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Liban : l'effondrement d'un État ?

jeudi 25 février 2021 à 10:53

Crises économique, politique, sociale, sanitaire… Le pays pourra-t-il un jour s’en sortir ?

Entre la pandémie, l'explosion du port de Beyrouth, la crise économique ou encore politique, le Liban sombre chaque jour un peu plus. Et tout peut encore empirer. Pour Jihane Sfeir, historienne, professeure à l’Université Libre de Bruxelles et spécialiste de l’histoire du monde arabe contemporain, aucune alternative ou amélioration ne semble se profiler. Interview.

Manifestations au Liban - © Denis Meyer

Reflets : Le Liban est sorti début février d’un confinement très strict, qui avait entrainé d’importantes manifestations dites de la faim. Mais ce n’est que l’une des nombreuses crises auxquelles fait face le pays : faillite, pauvreté, crise sociale… Quel est votre sentiment vis-vis de la situation libanaise ?

Jihane Sfeir : Je suis très pessimiste pour l’avenir du Liban. La révolution du 17 octobre 2019 a amené quelques espoirs quant à un changement probable et même des démissions. Mais, finalement les seigneurs de la guerre [civile] sont toujours là et se partagent le pouvoir. Ils ont établi leur économie de guerre, le partage du territoire et gèrent le Liban comme si c’était leur boutique. Tant que cette classe politique formée par les chefs de guerre civile sera là, rien ne changera. Michel Aoun, le président libanais, en fait partie, mais c’est le Hezbollah, avec qui il est allié, qui gère réellement le pays. Il n’y a qu’à voir l’assassinat de Lokman Slim [intellectuel libanais, défenseur de la démocratie, opposant virulent et notoire du Hezbollah, retrouvé mort par balles le 4 février 2021]. L’enquête, comme souvent, ne mènera à rien. Et je ne vois pas comment on pourrait sortir de cette impasse politique, liée à une crise économique sans précédent. Même pendant la guerre civile, les Libanais n’ont pas connu ça. Le pays est dans un état de déliquescence complet ! L’état est en faillite, la corruption généralisée, et les services publics essentiels, tels que l’...

« Il y a une victoire politique et culturelle de l'extrême droite »

mercredi 24 février 2021 à 10:29

Stéphane Gatignon, l'ancien maire de Sevran appelle à un sursaut de la gauche

Alors que la ministre de l'Enseignement supérieur veut faire la guerre à « l'islamo-gauchisme » à l'université, nous avons demandé à l'ancien maire de Sevran qui avait démissionné de son mandat pour protester contre l’insuffisance des politiques publiques en banlieue, comment il analysait les crispations et la crise que nous traversons.

File:Stéphane Gatignon (2013) - Claude Truong-Ngoc - Wikipedia - CC BY-SA 3.0

La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s'obstine à vouloir demander une «enquête du CNRS» sur l’islamo-gauchisme dans l’université «afin de distinguer ce qui relève de la recherche académique et ce qui relève du militantisme». Comment réagissez-vous?

Stéphane Gatignon : C’est un anathème qui empêche les chercheurs de travailler sereinement. Elle choisit de cliver pour empêcher les analyse de la crise que nous traversons. Le but des recherches en sciences-sociales est d’analyser la société telle qu’elle est. Point. Ceux qui tiennent l’appareil d’État aujourd’hui ont peu de formation politique. Mais ils ont le pouvoir...

Comment analysez-vous la crise que nous traversons?

Entre Paris et les banlieues, on est dans des mondes différents.

Géographiquement très proches, mais en fait très éloignés. J’ai habité à Sevran, maintenant je loge à Paris. Vu de Paris, c’est flagrant. Les déclassés sont aujourd’hui dans les banlieues et ils n’ont pas voix au chapitre dans la société. Le périphérique marque cette rupture.

Concernant la province, les habitants ne se sentent pas appartenir au même groupe social que les parisiens. Il y a un centre unique aujourd’hui: Paris. Le mouvement des Gilets Jaunes est parti d’une simple augmentation du prix du carburant. En province, pour les plus pauvres, l’essence représente une part importante du budget. Sans voiture, on ne peut rien faire.

Le monde du travail se reconstitue. Comme le statut des jeunes et des moins jeunes...

Reworld Media: Le poids des lingots, le prix des mots

lundi 22 février 2021 à 11:15

Les conditions d'accès aux aides publiques à la presse sur la sellette…

C'est l'histoire d'une ministre de la Culture très inquiète, une fille de journaliste indignée, une Roselyne Bachelot sans le sourire, qui, le 24 décembre dernier, est venue rappeler que le Père Noël n'existait pas. La fin des étrennes pour certains?

Sur les contours de la fonction journalistique... - Capture d'écran

Rappel des faits. Interpellée par plusieurs députés sur le sort de la rédaction de Sciences & Vie, madame la Ministre s'est récemment fendue d'un libre réquisitoire à l'encontre de Reworld Media (vidéo à 1.38'30''). Reworld, propriétaire du titre, est justement ce fameux groupe de…??? Problème, c'est bien de ce flou lexical dont il est aujourd'hui question. Car ce nouvel acteur multitâche semble de moins en moins enclin à tenir compte de la réalité du monde de la presse. Nombreux sont ceux qui s'en étonnent depuis plusieurs mois, voire quelques années déjà, puisque Reworld s'est porté acquéreur de tous les titres magazines de l'éditeur italien Mondadori en juillet 2019.

Depuis ce rachat, une centaine de salariés issus de la régie publicitaire se sont vus expressément délocalisés dans une commune voisine alors qu'environ 200 journalistes titulaires de la carte de presse ainsi qu'une trentaine de pigistes ont quitté le navire. En cause, la stratégie commerciale d'une équipe dirigeante pour qui la valeur des beaux chiffres l'emporte sur la richesse des belles lettres. Très vite, le cours de la bourse à pris le pas sur la course aux infos au sein de toutes les rédactions concernées, et notamment chez Science & Vie, revue scientifique par excellence, connue et reconnue pour le sérieux de ses dossiers depuis 1913. Rien n'y fait, l'âge des artères ou l'expérience d'un titre n'auront suffit à...

Le jeu de Macron avec la mort

mercredi 17 février 2021 à 15:06

Le nombre de décès du Covid depuis septembre est supérieur à celui de la première vague

Pendant que ministres et courtisans se gargarisent de la clairvoyance du Président, la maison Borniol se porte bien. Mais ces morts sont comme transparents. Pas d'image, pas de problème. L’œil était dans la tombe et regardait Macron.

Nombre de nouveaux décès sur 7 jours - Financial Times

Les Macronistes béats louent sa clairvoyance. «Il va finir épidémiologiste, plaisante un ministre. Les chiffres lui donnent raison. Le confinement, ç’eut été la solution de facilité, la mesure de confort.» «Si on avait écouté tous les "Cassandre", on serait en train de travailler avec nos enfants sur les genoux depuis trois semaines», ajoute un participant du conseil de défense sanitaire. «Macron s’est tellement intéressé au Covid, ajoute un conseiller du pouvoir, qu’il peut challenger les scientifiques, poser la question qui les déstabilise». Mais il y a les chiffres dont on parle très peu: ceux de nos morts quotidiens. Nous en sommes à 300 décès quotidiens en moyenne sur 7 jours entre le 10 et le 16 février. Plus que l’équivalent du crash d’un avion de ligne par jour. Mais ces morts-là, Macron s’en fiche. Ils sont sacrifiés sur l’autel de l’économie et de son génie qui n’entend pas suivre l’avis des scientifiques pour prévenir les contaminations. Si encore, on avait des vaccins en quantité...

Tout est dans la com. Ce que Macron ne veut absolument pas voir, comme on l’a vu dans certains pays, ce sont les images de personnes agonisants dans les couloirs d’hôpitaux ou de files de voitures devant ces même structures transportant des malades en manque d’oxygène. Trop mauvais pour sa réélection en 2022. Mais les morts qu’importe!

Pourtant, depuis septembre, le nombre de morts est supérieur à celui de la première vague. Mais les décès sont plus étalés dans le temps....

Un tour du monde dans le port de la Rochelle

samedi 13 février 2021 à 17:05

Amusons-nous un peu avec un marin qui ne manque pas de sérieux

C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme, ta-ta-tin… Mais pas toujours. Car la haute mer, Yannick Bestaven l'a prise pendant 80 jours, 3 heures, 44 minutes et 46 secondes. Petit retour d'un grand Vendée Globe.

L'arrivée au port de La Rochelle - © Reflets

Derrière un sourire de gamin ébloui, Yannick Bestaven dissimule une sagesse de vieux briscard. Cela fait plus de 25 ans qu'il pratique la voile à haut niveau. A la barre du bien nommé Maître CoQ, Yannick était de retour ce week-end dans son port d'attache. Une arrivée qui s'est quelque peu effectuée en catimini pour cause de rassemblement interdit sur les pontons Rochelais. Mais qu'importe le covid, l'enthousiasme était bel et bien là pour accueillir comme il se doit le vainqueur de la plus prestigieuse course autour du monde en solitaire.

Une petite foule pour raison sanitaire mais l'ambiance y était. - © Reflets
Une petite foule pour raison sanitaire mais l'ambiance y était. - Reflets

On ne rencontre pas tous les jours un voileux Cap-hornier, un vrai, un dur, un tatoué des mers du Sud. Et si ce besoin qu'ont les marins de faire des phrases s'avère toujours aussi curieux au cinéma, Bestaven, lui, n'est pas du genre à parler pour ne rien dire dans la vraie vie. Raison de plus pour l'écouter. Encore faut-il l'approcher. Pas facile de lui voler quelques instants au milieu d'une palanquée de journalistes et d'une foultitude de notables locaux. Sa journée de retour au bercail fut en effet ponctuée de conférences de presse, de séances photo, et d'interviews en cascade. Pire, la chargée de com du Skipper vedette veillait au respect d'une feuille de route hyper-minutée. Patient, j'ai profité d'une pétole médiatique pour réussir à l'accoster avant qu'il ne mette les voiles par...