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Science & Vie ou la bourse ?

samedi 2 janvier 2021 à 17:13

La presse magazine sous idéologie comptable d'une mirifique Start-up Nation.

Question: comment faire de l'argent avec un groupe de presse. Réponse: réduire la masse salariale et accueillir de jeunes recrues formées en alternance. C'est fou comme tout devient limpide dans le monde éclairé des businessmen de la French-Tech…

Une revue créée en 1913 malmenée par la science de 2021

Les hostilités sont ouvertes. D’un côté un magazine de renom créé en 1913, Science & Vie, et de l’autre Reworld Média, un Leading Media Group se reconnaissant comme éditeur de contenus de qualité résolument ancré dans l’ère des nouvelles technologies (sic). Deux mondes. Le premier s’honore de sa vérité scientifique, le second se félicite de ses cotations boursières.

Rappelons que Reworld s’est porté acquéreur de tous les journaux de l’éditeur italien Mondadori en 2019 (30 titres, dont S&V). La nouvelle direction vise un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros pour 2021. Le big boss, Pascal Chevalier, n’hésite plus à se présenter comme «un geek reconverti dans le business». Quant à Jérémy Parola, le jeune directeur des activités numériques, lui, préfère se coiffer d’une réussite acquise au sein du journal économique La Tribune: «Quand je suis arrivé on était 300, je suis reparti, on était une vingtaine. On ne peut pas dire que ce soit un modèle d’hyper croissance, même si les choses faites étaient hyper belles, et j’en ressens encore aujourd’hui une grande fierté». À cette époque, le directeur de La Tribune n’est autre que Gautier Normand, l’actuel associé co-fondateur de Reworld Média.

Le choc du chiffre vaut mieux que le poids des mots
Le choc du chiffre vaut mieux que le poids des mots

Pas de quoi rassurer les journalistes de Science & Vie qui dénoncent de grossières erreurs éditoriales et déplorent « un nombre inimaginable d’informations erronées et publiées sur un site internet qui est désormais placé...

Vol au dessus d'un nid de QAnon français

jeudi 31 décembre 2020 à 12:33

Le délire venu des États-Unis prend racine en France

Bienvenue dans le grand bazar des complotistes QAnon. De ce côté de l'Atlantique, se côtoient antisémites, extrême-droite, anti-illuminati, anti-vaccins. Tous contre tous et tous pour Donald Trump. Dur à suivre...

Ça ressemble à une blague, mais ce n'en est pas une - Blog Infocculte sur Wordpress

Qu'on se le dise, le sapin de Noël symbolise la pyramide illuminati. Mais comment a-t-on pu passer à côté de cette évidence pendant si longtemps ? Fort heureusement, une plongée dans les groupes Telegram des QAnon Français permet de voir ce que les oppresseurs voulant notre perte tentent de nous cacher par tous les moyens.

On pourrait croire à une blague mais c'est très sérieusement que ce site découvert au détour d'un groupe fédérant la communauté QAnon française nous explique la triste symbolique du sapin de Noël. Pour mémoire, la communauté QAnon, née aux Etats-Unis dans 4Chan est persuadée que des élites mondiales pratiquent un culte sataniste pédophile, s’attaquent à nos enfants et boivent leur sang. Fort heureusement, Donald Trump serait engagé dans une lutte secrète contre ces monstres et serait en passe de la gagner. C'est d'ailleurs pourquoi il est si abominable de constater que les pédophiles en question ont volé l'élection du sauveur. Pour bien comprendre l'étendue du délire, nous vous recommandons la lecture de ce long article.

On aurait pu penser que ces théories, reposant à la fois sur des événements, des personnages et des argumentations très américano-centrées resteraient confinées aux Etats-Unis. Pas du tout. Si le groupe Telegram « QAnon France » ne regroupe que 2.034 membres, « Le Grand Réveil » compte 6.500 abonnés. « Revue de Presse Internationale » approche des 2.900 membres.

On y croise à peu près tous les publics allant...

Qui évaluera la pertinence des milliards des plans de relance ?

dimanche 27 décembre 2020 à 17:53

Spoiler : personne

Il y a une similarité entre la gestion des crises financières mondiales et celle du Covid-19 : personne ne tient le compte précis des milliards déployés pour éviter la catastrophe. Personne n'évalue la pertinence de leur attribution. Pas plus que leur efficacité.

Walibi Belgium - Loup Garou - Jérémy-Günther-Heinz Jähnick - Wikimedia Commons - CC-BY-SA 3.0

En matière de crise financière, on l'a vu avec les subprimes et la crise de la dette souveraine, lorsque le système menace de s'écrouler complètement, les États trouvent de l'argent magique. Alors que la veille, tous les dirigeants d'entreprises, tous les dirigeants de pays ne juraient que par "TINA" et l'austérité ou le chaos, les voilà qui, pour les uns réclamaient des milliards pour ne pas mourir, pour les autres, faisaient pleuvoir les milliards. Après la reproduction des pains, l'inattendue reproduction des dollars et des euros...

Ceux qui ne juraient que par le libéralisme et ses bienfaits, le libéralisme par opposition à l'interventionnisme de l'État dans l'économie, deviennent des chantres de l'injection massive d'argent public, bref, d'une nationalisation des marchés financiers, d'un rétablissement du communisme !

Les discours, la doxa économique et la réalité divergent désormais complètement. Les ultra-libéraux réclament une politique interventionniste de l'État. Il faut dire que sans les interventions massives des gouvernements et des banques centrales ces dernières années, le système aurait implosé depuis longtemps. L'économie mondiale n'a pas attendu le covid, elle est sous respirateur artificiel depuis 2008. Quelqu'un devra payer pour tout l'oxygène, mais c'est une autre histoire...

Avec la crise du covid, pour la première fois, une triple crise se présente : sanitaire,...

Mouvement climat : « la question de la violence n'est pas réglée »

mercredi 23 décembre 2020 à 18:05

Le politologue Maxime Gaborit analyse les mutations du mouvement climat

Maxime Gaborit est doctorant du Centre de recherche en science politique (Crespo) de l'Université Saint-Louis de Bruxelles où il rédige une thèse consacrée aux mouvements sociaux écologistes. Alors que le mouvement se massifie, il en décortique les tiraillements existentiels : rapport à la violence et rapports de classes, catastrophisme et Convention citoyenne.

Cérémonie d'Ouverture de la Rébellion Internationale d'Octobre 2019 d'Extinction Rebellion à Paris - Bastian Greshake Tzovaras / Flickr - CC BY-SA 2.0

La préoccupation climatique est aujourd'hui largement partagée au sein de la société, en témoignent les marches pour le climat de plus en plus suivies. Comment les organisations accueillent-elles cette arrivée massive de nouveaux partisans ?

Maxime Gaborit
Maxime Gaborit
En effet, le mouvement climat en France est marqué par une massification récente qui date de la rentrée 2018. A ce moment-là, une vague verte a déferlé dans les rues, galvanisée d'abord par la démission de Nicolas Hulot puis par l'importante médiatisation du cinquième rapport du GIEC. Aux côtés d'organisations déjà en place, ont alors émergé de nouvelles mouvances pas toujours stabilisées, identifiées par l'étiquette « citoyenne ». La dimension générationnelle est apparue ensuite avec les grèves pour le climat et la naissance de Youth for Climate en janvier 2019.

Assez rapidement, les organisations ont profité de cette nouvelle base sociale capable de faire masse pour organiser des actions de grande ampleur. Jusqu'à présent, des organisations comme Greenpeace s'appuyaient surtout sur du lobbyisme institutionnalisé et des actions spectaculaires menées par quelques activistes sur-entraînés. En avril 2019, ils ont pu compter, avec ANV-COP21 et les Amis de la Terre, sur plus de 2 000 citoyens pour bloquer « la République des pollueurs » dans le quartier de la Défense.

Le mouvement climat joue désormais sur un ensemble de tableaux extrêmement varié, allant de la désobéissance civile de masse aux...

Projet de loi contre le séparatisme : la petite musique de l'Elysée

dimanche 20 décembre 2020 à 09:50

Un briefing "off" pour les journalistes

Reflets publie le verbatin d'un briefing "off" du conseiller intérieur et sécurité du Président de la République à destination des journalistes sur le projet de loi "confortant les principes républicain".

Façade de l'Élysée - Remi Mathis - Wikipedia - CC BY-SA 3.0

C'est reparti pour un tour. Qui se souvient du nauséabond débat sur l'identité nationale de Nicolas Sarkozy ? Déjà, à l'époque les responsables politiques, sous couvert de créer un « rempart contre le communautarisme », chassaient sur les terres du Front National en quête d'électeurs. Aujourd'hui, Emmanuel Macron tente de siphonner le vote Rassemblement National en poussant un projet de loi sur les « principes républicains ». Cette fois, l'excuse est de lutter contre le « séparatisme ». Dans les deux cas, plus ou moins officieusement, ces projets visent à surfer sur le racisme latent visant les français musulmans. Ils contribuent à l'exacerber.

Dans son discours des Mureaux en octobre, le président de la République avait tracé les grandes lignes de son projet en la matière. Il avait expliqué à des journalistes qu'il visait le séparatisme islamiste. Aujourd'hui, l'exécutif slalome dans un champ de mines. Il tente de rassurer en expliquant qu'aucune religion n'est visée par ce texte tout en martelant que l'islamisme radical est un danger. Étrangement, le texte présenté ne fait pas mention de ce séparatisme islamiste qui serait la cible. Peut-être parce qu'il est compliqué de définir ce qu'est l'islamisme. Où se termine la foi et commence l'islamisme politique ? Difficile aussi de caractériser le « séparatisme ». Et comment faire la différence entre le « séparatisme » islamiste et celui de groupes comme...