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« Nous étions séparés par un simple mur, j'ai perdu mes quatre enfants »

mardi 28 novembre 2023 à 19:04

Depuis Gaza, Islam Idhair, collaborateur de Reflets raconte son calvaire

Traducteur de profession, Islam est aussi fixeur pour de nombreux journalistes. Il a collaboré avec Reflets par le passé. Le 21 octobre, une bombe a détruit sa maison. Lui et sa femme ont été blessés. Ses quatre enfants sont morts.

Ce qui reste de la maison d'Islam Idhair après le bombardement - © Islam Idhair

Nous avions recontacté Islam peu après le 7 octobre. Il avait écrit avec Jacques Duplessy plusieurs articles en 2021. Le 21 octobre vers 11 heures du matin, sa maison a été soufflée par une bombe. Elle était à Rafah, dans le Sud de la bande de Gaza, là où Israël demandait aux Gazaouis de se rendre. « Il y avait seulement un mur entre moi et mes enfants, un seul mur. Moi je suis vivant, mes enfants sont morts. Juste un seul mur », a-t-il expliqué à Vanessa Descouraux sur France Inter. Islam était injoignable pendant une dizaine de jours. Lorsque l'on a pu le joindre à nouveau, c'est un homme brisé qui répond sur un téléphone prêté par des amis. « J'ai perdu toute ma vie. Le petit... Il avait seulement cinq ans. Il souriait tout le temps, il avait beaucoup de rêves ».

La guerre lui a pris deux garçons et deux filles. Ils avaient de 5 à 13 ans. Ils étaient des civils innocents.

Hier soir, Islam nous a envoyé quelques mots inspirés par la trêve de quatre jours :

Dans la bande de Gaza, on a 4 jours de trêve ...

4 jours de calme ...

4 jours sans bombardement...

4 jours sans sang...

4 jours de soleil clair...

4 jours sans fumée noire...

4 jours sans victimes...

4 jours sans corps dans les rues...

4 jours sans les restes des victimes....

4 jours sans blessés...

4 jours à respirer de l'air frais ou une partie...

4 jours sans destruction aveugle....

4 jours sans douleurs ...

4 jours sans fatigue...

4 jours sans larmes...

Aussi... 4 jours sans...

Le retour des ligues fascistes ?

lundi 27 novembre 2023 à 19:02

Des groupuscules tentent de prendre la rue avant de prendre le pouvoir ?

Les ligues d'extrême-droite ont fait leur apparition à la fin du XIXème siècle. L'une d'elles, l'Action française a survécu jusqu'à nos jours. Le 6 février 1934 marque le début de manifestations des ligues qui feront au total 19 morts et près de 1.500 blessés. Aujourd'hui, certains tentent de raviver le feu, dans la plus grande passivité des autorités et d'une partie de la presse qui leur ont indirectement redonné des ailes.

Affrontements entre manifestants et forces de l'ordre le 6 février 1934.

Un peu moins de 100 militants de l'extrême-droite la plus violente (sympathisants néo-nazis) ont défilé samedi 25 novembre aux alentours du quartier de la Monnaie à Romans sur Isère derrière une banderole « Justice pour Thomas, ni pardon, ni oubli » en scandant des slogans racistes. Certains, armés de barres de fer ou de battes de baseball, souhaitaient ainsi protester à leur manière contre le drame de Crépol, lorsque Thomas, un adolescent a été tué à coups de couteau en marge d'un bal de village.

Les membres de ces groupes sont souvent très jeunes, mais très déterminés. Leur idéologie mortifère les entraine vers des affrontements de plus en plus violents, Street Press a dressé leur portrait dans plusieurs enquêtes. Parmi ces groupes, on compte entre autres l'Alvarium, Des tours et des lys, Tenessoum, les Zouaves de Paris, Ouest Casual...

Ce sont aussi ceux qui défilaient le 6 mai dernier à Paris, sans que le ministère de l'Intérieur ne s'en émeuve (quelques policiers à vélo encadraient 300 néo-nazis), ni ne déclenche les foudres policières habituelles pour les défilés contestant l'ordre tel qu'imaginé par Emmanuel Macron.

A quelques dizaines de mètres du rassemblent de ces jeunes, se tenaient trois personnes. Deux hommes et une femme, bien plus âgés. Ils surveillaient de loin ce que la relève faisait. Ces groupes de jeunes ne sortent pas de nulle part, ils sont l'incarnation actuelle des membres du GUD des années 80-90, des jeunesses du...

On achète bien les journalistes...

jeudi 16 novembre 2023 à 10:37

Le shopping parfait selon le lobbyiste Duthion

France Inter, France TV, Paris Match, Le Figaro, BFMTV… Selon ses propres déclarations, le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, au cœur d’une enquête sur l’influence du Qatar, a rémunéré ou vu passer des rémunérations de journalistes français. Il en dresse la liste dans des conversations auxquelles Reflets a eu accès.

Musée de l'art islamique du Qatar - RAS_RNS - Pixabay

Il dit les avoir rémunérés, ou avoir vu passer leurs factures : le lobbyiste Jean-Pierre Duthion fait preuve d’un vrai « amour vache » pour les journalistes. D’un côté il dit se servir d’eux pour le compte de ses clients, contre espèces sonnantes et trébuchantes, de l’autre, il dit les « détester ». Dans des enregistrements auxquels Reflets a eu accès, Jean-Pierre Duthion livre des noms de journalistes qui auraient profité des largesses du Qatar. Parmi eux, Régis Le Sommier, Léa Salamé, Renaud Girard, Ulysse Gosset et un mystérieux « directeur d’un journal ». Ceux qui ont accepté de répondre à nos questions démentent.

Régis Le Sommier - Youtube - Copie d'écran
Régis Le Sommier - Youtube - Copie d'écran

Dans ces nouvelles conversations auxquelles nous avons eu accès, Jean-Pierre Duthion évoque des milliers d’euros payés à Régis Le Sommier. A une époque où celui-ci travaillait pour Paris Match. Il est désormais le fondateur d’un journal classé à l’extrême-droite : Omerta. Déjà contacté lors de notre précédent article, Régis Le Sommier a démenti catégoriquement les déclarations du lobbyiste qui lui, ne manque pas de dire qu’il « déteste » ce journaliste.

Léa Salamé - France TV - Copie d'écran
Léa Salamé - France TV - Copie d'écran

Tout comme il dit « détester » Léa Salamé. Selon lui, Léa Salamé et son compagnon Raphaël Glucksmann (qu’il appelle Patrick) ont bénéficié d’un séjour au Qatar tous frais payés. Contactée, Léa Salamé dément : « jamais je n’ai mis les pieds au Qatar, pas plus que mon compagnon. Je ne connais pas ce monsieur et il...

Un sombre avenir

lundi 13 novembre 2023 à 11:53

La « lepénisation des esprit » est achevée

L’expression de Robert Badinter utilisée lors du vote de la loi Debré sur l’immigration en 1997 n’a jamais été autant d’actualité. Mêlée à un complotisme rampant, une inversion du sens et à un niveau de désinformation inédit, nous sommes à la veille d’une catastrophe.

Interview accordée par Emmanuel Macron à Valeurs Actuelles - Copie d'écran

Il faut une force d’esprit en béton armé ces temps-ci pour résister. Résister à plonger dans les discussions trollesques sans fin. Faut-il ou non défiler avec le Rassemblement national ? La gauche est-elle antisémite ? Est-ce que ne pas soutenir le massacre des civils dans la bande de Gaza, c’est être antisémite ? Est-il normal, comme le fait le Sénat, de priver les populations d’allocations familiales (pas avant cinq ans de résidence sur le territoire) ? Et supprimer l’aide médicale d’État (AME), limiter le regroupement familial ? Toutes ces questions n’en sont pas. La réponse, il y a moins de trente ans, aurait été évidente et personne n’aurait pu la poser sans être perçu comme un ultra-conservateur, limite réactionnaire ou facho. C'est-à-dire, faisant partie d'une minorité politique réprouvée. Ce n'est visiblement plus le cas. Il faut une force d’esprit en béton armé pour ne pas vaciller, pour rester fidèle à une vision du monde répondant à une éthique humaniste, pour ne pas se laisser aller à la colère. Car jour après jour, même ceux que l’on pensait les plus posés distillent des messages qui suintent la haine, l’anathème. Tout cela ne s’est pas fait en un jour, mais il faut bien le constater, tout s’accélère. La lepénisation des esprits est achevée. Et avec elle s’est installée une polarisation complète de la population. Tout le monde s’étripe sur tout. Il n’y a plus de gauche et de droite, plus d’extrême-gauche et d’extrême-droite. Il n’y a plus d’idées,...

L’impossible contrôle parlementaire des services de renseignement

vendredi 3 novembre 2023 à 10:42

Députés et sénateurs entretiennent l’illusion

Le rapport d’activité 2022-2023 de la Délégation parlementaire au renseignement (DPR) dirigée par Sacha Houlié voit le renseignement comme le « cœur battant de la riposte démocratique aux ingérences étrangères ». Dès lors, difficile de trouver dans le rapport un oeil critique de l'action des services.

Site de la délégation parlementaire au renseignement (Assemblée Nationale) - Copie d'écran

Le président de la DPR présentait ce jeudi 2 novembre 2023 le rapport annuel 2022-2023. Au cœur des travaux de la délégation : les ingérences étrangères. Comment mieux les prévenir ? Qui sont les acteurs clef ? Sacha Houlié aimerait que les moyens des services, qui seraient le « cœur battant de la riposte démocratique aux ingérences étrangères » soient élargis. Par exemple, il verrait bien les outils de traitement algorithmiques des données utilisés actuellement pour lutter contre le terrorisme, mis à disposition pour contrer les tentatives d’ingérence de la Russie, de la Chine, la Turquie ou de l’Iran. Il faut selon-lui, sensibiliser les élus à ce type de risque et renforcer la protection de la recherche dans le domaine des sciences sociales car il y aurait là des choses très intéressantes, notamment en ce qui concerne les comportements psychologiques et sociaux.

Le discours de Sacha Houlié devant les journalistes laissait transparaître une forme de fascination pour le monde du renseignement. Visiblement, ceux-ci fonctionnent parfaitement et le dialogue avec les parlementaires est quasiment parfait. Cette position était plus claire encore lors du discours d’ouverture d’un colloque organisé en mai dernier ayant pour thème « la politique publique du renseignement est-elle bien contrôlée ? ».

« J’ai pu mesurer les menaces, leur ampleur, l’abîme qu’elles représentent. Mais j’ai aussi constaté la puissance, la maîtrise et l’intelligence que dégagent nos services...