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Fonctionnaires : le pari risqué de Marine Le Pen

mardi 28 février 2017 à 00:24

Si les sondages -avec les risques évidents de se tromper- la donnent présente au second tour de la présidentielle, rien ne dit que Marine Le Pen sera présidente de la république au sortir du second. Son attaque contre les « fonctionnaires » lors de son meeting le 26 février est donc à double tranchant.

Marine Le Pen  a indiqué : « Je veux dire aux fonctionnaires, à qui un personnel politique aux abois demande d’utiliser les pouvoirs d’Etat pour surveiller les opposants, organiser à leur encontre des persécutions, des coups tordus, ou des cabales d’Etat, de se garder de participer à de telles dérives, a-t-elle déclaré. Dans quelques semaines, ce pouvoir politique aura été balayé par l’élection. Mais ses fonctionnaires, eux, devront assumer le poids de ces méthodes illégales. Ils mettent en jeu leur propre responsabilité. L’Etat que nous voulons sera patriote. »

Plus précisément, Marine Le Pen a fait du Fillon (et son coup d’Etat institutionnel) à sa manière en s’en prenant à la Justice : « L’Etat de droit est le contraire du gouvernement des juges (…) La justice est une autorité, pas un pouvoir. Les magistrats sont là pour appliquer la loi, pas pour l’inventer, pas pour contrecarrer la volonté du peuple, pas pour se substituer au législateur »

On imagine aisément que, si elle était élue, Marine Le Pen appliquerait sans sourciller ses menaces. Les juges et autres policiers qui enquêtent sur les affaires du FN et de sa figure de proue.

Mais ne craint-elle pas de « payer » au prix fort ses déclarations si elle n’était pas élue ? Dans ce cas de figure, elle ne pourrait ni faire payer aux juges et policiers le fait qu’ils aient fait leur travail, ni profiter de l’immunité présidentielle.  Son pari est risqué. Parce que l’on comprendrait aisément que des « fonctionnaires » accusés et menacés de manière aussi outrancière et déplacée mettent un point d’honneur à faire leur travail avec la plus grande application dès que l’hystérie de la campagne présidentielle sera passée.

Lire l’annexe 4 et éclater de rire : la farce politique française

lundi 27 février 2017 à 15:10
Le candidat Hollande anti TSCG, « un traité qui devait nous ruiner tous par l’austérité qu’il imposait » selon lui, s’est précipité, une fois élu, chez Merkel pour confirmer qu’en fait, « il l’aimait bien le TSCG ». Le super gauchiste Hamon aussi : il l’a approuvé en Conseil des ministres en 2012. L’annexe 4 viendra expliciter les ordres donnés aux socialistes par Baroso et ses fonctionnaires, 3 ans plus tard.

C’est l’un de nos lecteurs éclairés qui a motivé l’écriture de ce modeste article. Remercions-le. Que nous a t-il pointé, ce lecteur, pour que le clavier nous démangeât à ce point ? Un document émis par le gouvernement français en 2015, intitulé « Programme national de réformes 2015 » comportant des annexes. Jusque là, rien de bien excitant. Sauf qu’une annexe, la numéro 4, intitulée « Tableau de suivi des recommandations pays adressées à la France par le Conseil de l’Union européenne le 8 juillet 2014« , est une démonstration très parlante de la farce politique française. Qui explique en grande partie le succès du Front National, voire, le cautionne, et surtout démontre l’escroquerie des programmes politiques des grands partis tant de « gauche » que de « droite », particulièrement ceux se déclarant de gauche, le PS en tête. Mais pas le PG. Voir les explications ci-dessous.

Ils ne décident de rien, ces gros ladres (mais fais pas le jeu du FN, hein !)

Hollande, une fois élu, en mai 2012, se précipite chez Merkel pour la rassurer : il ne renégociera pas le TSCG (traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, ou pacte budgétaire européen) comme il l’avait pourtant hurlé des mois durant. La lâcheté politique de l’énergumène est certainement en cause, mais ses soutiens et amis étant ce qu’ils sont (banquiers, énarques, chefs de multinationales), on peut surtout se dire qu’il savait depuis le départ qu’il n’avait aucun intérêt à changer quoi que ce soit au TSCG.

Hollande a toujours voté les traités, les constitutions européennes les plus libérales, il aime cette Europe de marché et de bureaucrates, cet espace mou et sans saveur qui gère des économies sans âme. Elle lui ressemble, l’Europe technocratique de 2012. Et puis c’est une sacrée facilité politique, l’Union européenne et sa Commission, quand on devient le chef d’un État puissant comme l’est la France, avec de [puissants] amis très riches : on n’a jamais de grosses décisions à prendre, ni de risques politiques ou d’orientations qui pourraient échouer. Pourquoi ? Parce que les obligations européennes sont telles, avec des marges de manœuvre désormais si proches du néant — imposées par le TSCG justement — que le mandat d’un chef d’Etat comme Hollande se résume au final à appliquer, en réalité, la feuille de route de Bruxelles.

Immédiatement, en énonçant ces mots, une sorte de réflexe pavlovien se déclenche chez le lecteur progressiste, comme chez l’auteur de ces lignes : « Houla, tu fais le jeu des extrêmes, toi, là. Tu cautionnes le discours du FN, tu soutiens les pires mouvement populistes, la fachosphère, la souverainosphère, enfin bref : tu ne peux pas te permettre de dire ça« .

Problème : ce constat, sur l’obligation des États a suivre une feuille de route libéralo-financiaro-austéritarocratique imposée par le TSCG et les différentes « règles » européennes » est-il faux ? Est-ce un constat de type complotiste, conspirationniste et populiste? Hollande pouvait-il en réalité faire une  politique sociale et économique « de gauche » durant son mandat, et donc ne pas suivre les règles ou autres recommandations de Bruxelles, tout en restant ami-ami avec le reste de l’Union ? La liberté des États et de leurs gouvernants est-elle si grande que ça, le TSCG et autres règles de l’Union sont-elles  modifiables ? La réponse est en partie dans l’annexe 4.

L’annexe 4 : le bon élève « France » coche les devoirs du maître d’école de l »économie financière » euro-mondialisée.

Cette annexe 4 du plan de réforme 2015 a une qualité indéniable : elle est sincère. Sans ambiguïté aucune. C’est un tableau rappelant le cahier de texte des écoliers, avec des demandes du maître, pour chaque domaine. En face, les réponses appliquées de l’élève France qui note ce qu’il a mis en place, et stipule bien que c’est « en cours », « à venir » ou « fait ».

Toute l’énormité de cette annexe 4 réside dans le fait qu’elle balaye tous les secteurs de la société : de l’école à la santé, en passant par le marché du travail, le système de chômage, les transports, etc…

En réalité, c’est un projet de réforme technocratique d’un pays entier, de son modèle social et économique, qui, sur un tableau de 10 pages, explique comment des personnels politiques nationaux font leurs devoirs imposés par des fonctionnaires continentaux, sous pression et/ou achetés par des lobbies internationaux. Leur chef, à ces fonctionnaires continentaux, Manuel Baroso, qui a poussé ces réformes, s’est d’ailleurs précipité — rappelons-le — chez Goldman Sachs dès son mandat à la Commission terminé. Goldman Sachs, quoi…

Rappelons-nous le fameux projet de Hollande de réduire le nombre de régions pour en faire de plus grandes : c’est la demande de l’UE de l’annexe 4 (extrait du document ci-dessus, avec la facilitation de fusion de collectivités locales) à gauche sur fond orange, qui a donné : « création de régions cohérentes de taille européenne en divisant par deux le nombre de régions métropolitaines. » L’idée principale européenne est écrite noir sur blanc : « réduire les dotations octroyées par l’État« . Hollande a juste appliqué ce qu’il lui était demandé. Pas plus. Mais il y aussi « Prendre des mesures pour, au-delà de la nécessité de réaliser des économies à court terme, contrer l’augmentation prévue des dépenses publiques dans le secteur des soins de santé à moyen et long termes, y compris dans le domaine pharmaceutique« . Sympa, n’est-il pas ?

C’est ainsi que la farce de la campagne électorale française qui vient de débuter se dévoile sous son aspect le plus criard et le plus bouffonesque. Fillon, Macron reprennent les préconisation de l’UE, suivent donc la feuille de route qui leur sera (encore) remise s’ils remportent l’élection : destruction du code du travail, réduction de la fonction publique, destructions des services publics, privatisation partielle de la sécurité sociale, retrait maximal de l’État avec austérité obligatoire pour les collectivités locales, une privatisation des services publics, etc. La même annexe 4 que celle d’Hollande.

Hamon laisse croire — exactement comme Hollande lorsqu’il était en campagne électorale— qu’il ira renégocier [ce qu’il propose de faire dans son programme], mais qu’il n’est pas autorisé à faire par le maître d’école (annexe 4). Qui peut y croire, avec le Parti socialiste derrière lui, parfaitement aligné sur les mesures de Bruxelles, et ce depuis toujours ? Moscovici est aux manettes financières de l’UE, Hamon l’aurait-il oublié ? Hamon s’est abstenu pour le traité constitutionnel européen simplifié de Lisbonne, et surtout il a approuvé… Le TSCG en tant que ministre.

« Au Conseil des ministres du 19 septembre, il a, comme les autres, approuvé le traité, solidarité gouvernementale oblige. » (http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/pourquoi-hamon-se-tait-02-10-2012-2196427.php)

Restent deux candidats, qui eux dénoncent cet état de fait : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen a piqué un maximum d’analyses économiques à la gauche radicale (et lit attentivement le Monde Diplo), tout le monde le sait aujourd’hui, et surtout, tout le monde le reconnaît. Florian Philippot, disait pas plus tard que ce matin sur les ondes d’une radio qu’il y avait des choses très intéressantes dans ce journal et qu »il était anormal qu’il reçoivent moins de subventions que des journeaux « people ».

Les analyses de Le Pen sur la soumission à Bruxelles font mouche, parce qu’elles sont parfaitement justes. Tout comme Mélenchon, mais qui le fait dans un style plus nuancé et plus réaliste. Mélenchon a un plan A et un plan B pour appliquer un programme économique et social s’affranchissant de Bruxelles (ou disons ne suivant pas l’annexe 4). Avec… Ou sans Bruxelles. Ces deux partis politiques ne sont pour autant en aucune manière similaire. Exactement l’inverse même. Le FN est nationaliste, le PG est [censé être] internationaliste. Le FN est raciste, le PG anti-raciste, le PG défend une politique d’accueil des migrants, le FN veut les jeter à la mer, le FN veut un pouvoir « fort », le PG veut une sixième République parlementaire, etc…

La problématique de l’annexe 4 est donc énorme, puisqu’elle révèle une réalité très désagréable : de ceux qui sont crédités des meilleurs chances d’emporter la prochaine présidentielle, aucun ne va faire autre chose que de suivre l’annexe 4. Aïe.

Farce électorale 3.0 de l’europlan

La triste — très triste — réalité est donc la suivante : aucun candidat crédible, avec un programme en mesure à la fois de proposer autre chose que les cases à cocher de l’annexe 4, n’est susceptible d’emporter l’adhésion d’une majorité. Sauf Marine Le Pen. Et c’est bien là l’énorme souci actuel. Mélenchon n’emporte pas l’adhésion du plus grand nombre, et tous les autres candidats sont des adeptes de l’annexe 4. Ou des tarés populistes délirants qui dirigent des sectes (cf. Asselineau et son UPR, ou Dupont Aignan et ses Dupongnettes). La fille du borgne qui danse avec les néo-nazis a elle, par contre, parfaitement annoncé la couleur : elle ne cochera pas les croix de l’annexe 4. Elle enverra se faire foutre Bruxelles. Et c’est exactement de ça qu’une grosse partie de l’électorat a envie.

Ce qui est dommage, en fin de compte, c’est que des gens à peu près « sérieux » — mais surtout déclarés progressistes — n’aient pas eu le début d’une once de courage politique pour vraiment faire savoir qu’ils ne voulaient plus appliquer les règles technocratiques de la multinationale nommée UE. Et surtout, au delà de faire savoir, de le faire tout court. Ils en ont eu l’occasion pourtant, là, durant 5 ans, non ? Montebourg, qui est désormais en charge du Bidule à l’International de Hamon, a-t-il essayé de ne pas cocher les cases de l’annexe 4 quand il était au redressement reproductif ? Hummmm.

Ces grands candidats vont donc récolter le fruit de leur couardise et de leur soumission : l’extrême droite en tête au premier tour. Puis une extrême droite qui perdra sans doute au deuxième tour, mais probablement d’un cheveu. Tout ça devrait les faire frémir, non ? Peut-être pas au fond. Parce qu’ils pensent qu’avec Marine au deuxième tour, ce sera dans la poche ? Et qu’ils pourront continuer à cocher les cases du maître d’école ? Possible. Mais ils devraient quand même se méfier. Depuis quelques temps, le vent tourne bizarrement et les gens ne font plus obligatoirement ce qu’on leur demande de faire. Ah, les gens ! Si les cocheurs de cases pouvaient se passer d’eux pour continuer à faire tourner la boutique, ce serait quand même mieux…

La farce politique française est superbe. Et les moutons bêlent. Jusqu’à quand ?

Un Décodex quotidien, sinon rien

lundi 27 février 2017 à 11:58

C’est chouette que l’équipe de Samuel Laurent soit là pour nous permettre de nous repérer dans la jungle médiatique d’Internet plus ou moins fiable et remplie de post-truth fake-news. Merci les Décodeurs !

Dans la tête de Donald Trump, avec une loupe et une Maglite…

vendredi 24 février 2017 à 23:27
Dessin © JM Reflets.info

Nous vivons une époque formidable dans laquelle le président des Etats-Unis appelle la presse « l’ennemi de la démocratie« . Une époque où ses sympathisants arborent des t-shirts appelant à lyncher les journalistes. Les journalistes et la presse seraient les vecteurs de « fausses informations », les fameuses « fake news« . On peut faire beaucoup de reproches à la presse et Reflets.info, bien que partie de celle-ci, ne s’en prive pas. C’est la capacité à se remettre en question qui fait de nous des êtres libres, à la recherche d’une vérité sans doute jamais atteinte. A l’inverse, dans le camp Trump, qui intègre désormais beaucoup de monde y compris hors des frontières de son pays, il y a des certitudes. Pourquoi pas. C’est bien d’en avoir quelques unes pour s’enraciner. Ce qui est toutefois un peu gênant, c’est de constater que ces certitudes ne résistent pas à la logique et aux faits. Pire, mis en face de leurs contradictions, les tenants de ces certitudes ne sont pas le moins du monde ébranlés. Les mêmes qui sont si prompts à fustiger les décérébrés radicalisés croient dur comme fer que l’eau brûle ou que le feu mouille, si leur gourou peroxydé le leur dit.

L’ère Bush et l’ère Sarkozy avaient vu l’avènement du règne du faux. Ces deux hommes repeignaient le monde tel qu’ils aimeraient le voir, on assistait à une narration fausse mais qui servait leurs buts. Pour George Bush, l’invasion de l’Irak, pour Sarkozy… la glorification de Nicolas Sarkozy. Cette fois, nous entrons dans l’ère des contre-vérités. Ce n’est pas une vision fausse du monde qui est mise en place. C’est l’assertion permanente de contre-vérités. Celles-ci ont cela de particulier qu’il est aisé de prouver qu’il s’agit de contre-vérités. Un mensonge est difficile à démonter, comme celui sur les armes de destruction massives en Irak. Qui pouvait à l’époque, à part Hans Martin Blix qui a tout fait pour le démontrer, apporter des preuves tangibles que l’Irak, pays relativement fermé et mis prématurément à l’index par la communauté internationale, n’en détenait pas ? Mais quand Donald Trump invente des attentats aux Etats-Unis ou en Suède, il est assez simple de démontrer qu’il s’agit de contre-vérités.

Pour autant… Les adeptes du gourou de la contre-vérité le croient. Y compris en France où les complotistes d’extrême-droite se sentent pousser des ailes.

Constater tout cela n’est pas très compliqué. Essayer de comprendre comment des gens arrivent à se persuader de choses aussi rocambolesques, c’est une autre histoire.

En s’équipant d’une loupe à fort grossissement et d’un puissante Maglite, il est possible d’essayer d’entrer dans la tête de Trump et de tenter d’y voir clair.

Avant d’entrer dans la tête de Trump, il est possible de passer en revue les contenus de ses tweets puisqu’il affectionne ce canal sur lequel il est très productif. La première constante de sa prose est un moteur. Ce moteur est la haine. L’envie permanente d’en découdre. La recherche permanente d’un ennemi. La seconde est une certitude inébranlable d’avoir raison.

Le vieux documentaire « Star Wars » (plutôt bien fichu) avait documenté à la fin des années 70 ce qu’il advient des êtres humains se laissant aller à la haine. Mais Donald Trump n’a pas dû le voir. La haine est un combustible puissant, mais également un facteur d’auto-destruction.

Et dans la tête de Trump, quels sont les mécanismes qui lui permettent de se convaincre que ses contrevérités sont des vérités ?

Dans un univers peuplé d’ennemis, une construction mentale auto-réalisatrice s’est sans doute mise en place. Pour exister, Donald Trump se crée des ennemis. Les ennemis de Donald Trump lui veulent du mal. Pour ce faire, ils énoncent des faits qui lui sont défavorables. La presse est, c’est son métier, une caisse de résonance. La presse est donc un ennemi. Probablement le premier d’entre eux. Pour attaquer Donald Trump, la presse ne peut utiliser que des mensonges (souvenez-vous, Donald Trump a toujours raison). Il faut donc contrer ces mensonges par des faits qui retranscrivent la réalité de Donald Trump. Ces faits sont donc les opposés de ceux avancés par la presse. Peu importe qu’il s’agisse de contre-vérités. S’ils vont dans le sens d’un Trump idéalisé, ce sont forcément des vérités. Et si d’aventure la presse venait à évoquer des faits qui démontrent qu’il s’agit de contre-vérités, c’est forcément qu’elle ment et que ces contre-vérités sont des vérités. CQFD.

Plus près de nous, la presse se demande pourquoi Marine Le Pen continue de faire la course en tête alors que les casseroles judiciaires s’accumulent. Ce matin, un journaliste de France Info expliquait qu’en dépit de la contradiction entre le slogan historique « Mains propres et tête haute » et les mises en examen pour des détournements de fonds publics, les électeurs FN continuaient à apporter tout leur soutien à Marine Le Pen. Ce qui n’avait pas été le cas pour François Fillon.

Le mécanisme est le pourtant le même. Dans l’esprit de ses sympathisants, Marine Le Pen fait peur au « système » parce qu’elle est dans la vérité. Le système veut donc l’abattre, y compris en instrumentalisant la justice. Elle n’est donc, par principe, coupable de rien.

Le grand remplacement de la logique

Pour comprendre dans quel monde fantasmé vivent les sympathisants du Front National, on peut prendre pour exemple ce tweet de Gilbert Collard à propos d’un changement de logo de la Protection Civile.

Là où n’importe quelle personne verrait le travail d’un graphiste, Gilbert Collard y voit les effets de l’islamisation rampante de la société française, le fameux « grand remplacement ».

Au delà du délire personnel de Gilbert Collard, il est intéressant de noter les réactions des sympathisants du Front National. Car ils sont nombreux à lire entre les lignes du message de Collard.

Ils lisent ce que Collard a voulu dire : « l’islamisation » forcément « insidieuse » de « notre pays » est en cours. « La gauche et les médias » sont bien entendu les complices du grand remplacement en cours. On est chez nous oui ou non ? Nous c’est la croix, eux, c’est le croissant. Il n’y a pas de croissant sur le nouveau logo ? Il n’y a pas de confession à la Protection civile ? Peu importe. C’est que « ils« , (qui ça, les aliens, les musulmans, les « arabes » ? seuls les sympathisants du FN le savent, ne cherchez pas) « s’immiscent« , toujours « sournoisement » « dans les postes clés des organes décisionnaires« . Ca fiche un peu la trouille et ça transpire la haine. Gratuite parce que niveau diversité, la protection civile, c’est léger. Et avec un président qui s’appelle « Francheterre » (on n’invente rien), les « Ils » n’ont pas l’air de s’être beaucoup « infiltrés« . En même temps quand on voit dans la disparition d’une croix dans un logo une « abnégation de notre culture« , on comprend qu’il manque un peu de vocabulaire aux sympathisants du FN pour analyser le monde qui les entoure.

Mais comme pour Trump, ce n’est malheureusement pas cela qui empêchera une accession au pouvoir de leurs gourous hystériques, autocentrés et haineux…

Macron, les Russes, les jeunes et le gruyère…

lundi 20 février 2017 à 16:05

Initialement très bien tombée dans le panneau marketing de la petite start-up « En-Marche », la presse a relayé sans se poser la moindre question la belle histoire des attaques sophistiquées russes contre l’infrastructure informatique du parti d’Emmanuel Macron. Et puis à force de démontrer ici et sur Twitter, que si les Russes étaient vraiment sur le dos de Macron, son infrastructure informatique devait elle être totalement défoncée vu les problèmes effarants de sécurité qui y étaient présents, la presse a commencé à se poser des questions. D’autant que nous n’étions plus les seuls à remettre en cause la version officielle de la Pravda made in Macron. Nous avions œuvré lourdement pour que les équipes du candidat de droite molle, Emmanuel Macron et celles du candidat de droite dure, François Fillon, migrent leur version de WordPress vers quelque chose qui soit à jour et ne ressemble plus à un gruyère. C’est fait chez Marcon. Alléluia… Et toute la presse de se féliciter de cette mise à jour…

Pendant ce temps, chez Fillon, Même pas peur, on s’en fout… c’est vrai, les mises à jour c’est pour les faibles. Nous somme le 20 février 2017, et le source des pages arbore fièrement un pitoyable WordPress 4.3.3, une version datant de début février 2016, et qui est en toute logique tristement documentée d’une vingtaine de vulnérabilités connues.

Enfin mise à jour. Chez Macron, on s’est tout simplement débarrassé du problème en passant sur une autre solution technique que WordPress, une solution plus statique surtout. Jusqu’à cette migration technique, WordPress n’a JAMAIS été mis à jour.

Un seul journal était très en retard dans ce train médiatique fou : Le Parisien. C’est @Bortzmeyer qui signalait l’article hier.

Le 17 février, donc, alors que tous les confrères avaient enfin compris que l’attaque russe était surtout une très bonne opération de marketing, Le Parisien reprenait sans s’interroger le moins du monde, les arguments incohérents des équipes d’Emmanuel Macron :

 » (…) tout le monde a conscience qu’il faut toujours se protéger, appliquer les meilleures règles. Serveurs protégés par des logiciels de filtrage sophistiqué, emploi de plusieurs messageries et réseaux cellulaires cryptés, double ou triple authentification pour l’accès aux services de courriels, cloisonnements multiples, bases de données isolées comme des forteresses, mots de passe complexes régulièrement changés: toutes les précautions à la hauteur d’une structure comme « En marche ! », qui ressemble à celle d’une PME, sont prises. « Ensuite, dans ce genre d’organisation, la vraie faille potentielle, c’est l’humain », assure le patron des services informatiques, un autre trentenaire qui demande à rester anonyme. « Nous avons de la chance, nous avons beaucoup de technophiles dans nos rangs. Les autres, mon boulot est de leur faire peur, en leur montrant régulièrement les conséquences qu’un manque de vigilance a eu ailleurs ».

Faire peur… Oui, c’est vraiment ce qu’essayent de faire les équipes de Macron en maniant le FUD à la perfection. Ça marche d’autant mieux que les journalistes ne comprennent rien aux arguments techniques évoqués.

Vendredi, le site de Macron n’était plus propulsé par un WordPress troué et toute la presse notait ce fait, qui mettait, semble-t-il, un terme à la polémique : peut-on raisonnablement se plaindre d’une attaque russe sur son site quand on a un site complètement troué ?

Oui, sauf que bon…

Rien n’est jamais parfait dans ce monde et il faudrait signaler à Emmanuel Macron et à ses équipes hors pair que le site des « jeunes avec Macron » est un peu léger sur le plan de la sécurité. Peut-être ont-ils le numéro de téléphone des djeunz ?

Lui aussi propulsé par WordPress, le site www.lesjeunesavecmacron.fr laisse à désirer en matière de données personnelles. Car les équipes de choc décrites par Le Parisien ont oublié de prévenir les djeunz qu’il fallait une page d’index dans les répertoires pour éviter que l’on puisse en lister le contenu.

Et dans un fichier log, on découvre ainsi des adresses mail de sympathisants.

C’est mal et si la CNIL avait les moyens de faire son travail, elle ne serait pas contente.

Au détour d’un autre fichier, ce sont les utilisateurs qui créent le contenu qui apparaissent, avec leurs mails. Un point non négligeable pour les hackers russes chinois du FBI, s’ils voulaient se lancer dans une opération de phishing.

Allez, encore un effort et tout sera au carré.