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Occupations bruxelloises

mardi 13 février 2024 à 18:27

D'une conférence sur le logiciel libre aux luttes des sans-papiers, itinéraire iconoclaste dans la capitale belge.

Les frontières sont souvent bien illusoires. Nos voisins européens vivent les mêmes crises que nous, y réagissent parfois différemment. Plongées dans le Bruxelles des occupations pour creuser les questions et les réponses belges aux crises du logement et des sans-papiers.

Les voies de la mobilisation sont impénétrables, un week-end de détente en Belgique peut se transformer en manifestation contre la précarité. - © Reflets

Les 3 et 4 février se tenait à Bruxelles, la conférence FosDem, une des plus grandes conférences européennes sur le logiciel libre. S'y rassemblaient des myriades de programmeurs et geeks en tout genre, évoluant entre ateliers éclairs de 30 minutes, « develloper rooms » toujours complètes et conférences plénières aux sujets cryptiques. L'avenir des logiciels libre était débattu, mais également l'adoption par une sombre librairie méconnue du dernier standard en vogue dans la communauté. La conférence se tenait à l'ULB, l'Université libre de Belgique.

Le samedi soir, une des soirées quasi officieuse de l'évènement, la « ByNight », était hébergée par le hackerspace Bruxellois, le HSBXL, uu troisième étage d'un ancien bâtiment industriel abandonné. Un lieu loué à une entreprise spécialisée, sous-louant ces ruines à des associations et permettant ainsi aux propriétaires d'éviter de payer la taxe sur les bâtiments inoccupés, fort chère en Belgique. Mais une occupation temporaire, le bâtiment devant être détruit prochainement.

Ici, le discours de la conférence est appuyée par ce grand écran bleu, la dernière mise à jour du conférencier n'étant pas compatible avec le rétroprojecteur. - © Reflets
Ici, le discours de la conférence est appuyée par ce grand écran bleu, la dernière mise à jour du conférencier n'étant pas compatible avec le rétroprojecteur. - Reflets

Une soirée « ByNight » en forme d'adieu, le HSBXL devant déménager dans les semaines qui viennent. - © Reflets
Une soirée « ByNight » en forme d'adieu, le HSBXL devant déménager dans les semaines qui viennent. - Reflets

Ces grands évènements, sponsorisés par les fleurons de l'industrie informatique, sont de ce...

Vous n'avez aucun contrôle sur vos vies

vendredi 9 février 2024 à 10:36

La preuve par les agriculteurs

Ils ont manifesté, bloqué des autoroutes, brûlé deux ou trois trucs avant de rentrer chez eux, pensant naïvement avoir obtenu quelque chose. Les agriculteurs, pas plus que les autres citoyens n'ont le moindre contrôle sur leurs vies. Et cela fait des décennies que cela dure. Explications.

Le pouvoir du monde de la finance est très sous-évalué - © Reflets

Les citoyens ont commencé à réellement comprendre qu'ils n'avaient que peu de contrôle sur leurs propres existences avec la crise des « subprimes » en 2008 et celle de la dette souveraine qui a commencé en 2010. Tout le monde ou presque a alors pris conscience (avant de l'oublier à nouveau ?) que nos vies étaient désormais à la merci de quelques financiers en costume prenant des décisions (pas toujours intelligentes) en haut de tours vitrées et qui nous regardent comme on observe des insectes accrochés avec une épingle dans une vitrine. Il dictent les lois avec l'aide de grands cabinets de consulting , des textes qu'ils seront souvent les seuls à savoir utiliser pour mettre en place une politique de prédation totale au détriment, évidemment, du plus grand nombre.

Pressés jusqu'à ce qu'il ne leur reste plus rien, les citoyens courent comme des lapins aveuglés par des phares. De temps en temps, quand il n'en peuvent vraiment plus, ils descendent dans la rue et espèrent que les dirigeants qu'ils ont élus et qui sont donc à leur service, simples dépositaires du pouvoir du peuple, vont répondre à leurs demandes.

C'est le cas récemment des agriculteurs. Ils ne parlaient pas d'une seule voix puisqu'il y avait là des petits producteurs et des dirigeants de méga consortiums qui pensent faire la pluie et le beau temps.

Ont-ils obtenu ce qu'ils voulaient ? Oui et non. Certains, parmi eux, pensent que les choses vont se...

Parcoursup : le ministère ne répond plus

lundi 5 février 2024 à 16:47

Le ministère de l'éducation nationale refuse de rendre public le code source de Parcoursup

C'est une sacrée pépite que l'on peut trouver dans la « Lettre d'information juridique n°228 » du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques (et des établissements privés sous contrat).

OSS 117 - Rio ne répond plus - Copie d'écran

Un savant mélange de dinguerie juridique et d'incompétence technique, aromatisé d'un soupçon de bureaucratie façon soviétique, lui même saupoudré d'une dose généreuse de mauvaise foi, que seules les administrations françaises sont capables de nous mitonner à la perfection.

Dans toute bonne démocratie qui se respecte, la transparence dans le fonctionnement des administrations devrait être la règle. Tout citoyen devrait être en droit d'obtenir les documents qu'il souhaite consulter auprès de l'administration de son choix, qu'il s'agisse des notes de frais d'un édile local ou d'une étude sur l'évolution de la population de pingouins dans les locaux du ministère de la Culture.

Le Code des relations entre le public et l'administration donne une définition plutôt large — et c'est heureux — des documents consultables, en résumé n'importe quel document «produit ou reçu» par une administration. Cela inclut «notamment les dossiers, rapports, études, comptes rendus, procès-verbaux, statistiques, instructions, circulaires, notes et réponses ministérielles, correspondances, avis, prévisions, codes sources et décisions». Le code source des logiciels est donc inscrit dans la loi comme l'un des documents auquel tout un chacun est en droit de réclamer l'accès.

Il existe bien sûr des exceptions à ce principe. Certaines paraissent évidentes, par exemple lorsqu'il s'agit de protéger la vie privée, le secret médical ou le...

Vous avez dit « doléances » ?

lundi 5 février 2024 à 10:40

Dessous Choc #17

Dans un documentaire inédit « Les doléances » (diffusé le 8 février sur les antennes régionales de France 3 et disponible à partir du 9 février sur le site de France Télévisions) Hélène Desplanques s’intéresse à un véritable trésor enterré par le pouvoir.

Dans le sillage de la crise des Gilets jaunes, il y a tout juste cinq ans, Emmanuel Macron lançait un grand débat national, bientôt suivie par la décision, suggérée à l’origine par un collectif de maires ruraux, de recueillir les doléances des citoyens. Quelque 200.000 contributions (représentant pas moins de 20.000 cahiers) ont été rédigées par des français de tous milieux, enthousiastes de se prêter à un exercice démocratique hors du commun. Sauf que toute cette somme dort depuis dans les différents sites des archives départementales de l’hexagone.

Fabrice Dalongeville, initiateur de l’opération « mairie ouverte » créée avant même le grand débat, est le charismatique personnage fil-rouge de ce documentaire. Avec un optimisme à toute épreuve, l’édile d’une petite commune de l’Oise se bat pour que ces contributions puissent être enfin rendues publiques. La caméra d’Hélène Desplanques le suit dans une sorte de road trip citoyen de la Creuse, jusqu’en Meuse, en passant par la Gironde et même jusqu’à l’Assemblée nationale, à la rencontre d’hommes et de femmes (dont des anciens Gilets jaunes) qui avaient cru dans la parole présidentielle.

Ne nous y trompons cependant pas, le héros de ce film n’est pas cet élu particulièrement engagé, mais, comme l’explique Hélène Desplanques dans ce podcast, les doléances elles-mêmes, bien visibles à l’écran comme une sorte de refrain entêtant. Dans des graphies régulières ou hésitantes, chacune d’elles font état de réalités bien concrètes, souvent marquées par la détresse mais surtout par une dignité qui force l’admiration… La dignité de citoyens trahis qui n’ont, semble-t-il, pas dit leur dernier mot.

Deux "crieurs publics" qui apparaissent dans le documentaire - D.R.
Deux "crieurs publics" qui apparaissent dans le documentaire - D.R.


La programmation des projections du documentaire (suivies de débats) est à retrouver sur le site : lesdoleances.fr/

La vérité, le droit et le macronisme sont sur un bateau...

vendredi 26 janvier 2024 à 19:38

Les deux premiers tombent à l'eau et se noient

Les délires sur le mode « faits alternatifs » et « post vérité » ne sont finalement pas réservés à Trump et ses adorateurs. La gestion de la crise des agriculteurs démontre que par peur d'une « Jacquerie », par veulerie, le gouvernement, piloté en sous-main par Emmanuel Macron est capable de s'assoir sur le droit et d'énoncer des mensonges plus gros que l'ego du président lui-même. C'est dire.

Arrestation de Farida le 16 juin 2020. Elle n'avait pas de tracteur, son coup de sang n'était pas légitime. - © Antoine Guibert

« En tant que ministre de l'intérieur, à la demande du président et du premier ministre, je les laisse faire », à expliqué Gérald Darmanin sur TF1. Il faut bien écouter le ministre et ne pas se focaliser immédiatement sur la suite de son discours. C'est à la demande d'Emmanuel Macron et de Gabriel Attal que le ministre de l'Intérieur impose aux forces de l'ordre de ne pas intervenir contre les agriculteurs en colère. L'exécutif décide donc désormais de manière complètement arbitraire qui peut manifester, mettre le feu, ravager des parkings de supermarchés, bloquer la circulation sur des centaines de kilomètres de routes sans risquer la moindre répercussion. Emmanuel Macron et Gabriel Atal ont demandé à Gérald Darmanin de les « laisser faire ».

Devant Gilles Bouleau, un journaliste de TF1 pourtant pas soupçonnable d'être à la solde de l'extrême-gauche mais totalement éberlué, le ministre a précisé ses propos. « Est-ce que les agriculteurs ont le droit de revendiquer ? Est-ce qu’ils souffrent ? Oui, ils souffrent et ils ont le droit de revendiquer. Est-ce qu’on doit les laisser faire sans envoyer les CRS ? Oui. Je les laisse faire ». Tout de même, relève Gilles Bouleau, les agriculteurs ont défoncé la grille de la préfecture de Bordeaux... « Est-ce que les agriculteurs s’en prennent aux policiers ou aux gendarmes ? Est-ce qu’ils mettent le feu aux bâtiments publics ? », explique le ministre de...