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Comment la cybersécurité pourrait s’inviter à la présidentielle de 2017

mardi 7 février 2017 à 12:08

Depuis les dernières élections américaines et les soupçons d’un parasitage du Kremlin qui aurait mené à l’élection de Donald Trump, l’idée que Poutine fait des trucs pour façonner le monde à l’avantage de la Russie fait son chemin. Des trucs un peu louches en matière de renseignement, de collecte, et de fuites d’informations, typiquement le genre de « trucs » qui peuvent significativement influer sur un scrutin… des trucs que d’autres puissances font subir à des nations sans que, généralement, le monde ne s’en émeuve.

Si ces derniers jours ont laissé bonne place au « PénélopeGate » initié par des médias d’investigation comme le Canard Enchaîné et Mediapart, il n’est pas à exclure que des fuites d’informations, acquises par des cyberattaques puissent être dans ces prochains jours une source de parasitage (ou d’éclaircissement) du débat politique.

On peut s’amuser de voir François Fillon critiquer ces « officines » qui se ligueraient contre lui et dans le même temps voir un bot lâché sur Twitter pour venir à sa rescousse avec le hashtag « Stopchasseàlhomme ». Mais l’officine Kremlin (ou une autre officine d’un autre pays « ami » ou pas), si elle devait frapper, ne ferait pas de bruit, ne lancerait pas de hashtag sur Twitter, elle s’attaquerait tout simplement aux sites web des candidats.

Il ne faut pas être à la tête d’une horde de hackers chinois, nord coréens, russes ou pachtounes pour se rendre compte que le risque est bien réel, un risque issu de la négligence « caractéristique » de l’homopoliticus.

Les plus geeks de nos lecteurs connaissent très bien WordPress, le système de gestion de contenu plébiscité par la majorité des candidats à l’élection présidentielle (Macron, Fillon, Le Pen et Hamon pour ne citer qu’eux)… Il savent aussi que ce système de gestion de contenu, c’est un peu comme une voiture, ça nécessite un minimum d’entretien, en l’occurrence des mises à jour… de sécurité. Mises à jour qui sur WordPress se font en quelques clics et ne nécessitent aucune compétence technique particulière.

Des mises à jour qu’au moins deux candidats de « premier plan » semblent avoir passées aux oubliettes alors même qu’ils collectent sur leur site les données personnelles de leurs militants. C’est ce qu’on appelle le syndrome « install & forget ».

Le install & forget sauce Fillon

Le install & forget sauce Macron

 

Fillon, Macron, Hamon, Mélenchon : le club des « on » (qui prend la tête)

mardi 7 février 2017 à 11:32

Les quatre candidats à la présidentielle les plus éligibles — hormis la candidate de l’extrême droite — sont des « on ». Pour les « on » de droite, Fillon sera donc nommé « Fill » dans cet article, tout comme Macron, deviendra Macr, et à gauche, Hamon, Ham, et Mélenchon, Mélench. Tout n’est qu’affaire de convention, en fin de compte. Et puis du point de vue sonorité, répéter autant de fois le son « on » dans un même article n’est pas à proprement parler très agréable. Le club des « on » prend un peu la tête, de par leurs patronymes respectifs (ils l’on fait exprès ou quoi ?) et au delà, de par leur personnalité, leurs « propositions » respectives, et leur goût pour le pouvoir (ou le contraire pour l’un d’entre eux). Petit tour du club des « on », trois mois avant le début du grand n’importe quoi amnésique de la présidentielle française.

L’amnésie politique française

Le génie politique français passe par une faculté extraordinaire des électeurs — que les candidats savent exploiter à merveille : l’amnésie. Avant de décrire la réalité [un tantinet historique] et politique des quatre membres du club des « on », que bon nombre d’éditorialistes et de citoyens semblent oublier, précisons une chose importante : Marine Le Pen est la candidate d’un vieux parti raciste d’extrême droite, elle a toujours adhéré aux valeurs de ses alliés européens d’extrême droite, dont certains partis se revendiquent du néo-nazisme. Ceci étant précisé, allons voir quand même pourquoi le club des « on » est décidément bien prise de tête et devrait faire réfléchir les électeurs. Ou pas.

François Fill : l’homme qui a vu l’homme qui a vu…

Le candidat François Fill est en politique depuis 35 ans. Il n’a jamais travaillé, a toujours été assisté entretenu par l’argent public. Il a été aux « responsabilités » à de nombreuses reprises, au point de diriger le gouvernement de Sarkozy durant les cinq ans de son mandat.

Quand Fill s’emballe sur les dépenses publiques qu’il estime « bien trop importantes » promettant qu’il voudrait les réduire s’il était élu, il sait de quoi il parle : la dette publique s’est creusée de 600 milliards d’euros avec le gouvernement qu’il dirigeait, entre 2007 et 2012. Du jamais vu. Et si les électeurs pensent que « c’est à cause de la crise, et qu’il était obligé », il faut tout de même leur rappeler que les cadeaux fiscaux colossaux faits aux [très grandes] entreprises que Fill a effectués, les renflouements de banques, la généralisation des niches fiscales et la réduction drastique des agents du fisc sont difficilement explicables en termes de « bonne gestion de l’argent public ».

Mais quand on salarie son épouse et ses enfants pour près d’un million d’euros sur des postes que ces derniers ne peuvent pas [vraiment] justifier, il est vrai que venir faire la leçon sur ce sujet devient périlleux.

Emmanuel Macr : « le reniement c’est maintenant ».

Le candidat Emmanuel Macr, quant à lui est un pur bijou de l’amnésie collective. Imaginez un instant qu’il vient de sortir de 2 ans d’activité intense au ministère de l’économie et se permet d’expliquer à qui mieux mieux comment il va redresser économiquement la France tout en améliorant la redistribution des richesses.

L’homme qui a pondu les lois travail les plus régressives, de précarisation généralisée des salariés, laissé le chômage continuer d’exploser, vient donner lui aussi la leçon sur la bonne gestion économique du pays. Son échec au ministère de l’économie, avec une faculté à appliquer une politique entièrement basée sur les demandes du MEDEF, devrait — si l’amnésie collective était moins forte — définitivement le discréditer. Sans compter que si cette politique pro MEDEF avait au moins « relancé l’économie » et fait grimper la croissance du PIB, il serait possible de suivre notre Macr dans ses délires de « baisse des charges » (les cotisation sociales) à venir, ou autre solutions pro-capital mises en œuvre depuis plus de 20 ans.

Mais non : l’économie n’est plus celle des années 80, et toutes les solutions du premier de la classe ont été déjà appliquées, sans succès. Ce qui ressort de ce candidat, est avant tout une capacité hors du commun à renier ses propres actions tout en recyclant les solutions qu’il a déjà appliquées… en comptant sur l’amnésie collective bien française pour réussir à faire avaler la pilule.

Benoit Ham : l’homme qui regardait le doigt ou  « Le chauffeur Uber du PS » (cf ses costumes)

Benoit Ham est un calculateur électoraliste de haut vol. S’il s’est auto-« viré » du gouvernement, après 2 ans de « pas grand chose » au ministère de… (lequel déjà ?), Ham est l’homme de toutes les promesses pour gagner la primaire à gauche de la gauche et pas mal à droite tout en étant lui-même plus à gauche que le centre du PS qui n’est pas très à gauche.

En gros, Ham n’a pas franchement de programme, mais des mesures qu’il a improvisées vite fait sur un coin de table d’une péniche parisienne pour séduire l’électorat qui ne supportait ni Valls ni Montebourg (les autres ne comptaient pas). Cet électorat est en grande partie : les cadres un peu bourgeois mais qui ne veulent pas l’assumer et sont « super concernés par l’état de la société vraiment trop injuste avec tous ces pauvres et ces précaires, mais laissez-moi faire fumer mon American Express. »

Une fois cette étape effectuée, Benoit Jambon Ham va tenter de séduire une partie des fans de Mélench, tout en se propulsant sauveur du PS, dernier rempart contre l’implosion finale du gros machin plein d’éléphants corrompus. Sorti de ces calculs électoralistes, Ham est un gentil escroc, disciple de Hollande : chez lui tout est promesses radicales ou synthèse douce, fonction du vent, du public, et des échéances. Son revenu universel est tout sauf inconditionnel, ni de base, il n’est en réalité qu’une sorte de « RSA jeunes » généralisé, qui — si plein de conditions sont réunies — pourrait s’appliquer à d’autres que les jeunes, mais plus tard. Sauf qu’un RSA, même filé à tout le monde, ça ne sert pas à grand chose. Ca ne modifie pas du tout la société en profondeur comme le véritable revenu universel pourrait le faire. Quelqu’un à certainement montré le revenu universel à Benoit, et Benoit a regardé le doigt de celui qui lui montrait. Un doigt très XXème siècle, que Benoit a pris pour une révolution du XXIème…

Jean-luc Mélench : « après moi, le déluge, ou la politique du vieux briscard ».

Le cas Mélench dans le club des « on » est particulier : il est le seul à venir éructer à peu près la même chose depuis plusieurs années, avec quelques toilettages sur les bords, mais tout son « logiciel » politico-idéologique est en gros le même. Mélench parle aux lecteurs du Monde Diplo, aux intellectuels de la pensée marxiste pseudo-révolutionnaire, à tous ceux qui croient « qu’il est possible de changer le monde pour aller vers un monde meilleur possible ».

Pas mal de profs et de professions intermédiaires qui se sentent l’âme un peu révolutionnaire, et précarisés par la mondialisation. Mais qui ne vont pas si mal que ça (comparés aux employés des grandes enseignes ou des derniers ouvriers qui votent pour la plupart FN) , soyons clair.

« La France insoumise » de Mélench, c’est le club des altermondialistes de salon, convaincus que leur leader est le Chavez français. Sauf que Mélench, pendant que Chavez faisait de la tôle — puis parvenait à se faire élire par les classes les plus populaires de son pays — lui, le Mélench, il roupillait au Sénat comme membre du PS, votait Maastricht qu’il honnit aujourd’hui, prenait le poste de ministre de la formation professionnelle sous le gouvernement Jospin avec un résultat que personne n’a jamais pu évaluer. Bref, au PG, on a un vrai gros programme (pas une suite de mesures comme les autres), avec de vrais chamboulements que 10% à 12% du corps électoral est prêt à accepter. C’est le score de Mélench en 2012, ce sont les 10% d’intentions de vote actuellement sniffées par les boites de sondage.

La fabrique des prévisions

Comment ça pourrait se passer ou pas ? Tout le monde est d’accord pour dire que désormais on ne sait plus grand chose, que tout peut basculer, etc, etc… Ok. Mais dans l’absolu, quelques constantes peuvent nous aider à comprendre ce qu’il pourrait se passer. Fill va exploser en vol, son Comité théodul de LR va devoir nommer l’un de ses proches, parce qu’il va se faire mettre en examen. Un proche, ou pas trop proche. Mais quand même. Tout ça ne mènera pas le candidat LR au delà de 18 ou 19% de toutes les manières, même si Fill reste en lice. Si le vent est dans le bon sens.

Reste Marine qui continue à faire du 26 ou 27%, et on peut compter sur l’électorat de bidochons blindé à TF1-BFM-M6 etc, pour aller aux urnes le sourire aux lèvres. Notre petit Macr qui flirte avec les 25% semble donc assuré d’aller affronter la blonde sans aucun souci pour se faire élire président de tous les membres du MEDEF Français à au moins 65%.

Mais. Mais du côté de chez Mélench, il semblerait que des pétitions commencent à tourner pour demander au leader Maximo d’arrêter de s’entêter. De saisir la chance historique de pouvoir enfin aller appliquer un programme de gauche assez à gauche en ralliant Ham, qui — semble-t-il — serait plus à gauche que ce que le PS a d’habitude dans ses tiroirs. Parce qu’en réalité, si Mélench accepte de se retirer, les 17% (d’intention) de Ham, cumulé à ses 10%, ça fait un deuxième tour Ham-Le Pen. D’ailleurs Mélench a déjà répondu à Ham : il accepte de discuter. Mais il demande à Ham de « choisir ». Hohoho. Tout va donc résider, pour ce qui est censé être la « gauche », dans la faculté du radical de gauche ex-PS à se la mettre derrière l’oreille et accepter de ne plus se présenter à la présidentielle. Et ça, c’est pas gagné. Sauf si ses militants lui soufflent dans les bronches. En masse. Et comme en réalité, Mélench a tout à perdre en se désistant, il ne le fera pas. Pourquoi ? Parce qu’il perdrait sa boutique. Une fois sorti du gouvernement, son PG serait mort et enterré, il n’aurait plus de mandat, il ne serait plus rien. Et ça, Mélench, il a pas envie.

Affaire à suivre, donc.

Philippe Vannier, l’oublié (pour l’instant) du scandale Amesys

mardi 31 janvier 2017 à 09:16

On peut le tourner dans tous les sens possibles, lorsqu’une entreprise fait l’objet d’une instruction pour complicité de torture par un pôle dont l’intitulé est « génocide et crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre », cela fait désordre sur le curriculum vitae de son dirigeant. C’est exactement ce qui est arrivé à Amesys et Qosmos, respectivement dirigées par Philippe Vannier et Thibaut Bechetoille. Où en sont ces dossiers ouverts en avril 2014 ?

Hora fugit, stat jus (le temps passe, le droit reste) est la devise de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre, service interministériel rattaché à la Gendarmerie nationale française ayant pour vocation de coordonner, animer et diriger les investigations judiciaires en matière de lutte contre les crimes contre l’humanité et les génocides

Si l’instruction contre Amesys et Qosmos semble avancer à petits pas, il ne faut pas perdre de vue que le temps judiciaire est un temps long. Les preuves de l’implication d’Amesys dans la vente d’un système d’écoute global des communications via Internet à la Libye du Colonel Kadhafi ne sont plus à faire. Le puzzle du comment, pourquoi et grâce à qui, se met en place peu à peu et il y a fort à parier que la dernière personne qui sera convoquée par le pôle, sera Philippe Vannier. A moins bien entendu, que le pôle génocide et crimes contre l’humanité, crimes et délits de guerre décide in fine de rechercher la responsabilité des hommes et femmes politiques qui ont, derrière le rideau, organisé ce deal impliquant, il faut le rappeler, un terroriste, condamné comme tel par la Justice française.

Phiplippe Vannier est en effet l’artisan de ce deal avec la Libye de Kadhafi. C’est lui qui a créé l’entreprise Amesys, qui a discuté avec les autorités françaises, qui a fait le voyage à plusieurs reprises à Tripoli, y compris quelques jours avant la première répression sanglante en 2011, histoire de tenter de vendre aux Libyens un upgrade du système.

Philippe Vannier n’est pas un exécutant. Ce n’est ni un codeur dont l’outil a servi a arrêter et torturer de manière plus « efficace » des opposants, ni un cadre d’une entreprise « obligé » d’obéir pour ne pas « perdre son boulot ». Non, c’est le fondateur d’Amesys, son dirigeant, celui qui a fait le choix d’aller vendre un Eagle à la Libye et qui s’en est félicité.

Pourquoi s’en est-il félicité? Parce que ce deal a fait sa fortune, au sens premier du terme.

La vente d’un Eagle à la Libye a été récompensée par la possibilité de racheter à (très) peu de frais la société Bull. Puis il a pu revendre la société Bull à Atos. Double culbute.

Petit retour en arrière. En janvier 2010, Bull raconte à la presse l’inverse de ce qu’elle fait. La société annonce reprendre la SSII Amesys. En réalité, Bull s’offre à  Crescendo Industries, la maison mère d’Amesys dont Philippe Vannier est le principal actionnaire. Crescendo, la maison  mère d’Amesys, reçoit 24 millions d’actions soit à peu près 20% du capital de Bull post augmentation de capital, à quoi Bull ajoute 33  millions en numéraire (du liquide).

Au total, l’entité Amesys (qui  regroupe plusieurs filiales) est valorisée à 105 millions d’euros (72  millions en actions et 33 en liquidités). Résultat de l’opération,  Crescendo détient 20% du capital de Bull devenant ainsi de très loin le  premier actionnaire après France Telecom (autour de 10%). De son côté, Phillippe Vannier et ses deux compères avec qui il a créé Amesys, Dominique Lesourd et Marc Hériard-Dubreuil, crée un fonds d’investissement qui va acquérir jusqu’à près de 4 % du capital de Bull.

En 2009, avant la fusion des deux sociétés, nous avions Bull avec un  chiffre d’affaires consolidé de 1,110 milliard d’euros et Amesys avec  un chiffre d’affaires prévu à 100 millions d’euros en 2009. Il est donc, c’est une évidence, parfaitement logique que Amesys absorbe Bull pour le plus grand profit de Crescendo Technologies, détenu par Philippe Vannier  et ses deux associés historiques… Ou pas…

Evidemment, cela ne loupe pas, Philippe Lamouche, patron de Bull de l’époque se fait débarquer quelques mois plus tard et Philippe Vannier le remplace. Il est fort improbable que Philippe Lamouche n’ait pas vu  venir l’avenir qui se dessinait pour lui. On peut raisonnablement  supposer qu’il n’a pas eu le choix de refuser cette reprise du capital  de son entreprise par une petite SSII aixoise.

De fait, celle-ci avait, avec l’appui des nervis de Nicolas Sarkozy, vendu un système d’écoute global, le fameux Eagle, à la Libye de  Kadhafi. Le début d’une aventure menée par l’Etat français, consistant  très probablement à mettre en place un système reposant sur le DPI made  in France et ressemblant à celui de la NSA, dénoncé par Edward Snowden.

La principale différence entre les deux infrastructure étant que la  NSA a investi des sommes sans doute colossales pour la mettre en place  tandis que la France l’a vendue à des dictatures et des Etats policiers  particulièrement fâchés avec les Droits de l’Homme tout en en conservant  l’usage.

Ce point reste à développer. Mais plusieurs témoignages d’employés d’Amesys dans le cadre de la procédure en cours laissent entendre que la société conservait un accès distant à l’infrastructure mise en place en Libye, ne serait-ce que pour la maintenance. Peut-on imaginer la DRM et/ou la DGSE favoriser et soutenir l’installation d’un tel système en Libye sans se réserver un accès distant ?

La reprise de Bull par Philippe Vannier, qui ressemble fort à un  cadeau de remerciement pour services rendus et à un projet  d’optimisation des ressources françaises visant à mettre en place un  système d’écoute global, était donc dès le départ une très belle opération pour l’actuel patron de Bull. Une opération financière tout d’abord.

Avant la Libye, Eagle n’existe pas. C’est l’argent du contrat avec Kadhafi qui permettra de le développer, puis de le revendre à plusieurs pays fâchés avec les Droits de l’Homme. Cette activité Eagle sera l’argument majeur pour la fusion Amesys-Bull.

L’homme de la cyber-sécurité et le terroriste

Par ailleurs, cette belle opération financière se double d’une totale impunité. Amesys a vendu un système Eagle à un dictateur  sanguinaire sous couvert de lutte contre le terrorisme alors que la  société avait pour interlocuteur Abdallah Senoussi, beau frère du guide  suprême, mais aussi, condamné en France pour terrorisme, justement, en  raison de son rôle dans l’attentat du DC-10 d’UTA. Pour autant, à part  une plainte pour complicité d’actes de torture déposée par des ONG, rien  n’est venu troubler la quiétude de Philippe Vannier.

Celui-ci a désormais vendu Bull à Atos, réalisant une deuxième culbute financière.

Un peu de chiffres… Crescendo Technologies a donc repris Bull pour  zéro euros si l’on considère que cette holding a juste transféré ses  avoirs dans un ensemble plus grand et qu’elle contrôlait par la suite, ou 105 millions d’euros si l’on retient les chiffres avancés par le document de référence de l’AMF.

Atos a racheté Bull pour 620 millions. Ou 4,90 euros par action.  Dont 24% environ sont directement entre les mains de Crescendo  Industries. Qui se retrouve donc virtuellement à la tête d’environ 145  millions d’euros quatre ans après l’opération Bull-Amesys. On peut aussi  intégrer la dépréciation des actifs Amesys opérée par Bull en 2011  (quelque 31,5 millions d’euros) et valoriser Amesys à 73,5 millions  d’euros. Culbute dans ce cas : 71,5 millions d’euros.

Il faut regarder de près les chiffres de la holding Crescendo pour bien comprendre ce qui s’est passé, principalement sur la base de la vente d’un Eagle à la Libye (qui permis l’absorption de Bull) :

La procédure en cours n’a pas encore touché Philippe Vannier, pourtant architecte en chef de l’opération libyenne. Ce n’est probablement qu’une question de temps. Car a force d’entendre des salariés ou ex-salariés de la galaxie Amesys, il est probable que les juges remontent vers la tête. Quelle sera sa défense ? La même que celle de son commercial en chef Bruno Samtmann : on ne savait pas, nous on vendait des stylos pour lutter contre les terroristes et les pédophiles ? Pas sûr que ça marche…

Les politiques, les journalistes, la sole et les autres dimensions

dimanche 29 janvier 2017 à 23:50

Il a toujours été fort compliqué de faire comprendre à une sole complètement plate qu’il existe une troisième dimension. Il est tout aussi difficile de faire comprendre à un politique qu’il est enfermé dans sa tour d’ivoire et que les gens ne le croient plus. Ou à un journaliste que ses sujets et le traitement de ses sujets ne passent plus auprès des lecteurs. Il faut dire que jusqu’ici, ça continuait de marcher. A chaque élection, les candidats du système continuaient de se faire élire. A chaque campagne, les journalistes continuaient de traquer la moindre petite phrase, à faire croire à leur impertinence, à indiquer la voie aux électeurs. Mais cette fois, c’est un peu plus compliqué.

Les politiques continuent de croire qu’ils vont se faire élire, que les gens sont intéressés par ce qu’ils racontent et surtout, qu’ils vont pouvoir continuer de profiter du système. Ce système qui n’a qu’un seul but : se préserver lui-même. François Fillon pense qu’il n’a rien fait de mal en salariant sa femme et ses enfants. Et qu’il pourra continuer à le faire.

Les journalistes semblent tomber des nues : « il était l’homme intègre qui n’avait jamais été touché par un scandale« . Ah ? Vraiment ? Tous les éditocrates semblent avoir oublié un peu vite que François Fillon a été le premier collaborateur de Nicolas Sarkozy pendant cinq ans. Et s’il a pu s’asseoir sur toutes les magouilles du clan sarkozyste, comment pourrait-il être choqué des 500.000 euros reçus par sa femme pour ses bons et loyaux services inexistants ? Tout cela est très naturel, voyons. Tout le monde le fait d’ailleurs. N’est-ce pas là sa première défense ?

A gauche, Manuel Valls et Benoît Hamon sont des frères ennemis. Ils sont irréconciliables, nous expliquent les éditocrates. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir les ralliements intervenir. Notez, il y a tant de postes à assurer, tellement d’argent en jeu, le parti socialiste de sa gauche à sa droite, ne peut faire l’impasse. Vite, vite, un « rassemblement ». Pour le bien de la nation et des Français bien entendu. Ou pour celui du PS et de ses politiques professionnels. Qui sait ? Et tous de croire que Benoît Hamon a une chance. Allez, on y va, comme en 2012, et hop, avec un peu de chance, on repartira pour cinq ans. Au PS, on semble incapable de voir qu’il y a une dimension dans laquelle les gens ont compris qu’après avoir tenté de tomber encore plus bas qu’avec François Hollande, on pouvait faire croire à un « rassemblement ». Il n’y a pas une semaine, Malek Boutih, soutien de Manuel Valls,  estimait que Benoît Hamon était « en résonance avec une frange islamo-gauchiste« . Pas moins. Les islamo-gauchistes, ce terme chéri de la fachosphère dans la bouche d’un homme estampillé à gauche. Il ne manquait plus que ce genre de choses pour finir de faire comprendre à Paulo à quel point PS avait sombré…

En attendant, Paulo, au Bar des amis, il éructe. Tous ces politiques, il ne croit plus un mot de ce qu’ils racontent, la preuve, Hollande a trahi après son élection. Macron ? C’est celui qui a fait la Loi du même nom et qui incarne le virage libéral de Hollande. Fillon ? Un mec qui file 500.000 euros d’argent public (les impôts de Paulo. Il est pas si con, Paulo…) à sa femme pour un travail fictif. Et même si elle a travaillé, Paulo, il sait qu’elle s’est bien moins emmerdée que lui à l’usine et que lui, il ne gagne pas 500.000 euros, même en vingt ans. Et Paulo, il écoute les journalistes. Ou il les lit. Et il faut bien le dire ici, Paulo, il s’en tamponne le coquillard des considérations sur la dette, le chômage qui inverse sa courbe ou pas, le revenu universel qui n’en est pas un, l’inconnue Macron, l’inconnue si Fillon ne se présente pas. Paulo il sait désormais une chose et il le dit : tous pourris, politiques comme journalistes.

Quant à nous, il nous reste à prier pour que Paulo, il ne vote pas Marine, rien que pour essayer de démontrer aux politiques qu’il existe une quatrième dimension, la sienne, dont ni les uns ni les autres ne semblent pouvoir envisager l’existence.

 

Air France : pilotez l’avion et économisez sur le billet !

mardi 24 janvier 2017 à 22:06

C’est sans doute l’une des merveilles de la mondialisation, du progrès, lorsque vous prenez un vol intérieur Air France, vous achetez votre billet via leur site Web (pas d’humain), vous éditez vous-même votre carte d’embarquement sur le site Web (pas d’humain), vous éditez vous-même votre étiquette pour votre bagage (pas d’humain), vous pesez vous-même votre bagage et vous scannez-vous même votre étiquette (pas d’humain). In fine, vous appuyez vous-même sur le bouton pour faire partir votre bagage sur le tapis roulant (pas d’humain). C’est peut-être ce recours au client comme employé qui permet de baisser le coût du transport aérien ? Il semble donc assez logique qu’Air France propose dans un avenir plus ou moins proche que ses clients pilotent l’avion, déchargent les bagages, conduisent le bus entre l’avion et le terminal. A un certain moment, le prix du billet ne reviendrait qu’à celui du kérosène grillé sur le parcours. A 1,5 dollars le gallon, ça devrait être très abordable dans un avenir proche, le billet d’avion Air France.

Cette anecdote est finalement assez révélatrice de ce qu’apporte dans son panier garni la « digitalisation » des entreprises. Une lente disparition des métiers. Cela se retrouve dans la grande distribution où les clients sont amenés à scanner leurs courses seuls, sans caissière. C’est assez mauvais pour la courbe du chômage. Aujourd’hui, vous avez plus de chances de trouver le produit qu’il vous faut à un px plus attractif en vous rendant sur le site Web de SFR qu’en allant en boutique. Les employés de ces dernières ont perdu leurs marges de manœuvre au fil des ans. Un résultat de la stratégie du doigt déployée par SFR. L’opérateur aurait pu choisir de donner plus d’outils, plus de possibilités à ses vendeurs en boutique, les armer avec des applications Web. Il a choisi de les appauvrir pour les faire disparaître à terme. Si les clients trouvent leur compte sur le site plutôt qu’en boutique, c’est assez « logique ». Sauf que les dés sont pipés.

La transformation numérique des entreprises en soi n’est pourtant pas forcément une mauvaise chose et n’implique pas obligatoirement une disparition des métiers et des savoir-faire humains. C’est la voie choisie qui peut poser problème.

La voie choisie par la plupart des entreprises est celle du profit maximum sans vision globale. Et pourtant, ce réseau a ses particularités qu’il serait bon de prendre en compte. Il est fondé sur le partage des connaissances. Pour une entreprise, le partage est probablement un concept socialo-communiste et donc peu utile. A tort. Il faudrait désapprendre à vendre et apprendre à partager. Ce qui n’est pas impossible et qui ne contribue pas à terme à  grever le chiffre d’affaire, au contraire.