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Les Européens n’ont pas à connaître la position de la France sur les frontières intelligentes

lundi 26 octobre 2015 à 11:55

EU FlagsNous vous parlions il y a quelques jours de la contribution française à la création des frontières « intelligentes ». Statewatch avait récupéré un document exposant la position française. Nous avions immédiatement demandé via le formulaire ad hoc au Conseil une copie de ce document.

Nous avons reçu une réponse à notre demande. Et, elle est, comment dire, assez instructive.

Après nous avoir remercié pour notre demande, le « Directorate-General Communication and Document Management – Directorate Document Management – Transparency and Access to Documents Unit » (ouf…) nous le dit tout de go : « I regret to inform you that access to document 12272/15 cannot be given for the reasons set out below. »

Nous ne saurons donc pas si le document de Statewatch est véridique ou non. Même si bien entendu, nous pensons qu’il l’est. Le contenu du courrier que nous avons reçu et le refus de diffuser ce document est par ailleurs en soi, une piste qui milite pour une authentification du contenu dévoilé par Statewatch.

Mais revenons aux raisons évoquées par le Conseil pour refuser de communiquer aux électeurs un document élaboré par des personnes à qui ces électeurs ont délégué leur pouvoir :

This document contains some information put forward by the French authorities on the question of the free movement of persons within the Schengen area. This issue is the subject of considerable debate and constitutes a politically sensitive topic with regard to the differences of viewpoints to which it gives rise.

In addition, the requested document deals with questions related to the existing Schengen framework which were discussed at the European Council and Council’s level and which will also be on the agenda of the Justice and Home Affairs Council in December 2015.

This issue is thus still under discussion within the Council.

Release to the public of the information contained in this note would affect the negotiating process and diminish the chances of the Council reaching an agreement.

Disclosure of the document at this stage would therefore seriously undermine the decision making-process of the Council. As a consequence, the General Secretariat has to refuse access to the document at this stage.

Having examined the context in which the document was drafted and the current state of play on this matter, on balance the General Secretariat could not identify any evidence suggesting an overriding public interest in its disclosure.

We have also looked into the possibility of releasing parts of the document. However, as the information contained in the document forms an inseparable whole, the General Secretariat is unable to give partial access.

Sachez-le, le secrétariat général du Conseil ne voit pas, lui, en quoi cela pourrait avoir un intérêt de laisser les électeurs européens se faire une idée personnelle de la position de la France en matière de systématisation des contrôles biométriques en Europe. Circulez ! Ou retournez commenter #ONPC sur Twitter. L’Europe s’occupe des choses sérieuses, des choses de grandes personnes, mais dans son coin. Sans vous.

 

Le monde orwellien de l’information, c’est maintenant (#1984)

mercredi 21 octobre 2015 à 13:24

slogans-84Le journalisme est une pratique professionnelle très large. Il n’y a pas un type de journaliste, une sorte de modèle qui donnerait le « La » à tous les autres. Certains relayent les informations de [la centrale française de l’information] l’AFP, et les « habillent », d’autres mettent bout-à-bout des actualités récupérées par des confrères. Il y a des journalistes assis, d’autres debout, en mouvement, des journalistes qui analysent, qui n’analysent pas, qui creusent ou non, enquêtent, fouillent, vont sur le terrain, ou au contraire, relayent principalement le message de groupes d’intérêts.

Toutes ces formes de journalisme créent ce que l’on nomme « l’information ». Et dans un monde complexe, hétérogène, aux politiques d’influence d’une puissance historique incomparable, recouvert de technologies [de l’information] en perpétuelles améliorations, le journalisme continue, malgré tout, à pratiquer son activité de manière [majoritairement] uniforme. Majoritairement, mais pas intégralement, puisque des hisoires commencent à être racontées avec l’aide de nouveaux acteurs — qui peuvent être nommés de façon large — les hackers.

Poitras et Greenwald, avec les révélations d’Edward Snowden en sont un exemple frappant. Reflets, avec les affaires Amesys, Qosmos, en est un autre. Ces nouvelles manières d’aborder les réalités  — beaucoup par et — grâce à Internet, offrent une autre vision du monde qui nous entoure. Elles critiquent la réalité établie, celle qui est servie par « l’information ». Personne ne pouvait imaginer il y a un peu plus de 2 ans, que la planète entière était sous écoute américaine (et d’autres grandes nations), même si cette possibilité était pointée par Reflets, depuis 2011, inlassablement, avec entre autres les ventes d’armes numériques de la France à la Lybie, la Syrie — et d’autres nations très peu démocratiques.

La réalité commune, véhiculée par l’information des journalistes, n’est donc pas fixe. Mais elle a la peau dure. Le rapprochement avec le monde d’Orwell commence à émerger, et étrangement — alors que chacun pouvait le penser au départ — ce n’est pas grâce à une surveillance permanente des individus par un œil étatique invisible (Big Brother) et omniprésent. Le monde d’Orwell est en place, mais c’est avant tout celui de la fabrication et de la refabrication de la réalité qui le définit. Par le biais de l’information.

La guerre c’est la paix (créer le chaos c’est la sécurité)

Les attentats de janvier 2015 ne sont pas survenus au gré de circonstances équivoques, par la simple volonté d’illuminés vengeurs qui ne supportaient pas des caricatures vieilles de 10 ans, d’un journal satirique en cours d’effondrement économique pour cause de manque de lecteurs. Cette histoire de liberté d’expression bafouée ne fut qu’un paravent pour éviter de parler de politiques françaises lourdes de conséquences.

La première de ces politiques est la participation militaire de la France à des bombardements en Irak depuis l’automne précédent. La seconde est la politique de rapprochement avec Israël, marquée par un discours du chef de l’Etat français soutenant – durant l’été 2014 — les bombardements aveugles d’un Nethanyaou plus martial que jamais, et causant par des bombardements aveugles la mort de plus de 2000 Palestiniens de la bande de Gaza, dont un nombre impressionnant d’enfants.

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« La guerre c’est la paix » était le slogan d’un ministère de la société de Big Broter imaginée par Georges Orwell dans 1984. Le « chaos c’est la sécurité » pourrait dire Hollande, qui prétend protéger la France en envoyant son armée pilonner des territoires partout où des fondamentalistes appellent leurs « frères », en Occident, à causer le maximum de morts dans les populations des pays engagés militairement contre eux.

La cause et l’effet sont évidentes, elles ne sont pourtant pas fortement discutées : la réalité ne semble pas vouloir plonger dans les racines des événements. Au contraire, elle semble devoir être l’événement, et lui seul. Une forme d’amnésie permanente de « l’information au présent simple », avec laquelle l’histoire est évacuée.

L’ignorance c’est la force (et la distraction assurée)

« Notre ennemi, c’est la finance, mais ce sont aussi les djihadistes, bien que nos alliés soient des bourreaux qui ont financé ces mêmes djihadistes et participent au grand désordre financier mondial. Quand nous soutenons la dictature militaire égyptienne en leur vendant de l’armement, nous soutenons la démocratie et les révolutions arabes, parce que nous sommes le pays des Droits de l’homme qui aide les dictatures à torturer ses opposants politiques grâce à nos technologies duales de surveillance numérique. Nous soutenons la transition écologique grâce à l’énergie nucléaire — qui exploite nos ex-colonies riches en uranium, aux populations affamées — énergie que nous allons pourtant réduire, tout en déclarant la guerre aux centrales à charbon, car la planète se réchauffe dramatiquement par notre faute, par la croissance économique, que nous souhaitons pourtant la plus forte possible. »

Discours imaginaire de François Hollande.

La réalité commune, celle du monde qui nous entoure est forgée — au XXIème siècle — non pas par une observation personnelle d’un environnement local, ou par la lecture approfondie de documents fabriqués par des personnes observatrices et analystes d’événements locaux, dans la durée, mais par un flot ininterrompu d’informations. Cette information est rapide, fabriquée par des acteurs plus ou moins indépendants, plus ou moins présents lors des événements. Sa principale vocation est d’appeler à réagir, émotionnellement le plus souvent.

Présenter des événements inquiétants, violents, perturbants, gênants, qui appellent les spectateurs à la fascination et au dégoût, tel est le principe de l’information actuelle. Le but étant de faire commerce de cette information, il est crucial qu’elle « fasse événement », soit forte, et surtout, qu’elle soit une nouveauté. D’où le remplacement nécessaire d’une information forte par une autre, quand la première commence à se dégonfler, à perdre de son intensité. Cette faculté de l’information à ne jamais revenir sur les origines des événements, de ne jamais traiter les causes et les effets (faculté qui existait auparavant mais pas dans des proportions aussi importantes, cf l’info en continu) de ce qu’elle montre, mène à des manipulations par omissions, certainement inconscientes de la part des journalistes, mais qui posent de véritables problèmes. Démocratiques.

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Comment les citoyens peuvent-ils débattre, échanger, chercher à connaître la réalité de la façon la plus honnête qui soit, demander à leurs représentants d’améliorer, faire progresser leur société (ou d’autres plus lointaines), s’ils sont en permanence floués, assommés par des réalités/vérités qui remplacent et annulent les anciennes ?

L’information, c’est l’affirmation

Une quinzaine d’articles publiés sur Reflets (du même auteur que cet article) — plus ou moins satiriques — à propos du changement climatique, ont tenté de réfléchir et faire réfléchir sur cette capacité à revisiter l’histoire que la société de l’information actuelle pratique intensivement. Le but de ces articles, malgré les apparences, n’était pas moins d’invalider purement et simplement les thèses sur le réchauffement anthropique — démonstration impossible s’il en est à l’échelle d’un journaliste — que de pointer le traitement quasi hallucinatoire de ce sujet.

L’intérêt principal de l’information sur le changement climatique est sa capacité à refaire sa propre histoire, à oublier ses erreurs, approximations, ses prédictions fausses, et recréer de façon continue une cohérence illusoire dans sa vocation unique. Cette « vocation », l’objectif de l’information sur le climat, n’est pas de parler du climat en tant que tel, mais des catastrophes que celui-ci, en se modifiant à cause de l’activité humaine, va provoquer. De façon « certaine ». D’où les annonces permanentes de prévisions d’augmentation de la température du globe, à 10 ans, 15 ans, 30, 50 ou 100 ans.

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Si l’information d’il y a 15 ans, pour la période actuelle, s’avère fausse, à propos de la hausse générale de température prévue, cette information n’est pas ou peu franchement traitée, et quand c’est le cas, elle est balayée d’un revers de main par un expert officiel du « consensus », qui quand il admet que la hausse n’est pas franchement là (le hiatus), laisse entendre que, certes, la chaleur n’est pas autant là que prévu, mais qu’elle existe quand même (théorie de la chaleur captive des océans). De la même manière, les années plus chaudes sont relayées de façon massive, mais lorsque des années plus froides surviennent, cette information n’est pas relayée, ou cataloguée dans le registre « météo ». Une année très chaude est une information climatique, une année froide est de la météo, et écartée. Ou bien encore, elle trouve une explication par le « forçage naturel » du climat.

Le principe de l’histoire [de l’information] revisitée en permanence — pour le traitement du changement climatique — est central. Le terme de réchauffement a d’ailleurs été modifié en « changement », en quelques années (alors que le phénomène de réchauffement est le cœur du sujet, les conférences le stipulent toutes, comme les différents rapports du GIEC). La courbe qui a affolé la communauté scientifique (courbe de Mann en crosse de hockey) dans les années 2000, bien que déclarée fausse, tronquée, et admise comme telle par la communauté scientifique (puis corrigée) — n’a rien changé à l’information sur l’évolution du climat [et des prévisions de changements de température au cours du temps]

Tout comme les 9 mensonges d’Al Gore dans son film « Une vérité qui dérange » (et reconnus comme tels par un tribunal anglais) ne l’ont pas empêché d’obtenir un Nobel de la paix. Les mêmes types d’information contenues dans le le film d’Al Gore, circulent toujours, sont relayées.

Cette information revisitée, ré-évaluée en permanence — quasi amnésique — est logique puisque le but n’est pas d’informer sur le réchauffement climatique, mais de démontrer — à tout prix — la réalité d’un réchauffement anthropique. Ceux qui se penchent sur les ré-écritures de cette histoire, sur les prévisions ratées, sur les jeux de données choisis de façon univoque [avec l’écartement des études ou jeux de données ne collant pas bien avec la démonstration anthropique], ou simplement qui pointent des incohérences ou émettent des doutes sur la connaissance parfaite du climat par la science actuelle — sont donc taxés de climato-sceptiques.

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Ce qui ne signifie rien en soi, puisque personne « ne doute de la réalité du climat ». Mais le terme a cette capacité à créer deux camps : ceux du consensus scientifique sur le changement climatique anthropique (le consensus scientifique n’existe QUE pour le changement climatique, et nulle part ailleurs en sciences) et les climato-sceptiques. Le premier camp est celui de ceux qui veulent sauver l’humanité de ses propres errements, et l’autre, ceux de ceux qui osent douter, questionner l’information sur le changement climatique. Le procès de Gallilée n’est pas loin. Sachant que de nombreux « climato-sceptiques » sont avant tout des chercheurs qui tentent [encore] de comprendre quelque chose qui ne leur semble pas « fini » en l’état de la science. Les modèles, les informations manquantes, les méthodes, la manière de « prendre la température de la planète » etc…

La plupart ne contestent pas la hausse de 0,8°c en 150 ans. Ni le ralentissement de cette progression depuis 17 ans. Ils ne cherchent pas non plus forcément à démontrer qu’il n’y a aucune influence de l’homme dans cette élévation, mais contestent les rapports du GIEC et son discours univoque, tout comme l’information générale actuelle sur le réchauffement climatique anthropique. Mais cette (petite) information qui met en cause la validité intégrale des rapports du GIEC et de son relais journalistique, qui doute de l’influence unique des gaz à effets de serre dans le réchauffement, n’a simplement plus droit de cité, elle est désormais condamnée, suspecte, considérée comme propagandiste. Le plus étonnant (et ironique) est de voir les pires propagandistes de la planète, à la tête des plus grandes nations, des plus grandes entreprises, des plus grands médias, pointer du doigt une fraction d’individus comme étant ceux pratiquant la propagande.

La liberté c’est l’esclavage

L’intégrisme est devenu un fonctionnement partagé par le plus grand nombre. Intégrisme religieux, politique, intellectuel, informatif. La capacité des individus de la société de l’information à douter, questionner [l’information] se raréfie et mène à une radicalisation des esprits. Le flot continu d’actualités anxiogènes, décousues mais martelées en permanence semble forcer les spectateurs du monde à tenir une position radicale face à celui-ci.

Le doute et le questionnement n’ont donc plus véritablement de valeur : ils mèneraient à une forme d’inconsistance, de mollesse dangereuse, d’un manque de positionnement affirmé. La servitude à l’information est devenue la règle, que cette information soit médiatique ou par échanges de points de vue, d’opinions sur les réseaux [informatiques].

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L’éducation est censée avoir progressé et pourtant le nombre d’adultes ne connaissant l’histoire de leur propre pays, ou du monde, que par fragments totalement superficiels est devenu la norme. Jamais la liberté de déplacement, d’apprentissage, de s’informer n’a été aussi grande qu’aujourd’hui pour les populations occidentales, et jamais le servage (aux technologies, à la distraction, à la consommation industrielle) de ces mêmes populations n’a été aussi important. L’homme et la femme actuels des pays industrialisés sont pourtant convaincus de leur libre arbitre, de leur capacité à s’émanciper par l’accès aux technologies de l’information, à s’affirmer par celles-ci, alors qu’en réalité, il n’ont jamais été autant asservis. Leur autonomie est réduite à très peu de choses, leur indépendance, quasi nulle. Paris, si elle n’est plus ravitaillée de l’extérieur, possède une autonomie alimentaire de 5 jours. Elle était de 60 jours en 1960 avec la ceinture verte, qui a disparu. Les réseaux de téléphonie mobile s’arrêtent ? C’est la panique pour une grande majorité des individus actuels qui dépendent à tous les niveaux de leurs smartphones.

Un télécran pour tous ?

Le principe d’une surveillance constante de la population par un dictateur via des écrans nommés « télécrans » et placés dans les logements, les entreprises, les lieux publics, était inquiétant dans le roman « 1984 ». Mais s’il était difficile d’imaginer une population acceptant de se soumettre à ce diktat de l’image, imposé par un pouvoir un place, la réalité de 2015 a trouvé bien plus fin et acceptable : le télécran auto-géré, auto-imposé et valorisé.

La dictature la plus insidieuse et la plus durable est celle des esprits, et elle passe par l’enfermement volontaire d’une majorité des individus dans un écosystème informatif propagandiste et délassant, le tout sous surveillance d’une administration invisible mais en capacité légale et affichée de fouiller la vie privée de tout un chacun. Sachant que les citoyens en redemandent, consomment chaque jour un peu plus de leur télécran, les pouvoirs en place ne peuvent qu’être incités à utiliser cet outil de contrôle pour affirmer et maintenir leur position. Orwell était bien en dessous des possibilités totalitaires qu’une société technologiquement avancé peut mettre en place. Bien en dessous…

Le monde orwellien est celui de 2015. Il est le monde orwellien de l’information .

A la recherche du sens dans le jargon du Web

mardi 20 octobre 2015 à 22:59

internet-of-thingsL’histoire est connue de ceux qui s’intéressent à ce réseau depuis assez longtemps. Mais il n’est pas inutile de la rappeler en préalable. Peu avant 2000, les entreprises liées au Net étaient tellement recherchées, les promesses de bénéfices tellement élevées que tout investisseur qui se considère comme tel se devait d’investir dans ce secteur. Deux petits grains de sables virent doucher les espoirs. D’une part les entreprises étaient valorisées sur du vent, au doigt mouillé, sur des promesses improbables. Les unes se vantaient de recevoir des millions de visiteurs. Les autres se rêvaient en pionniers d’une technologie qui allait révolutionner la vie. L’univers même, peut-être. Ce qui nous avait conduit, par exemple, avec l’ami Zipiz, à créer un site pour expliquer que les statistiques, sur le Web, ne voulaient absolument rien dire. En outre, il suffisait d’avoir un peu de vision historique sur les quelques années d’existence du Net pour le grand public, pour comprendre que les technologies déployées étaient surtout, temporaires. A peine implémentées, à peine adoptées par les utilisateurs, un nouveau « standard » était adopté. Le chemin habituel était inversé. Ce n’étaient plus les entreprises qui imposaient un standard, mais les utilisateurs. Et l’utilisateur est fluctuant. Bref… L’autre grain de sable tient en un phrase que les investisseurs connaissent bien, se répètent inlassablement en l’oubliant immédiatement : « les arbres ne montent pas au ciel ». Si quelqu’un expose publiquement que tout repose sur du vent, ce que tout le monde sait mais que personne ne disait jusque là, la bulle spéculative explose. Ce qu’elle fit au milieu de l’an 2000. Catastrophe mondiale, bien que nettement moins impactante que la crise financière de la dette souveraine que nous connaissons aujourd’hui. Les crises qui secouent la finance mondiale ont tendance à être chaque fois plus importantes. Mais c’est un autre sujet. Comment faire pour sortir de ce mauvais pas ? Le secteur des NTIC a trouvé la parade. Pur marketing, mais diablement efficace.

Fin 2004, Tim O’Reilly invente le concept du Web 2.0. Un nouveau Web, donc, mais cette fois, participatif, permettant l’autopublication de manière facile, non technique, à la portée de n’importe qui. L’utilisateur du Net devient acteur.

Sur cette base, nombre d’entreprises et de personnes, vont construire une maison, un immeuble, peuplé de termes tout aussi ridicules uns que les autres, mais auto-réalisateurs.

The Social networking

En 2005, quelques temps après l’apparition du concept de Web 2.0, qui relance le secteur moribond des NTIC, Jonas Luster crée la surprise au sein d’une conférence (dans laquelle intervenait également Jacob Appelbaum) de plusieurs jours sur ce que l’on appelait encore les « Webzines », c’est à dire les projets d’autopublication indépendante sur le Web. Jonas a fait un discours remarquable et remarqué à propos du « social networking » : « Social networking’ is a non-existent, overused and over hyped concept« . Jonas, qui en a vu d’autres, explique de manière relativement énervée, l’évidence. On ne crée pas de relations « sociales » en discutant via Twitter ou Facebook (qui n’existent pas encore) avec de parfaits inconnus que l’on qualifie d’amis. Pour lui, l’amitié est quelque chose qui se construit sur la durée, en face à face, dans des dîners, lors de sorties, en vivant des expériences en commun.

Et pourtant, le concept s’est imposé et les utilisateurs croient avoir des milliers d’amis, hypertrophient leur ego en consultant régulièrement leur nombre d’amis ou de followers.

En attendant, sur un concept inepte, Facebook ou Twitter sont devenus des empires, des machines à cash. En attendant qu’une nouvelle technologie les détrône. Vous doutez ? Qui aurait anticipé à l’époque que Yahoo ou Altavista allaient être détrônés ou sombrer dans l’oubli quelques années après la naissance d’un certain Google ?

The Internet of things…

Warren-Ellis

Nouvelle époque, nouveau mot ajouté au jargon, nouveau concept qui permettra de créer un nouveau business, une nouvelle activité lucrative liée à Internet : l’internet des objets, les objets connectés.

Réfléchissons deux minutes.

Ou plutôt, laissons parler Waren Ellis, créateur de Spider Jerusalem (entre autres choses). Son discours d’ouverture de ThingsCon15 à Berlin est frappé au coin du bon sens : on parle d’internet des objets, mais Internet toujours été un truc peuplé d’objets, il n’a jamais été quelque chose d’organique.

Bien sur, le fait que les têtes pensantes des tendances marketing inventent des mots vides de sens ou ayant un sens inapproprié n’est pas une nouveauté. Quand on vous a vendu la « télé-réalité », vous vous doutiez, même inconsciemment que c’était tout sauf de la « réalité ». Les personnes enfermées dans un hangar (Le Loft par exemple) faisaient toutes sortes de choses, sauf ce qu’elles faisaient dans la « vraie » réalité de leur vie de tous les jours.

Il en va de même pour les « tendances » du Net. A chaque année, son wagon de nouveau termes à la mode. Vides de sens, mais générant de l’activité. Jusqu’à la fin de la prochaine bulle.

Lexsi.com : il est peut être temps d’optimiser votre SEO

lundi 19 octobre 2015 à 16:28

lexsiLe SEO, c’est beau. Mais quand c’est mal fait, c’est le fail assuré. Reflets a souvent disserté sur ce sujet. L’histoire du CERT du Crédit Agricole nous donne une occasion de revenir sur la thématique avec un exemple franchement drôle. Résumé de la situation : un compte twitter semblant appartenir à l’un des membres du CERT du Crédit Agricole énonce de manière assez abrupte une série de dysfonctionnements au sein de ce CERT. Reflets se fait l’écho de cette histoire. Elle implique le Crédit Agricole, mais aussi, toujours selon le lanceur d’alerte, Lexsi.

Nous nous attendions à des mails comminatoires de la part du Crédit Agricole ou de Lexsi. Celui que nous avons reçu est d’un tout autre ordre. C’est, semble-t-il le prestataire en SEO de Lexsi qui a dégainé en premier.

En lisant le titre du mail « Ajout d’un lien », nous nous attendions à voir une demande d’ajout de lien dans notre article, pointant vers un démenti quelconque.

Pas du tout. L’expert SEO qui gère l’optimisation de Lexsi commence par nous remercier d’avoir cité Lexsi, puis nous demande d’ajouter un lien vers le site de son client dans notre papier. Histoire d’améliorer la position de Lexsi dans les recherches via Google, sans doute. Sauf que, bien entendu, notre article risque de ressortir dans les pages de réponses de Google.

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Analyse succincte : l’expert en SEO n’a même pas lu l’article dans lequel il nous demande d’ajouter un lien.

C’est un beau métier.

Pas trop éreintant…

Le CERT du Crédit Agricole accusé de multiples infractions par un lanceur d’alerte

vendredi 16 octobre 2015 à 12:09

EDIT : Communiqué du Crédit agricole qui conteste les accusations portées à l’encontre de son CERT.

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Cette nuit a été assez mouvementée. Si vous l’avez raté, c’est sur Twitter que ça se passe. Dans la journée d’hier, le compte  balance du lourd sur les pratiques « étranges », et c’est un euphémisme si elles s’avèrent exactes, du CERT (Computer Emergency Response Team) du Crédit Agricole… tout y passe allant de la simple négligence à des infractions plus lourdes.

Les accusations sont graves, mais elles semblent, du moins partiellement, crédibles. C.B déclare avoir travaillé quatre ans au CERT du crédit Agricole (une cellule de 4 personnes qui semble agir en totale autarcie).

Son profil Linkedin semble confirmer ce qu’il déclare être, ce n’est pas un profil créé récemment pour la circonstance et il apporte des éléments matériels liés à ses propos, déclarant tenter de joindre l’ANSSI depuis des semaines sans que cette dernière ne daigne lui répondre.

cv

Listings de comptes blacklistés à l’appui, le lanceur d’alerte explique en substance comment le CERT blackliste des choses douteuses et des personnes ne peuvent plus recevoir de virement car elles ont été blacklistées injustement. Ainsi une personne qui s’est fait pirater ne peut par exemple plus recevoir de virement. Elle n’en serait pas même informée…

listing

tests

blacklist

Les listings de comptes bloqués ont été partiellement vérifiés cette nuit. Les déclarations et les éléments de preuve apportés par C.B se confirment, les comptes en question provoquent une erreur quand on tente de les ajouter :

error

arnaque

Selon le lanceur d’alerte, La société Lexsi, prestataire de du Crédit Agricole aurait également contribué à la fourniture de moyens visant à commettre des « infractions pénales ».

lexsi

Le lanceur d’alerte confesse avoir transmis de manière illégale plus de 700 comptes IBAN sur une mailing liste non officielles interne mise en place par LEXSI

transmission illégale

plainteEt maintenant… en pleine consultation sur le « grand projet » de loi sur le « Numérique », que diriez vous de renforcer les sanctions contre les dissimulations de piratages qui impactent les données personnelles de particuliers ? Ne nous faisons pas d’illusions, le cas du Crédit Agricole n’est sûrement pas un cas isolé, le système bancaire tire souvent ses pratiques en matière de sécurité d’une logique d’opacité propre à son secteur, une logique qui a maintes fois montré ses limites. Ajoutez à ça des systèmes vieillissants et des personnels à l’image des systèmes, et vous avez là un cocktail détonnant, illustration de tout ce qu’il ne faut pas faire.

La prochaine étape logique serait que le CERT du Crédit Agricole reçoive une petite visite conjointe de la CNIL et de l’ANSSI. Si l’ensemble de ces accusations venaient à se confirmer… et bien… il ne se passerait pas grand chose. La CNIL ordonnerait une mise en conformité sous un délai de N jours, l’ANSSI communiquerait au CERT du Crédit Agricole un ensemble de recommandations techniques que le CERT ne saura pas mettre en oeuvre, et voilà, circulez y’a rien à voir.

Si aucun client effectivement lésé ne porte plainte, aucune sanction ne sera prise, sauf peut-être si un procureur s’intéresse par exemple aux falsifications de preuves numériques volontaires présumées lors de compromissions de sites web. Mais là encore, que faire contre une « victime » qui dissimule elle-même des preuves d’un piratage dont elle est victime ?

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Un grand merci à @_michigale_ pour ses vérifications.