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L’impossible contrôle parlementaire des services de renseignement

vendredi 3 novembre 2023 à 10:42

Députés et sénateurs entretiennent l’illusion

Le rapport d’activité 2022-2023 de la Délégation parlementaire au renseignement (DPR) dirigée par Sacha Houlié voit le renseignement comme le « cœur battant de la riposte démocratique aux ingérences étrangères ». Dès lors, difficile de trouver dans le rapport un oeil critique de l'action des services.

Site de la délégation parlementaire au renseignement (Assemblée Nationale) - Copie d'écran

Le président de la DPR présentait ce jeudi 2 novembre 2023 le rapport annuel 2022-2023. Au cœur des travaux de la délégation : les ingérences étrangères. Comment mieux les prévenir ? Qui sont les acteurs clef ? Sacha Houlié aimerait que les moyens des services, qui seraient le « cœur battant de la riposte démocratique aux ingérences étrangères » soient élargis. Par exemple, il verrait bien les outils de traitement algorithmiques des données utilisés actuellement pour lutter contre le terrorisme, mis à disposition pour contrer les tentatives d’ingérence de la Russie, de la Chine, la Turquie ou de l’Iran. Il faut selon-lui, sensibiliser les élus à ce type de risque et renforcer la protection de la recherche dans le domaine des sciences sociales car il y aurait là des choses très intéressantes, notamment en ce qui concerne les comportements psychologiques et sociaux.

Le discours de Sacha Houlié devant les journalistes laissait transparaître une forme de fascination pour le monde du renseignement. Visiblement, ceux-ci fonctionnent parfaitement et le dialogue avec les parlementaires est quasiment parfait. Cette position était plus claire encore lors du discours d’ouverture d’un colloque organisé en mai dernier ayant pour thème « la politique publique du renseignement est-elle bien contrôlée ? ».

« J’ai pu mesurer les menaces, leur ampleur, l’abîme qu’elles représentent. Mais j’ai aussi constaté la puissance, la maîtrise et l’intelligence que dégagent nos services...

La saga Twitter : naissance, envol et crash de l’oiseau bleu (1/2)

jeudi 2 novembre 2023 à 10:52

Dessous Choc #14

Il y a tout juste un an, Elon Musk provoquait un véritable coup tonnerre en rachetant le réseau social à l’oiseau bleu qu’il choisit de rebaptiser « X ». Occasion de revenir, dans une série de deux volets de Dessous Choc, sur l’histoire de Twitter (1) et la stratégie plutôt détonante du milliardaire américain (2).

Dans ce premier volet, Fabrice Epelboin, enseignant à Sciences Po, spécialiste des réseaux sociaux (et actionnaire de Reflets) évoque au micro d’Antoine Bellier les principales étapes de l’histoire de Twitter. Comme dans beaucoup de start-up qui sont devenues des entreprises à succès, se dessine, un peu comme dans la célèbre série américaine « Dallas », un univers impitoyable fait de coups bas, de jalousies et de trahisons.

Mais Twitter c’est aussi l’histoire d’un réseau qui a su adapter ses usages non sans faire râler certains de ses utilisateurs, qui a tenté de monétiser ses contenus avec plus ou moins de succès sans pour autant dépasser celui de son concurrent Facebook. Contrairement à l’image populaire de ce dernier, Twitter s’est forgé, depuis ses débuts, une réputation plutôt élitiste, devenant le principal outil d’influence des politiques et des journalistes.

Twitter, comme nous l’explique Fabrice Epelboin, n'a cependant pas su affronter les conséquences du Covid. Plusieurs facteurs dont principalement une gestion hasardeuse et des failles de sécurité objectives, ont précipité sa chute et son rachat par Elon Musk.

Twitter est devenu X
Twitter est devenu X

Gouvernement : les ministres accros à Gmail et aux plateformes, des mots de passe dans la nature

mercredi 1 novembre 2023 à 10:57

La souveraineté nationale n'est visiblement pas une priorité au gouvernement...

Quasiment tous utilisent Google ou Meta, pour ne citer que les plus intrusives en matière de données personnelles. Que font les plateformes des données des hommes et femmes politiques en vue ? Sans doute un casse-tête pour les services de renseignement...

Le silence est d'or - National Archives at College Park - Wikimedia Commons - Domaine public

L'incohérence est une constante des hommes et femmes politiques. Ils peuvent énoncer une chose le lundi et le contraire le mardi. Selon comment souffle le vent du populisme le plus crasse. Il faut caresser l'électeur dans le sens du poil, car in fine, c'est grâce à lui que ces hommes et femmes ayant fait de la politique une profession, reçoivent un salaire (très) conséquent.

Ce principe fonctionne pour tous les sujets, y compris la cybersécurité et la fameuse « souveraineté nationale ». Mais on n'en est même plus là.

C'est au niveau de l'OPSEC, la sécurité opérationnelle, celle qui permet d'éviter de servir des informations sur un plateau, que cela pèche. Il n'est même plus question d'éviter que nos infrastructures essentielles dépendent de fabricants asiatiques ou américains. Il n'est plus question de conserver les entreprises essentielles sur le grand marché de l'interception au lieu de les vendre à des sociétés étrangères...

Les ministres du gouvernement français ont quasiment tous une adresse mail chez Gmail (USA - Google), la plateforme la plus intrusive au monde en matière de données personnelles, celle qui a le plus grand pouvoir de corrélation. Et en matière de renseignement, dans le monde numérique, la force nucléaire revient à celui qui peut faire le plus de corrélation. C'est dire si la vie des ministres est décortiquée par les États-Unis...

Au delà de Gmail qui est en soi une hérésie pour des...

A la prison de Château-Thierry, mieux tenir compte des troubles psychiatriques

mardi 31 octobre 2023 à 10:14

Reportage au quartier maison centrale où sont orientés les détenus aux pathologies mentales.

Depuis plus de soixante-dix ans, les professionnels du centre pénitentiaire de Château-Thierry, dont le quartier maison centrale est unique en France, ont développé des pratiques plus adaptées. Si ce « modèle » ne doit pas se substituer à l'hôpital psychiatrique, il offre des pistes intéressantes pour l'ensemble du monde pénitentiaire.

Centre pénitentiaire de Château-Thierry, France (Février 2021) - Pascal3012 - Wikipedia - CC BY-SA 4.0

«Maison d'arrêt de l'arrondissement». L'inscription sur la façade du centre pénitentiaire de Château-Thierry, située sur les hauteurs de cette commune de l'Aisne, à une centaine de kilomètres de Paris, date d'un autre temps tout comme les murs érigés au milieu du XIXe siècle. A l'intérieur, des prisonniers continuent d'y purger leur peine au sein d'un quartier centre détention de quelques places et d'un quartier maison centrale où vivent 66 condamnés en grande majorité à de longues peines, dont neuf à la perpétuité. Ces derniers ont été orientés ici en raison de leurs troubles psychiatriques. Les deux tiers perçoivent l'allocation aux adultes handicapés.

Cette particularité de la maison centrale de Château-Thierry, unique en France, remonte à 1950 et perdure aujourd'hui, institutionnalisée par la circulaire du 21 février 2012 relative à l'orientation en établissement pénitentiaire des personnes détenues. Elle indique que sa mission principale est d’accueillir des condamnés présentant des « troubles du comportement» rendant difficile leur intégration à un régime de détention classique. Parmi les comportements inadaptés cités : «la peur ou refus de sortir de l'isolement de longue durée, le manque d'hygiène grave, l'état de prostration, l'ingestion fréquente de corps étrangers, les passages à l'acte auto ou hétéro agressifs» ...

L'état de santé de ces prisonniers ne doit cependant relever «ni d’une...

Nouveau mensonge : après le Maroc, le Qatar nie toute relation avec Amesys/Nexa

mercredi 25 octobre 2023 à 15:00

Pour la deuxième fois, Reflets est contraint de publier des documents

Lorsque le Maroc avait menacé de poursuivre tous les journalistes locaux qui évoqueraient l’achat par le royaume d’un Eagle d’Amesys, nous avions publié des documents prouvant cette transaction. Le Qatar prend le même chemin.

Nouveau logo de Neaxa/Amesys - © Reflets

Dans la multitude de révélations par Mediapart du business d’Amesys/Nexa, un passage d’un des articles a retenu notre attention : « "Aucune entité liée au Qatar n’a eu de relation" avec le groupe Nexa, nous a répondu le gouvernement de l’émirat. "Ces documents ont été entièrement fabriqués et ces accusations n’ont aucun fondement", affirme le Qatar ». Le Qatar n’est pas le premier État à nier avoir commercé avec cette entreprise. En 2015, le Maroc avait menacé les journalistes et les ONG de poursuites s’ils évoquaient un achat par le royaume d’un Eagle, cette solution permettant d’intercepter toutes les communications circulant via Internet. Pour donner des moyens de défense aux journalistes et aux ONG, nous avions publié un certain nombre de documents.

En règle générale, nous demandons à nos lecteurs de nous croire sur parole et réservons nos preuves à la Justice. Mais nous avions fait une exception face à la profonde mauvaise foi du Maroc et à ses menaces. Aujourd’hui, c’est le Qatar qui tente de prendre le même chemin.

L’article de Mediapart relate également les dénégations du patron de Gama International, Louthean Nelson :

Notre enquête montre que Nexa a vendu Predator à trois régimes autoritaires, et qu’il l’a proposé à au moins sept autres pays, dont le Qatar.

C’est ce que montre un document saisi en perquisition. Il s’agit de la mouture non signée d’un « accord de courtage » daté du 6 janvier 2020 entre la société française Nexa Technologies et...