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Prix du pétrole à -40$ : pourquoi il faut désarmer les marchés

mardi 21 avril 2020 à 15:54

Les produits financiers n'ont plus aucun rapport avec l'économie réelle

Depuis des années, nous écrivons qu'il faut désarmer les marchés par la régulation, dernière arme des États. La cotation à -40 dollars du baril hier est une illustration du grand n'importe quoi...

Image du film "There Will Be Blood" - © Paramount Pictures

Mais comment passe-t-on d'un cours de 27 dollars le baril de pétrole vendredi dernier à -40 dollars le lundi suivant ? Comment expliquer cela ? C'est tout simple... Il s'agit de la meilleure illustration de la déconnexion totale entre les marchés financiers et l'économie réelle. Le retour d'un optimisme déraisonné des opérateurs sur les marchés actions alors que tout indique qu'une catastrophe arrive montrait déjà combien le secteur de la finance est aux fraises. Mais la cotation négative du baril est encore plus frappante. Décortiquons ce mouvement...

Depuis des lustres, les financiers ont créé des instruments financiers opaques, complexes, très éloignés du but initial d'un marché financier : financer l'économie réelle. Les entreprises découpent leur capital en actions et les mettent à la vente sur un marché. Elles se financent par ce biais. Enfin ça, c'était avant. Au début. Depuis, les financiers ont inventé des produits qui n'ont plus rien à voir avec l'économie réelle mais qui ressemblent à s'y méprendre à ce que fait la Française des jeux avec ses jeux de grattage. Un nouveau truc tous les six mois pour satisfaire l'appétit des joueurs.

Dans le cas qui nous occupe, les investisseurs n'achètent ou ne vendent pas du pétrole. Il échangent un jeu de grattage, un bout de papier qui dit : dans un mois ce papier se transformera en un baril de pétrole. Entre temps, le cours de ce bout de papier peut varier en fonction...

« Les Ehpads deviennent des établissements pénitenciers »

mardi 21 avril 2020 à 13:54

La directrice s'inquiète des conditions de reprise des visites des familles

Décès d'un patient suspecté d'être atteint du Covid, annonce surprise de parloirs pour les familles des résidents, système D pour trouver les équipements de protection : récit d'une semaine épuisante à l'Ehpad de Saint-Paulien (Haute-Loire) par sa directrice, Nathalie Cottier. Episode 5.

La directrice avec un résident - D.R.

Comment allez-vous?

J’étais en colère depuis vendredi car on ne parle que des soignants dans les hôpitaux qu’on applaudit à 20 heures. J’ai l’impression que le personnel des Ehpad est oublié. Alors j’ai écrit un article pour la presse locale (voir encadré), ça m'a calmée. Et puis ma colère a repris écoutant le Premier ministre ce dimanche. J’en ai marre de ces effets d’annonce qui nous épuisent ! Personne n’était prévenu, on n’avait pas le temps de se préparer. L’ARS a été prise de court, on n’a pour le moment aucune consigne.

Sinon on compte toujours nos masques. Maintenant c’est l’armée qui les distribue quand on va à l’hôpital pour prendre nos dotations. On passe au milieu de soldats avec leur mitraillette. Dès fois qu’on voudrait les voler… Je fatigue, nous sommes comme les poissons rouges du bocal: on s’asphyxie.

Comment allez-vous vous organiser pour accueillir les familles?

Le chapiteau - D.R.
Le chapiteau - D.R.
J’en ai mal dormi la nuit. Je suis venu à 7h00 lundi matin pour gérer ça. Il y avait déjà des familles devant l’établissement! Il y a eu la queue toute la matinée. Et on a du les renvoyer, car nous n’étions pas prêts pour les accueillir. Certains l’ont mal pris, je les comprends. Je n’ai pas de salle dédiée à ces parloirs, nous sommes un petit établissement. J’ai cherché un chapiteau tout le lundi matin pour l’installer sur le terrain de l’Ehpad. S’il fait beau, c’est la meilleure solution pour éviter les contaminations. Quelqu’un d’un village voisin nous le prête.

...

Adieu la presse, on t'aimait bien malgré tout

lundi 20 avril 2020 à 22:12

Coronavirus et Presstalis pèsent dangereusement sur le secteur

Pendant que certains cogitent sur la batrachomyomachie entre Google et les éditeurs de presse français, le secteur s'enfonce dans une crise violente dont il ne parle bien entendu pas trop... Combien de titres émergeront après la crise ? Mystère.

La presse papier en difficulté - D.R.

Tout le monde avait l'air d'y voir une victoire énorme. C'était il y a un siècle de confinement. Début avril, l'Autorité de la concurrence enjoignait Google de négocier d'ici juillet 2020 «avec les éditeurs et agences de presse la rémunération qui leur est due pour la reprise de leurs contenus protégés» par la loi sur les droits voisins. Enfin, notre belle presse nationale allait être rémunérée par le méchant Google qui reproduit de courts extraits ou simpelment les titres de leurs articles sur Google News. Mieux, ça allait être rétroactif et les discussions devraient « couvrir, de façon rétroactive, les droits dus à compter de l’entrée en vigueur de la loi le 24 octobre 2019 ». Par ici la pluie de droits... En fait, ce qui risque de se passer, si Google peut attendre quelques mois, c'est que l'entreprise américaine sera en mesure de racheter la quasi totalité de la presse française pour une bouchée de pain (au regard de son chiffre d'affaires).

On pourrait discuter sans fin sur la mauvaise foi de la presse française qui voudrait le beurre et l'argent du beurre, sur sa façon de tout faire pour laisser Google indexer ses contenus, sur sa monétisation de ses lecteurs qui sont vendus et revendus à Google, et à d'autres, sur le bénéfice en termes de visites (et de ventes de pub et de revente profils de visiteurs) que représente l'activité du moteur de recherche et ses nombreuses filiales... Mais là n'est pas le sujet.

La presse...

Coronavirus : il n’y a plus de marchés financiers

lundi 20 avril 2020 à 18:30

« In Fed We Trust »

Le monde d'avant s'est également écroulé pour ce qui est de la finance et de l'économie. Mais la Réserve fédérale a placé les patients en réanimation au risque de préparer la prochaine crise et de remettre en selle le fameux monde d'avant, dont tant de citoyens ne veulent plus.

Jerome Powell, le patron de la Fed - @ Fed

Peut-on raisonnablement penser l’avenir avec des logiciels du passé qui, il faut bien en convenir, ne peuvent plus être applicables à la situation actuelle ? En d’autres termes, peut-on penser le capitalisme de demain avec des méthodes, des écoles de pensée qui ont été appliquées avant la crise actuelle ? Prenons un seul des aspects de la situation : les marchés financiers. Sont-ils toujours là ? Oui, assurément. Mais ne sont-ils pas des marchés de Schrödinger ? Ils existent toujours, mais comme le confie un ancien du FMI et ex-banquier, « il n’y a plus de marchés ». De fait, sans la réserve fédérale américaine, il n’y aurait véritablement plus de marchés financiers…

Il est peut-être temps de changer la devise inscrite sur le dollars. De « In God We Trust » et de passer à « In Fed We Trust », comme l’a joliment formulé Jeffrey Gundlach. De fait, la banque centrale américaine est intervenue comme jamais auparavant pour freiner la chute vertigineuse des indices boursiers. A titre de comparaison, pour la crise de 2008 (Subprimes), la Fed avait mis en place ses actions sur une période d’environ dix-huit mois. Cette fois, la Fed a déployé des stimuli sans équivalent historique en seulement huit jours.

Une telle implication de la banque centrale traduit une peur panique d’un écroulement du secteur de la finance et de l’économie. Pour bien comprendre l’ampleur du chambardement en cours, la muraille de Chine entre les prérogatives de la banque centrale et du gouvernement est...

Pénurie de médicaments : une imprévoyance organisée

samedi 18 avril 2020 à 18:38

« il faut qu’une enquête soit ouverte »

Le chef de la pharmacie du l'hôpital Henri-Mondor raconte les dessous du manque de médicaments. Il dénonce le comportement des laboratoires pharmaceutiques et des gouvernements successifs à l'origine de cette situation. Il demande que les responsables soient retrouvés.

Alain Astier, chef du service de pharmacie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil. - Copie d'écran

Dans l’Est de la France, le Pr Jean-Philippe Mazzucotelli à Strasbourg et le Dr Marc Noizet à Mulhouse racontaient à Reflets les problèmes de disponibilité de médicament et de matériel médical. Mais la pénurie ne date pas d'aujourd'hui. «Le manque de médicaments en quantité suffisante est très fréquent, assure Alain Astier, chef du service de pharmacie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil. Souvent j’ai un médicament pour deux patients alors que j’en ai quatre à soigner. Alors on choisit à qui on le donne… Parfois on réduit les doses. Avec la crise du Covid-19, on en parle plus et c’est plus aigu. Oui, on peut parler de pénurie de certains produits. Dans ma pharmacie, deux à trois jours de manque d’un médicament, c’est malheureusement banal. Et parfois, la durée est indéterminée. On ne sait pas quand le produit reviendra et ça peut durer longtemps».

Alors pharmaciens et médecins jonglent en substituant certaines molécules par d’autres. «On emploie un médicament un peu moins bon, un peu moins efficace, poursuit le pharmacien. C’est rare qu’un patient meure si un produit manque. C’est heureusement plus subtil que ça. Mais parfois, il y a une perte de chance à cause du manque d’un médicament». En ce moment, le professeur Astier n’a aucune visibilité sur les disponibilités de médicaments. Quand la pharmacie du CHU fait une commande à la pharmacie centrale des Hôpitaux de Paris, elle ne sait jamais ce qu’elle recevra. «Parfois on a la moitié, parfois rien… Être...