PROJET AUTOBLOG


Reflets

Site original : Reflets

⇐ retour index

#PJLRenseignement : le pistolet qui tire dans le pied des politiques

mercredi 8 avril 2015 à 17:35
Photo Flickr : https://www.flickr.com/photos/actualitte

Photo Flickr : https://www.flickr.com/photos/actualitte

Comme nous l’évoquions hier, le pistolet à très gros canon et plein de munitions que François Hollande et Manuel Valls sont en train de s’acheter, le projet de Loi sur le renseignement, est aussi une arme défectueuse. Elle finit toujours par tirer dans le pied de ceux qui s’en servent.

Bien entendu, on peut estimer que nous sommes dans un régime politique différent de ceux cités dans le papier publié hier, que les opposants au pouvoir en place en France, quel qu’il soit, ne subiront jamais les mêmes persécutions que ceux des pays dictatoriaux. Ce serait faire peu de cas de la nature humaine et de l’Histoire récente.

Donnez à un être humain le moyen de tout savoir sur les autres, il est peu probable qu’il ne s’en serve pas. La lecture du Livre de la Voie et de la Vertu est un bon départ pour comprendre combien les dix-mille êtres sont faibles sur ce point (et sur d’autres). Quant aux hommes politiques, ils ont une fâcheuse tendance à prendre des libertés avec les règles établies par le contrat social qui nous unit. Les rapports entre Bernard Squarcini, l’ancien patron de la DGSI et Nicolas Sarkozy sont là pour le démontrer. Lorsque les révélations du Monde sur l’affaire Woerth-Bettencourt deviennent gênantes pour le pouvoir en place, l’équipe de Nicolas Sarkozy, alors président, demande au patron du renseignement intérieur d’identifier la source du Monde. Sans procédure judiciaire, les services vont se procurer les fadettes (les listes détaillées des appels téléphoniques) des journalistes du quotidien du soir.

Illégal.

L’affaire est jugée et Bernard Squarcini, condamné pour cela.

Zoophile, tendance teckels morts

Et demain, avec des grosses « boites noires » bardées d’algorithmes et de deep packet inspection placées chez les FAI, que va-t-il se passer ? Rappelons que pour fonctionner, les algorithmes prédictifs des services de renseignement devront analyser les données. Ces données, ce sont tous nos échanges opérés via les réseaux des fournisseurs d’accès à Internet en France. Ce qui va se passer, c’est que très probablement, l’exécutif aura a sa discrétion un outil lui permettant de tout savoir sur à peu près n’importe qui.

Massif ou pas, chalut ou harpon, peu importe. L’outil est là et peut cibler telle ou telle personne avec une précision chirurgicale et une efficacité totale.

Un élu qui enquiquine le pouvoir ? On lui demandera de ne pas se représenter car un certain dossier révélant ses tendances zoophiles sur des teckels morts pourrait se retrouver sur le bureau d’un journaliste. Un journaliste qui enquête un peu trop sur le pouvoir ? On lui fera savoir que certaines recherches qu’il a effectuées sur Google pourraient bien devenir publiques. Un juge « rouge » qui ennuie le pouvoir (les juges qui ennuient le pouvoir sont souvent qualifiés de « rouges », surtout quand la droite est au pouvoir), hop, on lui explique que ses échanges de selfies dénudés avec sa maitresse pourraient bien être diffusés sur Internet.  Etc.

Bien entendu, nous ne sommes pas dans une dictature et les « opposants » ne finiront pas torturés dans un cachot humide et sombre. Mais le résultat ne sera pas très différent en cela que l’opposition au pouvoir exécutif deviendra une activité à haut risque.

Balle dans le pied

Ce que ne veulent pas comprendre, par manque d’imagination – ou par peur d’être catalogués comme ayant refusé de voter les « outils nécessaires au monde du renseignement alors qu’un nouvel attentat a eu lieu et qu’il aurait pu être évité si seulement ces irresponsables de parlementaires avaient voté pour… »,  les députés et sénateurs, c’est que cet outil va se retourner contre eux. Même punition pour François Hollande et Manuel Valls.

Lorsque l’alternance aura joué, les responsables de l’opposition seront à la merci d’un nouvel exécutif et de ses boites noires. Bien entendu, on a peu de mal à entrevoir ce que ferait le Front National avec un tel outil. Mais il ne faut pas non plus beaucoup d’imagination pour évaluer ce qu’en feraient des animaux politiques comme Nicolas Sarkozy, Claude Guéant ou Brice Hortefeux…

Marc Trévidic, un ex juge anti-terroriste s’alarme du #PJLrenseignement

mercredi 8 avril 2015 à 15:00

marc-trevidic-invite-de-rtl-le-7-avril-2015

Et oui, c’est étonnant, mais c’est Yves Calvi sur RTL, hier, le 07 avril 2015, qui interview Marc Trévidic, un juge qui ne mâche pas ses mots sur les dangers du projet de loi sur le renseignement — que le gouvernement socialiste veut faire voter. Le juge s’inquiète de l’aspect éminemment politique de la lutte anti-terroriste, ayant été au premier chef concerné par l’aspect parfaitement subjectif du concept. Si le projet est voté, c’est une nouvelle ère qui débute. Vraiment. Et il le dit.

François Hollande et Manuel Valls sur les pas de Zine Ben Ali, Mouammar Kadhafi ou Bachar al-Assad

mardi 7 avril 2015 à 18:06

ciottiIls se compteront sur les doigts d’une main, les députés ou sénateurs qui s’opposeront au projet de Loi sur le renseignement, ce projet qui légalise tout ce qui était réalisé illégalement par les services jusqu’ici, selon les mots des partisans de ce texte. Bien entendu, ce simple aveu devrait faire dresser les cheveux sur la tête de nos parlementaires. Mais non… Mieux, ils vont voter un texte voulu par François Hollande et Manuel Valls et qui pousse la France sur les pas de Zine Ben Ali, Mouammar Kadhafi ou Bachar al-Assad.

Non, Reflets n’est pas un repère de barbus (pas que…) déconnectés de la réalité, ne prenant pas la mesure du danger monstrueux qui nous menace (le terrorisme). Non. Si nous affirmons cela, c’est que justement, nous avons vu de très près ce que les anciens dictateurs avaient mis en place sur leur bout d’Internet.

Le projet de Loi sur le renseignement va permettre de détecter des « comportements à risque ». Comme l’a fort bien démontré ici même Laurent Chemla, cela ne permettra pas d’éviter un attentat, mais cela fonctionnera pour bien d’autres choses, nous allons y revenir dans un prochain article. Pour détecter lesdits comportements, il faut des algorithmes, mais aussi du deep packet inspection dédié à la surveillance massive. En d’autres termes, pour que les algorithmes puissent algorithmer « efficacement », il leur faut du carburant. Et ce carburant, ce sont les données personnelles, les correspondances privées, les surfs des internautes français. Il faut donc capter en masse les images de bites des Français.

Tout cela, c’est exactement ce qu’ont fait Zine Ben Ali, Mouammar Kadhafi ou Bachar al-Assad, de doux démocrates qui auraient pu donner des leçons à la France sur les méthodes de surveillance massive des internautes.

Eh oui, la France va se lancer dans la même procédure d’écoute généralisée, avec probablement les mêmes outils, bêta-testés dans les pays de ces dictateurs.

Voilà qui devrait aussi faire dresser les cheveux sur la tête des parlementaires français.

Mais non.

On vous le redit, c’est pour lutter contre le terrorisme. C’est une bonne excuse non ?

Et c’est tellement vrai, que la même excuse était brandie pour la mise en place de ces outils dans les démocraties riantes de la Libye de Kadhafi, de la Syrie de Bachar al-Assad ou la Tunisie de Zine Ben Ali.

La preuve ? Cette interview du commercial en chef de chez Amesys qui explique doctement comment ses outils devaient permettre à Kadhafi de lutter contre les fameux terroristes et… les pédophiles (ça c’est cadeau de la maison).

Ce qui est certain, c’est qu’à défaut de détecter des terroristes sur Internet (ça n’a pas marché aux Etats-Unis et cela ne marchera pas plus en France), ces outils vont permettre de tuer un peu plus ce qui restait de démocratie. C’est à la fois un pistolet avec un énorme canon et des munitions en pagaille que s’offrent François Hollande et Manuel Valls, mais un pistolet qui a un défaut. Il tire dans le pied à un moment ou à un autre. Mais c’est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons dans un prochain article.

Cryptome leak : Giganews et VyprVPN seraient opérés par le FBI

lundi 15 septembre 2014 à 19:31

fedsVu que la news semble totalement passer sous les radars de la presse spécialisée, et que nous avons ici maintes fois abordé le phénomène, nous allons revenir avec vous sur une fuite, publiée sur Cryptome, un édifiant témoignage d’un ancien insider de Giganews, le service Usenet le plus populaire. Il s’agit d’une véritable petite bombe puisque ce témoignage atteste, documents à l’appui, de la main mise des fédéraux américains sur ce provider qui compte des clients dans le monde entier, même si les gens qui connaissent un peu le milieu le soupçonnaient, sans jusque là en apporter la moindre la preuve.

Derrière certaines plates-formes de téléchargements illicites ou des services VPN vous promettant une sécurisation sans faille de vos données se cachent de véritables pots de miel. Des services de sécurisation des communications en ligne, bien en vue, recommandés unanimement par la presse spécialisée cachent en fait des points de collecte et d’extraction de données particulièrement stratégiques. Vous voulez sécuriser vos échanges ? N’ayez crainte, le FBI s’en occupe.

Data Foundry est un data center d’Austin, Texas, mitoyen du siège de Giganews. Ils font d’ailleurs plus que partager des locaux puisqu’ils partagent aussi leurs administrateurs systèmes et réseaux. Tout a commencé lorsque l’ancien employé a pris l’initiative de retirer du contenu pédo-criminels des serveurs de Giganews. Ce dernier s’est vu reprocher d’avoir interféré dans une enquête en cours par l’un des admins de Giganews / Data Foundry, Philip Molter, qui s’est empressé de restaurer les contenus supprimés… et hop, viré.

Puis, convoqué plus tard dans un obscur bureau du FBI, l’ancien employé de Gigagnews qui témoigne, évoque sa rencontre avec l’agent Scott Kibbey décrit comme étant au centre de toute l’opération Giganews, opérant sur les serveurs Usenet de Giganews, mais aussi de VyprVPN de Goldenfrog, intimement lié à Giganews. Et voici notre ancien employé, viré, puis réintégré sous une nouvelle identité fournie par le FBI.

Le témoignage relate ensuite les possibles collaborations avec des services d’autres pays. La Chine aurait par exemple eu accès aux données de connexion des utilisateurs de VyprVPN… un comble.

L’archive de 18,4mo de documents comprenant mails, badges et documents internes démontrant l’implication des fédéraux dans la surveillance active de Usenet par l’entremise de Giganews est téléchargeable ici.

Giganews serait donc, comme VyprVPN l’un des plus gros honeypot d’Internet. La position de leader de la vente de services sur Usenet de Giganews aurait largement profité aux fédéraux américains ainsi qu’à d’autres agences. Nul doute que d’autres fuites démontreront l’implication active de services dans des sociétés bien connues du marché de la « privacy » en ligne.

De mon côté j’avoue bondir régulièrement quand je vois des sites d’information spécialisés recommander certains de ces « gros » VPN, Korben si tu me lis ;)

D’une manière générale, ne vous fiez pas aux sites de comparatifs de VPN, il s’agit dans leur grande majorité de sites affiliés qui ne portent pas un grand intérêt pour la sécurité de vos communications. Les autres n’ont malheureusement pas toutes les données nécessaires à l’évaluation du risque à confier ses données à ces sociétés.

Usenet et les VPN ne sont pas un cas isolé, nous vous parlerons très probablement bientôt de cyberlockers, de plateformes de Direct Download, qui elles aussi fricotent plus ou moins directement avec des services de renseignement, quand ces dernières ne sont tout simplement pas opérées par ces mêmes services. Le tabou est brisé, et c’est une bonne chose. L’avertissement est lancé, si vous peerez avec Giganews, vous savez maintenant à quoi vous exposez vos utilisateurs.

Giganews :

peer giganews

Data Foundry :

Capture d’écran 2014-09-15 à 19.06.28

(Edito) Le monde ne va pas très bien : basculement de l’histoire ?

dimanche 14 septembre 2014 à 11:42

terre en feu

C’est une accélération sans précédent de la donne géopolitique mondiale qui vient de s’opérer en quelques mois, poussée en parallèle par de nouveaux événements économiques très alarmants. Tous les voyants sont au rouge, qu’ils soient militaires, politiques, sociaux ou économiques. Prenons cinq minutes pour réfléchir à « l’état du monde ».

Economie : la grande escroquerie ?

La croissance du PIB européen est nulle ou presque. Le chômage augmente, les protections sociales sont amputées, les salaires stagnent ou sont abaissés, la pauvreté augmente, les petites et moyennes entreprises ferment ou licencient, de nombreux gamins des écoles de pays de l’Union partent le ventre vide à l’école pendant que les dirigeants politiques du vieux continent continuent à discuter de la nécessité ou non de continuer les politiques d’austérité budgétaires liées au TSCG (le fameux traité que le « président normal Hollande » promettait de renégocier s’il s’emparait du trône républicain était élu ).

C’est donc un écroulement qui s’opère. Celui du modèle social (capitaliste). Pas celui du néo-libéralisme, qui pour sa part, se porte très bien : les marchés financiers sont tout feu-tout-flamme, le système bancaire s’est très bien redressé grâce à l’aide des Etats sommés de couper les vivres à leurs citoyens, l’argent sur les places financières n’a jamais été si bon marché. Les fonds vautours se jettent sur leurs proies avec délectation, les socio-démocrates d’Europe ont « enfin » compris (?) le TINA néo-libéral menant au dépeçage de ce qu’il reste du modèle social et de la vente massive des structures publiques aux multinationales…

casino

Il faut envisager quand même que les banques européennes peuvent emprunter à 0,05% auprès de la BCE depuis quelques jours : autant dire bénéficier de crédits gratuits. L’euro baisse, ce qui est normal, et cela devrait aider les exportateurs, enfin, pour ceux qui arrivent encore à exporter conséquemment. Mais où passe donc tout cet argent emprunté gratuitement par les banques ? Il reste dans les caisses des dites banques. Pour reconstruire leurs marges. Normal, les banques estiment que le risque est trop grand de prêter…et puis de l’argent gratuit, c’est toujours sympathique, surtout si on en joue une partie sur les marchés.

Aucun plan européen de relance de la croissance digne de ce nom à l’horizon, la fermeture des robinets des dépenses publiques est généralisée : la déflation s’est presque invitée dans la zone euro, et lorsqu’elle sera présente, c’est une spirale économique terrifiante qui débutera.

Bon nombre de décideurs politiques en sont conscients. Vont-ils brusquement réagir et contraindre Berlin dans le sens d’une relance d’urgence ? Justement, le plan de relance européen de 300 milliards d’euros est là, encore au stade de discussion, mais de toutes les manières, pour nombre d’observateurs, il ne sera pas suffisant. Se rappeler le plan de sauvetage des seules banques en 2009, qui atteignit alors 1400 milliards d’euros, entre les garanties d’Etats et le cash « prêté », de plus de 400 milliards.

L’assouplissement monétaire américain qui a tenu sous perfusion une bonne partie de la planète en inondant les marchés de dollars de la FED  arrive en fin de course avec la politique du « taping »…il ne reste pas grand chose pour empêcher le paquebot économique européen de couler, et à sa suite…?

Délires politico-militaires au Proche-orient (et ailleurs)

L’Etat islamique, (ou Daesh en arabe, ISIS en anglais) s’est invité dans le grand jeu stratégique (principalement gazier et pétrolier) proche oriental. Le plus étonnant reste la surprise (feinte ?) des médias et des responsables politiques face à ce raz-de-marée djihadiste pourtant connu depuis 2006, en encore plus particulièrement depuis la récupération du printemps syrien avorté — par les dits  groupes djihadistes, en 2011.

Djihadiste est un bien grand mot pour qualifier une bande de gangsters barbus aux pratiques dignes d’un autre âge, qui violent, pillent, torturent, assassinent, et tiennent des livres de comptabilité avec une grande habileté : 100 millions de dollars de pétrole rentrent dans les caisses de Daesh chaque mois selon les dernières estimations. Sans parler des fonds récupérés dans les établissements bancaires au fil de leur progression. Une grande partie de ce pétrole de contrebande transite par la Turquie : business is business, personne ne trouve rien à y redire.  Face à ces grand tarés sanguinaires du Daesh, Assad et ses sbires en deviennent presque sympathiques fréquentables  : c’est dire.

Daesh-nord-irak

Des mercenaires « djihadistes » de l’Etat islamique autoproclamé dans le nord irak, en juin dernier

Obama attaque donc par les airs, aidé de l’Arabie saoudite — qui a pourtant financé ces groupes depuis le début du « printemps syrien ». La monarchie pétrolière accueillera désormais l’armada américaine. Tout le monde semble parfaitement raccord. Même la France, grande amie de la monarchie du Qatar, principale aide, elle aussi, des groupes djihadistes de la région. La même France qui signe des contrats d’armement avec l’Arabie saoudite dans une real politik qui bat son plein, à la limite du clivage pathologique. Enfin, pas entièrement : l’Etat français a augmenté de 43% ses ventes d’armes en 2013. Il n’est pas difficile, au final, de comprendre la stratégie des affaires étrangères menée par Fabius. Plus on fait des démonstrations belliqueuses, plus on vend : quand les affaires vont bien, tout va bien.

En Ukraine, rien de nouveau. Un avion de ligne [bourré de scientifiques néerlandais] abattu par un missile d’origine russe, et personne ne bronche. La Crimée a basculé côté russe. L’est et le sud de l’Ukraine sont en pleine bataille de type old school avec plein de morts dans les deux camps et une population revenue 70 ans en arrière : aucun problème du côté de l’Union. Ah, si, quelques sanctions économiques européennes et américaines à l’encontre de la Russie. Mais qui finira le plus puni dans cette affaire ?

Quant à la bande de Gaza, bombardée pendant un mois et demi, elle compte ses morts et se demande ce qu’il peut bien encore arriver de pire. La Centrafrique continue de s’auto-massacrer allègrement (discrètement), le Mali est en sursis, la Libye part en quenouilles, la RDC et ses rebelles qui mutilent, violent, assassinent, n’intéresse toujours personne de bien intentionné… Les foyers de violence, de déstructuration des Etats sont si nombreux, qu’ils en donnent le tournis.

Un virus (très mortel) qui décime les Africains : a brave new world…

Ebola est une super saloperie une maladie, hyper angoissante. Si ce virus touchait l’occident, il est certain que des moyens colossaux seraient mis en œuvre pour l’éradiquer. Mais, sur le continent noir, on fait comme si l’épidémie n’était pas si importante que ça, avec des moyens étrangers très réduits, laissant les Etats concernés se débrouiller par eux mêmes, avec des moyens totalement ridicules. Tout en criant au loup via l’OMS, parce que faire peur, c’est quand même à la mode, et toujours une bonne manière de faire faire le dos rond aux citoyens ?

ebola-msf

Photo : MSF

L’aide apportée aux populations africaines est totalement sous-dimensionnée et ne correspond en aucune manière à la gravité de la situation. Certains en viennent à crier au complot, d’autres à un scandale unique dans l’histoire des épidémies : il n’en reste pas moins que les citoyens des pays concernés vivent une situation terrifiante, digne d’un film catastrophe, dans une quasi indifférence. Y-a-t-il un plan mondial pour sauver l’Afrique d’Ebola ? Non. Il faudra expliquer un jour pourquoi — si rien de plus n’est mis en œuvre au niveau international.

 Pays riche(s) en perte de puissance

Si la France n’est pas touchée par les horreurs de la guerre et des épidémies en cours dans plusieurs parties du globe, elle n’en reste pas moins un pays à la population très déprimée et en colère. Une sensation d’écroulement social, économique, politique, voire culturel, partagée par le plus grand nombre. Avec, au delà de la sensation, une partie grandissante de la population française qui souffre véritablement : les inégalités progressent, les problèmes de logement, d’accès au travail rémunéré, aux soins, s’accentuent.

valls-hollande

Face à cette situation, le couple exécutif Hollande-Valls entretient  un statu-quo terriblement destructeur, composé de reniements électoraux doublés d’un adoubement saisissant aux puissances de l’argent. Les deux compères ne cachent même plus leur adéquation au  modèle européen actuel de paupérisation des peuples, soumis au règne des méta-entreprises dont le chiffre d’affaire supérieur au PIB de certaines nations leur permet d’imposer leurs propres règles. Les masques sont véritablement tombés, la corruption des partis de gouvernement est désormais avérée, et elle n’est pas seulement financière, mais aussi— et surtout, idéologique. Un boulevard pourrait s’ouvrir au parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen, à moins que…?

Redistribution des cartes

Le survol des grands événements de cette année, à l’échelle planétaire, s’ils sont replacés dans un contexte historique long, amène une réflexion sur une « redistribution des cartes » en cours. Les grandes nations, ex-empires coloniaux, ne sont plus en mesure d’assurer leur rôle de leaders mondiaux. Leurs économies s’effondrent lentement mais sûrement, la super-puissance américaine s’essouffle et démontre qu’elle n’est plus en mesure  de conserver son  statut d’antan. La Chine, l’Inde, la Russie ne craignent plus d’affirmer leurs progressions à tous les niveaux : technologique, économique, politique. La grande illusion d’un monde apaisé, ayant comme modèle la société occidentale, le respect des droits de l’homme s’est dissipée : les nations dominantes sont celles qui écrasent les autres dans une compétition économique sans règles, où le plus fort l’emporte.

mondialisation

Cette année a démontré le probable « grand basculement » en cours, vers un monde profondément multilatéral, chaotique, cynique et brutal. Un monde où les Etats anciennement garants de la paix, défenseurs des droits de l’homme, seront des nains à bout de souffle aux populations épuisées et désabusées, refermées sur elles-mêmes, face à des émergents à la progression sans faille. Le tout dominé par les seuls vraies super-puissances du XXIème siècle : les multinationales et les marchés financiers.