Il n’y a pas de « légions » sur Internet. Seulement des individus, les plus libres possibles, qui tentent, le plus souvent, de défendre leurs idées. Leurs convictions. Pas toujours celles que tu apprécies — ou celles que certains gouvernements apprécient dans le cas des « légions de l’Internet libre ». Et donc, il faut savoir que ceux qui luttent pour que la liberté de communiquer sans contrôle des Etats ou d’autres puissances, sont avant tout des gens de conviction. Qui connaissent… et aiment le réseau. Les légions en question, en y réfléchissant bien, sont en réalité des communautés. On appelle ça parfois des peuples aussi. Qui revendiquent leur droit à la liberté… et à l’expression.

C’est visiblement ça que vous n’aimez pas, toi et ta collègue de l’Express.

Et c’est peut-être bien ça, au fond, qui nous sépare. Certainement, en y pensant bien.

P.S : Pour le pseudonymat sur Internet, que vous détestez visiblement, toi et ta consœur, il serait intéressant de nous expliquer, à nous la « légion », pourquoi le pseudonymat est utilisé depuis le XIXème siècle par la profession des journalistes — ainsi que par les auteurs — sans que cela ne gêne personne ?

Daech, les bitcoins, le dark ouèbe et l’Express… mais pourquoi ?

mardi 1 décembre 2015 à 23:05

darknet-image-735L’Express face aux « légions du web », avec un peu d’Internet dedans, c’est le petit psychodrame qui a animé aujourd’hui Twitter. Un article publié sur le site de l’Express a fait réagir, assez logiquement, pas mal de monde. L’article en question, signé Christine Kerdellant, est un inventaire à la Prévert d’approximations, pourtant éculées sur Internet, dans lequel l’auteur explique tout le bénéfice qu’en tire une organisation comme Daech, qualifiée de « créature de l’ère Internet ». Christine Kerdellant va jusqu’à affirmer que Daech n’existerait pas sans Internet.

Un article qui sonne comme une charge anti Internet pour certains, de trop évidentes vérités pour d’autres. Reste les faits. Et les faits ne font pas pencher la balance en faveur de cet article qui assène tout de même un bon nombre de contre-vérités, de clichés, le tout évidemment sans aucun élément factuel qui pourrait venir étayer les propos tenus.

« Les djihadistes de l’Etat islamique n’existeraient pas sans Internet. Ils utilisent le bitcoin, le crowdfunding, le cryptage de Telegram, Facebook et le dark web, le côté obscur de la toile, ces sites Internet qui échappent à l’indexation de Google. »

On a par exemple dans cette introduction une contre vérité, un amalgame malheureux, et un non sens.

La contre vérité : les djihadistes de l’Etat islamique existeraient sans Internet, comme avant eux ceux du Kosovo ou de Bosnie. Internet ne fait que rendre visible ce qui ne l’était pas si facilement.

Le malheureux amalgame : « ils utilisent bitcoin »… la belle affaire. L’auteur fait ici probablement référence à des transactions pseudo anonymes. Sauf que l’auteur se méprend sur la nature de Bitcoin. Les djihadistes utilisent aussi l’électricité, pourtant, on ne voit pas de médias s’en prendre à EDF. En outre Bitcoin n’est pas le FarWest dépeint dans cet article, et les transactions sont parfaitement traçables. Voici un article de Metronews sur la question que Christine Kerdellant aurait du lire, et voici sa version approfondie en anglais.

Le non sens : « le cryptage de Telegram, Facebook et le dark web », ici l’auteur doit vouloir parler de chiffrement (et non de cryptage). Le même chiffrement que l’on retrouve aujourd’hui sur beaucoup de sites web, SSL/TLS (du moins pour Facebook), et pour Telegram c’est un peu plus fumeux, mais certainement pas aussi sécurisé que ne se l’imagine l’Express. Telegram est fermé, il produit beaucoup trop de métadonnées pour isoler correctement le contexte, il s’utilise souvent sur des smartphones qui sont tout sauf sécurisés et il n’est évidemment pas exempt de failles. Bref à mélanger des choux avec des carottes, on en vient à dire un peu n’importe quoi.

Le contenu de l’article est du même cru, on apprend par exemple que les djihadistes auraient organisé les attentats sur Telegram. C’est d’ailleurs amusant car l’article du même site sur lequel link cette assertion parle bien de revendications mais pas d’organisation… et il y a une petite nuance technique qui fait sens à bien faire la distinction entre utiliser un réseau de communication public pour revendiquer un attentat, ou l’utiliser pour organiser un attentat. Dire que les djihadistes organisent des attentats sur Telegram, en l’absence d’élément factuel pour étayer cette affirmation, c’est …. n’importe quoi. Et c’est d’autant plus n’importe quoi que les enquêteurs ont mis en évidence l’utilisation de simples SMS non chiffrés pour se coordonner. Mais c’est tellement moins vendeur et anxiogène un banal SMS.

Passons sur le vocabulaire jamesbondesque qui fige le lecteur dans la cryptoterreur « Telegram permet d’envoyer à des groupes d’utilisateurs des messages écrits, des photos et des vidéos chiffrés de bout en bout, qui s’autodétruisent une fois lus ». Les terroristes s’envoient donc des messages qui s’autodétruisent… sont forts ces terroristes, ils font même péter les messages chiffrés.

Un bon article anxiogène sur Internet ne peut faire l’impasse sur le « dark web », le web sombre, le web aux couleurs de Daech.

« Ensuite, tout se passe sur le dark Web, le côté obscur de la Toile, ces sites Internet qui échappent à l’indexation de Google »

Ça fiche la trouille hein ? Un réseau qui échappe à l’indexation de Google. Mais comment kifon ? Personne n’empêche Google de venir indexer le « dark web ». Par contre dans le web pas dark si je ne veux pas que Google indexe mon site, je dis à ses robots de passer leur chemin, dans un petit fichier nommé robots.txt, placé à la racine de mon site, voici par exemple celui de l’Express.
… bref une fois de plus l’auteur parle manifestement de concepts qu’il ne maîtrise pas, c’est criant… objectivement criant. Rappelons que la vertu du Dark Net (et non du Dark Web) c’est d’être un réseau anonymisant. Pour les sites web, ceci a un effet bénéfique direct puisqu’on peut publier de manière anonyme, notamment en se passant d’un registar à qui l’on doit confier des données personnelles pour l’enregistrement d’un nom de domaine. Bref la réalité est bien moins fantasque que ce que l’article décrit.

Mais c’est un peu plus loin que l’article arrive à son paroxysme avec un scénario scadastrophe… car oui l’auteur cherche à parler de SCADA, mais là encore, il le fait n’importe comment et on aboutit sur une belle énormité : le hack du site d’une centrale nucléaire… ni plus ni moins.

« Le ministre des Finances britannique, George Osborne, a avoué qu’il craignait les cyberattaques mortelles: même si ce n’est pas à la portée du premier venu, il est possible de s’attaquer, via le Web, aux hôpitaux, à la gestion de l’air, de l’eau ou de l’électricité, voire aux centrales nucléaires, en « hackant » leurs sites, c’est-à-dire en pénétrant à l’intérieur des systèmes informatiques internes pour les dérégler. »

Outre le fait que Daech n’a probablement pas la capacité à mener une opération du type Aurora et encore moins du type Olympic Games, plus connue sous le nom du virus Stuxnet, qui attaquait originellement la centrale nucléaire iranienne de Natanz, ce n’est certainement pas en piratant en remote un site web qu’on peut arriver à attaquer des centrifugeuses… là on est carrément dans l’absurdité technique la plus totale.

L’Express aurait pu s’en tenir à un mauvais article, il serait vite passé aux oubliettes, ce n’est pas le premier mauvais article alarmiste sur cette « saloperie » qu’est Internet pour reprendre le qualificatif de Jacques Seguela.
Mais voilà que piqué au vif par les réactions des internautes, une seconde publication, signée Eric Mettout, fait écho à ce mauvais article.
Ambiance cour de récréation, il entend régler des comptes avec les « légions de l’Internet libre ». L’auteur n’aura peut-être pas remarqué le pléonasme dans son titre puisque pour faire officiellement partie d’Internet, un protocole doit faire l’objet d’au moins trois implémentations libres… oui c’est comme ça, Internet est libre, et heureusement parce que sinon il fonctionnerait beaucoup moins bien. Les « légions de l’Internet libre »… quel terme calamiteux.

Et il attaque fort Eric Mettout à qui je signale tout de suite que je ne suis pas du tout anonyme et qu’il n’aura pas grand mal à mettre un nom derrière mon pseudonyme :

« Le Web est un repaire de légions, question de viralité, d’immunité et d’anonymat, ces pères et mères de toutes les lâchetés, mensonges et manipulations. »

S’en suit une diatribe dont l’objet est de venir à la rescousse de Christine Kerdellant. Si cette solidarité est tout à son honneur, après ce que nous venons de voir ensemble, vous comprendrez qu’il est hasardeux de défendre toutes ces approximations qui confinent à la désinformation. Pourtant, Eric Mettout parvient à reformuler la problématique qui aurait mérité un bien meilleur traitement.

« sans Telegram, Facebook, les réseaux de financement participatifs ou le cryptage, le prétendu Etat islamiste n’existerait pas, en tous cas sous la forme qu’on lui connaît, qu’il ne serait ni aussi réactif, ni aussi riche, ni aussi puissant, ni aussi convaincant, ni aussi efficace. Ca se tient, et assez bien même. Au pire, ça se discute. Mais chez ces gens-là, Monsieur, on ne discute pas, on flingue. »

Expliqué comme ça pourquoi pas.. (mais par pitié … chiffrement… pas cryptage). Oui on peut discuter du fond, sauf que l’article n’aborde à aucun moment des questions de fond et se borne à expliquer avec une grande maladresse qu’Internet, c’est le danger.

 » à Christine surtout, mais à moi aussi, un peu, parce que j’ai « laissé passer ça » – de ne pas connaître le sujet (un classique) »

Démonstration est faite que le sujet n’est pas maîtrisé, je n’irai pas argumenter sur les remarques insultantes faites à l’Express, je ne les cautionne pas. Mais je ne peux m’empêcher de relever une incongruité de plus à la lecture de cette phrase :

« Notamment, mauvaise foi ou mauvaise vue, ils désapprennent à lire dès lors qu’on touche à la question ultra-sensible de la neutralité du Web et, plus largement, de sa responsabilité et d’une éventuelle réglementation adaptée. »

Que vient faire la neutralité du NET (et non du web… le web n’étant qu’un protocole comme le Net en compte par centaines) dans cette histoire ? On parle de confidentialité des échanges, d’anonymat, de l’utilisation d’un réseau public qui pourrait très bien être non chiffré puisque ce n’est qu’un support de communication au public, un outil de propagande dont l’objet est d’être bien visible pour pouvoir recruter.

L’article initial n’était donc pas brillant, c’est un fait… Mais sa justification, aussi inutile qu’indigne d’un grand média comme l’Express, c’est un cyber suicide.