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Cybereugénisme : on était donc à Horizon un mois… environ

jeudi 21 mai 2015 à 23:29

pedobear-madame-irmaIl y a un mois, nous vous parlions d’analyse prédictive de la criminalité. Hasard du calendrier ou pas, c’est aujourd’hui, que la Gendarmerie Nationale a commencé à communiquer sur son logiciel prédictif. L’information distillée par la presse est évidemment incomplète, un peu édulcorée, puisqu’elle fait l’impasse totale sur l’essentiel, le nerf de la guerre… les données. C’est d’ailleurs fort surprenant qu’avec ce genre de titre sensationnaliste (attention ce lien peut nuire à vos synapses), personne ne semble se poser les questions que nous nous posons :

Question 1 : Comment on va alimenter cette « arme secrète » pour la rendre efficace ?

Réponse : TOUT ce qui nous tombe sous la main, les fichiers qui n’ont officiellement jamais existé aussi ! Plus y’en a plus mon algo est intelligent.

Question 2 : Que fait-on des données une fois traitées ?

Réponse : On les redonne à manger à nos algos.

Nous vous expliquions que le seul moyen de rendre une intelligence artificielle intelligente, c’était de lui donner à manger un maximum de données. Etrangement la presse n’en fait pas état, pas plus qu’elle ne fait état de la provenance et de la nature des données que les algorithmes de Morpho (Safran) devront traiter pour jouer la madame Irma de la criminalité.

Ces données, c’est nous qui les donnons, sur les réseaux sociaux (Twitter et Facebook au premier plan), il y a également des données de sources ouvertes assez classiques… puis les données d’intérêt criminel en possession de la Gendarmerie que l’on croisera à la sauce Big Data. Et on obtient quoi avec tout ça ? En plus d’un nouveau fichier des gens honnêtes (les relations des relations), on obtient par exemple un fichier d’interactions probables avec des gens peut être moins honnêtes qui transforment une honnête personne en personne potentiellement malhonnête avec une marge d’erreur potentielle de 5% (oui ça fait beaucoup de potentialités mais on parle de données statistiques, même si la Gendarmerie annonce aujourd’hui une marge d’erreur entre 5 et 7%). Cerise sur le gâteau, pour que notre intelligence artificielle soit encore plus intelligente (les algorithmes probabilistes sont comme le pinard, ils se bonifient avec le temps), la rétention de données à durée indéterminée est de mise. La CNIL va A.D.O.R.E.R… mais non, c’est une boutade !

Ce qu’il y a de bien dans ce joli projet, c’est qu’il ressemble pas mal à ce qu’on connait aujourd’hui comme modèles dans le marketing prédictif, on sait que ça fonctionne, et comme pour le marketing, le produit, c’est vous, ou plutôt vos données… mais c’est « pour notre bien à tous ».

Le logiciel d’analyse politique prédictive de Reflets,  Da Hubble Vison Powah®, vous révèle la prochaine étape : un nouveau comité Théodule qui veillera à ce que les données traitées soient « anonymisées », que rien ne sera stocké et patati et patata… encore un nouveau jouet dont nos partenaires commerciaux vont raffoler, car vous vous doutez bien qu’un jouet comme ça, c’est probablement refourgable à quelques fous furieux.

11 janvier 2015, et après ? – Altair Think Tank

jeudi 21 mai 2015 à 10:55

Altair Think TankAltaïr think tank culture medias est un laboratoire d’idées et d’actions de terrain, lance son chantier prioritaire « 11 janvier 2015, et après ? » dont l’objectif est d’apporter aux citoyens des réponses éducatives et pédagogiques aux évènements de janvier 2015.

Altaïr think tank organise une série de rencontres et de débats au cours des mois à venir dont la première aura lieu les jeudi et vendredi 16 et 17 juillet 2015 à l’université ouverte d’Altaïr think tank, au Festival OFF d’Avignon.

Pour mener cette réflexion et apporter des solutions durables, Altaïr think tank fait appel aux acteurs de la société civile notamment aux historiens, chercheurs, théologiens, artistes et écrivains pour réfléchir et partager leurs connaissances et leurs idées sur ce sujet.

Vous pouvez vous inscrire et découvrir l’ensemble du projet ainsi que les actions à venir sur le nouveau site internet du think tank.

Altaïr think tank donne également rendez-vous dès à présent à tous ceux qui voudront poursuivre cette réflexion à sa réunion de rentrée à Paris le jeudi 24 septembre 2015.

Radio Reflets #8 : et si vous nous aidiez ?

mardi 19 mai 2015 à 21:07

batman_x

L’idée de faire une émission à partir d’un thème choisi par les lecteurs de Reflets a cheminé, et nous nous lançons. Economie ? Politique ? Technologie ? Philosophie ? Sociologie ? Actualité ? Laissez-nous ici-même vos idées d’émissions, envoyez des mails sur redaction@reflets.info avec un thème dans l’objet : nous choisirons celui qui semble rassembler le plus de suffrages. Et puis si ça ne nous plaît vraiment pas, on fera autrement, parce que le gonzo clodo-journalisme, c’est… comme ça. Voilà. Mais vos idées risquent de nous plaire. Sinon, on ne continuerait pas. Si ?

L’équipe de Radio Reflets

 

 

Grexit, Brexit, fausse reprise et bulle à 100 000 milliards

jeudi 14 mai 2015 à 23:50
zombie-finance

La bulle obligataire, si elle éclate, risque de faire mal…

Alors que la sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni (par référendum) — et celle forcée de l’euro de la Grèce — commencent à cheminer dans les esprits, des annonces sur un début de reprise économique en Europe s’enchaînent dans les médias. La situation serait « moins pire », et la croissance serait « bientôt au rendez-vous » — pleine de promesses d’emplois, de baisse de la dette, de déficit à moins de 3 % : en gros, rien que du bonheur. Les ténors de l’économie orthodoxe défilent sur les plateaux, derrière les micros, pour venir, qui, souligner le très bon exemple britannique, qui, l’Espagne en plein redressement, qui, le Portugal ou l’Irlande qui « iraient nettement mieux ».  Même les Etats-Unis. Vraiment ? Par quel miracle et avec quels ingrédients est donc faite cette fameuse « reprise » qui devrait nous mener au contraire, à la catastrophe ?

USA : la croissance dégringole, mais c’est sans importance…

Ce premier trimestre est piteux pour l’économie américaine : leur croissance s’est de nouveau écroulée. Le quotidien Le Monde en fait le constat :

« Entre janvier et mars, le Produit intérieur brut (PIB) a enregistré une croissance quasi-nulle de 0,2 %, selon la première estimation publiée mercredi 29 avril par le département du commerce. »
Les raisons, selon l’éditorialiste du Monde sont variées, entre l’hiver très froid, la hausse du dollar, et même… la grève des  dockers ! Mais ces baisses de premier trimestre sont fréquentes depuis plusieurs années, et les ténors ne semblent pas soucieux de ce phénomène, tout en évitant de trop parler du problème global de l’endettement privé américain. 1160 milliards de dollars pour les seuls prêts étudiants. Une dette de l’État fédéral américain de 10 025 milliards de dollars [soit environ 72 % du PIB] en 2008 qui a atteint la somme extraordinaire de 18 300 milliards de dollars fin 2014, soit aux alentours de 110% du PIB. Un compteur temps réel de ce gouffre financier permet de mieux mesurer l’ampleur du phénomène.
Chaque seconde la dette publique américaine augmente de plus de 47 200 euros, soit de plus de 4 milliards de dollars chaque jour et de 1 489 795 918 367 chaque année. Une dette publique US hors de contrôle.
 Mais l’économie américaine n’a pas de problème avec l’endettement, puisqu’elle ne survit que par lui. Les 6 ans de QE (Quantitative easing, Assouplissement monétaire) ont permis d’injecter des liquidités en masse dans le système bancaire et financier US. Résultat : spéculation sur des marchés étrangers, sur des monnaies, et nouveaux produits financier pourris, avec une relance par le crédit à la consommation qui ne se nomme pas, mais est bien là. L’Amérique triomphante a jeté des tonnes de billets verts sur les foules et s’enorgueillit d’une reprise économique en trompe-l’œil, dont les bases sont loin d’être solides. Tout au contraire. Bulle, vous avez dit bulle ? Oui, mais tout le monde s’en moque. On verra bien…

Ailleurs aussi…

QE à tous les étages chez nos voisins du Royaume (britannique) de sa majesté, le tout poussé par des réduction budgétaires drastiques, une suppression ou diminution des aides sociales qui ont eu pour effet une explosion de la pauvreté. La dette ne baisse pas, le déficit non plus, les Britanniques sont de plus en plus pauvres, mais la City continue, elle, à bien se porter. Les indicateurs de bonne santé économique ne sont pas du tout bons (productivité, industrialisation), et le taux de chômage de 5,5% est une illusion fabriquée par plus d’un million de jobs à 0 heure, et autres inactifs cachés, une population la plus endettée par habitant de l’OCDE. Les prix de l’immobilier ont explosé, la bulle immobilière est à son paroxysme, tout le monde attend son éclatement…

…même et surtout sur les marchés obligataires

Dans la zone euro, la décision a été prise il y a quelques mois de sauver le bateau de la même manière : assouplissement monétaire de plus de 1200 milliards d’euros en un an et demi. 60 milliards par mois, plus précisément. Les effets du QE de la BCE ne sont pas terribles : les taux directeurs devraient encore baisser, ils montent. Mais ils étaient déjà quasiment à 0%. Les investissements ne repartent pas. Les banques gardent le cash de leurs obligations d’Etat rachetées par la BCE, le replacent, spéculent avec, mais ne prêtent pas. A quoi bon ? La machine est grippée, c’est une certitude acquise. Une bulle obligataire mondiale est désormais en place, des USA, au Japon, en passant désormais par l’Europe. Il y a trop d’argent et on ne sait vraiment pas quoi en faire chez les banquiers… Rien ne fonctionne normalement, tout fluctue,  et avec 70% de Trading haute fréquence sur les marchés financiers américains et plus de 40% en Europe, les bots sont aux commandes d’une grosse partie de la finance internationale.

Les sorties (peu probables) de l’euro et la réalité du système en panne

Ce qui semble établi, au delà des analyses sur des frémissements ou des reprises de l’économie de telle ou telle zone, c’est que plus personne n’est en mesure de comprendre le fonctionnement global de l’économie post-crise financière. Ces analyses sont bonnes pour des observateurs de la chose économique du XXème siècle, aujourd’hui, elles ne tiennent plus la route. La croissance ne signifie plus grand chose quand elle est entièrement fabriquée par des injections de liquidités, comme un chômage artificiellement abaissée par des mesures de destruction de la protection des travailleurs. La Grèce est en chute libre, l’Espagne se remet à endetter ses classes moyennes, le Portugal revient au même niveau de pauvreté qu’au temps de la dictature, la France compte ses travailleurs pauvres, ses mal-logés, ses enfants dans des familles en dessous du seuil de pauvreté, et les 0,6% de croissance du trimestre seraient une bonne nouvelle ? Pour la cinquième économie mondiale qui vend des dizaines de milliards d’euros en avions de chasse Rafale ? Les salaires stagnent quand le coût de la vie augmente dans toute l’Europe. La Chine exporte chaque année un peu plus quand les balances commerciales des pays industrialisés s’écroulent (hors Allemagne par sa spécialisation). Une austérité synchronisée ne pouvait que freiner l’ensemble déjà bien mis à mal par le siphonnage bancaire opéré lors du grand sauvetage de 2009-2010. Les politiques d’aide aux entreprises dans un contexte de stagnation quasi généralisée dans une même zone d’échange ne servent à rien. Au final, personne ne semble s’en soucier chez les responsables politiques, puisque personne ne parle d’essayer autre chose.

Les sorties de l’euro lancées en l’air — le Brexit (sortie de l’Union européenne) ou Grexit (sortie de l’euro) — semblent en réalité un peu décalées aujourd’hui, puisqu’elles ne changeraient pas grand chose à l’affaire. Il suffit d’observer le Japon pour comprendre cet état de fait.

Un grand basculement était en cours depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC au tournant de ce siècle, il s’est accéléré avec le « tsunami de la crise des subprimes ». La plus grande bulle financière mondiale de tous les temps est en train d’enfler de nouveau. C’est la bulle obligataire à 100 000 milliards de dollars qui était de 70.000 milliards en 2007. C’est avec son éclatement que tout se jouera. Sachant que les « crises » ont la fâcheuse tendance à se reproduire tous les 7 ans, que la dernière a eu lieu en 2008 et que nous sommes en 2015…

Tout ça risque d’être encore plus dramatique que la dernière fois.

Et partira d’Europe.

 

La justice des bots, c’est maintenant

mercredi 13 mai 2015 à 19:06

dontwnanaDepuis quelques jours, l’affaire Krach.in fait couler pas mal de pixels. Si vous avez loupé les épisodes précédents, un blogueur a été condamné à 750 euros d’amende. Son crime ? Avoir rédigé des articles liés à la sécurité informatique, des articles précis, argumentés, démonstratifs, la seule manière de faire comprendre un problème de sécurité afin de s’en prémunir… et c’était bien évidement sur la prévention des risques que ces articles étaient ciblés.

L’affaire aurait pu être « banale », car nous sommes effectivement quelques uns sur le Net à avoir constaté le zèle que certains tribunaux mettaient à condamner des gens sur la base d’éléments dont ils ne pipent pas le moindre mot, ni le moindre concept.

On a reproché à Krach.in notamment un article sur le cracking de clés WEP… ne rigolez pas, en 2015, se voir reprocher d’expliquer l’insécurité du WEP c’est complètement délirant. Pour ceux qui dormaient au fond, on rappellera juste que ce protocole de chiffrement sans fil offre une protection théorique de 64 ou 128 bits, mais que comme 24 bits passent en clair, il est possible de déduire la clé de cette « protection » de fait réduite à 40 ou 104 bits, et même d’accélérer cette opération en injectant du traffic pour récupérer un maximum de données intéressantes (dans notre cas, des vecteurs d’initialisation qui serviront à déduire la clé de chiffrement). Des outils assez simples et complets comme Aircrack-NG  mettent en oeuvre ce type d’attaques, des attaques dramatiquement classiques comme le démontrent les 15 millions de pages référencées par Gôgleuh qui traitent du sujet.

Plus sérieusement, comme Krach.in l’explique dans son récit détaillé, c’est surtout du côté des fournisseurs d’accès Internet qui livraient encore il y a peu de temps des box avec du WEP pré-configuré par défaut qu’il y a des claques qui se perdent.

Mais là où on touche le fond, c’est quand on lit le récit du blogueur et la manière dont la « plainte » est arrivée au parquet. Il s’agirait d’un robot (un bot) qui se balade sur les sites web à la recherche d’infractions supposées. Il n’en faut pas plus apparemment pour provoquer une perquisition au domicile du blogueur. Oui, vous avez bien lu, une intelligence artificielle se balade sur le réseau à la recherche d’infractions et hop, vu que ça cause WEP, ça mérite bien une petite descente. Si tu es blogueur et que tu parles de Tor, c’est peut être le GIGN qui te pend au nez. On se gratte la tête, on se pose un instant, et on se demande d’un coup si ce bot n’aurait pas un lointain lien de parenté avec un projet dont nous vous avons parlé ici et dont nous reparlerons le moment venu. Toujours est-il que selon les propos du blogueur qui relatent ceux des gendarmes :

« ils sont obligé de traiter cette, plainte car elle vient d’une sorte de bot qui scanne le WEB FR et selon les contenus lève des infractions »

Un bot à la con mobilise donc les effectifs de gendarmerie pour aller faire la chasse aux blogueurs alors que le contre-terrorisme croule sous le travail… bravo, ça c’est une gestion intelligente et efficace ! A quand le bot qui ira parcourir Google Street View à la recherche de personnes qui ne traversent pas dans les clous ? A quand le bot qui épluchera leur compte Facebook pour évaluer le pourcentage de chances que tata Françoise morde la ligne blanche sur la N21 le 14 décembre 2017, histoire qu’on lui envoie le RAID le 13 décembre ?

Une absurdité pouvant en cacher une autre …  et probablement soucieux de faire cesser la grave infraction qu’est d’expliquer pourquoi le WEP c’est de la merde (c’est vrai que ça ne fait « que » plus de 10 ans qu’on le sait), la gendarmerie lui demande de fermer son blog. « Monsieur vous démontrez trop bien un secret de polichinelle, mais nous sommes dans l’obligation de vous censurer intégralement« … Bienvenue en France en 2015 !

pedobearLe blogueur de Krach.in n’ayant pas les moyens d’aller au pénal (là encore on est probablement quelques uns à pouvoir vous expliquer que la justice accessible à tous est quand même vachement plus accessible quand on a quelques milliers d’euros en poche), il décide d’accepter une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Et aussi délirant que ceci puisse paraitre de plaider coupable d’informer un public, même restreint, des dangers d’utiliser un chiffrement sans fil connu et reconnu comme faible et vulnérable, Krach.in espérait la clémence d’un juge qui comprend à minima de quoi on parle… monumentale erreur. Le procureur, demande une amende et 1 an sursis, en usant, comme à chaque fois que ça cause d’Internet, de comparaisons très bien senties avec un point Pedobear® inside :

« Il comparait le fait que je montre des techniques de hacking au fait de conduire une voiture à 250km/h alors que c’est interdit, juste pour montrer que cette vitesse peut être atteinte… »

« Ensuite il a comparé ça avec des histoires de pédophilie »

Bilan : reconnu coupable (normal en CRPC), condamné à 750€ d’amende, blog fermé… Et un putain de bot un peu crétin qui saisit la justice pour des trucs d’une rare connerie pendant que nos effectifs de polices font la traque aux barbus qui ne sont pas adminsys.

Condamner Krach.in, ça revient à condamner l’Ange Bleu  pour pédophilie, c’est condamner la prévention, pas les criminels.