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Quand Twitter suspend le compte d’un des journalistes de Reflets

mardi 21 juillet 2015 à 00:31

Capture d’écran 2015-07-20 à 20.33.22Drôle de surprise cette après midi lorsque je tente de me connecter à mon compte @_kitetoa_ sur Twitter : celui-ci a été bloqué. Le processus pour débloquer le compte, selon Twitter, est de se connecter via le Web, de donner son numéro de téléphone et de supprimer les tweets qui ont été signalés. Pourquoi pas… Problème, l’envoi de mon numéro de portable à Twitter doit générer un SMS qui me donnera un numéro permettant de passer à l’étape suivante : supprimer les tweets mis en cause. Or, même en entrant mon numéro de téléphone 10 fois, le SMS n’arrive pas.

Et le support de Twitter tourne en boucle, il me faut entrer mon numéro de téléphone…

Capture d’écran 2015-07-20 à 15.19.09

Toutefois, les choses se précisent. Je peux aller consulter la page expliquant pourquoi mon compte est bloqué.

A force d’interpeller les salariés de Twitter France, mon compte finit par être débloqué. C’était une erreur. Désolés…

Capture d’écran 2015-07-20 à 21.33.32

Reste à comprendre qui a signalé quoi pour que le compte soit ainsi bloqué sans que l’on me demande la moindre explication sur mes tweets.

Il me faut donc faire des conjectures…

VC ou Troll multi-condamné ?

Je cherche dans mes tweets récents des choses qui puissent vaguement s’apparenter à la « publication d’informations confidentielles ou privées appartenant à quelqu’un d’autre ».

Deux options. La première concerne Emanuele Levi, l’étrange Venture Capitalist qui détient 4% du capital de Hacking Team. La seconde concerne Jean-Paul Ney.

Capture d’écran 2015-07-20 à 22.08.44Vu la récente rafale de demande de blocage de comptes par Jean-Paul Ney et ses avatars (voir ici), je penche pour la deuxième option. D’autant que le pénible avait déjà tenté une action de ce genre en mandatant une avocate pour me faire perdre la propriété de mon nom de domaine (suivre le lien pour le détail de cette histoire) : kitetoa.com.

A ce stade, quelques explications s’imposent pour la bonne compréhension de la suite de l’article.

Jean-Paul Ney est une personne un peu dérangée, selon les psychiatres qui l’ont examiné pendant l’une de ses nombreuses garde à vues :

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Visiblement suffisamment dérangée pour me menacer de mort, moi et ma famille de manière réitérée parce qu’un article que j’avais publié sur Transfert.net lui avait déplu.

Gentil, j’avais prévenu : je vais porter plainte, il appartient à Jean-Paul Ney de cesser ses menaces. Rien n’y faisait. La justice est lente, mais implacable. Jean-Paul Ney était condamné une première fois pour menaces de mort. Condamnation ferme et définitive, comme on dit dans le jargon juridique. Mais cela ne lui a pas suffi. Il s’est ensuite essayé à la diffamation. Deuxième avertissement, j’explique publiquement que je vais porter plainte. Même scénario, Jean-Paul Ney est condamné, cette fois pour diffamation à mon encontre. Condamnation ferme et définitive également.

Jean-Paul Ney est un troll. Il a pourri tellement de monde et s’est laissé aller à tant d’extravagances via son compte Twitter, qu’il s’est attiré une sorte de « fan-club ». La #TeamJipoune dans laquelle sont immédiatement incorporés ceux qui sont « bloqués » par Jean-Paul Ney (il ne supporte aucune contradiction et interdit à tous ceux qui le contredisent de lire ses tweets).

Tu t’es vu quand la presse parle de toi ?

Par ailleurs, il y a quelques jours, la presse a parlé de Jean-Paul Ney à l’occasion de la publication d’un rapport de Malek Bouthih. Il avait auditionné Jean-Paul Ney. Désormais connu pour ses délires sur Usenet, la presse ne l’a pas raté.

Pour mieux comprendre la perception que la presse a de ce grandissime journaliste, vous pouvez lire, entre autres, les articles de l’Express, de Buzzfeed, du Monde, du Point, du Parisien, de FranceTVInfo… On en passe. Ce n’est pas la première fois que la presse s’intéresse à ce personnage. L’Humanité a dressé un portrait de lui ici. Télérama un autre ici. Il y a de nombreuses années, Le Point avait déjà dressé un portrait de Jean-Paul Ney, il était alors mis en examen pour « appropriation d’un secret de défense nationale ». Cette mise en examen a été relayée plusieurs fois sur Internet, mais personne n’a jamais su s’il avait été condamné pour ces faits. Nous y reviendrons.

Voilà pour le contexte.

Passons aux tweets (probablement) incriminés maintenant.

Twitter se refuse à me dire quels tweets sont mis en cause, ni qui a demandé le blocage de mon compte. Mais si la théorie Jean-Paul Ney est la bonne, on peut imaginer que celui-ci a voulu faire disparaître un tweet dans lequel je fourniassait un document issu de l’un des procès qui m’ont opposé à lui.

 

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Pourquoi publier ce document ?

Parce que depuis toujours, Jean-Paul Ney explique qu’il n’a jamais été condamné, que tout ce qui est sur mon site est une accumulation de faux, et qu’enfin, tout cela est hébergé sur un site à l’étranger par un anonyme, ce qui l’empêcherait de pouvoir agir en justice.

Premier point, vu le nombre de condamnations fermes et définitives qu’il me doit (deux), il sait très bien qui je suis et que Kitetoa est un pseudonyme pour « Antoine Champagne », le propriétaire de  Kitetoa.com. Deuxième point, même si mon site est hébergé à l’étranger, je répond devant les tribunaux des plaintes déposées contre « Kitetoa ».

Il me semble donc logique, lorsque Jean-Paul Ney dit ne jamais avoir été condamné, d’apporter des preuves tangibles de ses condamnations.

Ce que je vais donc refaire ici.

1) Jean-Paul Ney a été condamné en mars 2004 de manière ferme et définitive pour menaces de mort réitérées à mon encontre.

2) Jean-Paul Ney a été condamné en février 2008 de manière ferme et définitive pour diffamation à mon encontre.

Le dossier d’instruction de ma première affaire a été publié dans son intégralité ici.

Et un dossier d’instruction, c’est intéressant parce que cela contient des informations sur les éventuelles précédentes condamnations de la personne mise en cause. De ces dossiers d’instruction, je peux fournir les documents de Justice démontrant que :

3) Jean-Paul Ney a été condamné en novembre 2000 pour vol avec violence.

4) Jean-Paul Ney a été condamné en juillet 2006 pour vol et appropriation d’un secret de défense nationale.

Capture d’écran 2015-07-13 à 01.11.33Les services de police et de gendarmerie le connaissent fort bien et s’en expliquent :

Capture d’écran 2015-07-13 à 01.10.46

Maintenant, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises, si Jean-Paul Ney est si persuadé que tous ces documents sont des faux, que je suis un menteur invétéré, anonyme, caché à l’étranger, membre d’une secte qui le persécute, comme il le répète si souvent, je l’encourage à intenter un procès en diffamation à mon encontre, à me poursuivre pour avoir créé de faux documents de justice. Ce sera plus courageux que de tenter de me faire perdre mon nom de domaine par une procédure idiote, ou de faire bloquer mon compte par Twitter. J’irai m’expliquer devant un juge avec des pièces tamponnées par le Tribunal de Nanterre. En outre, comme à chaque fois qu’il a tenté s’attaquer à moi, je dis clairement que cela ne restera pas impuni. A bon entendeur.

la Grèce, sa dette, l’histoire, ta mère et l’euro

lundi 20 juillet 2015 à 17:40

colonelsIl n’y a pas loin de 60 millions de spécialistes de l’économie grecque en France. Comme il y a le même nombre d’arbitres de foot ou d’experts en politique environnementale, et wathever comme dirait l’autre.

Malgré tout, chers lecteurs de Reflets, la Grèce et son histoire économique méritent de prendre le temps d’aller plus loin que les opinions souvent péremptoires qui fusent ici ou là, de la TV à Twitter en passant par les radios.

Ce qui semble important dans la problématique économique grecque n’est pas seulement d’observer la dette actuelle à 175% qui se serait surtout creusée violemment depuis l’imposition des politiques d’austérité en 2010 — bien que, chacun ou presque, ait son avis sur cette réalité : « C’est à cause des politiques imposées par la Troïka, mais non, c’est les gouvernements successifs qui gèrent mal le pays, de toute façon, les Grecs ils payent pas d’impôts donc c’est normal, leur économie est pourrie, ils devraient pas être dans l’euro, c’est Goldman Sachs quand ils sont rentrés dans l’euro, c’est l’Allemagne, c’est les banques, l’Eglise, les armateurs, ils exportent pas assez, ils savent rien faire, c’est la Moussaka, les feuilles de vigne, les JO, ta mère-Merkel ou l’euro. » Non, se contenter d’ânonner sur la dette depuis 2008, ou 2010 ne sert à rien. Et si l’on remontait le temps pour comprendre vraiment quand et comment, l’économie grecque s’est modifiée, jusqu’à devenir une machine capitaliste infernale qui ne peut pas -en réalité — se maintenir dans le « marché européen » avec les règles qui s’y exercent ?  Parce que la Grèce, ça n’est pas simplement une toute petite économie qui ne représente que 2% du PIB de l’UE et une population renvoyée dans le quart-monde par des politiques d’austérité. Non, la Grèce ça eut marché. Il n’y a pas si longtemps que ça. Et ça n’a pas toujours été le dernier de la classe de la dette publique. Et surtout, la Grèce, sa dette, ta mère et l’euro ce n’est pas un truc qui date de 6, 7, 15 ou 20 ans. Non, c’est plus filou. Mais alors, que s’est-il passé ?

De la fin des Colonels

Une chose à savoir, qui n’est pas sans importance, est que ce pays était écrasé sous les bottes de militaires putschistes alors que plusieurs rédacteurs de Reflets étaient déjà nés. Ce repère temporel est là pour signifier que la dictature des Colonels n’est pas si vieille. Tout comme les rédacteurs de Reflets. Torture, arrestations arbitraires, écrasement des opposants, contrôle des médias : la dictature des Colonels n’a jamais été condamnée par les « partenaires » actuels européens, la France en tête. Si la dictature débute en 1967, elle ne s’arrête pas grâce à l’aide de gouvernements voisins férus de droits de l’homme, mais simplement parce que la population grecque se soulève et dégage la junte militaire au pouvoir. Nous sommes en 1974. Nixon a décidé de suspendre la convertibilité du dollar en or trois ans auparavant, puis déclaré la fin de taux de change fixes pour passer aux taux flottants en 1973. Cette affaire vous a été racontée, elle est centrale pour une bonne compréhension globale des problèmes de « guerre des monnaies » et de financiarisation de l’économie.

Quels sont les atouts économiques de la Grèce à cette époque là — disons, de la chute des Colonels au début des années 80 ? Le pays a-t-il déjà un problème de dette ? Les Grecs sont-ils très pauvres ? Comment et pourquoi cette économie va glisser vers autre chose ? Vous n’aurez pas toutes les réponses dans cet article, mais au moins une partie, puisque c’est sur la dette qu’ils se concentre.

…du début de l’Europe et de l’explosion de la dette publique grecque

En 1980, la Grèce est un pays avant tout touristique et agricole. Sa dette publique est très faible : autour de 20%. Pour se faire une idée, à cette époque, la France a une dette publique de… 20% elle aussi. Ce qui frappe dans l’évolution de la dette publique grecque est son accroissement à partir de 1981 et particulièrement jusqu’en 1993. 1981 : c’est à ce moment que la Grèce entre dans la Communauté européenne.

dette-grece-evolution

+70% de dette publique en 12 ans, pas mal, non ? Regardons de plus près de quoi a été fait cette véritable « explosion d’endettement public » pour mieux comprendre comment, par la suite, une vaste opération de maquillage et d’arnaque à tous les étages a pu se monter. Parce que certaines accélérations sont vraiment nécessaires à observer. Comme celles de 1998 à 1993. Ce graphique est étrange, il part de 1970, et exprime en milliards d’euros à prix constants le montant de la dette publique grecque :

volume-dette-grece

Constat sans appel : 2,2 milliards d’euros de dette en 1970 et… 317,2 milliards en 2014.

Mais toute cette affaire n’est pas si simple et comporte de nombreuses illusions dont on ne parle pas assez. Puisqu’une dette publique n’est pas constituée seulement de l’accumulation de la somme qu’on emprunte, comparée au PIB du pays. Il y a d’autres facteurs, dont un est très important, voire central pour la Grèce, c’est celui des taux d’intérêts. Un facteur relié à celui de la croissance (du PIB).

Un gribouillage pour se faire une idée :

comparaison-dette-pib

A gauche, l’échelle représente la dette en % du PIB, à droite, les montants en milliards d’euros de 2005. Bien, bien. Et que voit-on ? Ce qui était dit plus haut, que le le ratio dette/PIB évolue très doucement entre 1970 et 1980 (de 17% à 20%) puis qu’il s’envole de 1981 à 1993 : de 20%… à 91%. Ensuite, il ne bouge pas beaucoup, de 91% à 103% entre 1993 et 2007, puis méga-envolée de 103% en 2007 à 175% en 2014.

Ok. Mais pour ceux qui suivent encore, regardez bien la courbe de la dette en euros et la courbe du PIB durant les années 80, puis 90 et même ensuite dans les années 2000 : elles ne décrochent pas. Le PIB augmente, pas moins que la dette, voire dans les 80’s il augmente plus que les montants empruntés, qui eux, restent constants. Diantre. Mais que se passe-t-il alors ?

Si tu empruntes, je m’intéresse…

Un graphique parlant pour comprendre comment des taux d’intérêts très élevés font gonfler une dette publique, bien plus que son économie ne peut le supporter :

calcul-interets-deficits

Sachant que les déficits de l’Etat grec sont connus, qu’ils sont causés par un problème d’insuffisance de recettes, il n’empêche que les seuls intérêts pèsent à eux seuls sur cette période 1980-2007, 53,5 points de PIB, alors que les déficits, eux n’en représentent qu’à peine un peu plus de la moitié : 28,8 points de PIB.

La réalité est donc triviale : la Grèce « ne dépense pas trop », comparée à sa croissance du PIB depuis 30 ans, ce pays emprunte « seulement » à des taux délirants. Les petits malins qui travaillent sur ces problème de dettes illégitimes ont fait un graphique qui résume bien ce qu’aurait pu être la situation en 2007, entre les taux d’intérêts que payait la Grèce depuis 1980, les taux de référence sur cette période, et la différence que cela leur a coûté :

taux-grec-taux-reference

C’est assez costaud, disons-le, puisqu’au final la dette publique grecque aurait dû être à 68,3% au lieu de 103,1% en 2007 si ce pays avait eu des taux d’intérêts normaux.  Soit 34,8 points de PIB qui auraient pu ne pas être perdus. Hum. Ça fait des milliards ça. Que les Grecs auraient pu éviter d’emprunter aux généreux prêteurs qui les harcèlent pour privatiser tout leur pays, augmenter la TVA et baisser les retraites ?

simulation-taux-grece

La simulation ci-dessus est donc très parlante. Ce qui nous amène à dire qu’en réalité, l’économie grecque d’un point de vue de sa dette publique aurait été équivalente à celle de la France en 2007, dette qui était cette année là, de …64,2%.

De nombreuses questions suivent, au delà de la dette, bien entendu. Sur les capacités économiques de la Grèce avant son entrée dans la Communauté européenne (et après), sur la possibilité ou non de rentrer dans l’euro avec une dette publique à 103%, et d’autres amusements qui pourraient démontrer qu’en réalité, la Grèce (ou disons, les Grecs) est surtout le dindon d’un grosse farce venue de pays plus au Nord. Parce que quand les taux d’intérêts de la Grèce flambaient, d’autres en profitaient pour économiser des sommes colossales sur leur propre achat de dettes. Avec des taux… d’un niveau si bas que… Mais ceci sera traité ultérieurement.

Merci au site CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde) grâce à qui cet article a pu se faire.

Enterrer la poubelle nucléaire

lundi 20 juillet 2015 à 17:00

DSC00038Les petites manips du gros lobby nucléaire ont la vie dure. Dans la loi Macron (« croissance, activité et égalité des chances économiques »), adoptée à coup de 49-3 le 10 juillet, un amendement de dernière minute a été adopté. Porté par le sénateur de Lorraine Gérard Longuet, qu’on ne présente plus, et finalement accepté par le gouvernement, cet amendement donne le feu vert législatif qui manquait au projet d’enfouissement des déchets nucléaires les plus nocifs que les pouvoirs publics cherchent à imposer dans la petite commune de Bure, dans la Meuse.

L’amendement Longuet, devenu l’article 201 de la loi Macron, est censé transformer l’actuel « laboratoire » de Bure, géré par l’Andra (l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs), en centre de stockage opérationnel qui devrait donc accueillir, dans des galeries souterraines à 500 m de profondeur, des colis de déchets à haute activité et à vie longue (HAVL). Ce sont les résidus les plus radiotoxiques que l’industrie nucléaire recrache continuellement de ses centrales (les barres d’uranium usées), comme ceux issus du retraitement de l’usine de la Hague ou du nucléaire militaire.

Le lobby de l’atome ne pouvait plus attendre. Une loi de 2006 donnait en effet 10 ans à la filière (EDF et Areva en tête) pour trouver une « solution durable » (sic) à la question de ces déchets les plus pourris. La transformation du labo de Bure (appelé Cigéo pour « centre industriel de stockage géologique) en poubelle radioactive devait donc absolument être réglé avant l’an prochain, et le calendrier parlementaire ne le permettait pas. L’amendement Longuet met l’accent sur la question de la « réversibilité » de ce « stockage en couche géologique profonde ». Histoire de rassurer le bon peuple qui pourrait s’inquiéter de voir ces tonnes de poison enterrées ad vitam eternam. L’objectif de ce coup de force parlementaire est de lancer une « phase pilote » pour l’enfouissement des déchets, « sans demander l’avis des parlementaires comme prévu initialement », accusent les associations regroupées au sein de la coordination Bure Stop. Car la loi précédente exigeait, justement, qu’une autre loi en bonne et due forme soit discutée sur cet aspect crucial. Ce tout de passe-passe permet à l’Andra de se lancer dans une « phase pilote » sans débat, et ce n’est qu’au bout de cette phase que le stockage en sous-sol devrait être validé par la loi. Paroles, paroles… Qui peut croire qu’après des milliards d’investissement le seul site disponible en France pour servir de poubelle radioactive soit un jour abandonné?

Le minable amendement Longuet — un bien beau « cavalier », comme on dit en jargon politicard – sera peut-être censuré par le Conseil constitutionnel, saisi par les députés LR le 15 juillet. Mais rien n’est moins sûr: leur saisine n’évoque pas une seconde cet aspect de la loi Macron. Et les écolos, qui sont sorti de leur léthargie pour l’occasion, n’ont pas signé la saisine et se sont contenté d’une « lettre ouverte » pour afficher leur courroux à Valls et Macron. Le ministre de l’économie a prouvé son sens inné de la couardise, puisque devant les parlementaires, le 10 juin, il s’est prononcé contre l’amendement Longuet, car cette question « sensible », disait-il, méritait un « temps de débat approprié » afin de pouvoir « cerner tous les enjeux ». Dommage, cette fois ci c’était filmé.

En vérité, ce passage en force se prépare depuis belle lurette. Bure Stop a suivi à la trace (cf document PDF) les tentatives parlementaires des élus du coin (Meuse et Haute-Marne), PS et UMP confondus, pour faire passer la pilule de l’enfouissement. Depuis décembre 2013, pas moins de 12 amendements, tous identiques à quelques détails près, ont été déposé en séance, d’abord lors des débats de la loi Royal sur la transition énergétique, et ensuite, dès novembre 2014, dans la loi Macron. A chaque fois, le gouvernement a botté en touche en laissant croire que la pureté du « débat démocratique » devait passer avant les intérêts économiques.

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Tout semble pourtant écrit sur une partition bien rodée de l’acceptabilité sociale. Dès le milieu des années 90, la question du stockage en sous-sol des déchets HAVL avait été réglée par une série de manips sournoises mais infaillibles. Il était d’abord prévu dans la loi de trouver 3 sites en France dont le sous-sol géologique aurait pu un jour servir de cimetière nucléaire. Hasard? Ce fut au gouvernement socialo-verts de Jospin de dénicher ces coins de la France profonde. Finalement, en 1999, seul le village de Bure se voyait attribué l’insigne honneur d’accueillir un « laboratoire » de l’Andra. Les deux autres sites ne seront finalement jamais désignés.

La manip consiste aussi et surtout à parler alors de « laboratoire scientifique », de convoquer la science et la recherche, plutôt que de parler de stockage. Tout le discours de l’Andra, depuis 15 ans, joue sur ce flou juridique. Comme l’explique le documentaire autoproduit « Poubelle la vie », réalisé par un collectif d’opposants éclairés (voir plus bas), avant même que le décret sur la création de ce labo ne soit signé en 1999, l’argent public commençait déjà à pleuvoir sur les deux départements impactés : 5 MF par an et par territoire. Le décret signé – par une certaine Dominique Voynet –, la manne passait à 10 MF par an et après 2002 elle était multiplié par 13: 20 millions d’euros par an. Nous en sommes aujourd’hui à 30 M€ par an (toujours pour chacun des 2 départements), et avant même que la loi Macron ne passe, les élus négociaient une rallonge pour passer à 40 M€ par an. Cette manne alimente un Groupement d’intérêt public (GIP) qui arrose à tout va, collectivités, entreprises ou même particuliers, pour tout et n’importe quoi. Pourquoi se gêner?

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La Meuse est une région sinistrée démographiquement et économiquement. A Bure la densité de population est d’environ 6 habitants au km2, et la préfecture, Bar-le-Duc, ne compte que 15000 habitants [et non 55000 comme écrit par erreur] – plutôt pratique pour limiter la présence de hordes de résistants antinucléaires. Depuis que l’Andra est présent dans la zone, tout a été fait pour habituer les populations à la présence presque naturelle de l’industrie nucléaire. EDF et Areva y ont érigé leurs archives dans deux bâtiments à l’architecture épurée pour mieux faire partie du paysage. Le CEA y a ouvert un centre de recherche pour fabriquer du biocarburant à partir de cellulose de bois – histoire de trouver un débouché écolo aux forêts de la région qui sont déjà dévastées par un chantier qui n’est dont officiellement pas encore lancé! EDF a également implanté non loin du labo un centre de maintenance pour pièces de centrales nucléaires. Et Areva a investi la ville de Void-Vacon pour en faire une plateforme ferroviaire géante pour ses convois de déchets nucléaires. Sans parler des filières universitaires qui se sont créé à Bar-de-Duc et à Saint-Dizier (Haute Marne) dédiées aux « métiers du nucléaire ». En pour enrober le tout de verdure symbolique, la région se recouvre de panneaux solaires et d’éoliennes géantes.

burestop_cvTout est fait pour investir les lieux – et les esprits – de l’irrésistible présence de l’industrie de l’atome. Tout ça pour qu’un jour, le « débat démocratique » décide que, finalement, la poubelle de Bure ne soit jamais construite?

Derrière toute cette mascarade, les rares opposants encore en activité se sentent à nouveau méprisés suite au coup de force de la loi Macron. Qu’à cela ne tienne. Du 1er au 10 août, un campement autogéré s’organise non loin du laboratoire pour évoquer ces questions, et bien d’autres. A quelques mois de la grande conférence climatique, la COP 21, qui aura lieu cette année en France (au Bourget, début décembre 2015), le lobby nucléaire ne manquera pas de se « vendre » à nouveau comme une énergie « propre » sous prétexte qu’elle ne participe pas autant que les énergies fossiles au réchauffement climatique. Ce n’est pas une raison pour s’en contenter.

PS – Pour en savoir plus: la dernière brochure de Bure Stop parue fin 2014.

Photos: rassemblement devant le labo de l’Andra, 7 juin 2015.

poubelle la vie from andra dégage on Vimeo.

Un film de Bure AutoMedia sur la lutte contre l’enfouissement des déchets nucléaire, l’avenir et les enjeux du monstre projet CIGEO imposé par les technocrates psychopathes de L’ANDRA et EDF.
C’est aussi un constat d’urgence, un appel à mobilisation & à renforcer cette lutte de résistance internationale et inévitablement décisive pour les générations a venir.

Pour plus d’information:
vmc@riseup.net
http://vmc.camp/
http://nocigeo.noblogs.org/
https://antitht.noblogs.org/
burestop.free.fr

Journal britannique cherche « anecdotes croustillantes » sur Daesh

jeudi 16 juillet 2015 à 17:48
UK« Pouvez vous m’écrire un article sur la montée de l’Etat Islamique avec des anecdotes de personnes vivant sous leur coupe, les techniques de tortures qu’ils utilisent, des anecdotes de personnes qui ont eu leur main coupée, qui ont été violées, qui ont eu leur maison brûlée ou un proche décapité.« 

C’est le mail incroyable reçu par un confrère de la part d’un journal anglais alors qu’il était en reportage en Libye. Oui, Daesh est présent dans le pays, notamment dans la région de Syrte ; oui il y a eu des exécutions filmées. Nul doute que des personnes souffrent de cette organisation terroriste. Mais là c’est le niveau zéro du journalisme à sensation. Quand il lui a répondu que formulé comme ça, le sujet n’allait pas être possible, il a répondu : « Mais il y a bien Daesh en Libye… » Fin de l’échange. Il aurait rêvé de pouvoir lui écrire le seul mot qui conviennent : « FUCK ! »

When Hacking Team thought The Intercept published « conjectures »

jeudi 16 juillet 2015 à 17:30

TI_Launch_02-article-headerTime is on our side… It is always interesting to look at what the marketing bullshit generator has generated in the past when a leak appears. On Oct. 30 of 2014, The Intercept published a story about Hacking Team. Hacking Team was not very happy and as always, would generate the same kind of marketing bullshit : « we don’t disclose who we sell to, but we have a strong customer policy and we can shut down any customer who would misuse our tools ».

The Intercept stated that Hacking Team had probably sold the Remote control System to Ethiopia, Kazakhstan, Saudi Arabia, Mexico or Oman, countries which may have a very personal view of what Human Rights respect should be.

Hacking Team sent a letter to The Intercept which was published by the newspaper at that time. Even if the infamous Eric Rabe thought The Intercept would not dare publishing the corporate « truth » .

Capture d’écran 2015-07-16 à 16.40.42

This letter is now part of the 400 Go leak in a mail sent by David Vincenzetti (HT’s CEO) to other members of the team.

Some parts of this letter look « funny » today :

Despite the headline, the “secret manuals” do not show that anything at all was “sold to despots” worldwide or elsewhere.  That remains the conjecture of the authors.

Let’s have a look at the Intercepts’ conjectures.

Ethiopia, Kazakhstan, Saudi Arabia, Mexico or Oman are all listed as clients :

clients-hacking-team

Ethiopia is listed here as a client :

ethiopiaYou can read here (in french) our two papers about Ethiopia and the Citizen Lab report. These two papers will also enlighten the readers about how Hacking Team used to « shut down » clients who would use the tools against political opponents or journalists.

There is a huge difference between the corporate marketing speech and the reality. This we already knew… We just needed time to prove it.