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Espagne : la loi de sécurité citoyenne interdit toute contestation

mardi 30 juin 2015 à 18:37

hologrammes-espagne

C’est une loi qui ne cache même pas son caractère anti-démocratique, digne d’une dictature. Elle n’est pas promulguée ce 1er juillet dans une République bananière, mais au cœur de l’Europe, en Espagne. Le gouvernement Rajoy l’a voté en décembre dernier, et à partir de demain manifester devant un bâtiment officiel sera passible d’une amende, comme se réunir publiquement, et bien d’autre choses encore.

Le collectif « Hologramas por la libertad »  dénonce cette nouvelle loi hallucinante, qui préfigure une dystopie propres aux romans d’anticipation : Le texte comprend 45 infractions allant des moins graves aux plus graves selon le législateur. Ainsi, les manifestations devant le parlement et autres bâtiments officiels, comme las Cortes, sont classées parmi les infractions les plus graves et peuvent écoper d’une amende de 30 000 euros. Même si l’immeuble est vide pendant le rassemblement. Les manifestations spontanées sur les réseaux de transport ou dans des sites nucléaires pourront être punis avec une amende de 600 000 euros.

Le droit à informer ou relayer l’information est aussi compris dans la « loi organique de sécurité citoyenne », comme l’ explique Virginia Alvarez responsable des enquêtes et de la politique espagnole chez Amnesty international en Espagne : «Cette loi porte atteinte aux libertés les plus fondamentales et porte surtout atteinte au droit d’informer et d’être informé car les témoins de brutalité policière ne pourront plus en rendre compte »,  L’experte explique que « les journalistes ou citoyens qui prendront des photos des représentants des forces de l’ordre pendant une manifestation pourront payer une amende de jusqu’à 30 000 euros. »

Clip du collectif « Hologrammes pour la liberté » :

Manifestation d’avril 2015… en hologramme :

 

L’Europe, qui ferme la porte à la Grèce et la punit d’organiser un référendum, qui place un ex premier ministre luxembourgeois — ayant organisé l’évasion fiscale des plus grandes multinationales — à la tête de la Commission européenne, qui laisse un gouvernement en Espagne faire voter une loi digne de la dictature de Franco, devrait donc être défendue ?

Il va falloir expliquer ça plus clairement. Parce que là, ça devient de plus en plus difficile.

Article complet de Florencia Valdès Andino sur le site de TV5Monde

Le délit de dissimulation de données informatiques : Uber casse-toi, il est encore temps

lundi 29 juin 2015 à 21:34

UberPopAujourd’hui un nouveau délit a fait son apparition dans la presse française, il s’agit de la dissimulation de données informatiques, motif pour lequel (parmi d’autres), deux dirigeants d’UberPop auraient été aujourd’hui placés en garde à vue. On se gratte un peu la tête, on se demande d’où sort ce délit de dissimulation de données informatiques… ce délit n’existe pas. Et heureusement car si c’était le cas, il y a 60 millions d’internautes qui risqueraient une condamnation.

En informatique, dissimuler des données sensibles, les rendre inaccessibles, c’est même une règle.

On n’expose pas des fichiers de configuration, on n’expose pas ses mots de passe, on n’expose pas non plus des documents publics qu’on ne souhaite pas publics.

Mais j’en conviens, c’est un peu compliqué à suivre des fois et ceci soulève une question existentielle :

Si je dissimule des données informatiques publiques préalablement volées dans les résultats de recherche de Google, est-ce que je fais Scrabble ?

La malheureuse imprécision serait du fait de l’AFP, imprécision abondamment reprise par l’ensemble de la presse et claironnée en boucle sur les chaines d’information en continue.

Edit 21h34 : Il ne s’agirait en fait pas de l’ AFP puisque l’agence précise dans sa dépêche initiale :

L’enquête vise aussi des faits présumés de « conservation illégale de données à caractère personnel au-delà de la durée prévue préalablement à la mise en œuvre du traitement »

Le Point évoque aussi une infraction à la loi informatique et libertés :

« Ce volet porte sur la collecte des données des clients et de possibles infractions à la loi informatique et libertés de 1978. « 

Tiens, voici que la justice s’enquiert des données personnelles manipulées par les applications mobiles… de quoi mettre en examen Google et Apple pour leur store respectif, et surtout 90% des éditeurs d’applications de leur catalogue.

Mouais, on y croit.

Cher UberPop, vu d’ici, ça sent le roussi pour toi, si on en vient à imaginer des infractions ou à invoquer la loi informatique et libertés pour avoir ta peau, c’est qu’il est temps de plier les gaules… l’affaire est devenue trop politique pour que tu aies la moindre chance en justice.

Valls et Hollande dans les traces de Sarkozy, pour entrer dans l’Histoire

samedi 27 juin 2015 à 21:23

v-justiceOn pensait vraiment ne pas pouvoir tomber plus bas. L’Ego boursouflé de Nicolas Sarkozy l’avait poussé à prendre toutes sortes de décisions qui grignotaient les fondements de notre contrat social. Bien entendu, la démocratie française n’est plus, depuis longtemps -l’a-t-elle seulement été un jour- qu’un très pâle reflet de ce que ses textes fondateurs énoncent. Mais tout de même. Les tests d’ADN pour le regroupement familial, le fichage des enfants dès 3 ans, la disparition du juge d’instruction, tout était rocambolesque. Tellement rocambolesque que s’en était devenu une technique. Annoncer un projet abject en disant qu’il ne fallait pas avoir de tabous et que tout pouvait être mis sur la table, puis faire un pas un en arrière. Bilan ? Deux pas en avant, un en arrière. Le détricotage de notre contrat social avançait. Et Nicolas Sarkozy voulait entrer dans l’Histoire. Il l’a fait, comme prévu. Il sera sans aucun doute considéré comme le plus mauvais président de la Vème république. Mais il est désormais talonné par Manuel Valls et François Hollande, qui font tout ce qu’ils peuvent pour rogner les libertés individuelles et détricoter le droit du travail. Un paradoxe pour deux hommes qui se disent de gauche.

La sénatrice Françoise Laborde a émis le souhait, via un tweet, que nous écrivions cet article. La voilà donc heureuse. C’est notre mission première : satisfaire nos lecteurs.

Si l’on en croit le gouvernement actuel et le président de la république, le besoin de rogner les libertés individuelles s’explique aisément. Les « boites noires », la loi sur le terrorisme, tout ça s’explique par la nécessité de luter contre un péril sans précédent : le terrorisme. Et vouloir censurer Twitter ou Youtube, comme le veut François Laborde, aussi.

 

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Non, Françoise, ce n’est pas normal. Et ce n’est pas normal non plus de tirer un trait sur des libertés fondamentales qui scellent notre contrat social. D’une part, les signataires dudit pacte vont finir par se rendre compte, peut être d’ailleurs grâce au vilain Internet, que les autres signataires (les politiques) se moquent d’eux. Généralement, ça finit mal.

Je vous échange un baril de Loi sur le renseignement contre un peu de liberté

D’autre part, le terrorisme n’a pas attendu Internet pour frapper ou recruter, y compris en France. Sa nature même fait que justement, il frappe de manière horrible.

Si l’on observe les politiques actuels sans recul historique, on peut croire que le terrorisme est une chose récente, que sans Internet, il serait moins violent, il « séduirait » moins de monde.

Comme si le terrorisme d’extrême gauche ou d’extrême droite n’avait jamais existé, comme si les avions n’avaient jamais explosé avant le 11 septembre, à une époque, d’ailleurs, où on montait dedans sans toutes les fouilles et les restrictions actuelles, comme si Munich était un film de fiction.

Il n’en est évidemment rien.

Toutes ces lois qui s’empilent depuis des années, rognant nos libertés sont en train de dessiner une autre forme de démocratie. Une démocratie où la torture peut être légalisée est-elle vraiment toujours une démocratie ? L’exemple de la dérive des Etats-Unis n’a-t-il servi à rien ? François Hollande et Manuel Valls dessinent cette nouvelle forme de démocratie, dans le prolongement des gouvernements précédents. Un « autre chose » se met en place, avec l’aide de la passivité de la population qui a, la pauvre, d’autres chats à fouetter.

Avec mon baril de Loi sur le renseignement, éliminez les terroristes en un seul lavage

Si cet empilement de lois sécuritaires avaient permis d’éviter les actes de terrorisme, les critiques des opposants à cette mutation de la démocratie seraient plus faciles à décrédibiliser. Mais non. Les attentats continuent et continueront toujours. Car le risque zéro n’existe pas. Il y a plusieurs dizaines d’années, le patronat français avait commandité une étude sur les « fauteurs de trouble » en entreprise. Résultat ? Même en virant tous les empêcheurs de faire du business en rond, le problème des patrons ne serait pas résolu. Car un pourcentage égal de fauteurs de trouble naîtrait, y compris en puisant dans le contingent des « bons petits soldats ». Il en est de même avec le terrorisme. Même en tuant tous les terroristes actuels, il y en aurait d’autres plus tard. La solution est sans doute en partie dans la diplomatie. Qui aurait pu croire dans les années 80 que la guerre du Liban s’arrêterait un jour ? Qui aurait pu penser que le conflit en Irlande du Nord trouverait une issue ? La solution n’est en aucun cas dans une répression aveugle qui ne mène qu’à plus de violence. Paradoxalement, c’est souvent en ramenant les terroristes dans un processus politique, avec toutes les compromissions que cela implique, que l’on trouve une issue à la violence…

La solution n’est pas non plus dans l’empilement des lois sécuritaires qui rognent les libertés publiques. A moins d’avoir une véritable volonté de transformer la démocratie (qui a déjà assez de défauts) en « autre chose ». Est-ce cela que veulent les dirigeants français ? La question peut raisonnablement être posée.

 

 

Laborde, du PRG, voudrait bien censurer Twitter, parce que… ça fait peur

vendredi 26 juin 2015 à 17:46

C’est une interview d’une sénatrice du Parti Radical de gauche sur TV5Monde qui en dit long sur la compréhension d’Internet par les élus. Françoise Laborde, puisque c’est elle, vient expliquer que le groupe Etat islamique fait de la propagande sur Twitter, et qu’il faut réguler le réseau social, parce que… c’est pas bien. « 90 000 tweets par jour » s’exclame-t-elle, « on m’aurait dit 9000, déjà j’aurais trouvé que c’était beaucoup… mais les politiques ne se rendent pas compte, je crois, de ce qu’il se passe sur le réseau ». Oui, et elle la première, ça se sent très fortement. Les politiques découvrent « que même les partisans du djihad de Daesh tweetent ». Dingue.

Mais la liberté d’expression serait donc une liberté variable qui débuterait là où le politique le décide ? Au point qu’en fin d’interview, la sénatrice s’excuse un peu, « avec ses valeurs », d’avoir voté la loi sur le renseignement. « Mais quand même, il le fallait, n’es-ce pas ? » Surtout qu’elle fait « confiance au ministre de l’intérieur pour s’emparer de ces sujets ». Oui, et c’est bien le cas, soyons rassurés.

A voir et revoir. A faire voir.

Pour bien comprendre à quel point les décideurs politiques, les législateurs sont totalement déconnectés. Pas seulement de la vie des « français moyens », mais déconnectés tout court. Du réseau. Du monde moderne qui se développe autour d’eux. De cette technologie et de ses usages qui les fait totalement frémir. Ne dit-on pas que ce que l’on craint le plus est ce que l’on ne connaît pas ?

 

Wikileaks ternit le Lustre français

mercredi 24 juin 2015 à 00:49

wikileaksSurpriiiiiseeuuu… C’est Wikileaks… On n’attendait pas le site de Julian Assange sur ce terrain particulier, mais il a mis les pieds dans le plat sur un sujet très actuel. Celui de l’accord entre la France et les Etats-Unis pour le partage de données récoltées sur les câbles : l’accord Lustre. Voilà qui tombe au plus mal pour le gouvernement français qui survend depuis des mois son fantastique projet de loi sur le renseignement. Wikileaks a commencé à dévoiler le compte-rendu d’écoutes américaines à l’encontre de l’Elysée. Sous Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Et des quelques comptes rendus déjà dévoilés, apparait … une grosse claque.

Nicolas Sarkozy, roi du monde et best friend auto-proclamé des Etats-Unis est visiblement, en privé, beaucoup moins fier de la qualité de ses superbes relations avec l’Oncle Sam. Il ressemble plutôt à  « ouin-ouin« . Nicolas Sarkozy se plaint. Les Etats-Unis l’ont envoyé paitre alors qu’il avait proposé un accord de coopération bilatérale en matière d’espionnage. Pas grave, il va réitérer. Et pendant ce temps là… La NSA écoute son conseiller diplomatique. Une situation qui n’a pas changé au fil des ans puisque Wikileaks publie des compte-rendus d’écoutes de François Hollande. Les deux président qui ont livré aux Etats-Unis des tonnes de métadonnées dans le cadre de l’accord Lustre se sont visiblement fait rouler dans la farine par les Américains. Mais c’est un détail, évidemment.

Dernier point amusant : les méthodes de la NSA pour espionner la France. La mise sur écoute de téléphones portables (ou pas) et, semble-t-il, le piratage de satellites de communication.

Le 24 mars 2010, donc, Nicolas Sarkozy se plaint que sa proposition pour un accord de coopération bilatérale en matière de renseignement ait été rejeté par les Etats-Unis. Mais il veut le reproposer. Selon Le Monde, l’accord Lustre a été mis en place fin 2011:

Selon nos informations, recueillies auprès d’un haut responsable de la communauté du renseignement en France, la direction des services extérieurs français, la DGSE, a, en effet, établi, à partir de la fin 2011 et début 2012, un protocole d’échange de données avec les Etats-Unis.

Voici le compte-rendu des écoutes du conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy, Jean-David Levitte et de Pierre Vimont, ambassadeur français aux Etats-Unis :

Sensitive Issues on the Agenda When French, U.S. Presidents Meet Next Week in Washington (TS//SI//NF)

(TS//SI//NF) French President Sarkozy intends to raise a number of sensitive topics with the U.S. President when the two leaders meet in Washington on 31 March, according to an exchange last week between the French ambassador in Washington Pierre Vimont, and Sarkozy’s diplomatic advisor, Jean-David Levitte. Vimont conveyed that the French President will express his frustration that Washington has backed away from its proposed bilateral intelligence cooperation agreement and Sarkozy intends to continue to push for closure. As Vimont and Levitte understand it, the main sticking point is the U.S. desire to continue spying on France. On the topic of Afghanistan, Levitte noted that Sarkozy is ready to authorize more military trainers but wants clarification on how many are needed, given the conflicting figures from U.S. sources. Another proposed topic was efforts by the European Aeronautic, Defense, and Space Corporation (EADS) to win a tanker aircraft contract with the U.S. military. Vimont revealed cryptically that the deal is moving forward but did not provide any details. Levitte had not expected to put the labeling dispute with Pernod Ricard (the world’s second largest spirits group) on the agenda, but Sarkozy had just spoken to the company’s chairman who had asked the president to intercede on his behalf. (COMMENT: Patrick Ricard, chairman of the Pernod Ricard board of directors, is said to be one of Sarkozy’s wealthy backers.) Vimont characterized the issue as a very political matter in the U.S., and suggested that a direct appeal to the White House might be useful. While Sarkozy intends to broach the issue with the U.S. President, Levitte will talk to the U.S. President’s Economic Adviser and Deputy National Security Adviser. Finally, Levitte expected the two leaders to discuss other pressing subjects including Iran, the Middle East Peace Process, Afghanistan and Pakistan, Yemen, Somalia, the Sahel, Russia, China, Turkey, climate change, and the financial situation of several European countries; however, he provided no details on those topics.

Unconventional

French diplomatic

Z-3/OO/507179-10, 231635Z

Les révélations de Wikileaks vont se poursuivre dans un avenir proche annonce le site qui collabore sur ce sujet avec Mediapart (lire ce papier notamment) et Libération.

Reflets avait tenté de poser des questions sur Lustre à Alain Zabulon, alors coordonnateur national du renseignement français et à Jean-Jacques Urvoas. Le premier avait répondu que tout cela était couvert par le secret et le second, avait quitté la salle, sans doute pour éviter d’avoir à répondre. La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que la loi sur le renseignement va donner une forme d’autonomie à la France. Elle n’aura plus à aller puiser sur la grande place de marché du renseignement pour savoir ce que ses propres ressortissants racontent. Et donc plus à livrer aux Etats-Unis des informations qui les intéressent.

Oh wait…