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Font del Rey : l'opération

jeudi 7 septembre 2023 à 19:22

Plongée dans le procès d'un marchand de sommeil à Montpellier, second volet.

Le procès des 5 et 6 septembre a mis en lumière les ficelles d'une exploitation ordinaire de la misère. La mise en accusation des marchands de sommeil de la tour Font del Rey, à Montpellier est un « aboutissement » pour les associations et certains habitants.

Répartition des lots dans la résidence Font del Rey dans le quartier de la Mosson à Montpellier

Côté accusation, on se bouscule : deux associations, la ville, l'ARS et douze familles. Pour tous les représenter, cinq avocats, tout ce beau monde mené par le procureur de la république. En face, sur le banc des accusés, sont poursuivis cinq individus et trois sociétés, défendus par huit avocats. Dès l'entame le ton est donné par la défense : l'accusation est « mal ficelée » obligeant la défense à « faire de la prospective ». « Tout cela pue l'instrumentalisation » assènera l'avocat de Dider Raymond, remonté. L'affaire est complexe et il y a tant de fils à démêler qu'il faut remonter dans le temps pour mieux l'appréhender.

Le SCI Foncière de Rénovation acquiert 82 appartements de l'immeuble « Font Del Rey » en août 2005. Elle s'est constituée pour l'occasion, un mois plus tôt, en juillet. Et dès cette époque, sont déjà présents les principaux personnages de l'histoire. Les trois quarts des actions vont à la SARL ALCINVEST, la société d'investissement des Bouruet-Aubertot, une famille parisienne connue (un aïeul a créé les premiers grands magasins). Un quart des parts sont attribuées à un certain Didier Raymond, présent sur le banc des accusés. La gestion de la SCI est confiée en novembre à Patrick Bolzer, connaissance de longue date d'André Bouruet-Aubertot qui prend au passage 25% des parts. Lui aussi est présent sur le banc des accusés.

Un duo à tout faire

Le procureur a...

Font del Rey : anguille sous le béton

mardi 5 septembre 2023 à 11:17

Plongée dans le procès d'un marchand de sommeil à Montpellier, premier volet.

Aujourd'hui, 5 septembre 2023 s'ouvre au Tribunal judiciaire de Montpellier un procès au caractère exceptionnel. Il ouvre une fenêtre sur les magouilles autour du logement insalubre, sur l'exploitation des discriminations et de la misère. En toile de fond, le quartier populaire de la Paillade à Montpellier. Entre deux arrêts de tramway, l'immeuble Font del Rey.

La résidence Font del Rey dans le quartier de la Mosson à Montpellier - © Reflets

En 2015, l'association HabiterEnfin ouvre une permanence dans le centre social de la CAF dans le quartier de la Mosson, à Montpellier. L'association existe depuis 1998 et s'est donné pour mission de lutter contre les discriminations en matière de logement. Elle travaille sur le terrain, accompagnant chaque année des centaines de ménages dans leurs démarches et maintient un parc d'appartement en bail glissant, se portant ainsi garant pour des personnes ayant des difficultés financières. Elle a par ailleurs une approche plus systémique de la problématique et produit des guides ou effectue des séances de formation auprès des acteurs sociaux.

Peu de temps après l'ouverture de la permanence de la Mosson, une association de femmes du quartier, Tin Hinan, s'y présente pour demander de l'aide à la constitution de dossiers DALO. Plusieurs habitants de la résidence Font del Rey se sont plaint de l'état des logements. Marion Persil, qui travaille dans l'association depuis 2011 et s'occupe de la permanence, est étonnée par la similarité des profils : marocains souvent récemment arrivés en France, sur-occupation des appartements, loyers conséquents pour les surfaces habitées. Une première famille est accompagnée pour une médiation avec Didier Raymond, propriétaire et syndic de l'immeuble. À la demande d'HabiterEnfin d'effectuer les réparations sur une fuite d'eau qui traverse tout l'appartement, celui-ci rejette la faute sur...

Fachos 2.0 : les boucles brunes de Telegram

lundi 4 septembre 2023 à 09:30

Quand l'extrême-droite infiltre le réseau

Organiser des ratonnades, recruter de nouveaux militants, ou simplement propager du racisme. Les boucles Telegram sont devenues un outil incontournable pour les groupuscules et influenceurs d'extrême-droite, qui utilisent cette plateforme pour entretenir des liens au sein de la fachosphère, mais aussi avec des acteurs internationaux.

parfois sous couvert d'humour, parfois de manière très claire, la haine se diffuse sans filtres - © Reflets

Reflets a identifié plus d’une soixantaine de boucles Telegram actives qui partagent des liens directs ou indirects avec la majorité des formations d'extrême-droite françaises. Des groupes comme le GUD, Les Nationalistes, Tenesoun, Auctorum, Luminis, dont les medias on relaté ces derniers mois les actions violentes lors des manifestations contre la réforme des retraites, ou leurs actions anti-migrants et anti-LGBT. Ces boucles d’extrême-droite sont accessibles au public, factuellement fascistes, axées sur la protection de la culture européenne, le suprémacisme blanc et pour une partie le néonazisme.

Dans ce nuage numérique, une trentaine de ces boucles, sous couvert d’ironie, de blagues, ou de la banalité du mal, cherchent à polariser la société en alimentant les pires sentiments islamophobes, négrophobes et antisémites. Ces canaux Telegram, actifs parfois pendant des années, produisent un flux de messages colossal, sans censure, consolidant ainsi un réseau de centaines de milliers d'abonnés, où le fruit de leur haine finit par prendre forme avant de se matérialiser dans le monde réel.

Telegram, le paradis de l'extrémisme

Telegram est une application de messagerie instantanée qui suscite autant d'éloges que de controverses. Lancée en 2013 par les frères Nikolai et Pavel Durov, elle s'est rapidement imposée comme une alternative aux autres plateformes de messagerie comme Messenger ou Whatsapp.

Sur le papier, grâce au chiffrement de bout en bout, les...

Une prodigieuse chute

mercredi 30 août 2023 à 13:51

Le coup de maître de Justine Triet

Dans son dernier film, Palme d'or 2023 au festival de Cannes, la réalisatrice confirme son absolue maîtrise de l'art du scénario et de la direction d'acteurs.

Affiche du film - D.R.

Au commencement était un cadavre. Il gît sur le sol neigeux auréolé de rouge. La victime a-t-elle chuté d'un des étages de son chalet ou bien a-t-elle été assassinée ? C'est la question posée tout au long de ce dernier opus de Justine Triet magistralement mené, « anatomie d’une chute ». La réalisatrice parvient en effet à maintenir le suspense sur l'issue d'une affaire qui dévoile peu à peu ses zones d'ombre dans un procès d'assise qui occupe les trois quarts du film.

Pour autant l'ennui ne guette pas le spectateur grâce au jeu subtil des acteurs tout en finesse et en ambiguïté, à commencer par une Sandra Hüller hiératique, dont on ne sait si on doit la plaindre ou l'accabler tant elle parvient à instiller le doute sur sa responsabilité dans ce drame. Doute que semble partager son conseil à la crinière poivre et sel : un formidable Swann Arlaud, dont la pugnacité dans la défense de son amie cliente n'est pas étrangère à cet amour mêlé de fascination qu'il lui porte.

Dans la catégorie des acteurs virtuoses, mention spéciale aussi à Antoine Reinartz dans le rôle d'un avocat général intraitable qui exécute son accusation telle une danse de la mort qui n'attend - sans mauvais jeu de mots - que son coup de grâce !

Enfin, le film ne serait pas ce qu'il est sans la prestation remarquable du fils, le jeune Milo Machado Graner, premier témoin de la scène initiale. Sa cécité partielle, cause d'une grande partie des tourments...

Barbie versus Oppenheimer

mardi 22 août 2023 à 18:10

De la bombe bébé ?

Difficile de passer à côté de ces deux blockbusters des vacances – toujours à l’affiche – qui n’ont a priori pas beaucoup de points communs. A priori seulement…

Le match du siècle ? De la décennie ? de l'année ? Euh... Du mois ?

C’était la bataille de cet été ! Qui de Barbie ou d’Oppenheimer remporterait la victoire ? Ne nous y trompons pas, cette joute est aussi crédible que l’hypothétique combat de MMA entre Zuckerberg et Musk…

Cela fait bien longtemps que les apôtres du capitalisme surjouent le conflit pour en faire un argument marketing. Et cela n’a pas loupé avec les deux films les plus visionnés du moment. Ils cartonnent car ils répondent à la promesse de savant dosage d’émotions, de suspense et de rebondissements.

Certes, les deux derniers items sont relativement limités dans l’opus de Greta Gerwig sur la poupée préférée des petites filles. Mais tout de même, ne soyons pas chiens ! Nous sommes tenus a minima en haleine.

Pensez-vous donc : Barbie, pourra-t-elle survivre à sa crise existentielle consécutive à sa confrontation au « monde réel » ?

Confrontation qui engendre, du côté de Ken, de curieuses prétentions patriarcales que la bimbo plastifiée devra par-là même combattre…

Le monde merveilleux de Mattel est soumis à d’énormes secousses qui pourraient bientôt avoir raison de ce rêve aseptisé. Quand les idéaux, même illusoires, sont menacés, tout doit être mis en œuvre pour les préserver.

Les agents du projet Manhattan, J. Robert Oppenheimer en tête, le savent parfaitement. L'arme nucléaire ne peut pas être du côté de l’ennemi, mais bien de celui des chantres du monde libre.

Mais on ne joue pas impunément avec le feu… Nolan parvient parfaitement à rendre compte des ambiguïtés de...