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La prière qui n’a pas sauvé François Fillon

mercredi 26 avril 2017 à 18:00

Vendredi dernier, c’était veillée d’arme pour les cathos fillonistes. « Adorons le Seigneur. Quelle foi pour la France ? » A la basilique Notre-Dame-des-Victoires à Paris, ils étaient conviés à « une veillée à caractère exceptionnel pour la France ». Rien que ça. Au menu : enseignement du père Nicolas Buttet, un Suisse fondateur d’une communauté tradi, messe, adoration. « Une démarche aussi patriotique que spirituelle, une rencontre à ne pas manquer », dixit le tract bardé de bleu-blanc-rouge. « Pas question de donner de consignes de vote, mais simplement de proposer des éléments de discernement », déclare l’organisateur Semeurs d’Espérance. Pendant la veillée, entre allusion aux manifs pour tous, accepter « l’imperfection de nos politiques », on est prié de lire entre les lignes. « C’est incroyable, nos candidats ne sont pas des saints », lance le prédicateur. L’assemblée rit au diapason. « Nous faisons l’acte le plus révolutionnaire qui existe, déclare le curé suisse. Nous sommes des insurgés de Dieu. Nous proclamons le primat de Dieu dans nos vies et dans la société civile et politique. » Mais pas un mot pour le policier tué. Adhérent de Flag, l’association LGBT de la police et pacsé, il n’entrait sans doute pas dans les critères de la Manif pour tous…

Mais c’est à la buvette après la prière que les participants se lâchent. « Dans la demande de justice dans la société actuellement, je vois l’Antéchrist à l’œuvre », déclare un homme, la cinquantaine, petit foulard en soie autour du cou. Plusieurs jeunes discutent. « Avec ses affaires, Fillon il est vraiment chrétien ? J’hésite à voter pour lui… », dit l’un. « Bien sûr, il faut voter pour lui. Avec Fillon, la famille sera au centre. » répond une jeune femme. « Et les juges l’ont innocenté. Je l’ai lu sur facebook, lance une autre. C’est bien un emploi fictif, mais c’est de la faute de son directeur de cabinet qui a fait une erreur. » Vive le royaume de la fake news ! Et de conclure : « Je vais prier pour vous pour que vous votiez pour lui. » Une obsession de nombre de participants : « Fillon, vous êtes sûrs qu’il n’est pas franc-maçon, au moins ? Et Macron ? » D’autres déclarent vouloir voter Dupont-Aignan ou Marine Le Pen « pour le redressement national ». KTO, la télé catho, était venue filmer la veillée pour la diffuser cette semaine. Histoire de chauffer les électeurs pour le second tour, sans doute. Raté ! La prière n’a pas sauvé le petit frère des riches.

A votre bon coeur, une petite pièce pour papy Le Pen !

mardi 25 avril 2017 à 17:48

Alors que Marine Le Pen a annoncé qu’elle ne sera pas de la partie pour le traditionnel pataquès du 1er mai devant la statue de Jeanne d’Arc, papa Le Pen, qui ne manque pas une occasion de tacler sa gamine, a pour sa part décidé de conduire « le grand défilé en l’honneur de Jeanne d’Arc et du Travail« . Oui, mais bon, voilà, ça coûte cher d’organiser ce petit rassemblement des ultras de l’extrême droite, qui finit parfois par un lancer de personne ne ressemblant pas à Vercingétorix dans la seine, avec les conséquences que l’on sait : la mort. Alors, papy s’est lancé dans l’écriture d’une bafouille dans laquelle il demande l’obole.

Il lui faut 35.000 euros. Le millionaire de Montretout n’a visiblement plus un rond devant lui, à moins qu’il préfère ne rien débourser, étant désormais hors course (présidentielle) ?

A Vittel, le bien commun ne coule pas de source

mardi 25 avril 2017 à 16:55
Photo Harald Bischoff (CC)

Franck Perry, premier adjoint (Finances et économie) au maire de Vittel, comparaîtra ce mercredi 26 avril devant le tribunal de grande instance d’Épinal, dans une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Il s’agit d’une affaire d’usage de faux en écriture et d’escroquerie dans le cadre de son activité professionnelle. Le maire LR, Jean-Jacques Gaultier souhaite se faire élire député. Ce serait donc son premier adjoint, Franck Perry, qui lui succéderait.

L’ambiance à Vittel est visiblement assez particulière. Selon les documents que Reflets a pu consulter, la mairie semble faire peu de cas du bien commun.

Premier point, le laboratoire d’analyses médicales dirigé par le maire, Jean-Jacques Gaultier, a acheté en 2003 une maison 630 000 euros, et réalisé des travaux pour environ 200 000 euros (passés en amortissements et venant en déduction du résultat fiscal de l’entreprise) avant de revendre la masure, treize ans plus tard, à un certain Gaultier Jean-Jacques, pour la somme de… 653 000 euros. La dépréciation des biens immobiliers à Vittel est terrible.  La maison avait été vendue au laboratoire de biologie médicale par la Société des eaux minérales de Vittel, elle-même appartenant au Groupe Nestlé Waters France, entreprise que l’on retrouvera un peu plus bas.

Second point, la deuxième adjointe au maire, Claudie Pruvost, fait l’objet du deuxième signalement au procureur par l’association Anticor.

Ca pompe sec

En 2015, l’élue dirigeait la Commission locale de l’eau (CLE), chargée de trouver une solution pour mettre un terme au déficit de la nappe d’eau Grès trias inférieur (GTI) exploitée principalement par le Groupe Nestlé Waters France – notamment pour sa marque d’eau minérale Bonne source – et par le groupe L’Ermitage. A elles seules, les deux entreprises consomment 47% de l’eau puisée dans cette nappe contre 22% pour les usages domestiques.

La nappe étant en déficit (« on » pompe trop) le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) a été amené à produire un rapport mettant en garde les autorités. L’État a décidé en 2010 de mettre en place un Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (SAGE) dont l’élaboration est confiée à la fameuse CLE.

Celle-ci a décrété que la solution passait par des économies de la part des particuliers, les utilisateurs industriels n’étant visiblement pas au centre des préoccupations de la commission.

Ce qui a sans doute ravi un certain Bernard Pruvost, mari de Claudie Pruvost, mais surtout, directeur « Recherche et déve­loppement » chez Nestlé. Un léger conflit d’intérêts qui avait sans doute échappé aux deux époux. De nouvelles élections ont eu lieu et Claudine Pruvost n’est plus présidente de la CLE mais « seulement » membre du bureau…

Anticor est revenu à la charge car Claudie Pruvost, multi-casquette, est également représentante du Conseil départemental au Comité départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (CODERST) où elle a participé à un vote sur une demande d’autorisation de forages sup­plémentaires pour Nestlé Waters. Pourtant, Le CODERST, qui avait été alerté de la situation d’éventuel conflit d’intérêt, n’a pourtant pas demandé à Claudie Pruvost de s’abstenir lors des débats ou du vote. Elle a bien sûr émis un vote favorable sur cette demande.

Reflets a tenté en vain de joindre Jean-Jacques Gaultier, Franck Perry et Claudine Pruvost, tous trois visiblement très occupés.

LR et le PS hors course ? Attendez une minute…

lundi 24 avril 2017 à 10:42

Comme nous l’évoquions hier soir, la droite (LR) et la gauche (PS) traditionnelles sont écartées du second tour de la présidentielle. C’est une première. Tout le monde ou presque y voit un chamboulement, une première qui marque le début d’une grande recomposition du paysage politique français. Salutaire sans doute. Souhaitée par une grande part de la population, assurément. Mais il faut se garder de crier victoire trop vite. Emmanuel Macron, qui a émergé par la grâce des casseroles de François Fillon, et sans parti politique traditionnel, va probablement être élu président de la république. C’est toujours mieux que Marine Le Pen. Mais après…

S’il a annoncé vouloir commencer sa présidence sous le signe des ordonnances, il faudra bien qu’il compose, à un moment ou un autre, avec un Parlement. Et celui-ci pourrait bien être en juin le résultat d’un retour des partis traditionnels.

Déjà, depuis hier soir, les coulisses sont agitées des petites tractations habituelles et chacun prépare son avenir. A droite, tout le monde rêve d’un retrait de Fillon, qui ne l’entend pas de cette oreille et il va falloir s’attendre à des tirs de canons entre amis « ayant les mêmes valeurs » de droite, bien sûr, le tout, pour le bien commun, c’est évident. A gauche, Manuel Valls, Cambadelis, Hamon creusent déjà leurs tranchées.

Les Français voteront-ils en masse pour le nouveau parti déjà presque traditionnel En Marche aux législatives ? Pas certain. Les pro-Mélenchon espèrent prendre leur revanche, les pro-Le Pen rêvent d’une présence importante au sein de l’Assemblée. LR espère ne pas tout perdre… Bref, on retombe sur des partis, des arrangements, tout ce qu’il y a de plus habituels. La grande recomposition n’est peut-être pas pour demain.

En outre, le système (faites clici-clic), ne se limite pas à la sphère politique. Ce groupe de groupes qui compose la strate supérieure de l’organisation de notre société (pour résumer), comprend également les cercles financiers et industriels. Aucun de ces cercles ne veut disparaître ou être mis de côté. Le but principal du système étant de conserver ses positions. Et avec Emmanuel Macron, ledit système n’est pas près de perdre ses positions.

Bienvenue dans un avenir sombre

dimanche 23 avril 2017 à 22:56
Photo MartinMarazek

Tu t’es vu quand tu as voté ? Ce pourrait être le prochain slogan à la mode. Les Français ont voté dimanche pour le premier tour de l’élection présidentielle. A priori et sauf grosse surprise, Emmanuel Macron sera opposé au second tour à Marine Le Pen. Les commentateurs sont en boucle : c’est un bouleversement dans la Vème république, les « dégagistes » ont gagné, les deux partis traditionnels ne sont pas représentés…

Ce n’est pas faux. La droite (LR) n’est pas au second tour. La gauche (PS) non plus. Les électeurs ont donc cessé de porter au pouvoir des gens qui sont, pour les premiers, empêtrés dans ce que les mêmes commentateurs appellent pudiquement « les affaires » et pour les seconds, des gens qui ont trahi leurs promesses de 2012. François Hollande a plombé le PS avec une efficacité redoutable. L’homme pour qui la finance était l’ennemi (au lendemain de la plus gave crise financière que la planète ait connu) a choisi à peine élu comme secrétaire général adjoint de la présidence un banquier d’affaires, puis comme ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique… le même banquier d’affaires… Un certain Emmanuel Macron.

François Hollande, portait tous les espoirs des gens de gauche qui avaient été essorés par Nicolas Sarkozy et ses troupes. Cinq ans de délire total, ponctué par la guerre illégale en Libye, l’infâme débat puant sur l’identité nationale, la libération de la parole raciste, on en passe. Il pouvait tout. Un peu comme Barack Obama qui sortait George Bush aux Etats-Unis.

Il a fait le choix très vite d’un premier ministre copie conforme de Nicolas Sarkozy, petit, excité, adepte de l’ordre imposé à coups de matraques et de 49,3. Il a choisi de poursuivre sur la ligne de son prédécesseur en matière de mise sur écoute de la population avec la Loi sur le renseignement et la Loi de programmation militaire. Des « boites noires » pour les écouter tous…

Bref, il a profondément déçu son électorat qui le lui rend bien en ne donnant à Benoît Hamon, représentant du PS dans cette élection, qu’un peu plus de 6% des voix.

Incohérence

Mais il faut également s’interroger sur les électeurs qui placent au second tour Emmanuel Macron… Qui sont-ils, d’où viennent-ils ? Quels sont leurs réseaux ? Car tout de même, s’il s’agissait de sortir François Hollande, honni, pourquoi voter Emmanuel Macron ? Etait-ce celui qui faisait le moins peur (pas de sortie de l’euro, par exemple) ? En tout état de cause, il a été le ministre de l’Economie et de l’Industrie de François Hollande, l’artisan des lois les plus contestées dans la rue, la Loi Travail et la Loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques (dite Loi Macron). Ce qui est contesté dans la rue ne le serait pas dans les urnes ? On vouerait aux gémonies François Hollande, pour porter au second tour celui qui lui a insufflé sa politique économique ?

Pour les électeurs : la peste ou le choléra

L’avenir est sombre… Il va falloir, pour ceux qui veulent toujours participer au grand jeu des élections, choisir entre un ultra-libéral qui ne satisfait pas les gens de gauche ni les gens de droite (qui le prennent pour le fils spirituel de François Hollande et donc un odieux gauchiste) et une néo-fasciste. Elle ne satisfait pas la tranche de gauche, ni une bonne partie de la droite LR, mais peut récolter quelques suffrages des déçus de tout. Et il y en a.

Si les Français étaient assez dingues pour choisir Marine Le Pen comme présidente, il n’y a aucun doute, le pays sombrerait plus vite qu’il ne le faut à un membre du Front National pour évoquer Führer et ses bienfaits supposés.

Si les Français se décidaient pour Emmanuel Macron… Là, ce serait un peu plus lent, mais le pire est à craindre également. Voilà un homme dont on nous dit qu’il veut faire de la France une « start-up nation »… Que ceux qui ont déjà travaillé dans une start-up se lèvent et viennent parler à la TéVé, s’il vous plaît. Une start-up, c’est avant tout des gens qui font du marketing, pour vendre une idée, qui n’ont pas d’argent, qui en cherchent, qui séduisent des investisseurs et qui une fois qu’ils ont 5 millions de users ou de visiteurs, dont 3 millions de bots et 1,5 million de comptes inactifs, revendent leur belle idée une fortune. Avant, si possible, d’aller placer le fruit de leur dur labeur dans un paradis fiscal. En voilà un beau projet : transformer la France en start-up. Avec 90% des employés qui sont des stagiaires ?

Ce soir, l’avenir ni rose, ni bleu. Il est sombre.