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le hollandais volant

Site original : le hollandais volant

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Astuces CSS pour faire un thème sombre

samedi 17 juin 2023 à 14:36

Le plus souvent quand on fait un thème sombre et un thème clair pour son site, on a déjà l’un des deux et on fait en sorte d’ajouter un « patch » qui va ajouter le support de l’autre.

Dans ce qui suit, je ferais comme si on avait un thème clair, et qu’on veut l’adapter (le patcher) pour avoir un thème sombre.

Introduction et méthode

Idéalement, le on ne touchera pas du tout au thème de base. C’est le patch qui va alors écraser certains styles du thème de base.

En pratique, le CSS qui concerne l’agencement des éléments n’est pas modifié : position, margin, padding, display, etc. ne changeront pas.
Seules quelques déclarations esthétiques vont être réécrites : color, background, *-shadow, border

Ceci rend extrêmement simple la création d’un thème sombre à partir d’un thème clair.

Typiquement, pour un site initialement en noir sur blanc, on va faire en sorte qu’il soit en blanc sur noir avec le thème sombre.

Par exemple, si le thème initial est ça :

body {
    color: black;
    background-color: white;
    margin: 20px;
    font-size: 3em;
}

p {
   text-align: center;
}

Le patch pourrait être tout simplement :

body {
    color: white;
    background-color: black;
}

On mettra alors ceci comme patch dans le CSS destiné uniquement au thème sombre :

@media (prefers-color-scheme: dark) {
    body {
        color: white;
        background-color: black;
    }
}

Seul le CSS qui change est redéfini. Inutile de faire une duplication complète du thème.

Bien-sûr, ça fait un peu plus de CSS, mais l’avantage est qu’il contiendra les deux variantes en même temps. Ceci est pratique si c’est le navigateur qui choisi lequel appliquer, selon la politique thème clair/sombre du système et donc de l’utilisateur (politique que je vous conseille d’appliquer). Rappelons que le thème sombre/clair peut changer au cours de la journée sur certains systèmes (iOS le fait très bien par exemple).

On peut mettre le thème sombre (ou son patch) dans un fichier à part, et le navigateur ne le chargera qu’à sa discrétion, avec l’utilisation d’un élément LINK dédiée :

<link type="text/css" rel="stylesheet" media="(prefers-color-scheme: dark)" href="styles/style-dark.css" />

Plus votre thème est bien pensé, plus il sera rapide de l’adapter. Si vous aviez mis des color à chaque élément, il faudra tous les réécrire. Mais si vous n’avez mis qu’une couleur initiale, qui est héritée sur tous les éléments de la page, changer le thème sera rapide.

Approche avec les variables

Une autre approche qui existe, et que je conseille pour les thèmes nouveaux que vous créez est de faire un « template de thème » avec des variables, qui va convenir au clair, comme au sombre, et dont les couleurs sont contenues dans des variables qui eux dépendront du thème choisi.

C’est une méthode moderne, mais qui ne marchera pas sur les vieux navigateurs (sans support du prefered-color-scheme, ou des variables).

L’idée est de faire ça :

/* Définition des variables couleurs thème clair */
@media (prefers-color-scheme: light) {
body {
    --couleur-text: black;
    --couleur-fond: white;
}

/* Définition des variables couleurs thème sombre */
@media (prefers-color-scheme: dark) {
body {
    --couleur-text: white;
    --couleur-fond: black;
}

/* CSS normal */
body {
    color: var(--couleur-text);
    background-color: var(--couleur-fond);
}

Bien-sûr, ces variables sont globales et peuvent être utilisées partout où l’on souhaite mettre cette couleur. Donc pour le texte, mais aussi des bordures ou des couleurs d’ombres par exemple :

table, td {
    border: 1px solid var(--couleur-text);
}

(Même si pour cet exemple spécifique, il serait bien plus judicieux de mettre border: 1px solid currentColor; qui est une valeur CSS existante depuis très longtemps).

Le thème clair/sombre contiendra alors seulement une série de variables. On pourra, de même, ajouter des thèmes rouges, bleu, inversé… bref c’est plus libre.

Dans ce qui suit, quelques astuces en vrac, car les différences entre un thème sombre et un thème clair ne se limitent pas qu’à changer du noir-sur-blanc en blanc-sur-noir.

Astuces diverses

Certains éléments peuvent changer de couleur (au hover, au focus…) même dans le seul thème clair. D’autres éléments ont des couleurs par défaut du système, qu’il faudra réécrire si l’utilisateur choisit un thème web sombre sans un thème système sombre.
Il faudra tester intensivement son CSS pour vérifier que les couleurs soient assez lisibles.

Il faut aussi s’assurer que toutes les couleurs soient cohérentes (sinon ça sera moche) : donc le texte et les fonds, mais aussi la couleur :

Pour les images, il faut faire attention :

Assombrir les images en CSS sans changer la couleur

L’idée ici est de prendre une PNG transparente avec, par exemple, du texte écrit en noir. Si le fond de la page est clair, pas de soucis. Si le fond de la page est noir, l’image sera illisible.

On peut utiliser ce CSS :

@media (prefers-color-scheme: dark) {
	img[src$=".png"] {
		filter: invert(1);
	}
}

Cela inversera la luminosité des couleurs (le blanc devient noir, le noir devient blanc, et le gris 50 % reste tel qu’il est.
Problème : cela inverse également le sens du cercle chromatique : le rouge deviendra vert, le bleu deviendra jaune, etc. Ce n’est pas idéal.

Pour conserver les teintes des couleurs, il faut retourner le cercler de 180° : hue-rotate(180deg). Ainsi, le rouge redevient rouge, le vert redevient vert. C’est juste que le rouge foncé deviendra rouge clair, etc.

Personnellement, j’ajoute également un saturate(3) afin d’ajuster l’ensemble. Le CSS final :

@media (prefers-color-scheme: dark) {
	img[src$=".png"] {
		filter: invert(1) hue-rotate(180deg) saturate(3);
	}
}

Le résultat :

Exemple d’application des filtres CSS.
Avec le filtre, les couleurs sombres dans l’image transparente restent lisibles.

Cette méthode n’est pas parfaite (le bleu semble un peu terne par exemple), mais il a l’avantage d’inverser la luminosité pour que ça reste lisible quel que soit le fond, et de conserver les teintes (le rouge reste rouge, le vert reste vert).

Évitez les ombres

La seconde astuce dans la confection d’un thème sombre concerne les ombres (text-shadow, box-shadow).

Les ombres, c’est joli sur un thème clair car ça ajoute de la profondeur et permet de définir la hauteur d’un élément sur l’axe Z. Ça permet de voir quel élément est littéralement à l’avant-plan. L’ombre fonctionne donc exactement comme dans la vie réelle : si elle est large est diffuse, l’objet est plus haut que si l’ombre est petite et sombre.

En thème sombre, si vous mettez une ombre claire, on perd la relation avec la vie réelle, car les ombres claires ça n’existe pas ! Conserver la relation avec la vie réelle est un des fondements du design en Material Design, par exemple.

Il faut donc éviter les ombres dans un thème sombre : ça n’a pas de sens. Préférez jouer sur la couleur de fond. En particulier pour ce qui est du :focus ou du :hover. Il faut toujours que l’interaction soit visible par l’utilisateur. En faisant ça on retrouve un parallèle avec la vie réelle : si on éclaire un élément sous une faible luminosité, les éléments en avant seront plus clairs que ceux en arrière plans.

Voici un exemple, avec un champ texte qui est ombré dans le thème clair et coloré dans le thème sombre :

Champ texte en clair VS sombre
Ici, lors du focus, le thème sombre joue sur la couleur de fond, alors que le thème clair joue sur l’ombre.

En material design, c’est ce qu’il faut faire. D’autres design utilisent autre méthodes.

Évitez les bordures

De même que les ombres, en thème sombre, les bordures n’ont pas la même signification.

Sur un thème clair, les bordures délimitent les éléments un peu comme dans la réalité, car la lumière se diffuse à cet endroit. En thème sombre, si on veut que ça se voit, on met un bord clair, mais on perd là aussi le rapprochement avec la réalité. Préférez donc là aussi de jouer plutôt sur les couleurs de fond.

Si vous voulez tout de même une bordure, il y a une petite astuce qui consiste à utiliser des bordures grises transparentes (avec RGBA). Ainsi, la bordure sera toujours visible quel que soit le thème de fond (même gris) car sa couleur sera sa propre couleur transparente additionnée à la couleur de fond.

Essayez par exemple :

border: 1px solid rgba(0, 0, 0, .15)

Du gris plutôt que du blanc

Quand je parle plus haut d’utiliser du blanc sur du noir, c’est une caricature. Le blanc sur du noir, principalement sur des écrans à fort contraste, comme les écrans OLED, cela pique les yeux : le contraste est trop fort.

Préférez donc du gris clair sur du gris foncé. Au besoin, en plus d’un thème sombre, vous pouvez proposer un thème « noir ». Ici, un fond noir et du texte gris clair donnera un rendu particulièrement appréciable sur des écrans OLED, où les noirs sont absolus.

Faites attention à tout

Je le répète, mais testez bien votre code. Certains éléments de page tirent toujours leurs couleurs des styles système (les menus ou les éléments de formulaire notamment, telles que les optgroup ou select).
Si le thème système est clair, mais que vous voulez forcer un thème sombre, alors le système mettra un texte sombre et vous un fond sombre : ça sera illisible. Le mieux, je le recommande, c’est de se conformer au thème du système de vos visiteurs.

Au pire, mettez un bouton pour permettre à l’utilisateur de choisir.

Concernant l’accessibilité

Faites attention à tout… y compris à l’accessibilité ! Généralement les contrastes sont moins bons sur les thèmes sombres. À titre d’exemple, on peut facilement constater que les textes en gras sont plus difficiles à repérer sur un thème sombre. Une astuce couramment utilisée pour ça, si votre texte est en gris clair sur noir, c’est de mettre le gras en blanc (en plus de le mettre en gras) pour le faire ressortir d’autant plus.

Notez également que même si le thème sombre est là pour reposer vos yeux dans un environnement faiblement éclairé, il semblerait qu’il fatigue beaucoup plus au contraire (source et source) !

Arrêtez avec les « votre avis nous intéresse » !

mercredi 31 mai 2023 à 19:06

J’ai récemment déclaré mes revenus aux impôts, reçu un colis par Chronopost, changé de voiture, fait un transfert bancaire, changé d’assurance auto, commandé des trucs en ligne… Et tous ces trucs ont quelque chose en commun.

Quoi donc ?

Le fait qu’à chaque fois, les sites concernés m’envoient un e-mail pour me demander mon putain d’avis avec une note sur comment s’est passé l’opération que j’ai faite :

E-mail marketing de merde Chronopost.
Mon avis, tu veux vraiment mon avis ?

Déjà, je ne vis pas dans un monde où je recommande un service de livraison à mon entourage au détour d’une conversation. Bon.
D’autant moins quand ce service de livraison appartient au même groupe — La Poste — qui vole ses clients sans qu’on ne puisse faire quoi que ce soit (si ce n’est foutre le feu aux bureaux, mais il paraît que c’est mal considéré par la société, allez comprendre).

Donc mon avis, je le donne ici, sur mon site, en public. Démerdez-vous avec ça.

Chronopost : vous avez fait votre boulot, mais avec 3 jours de retard sur la date annoncée. Vous êtes mauvais. Et en plus j’ai pas eu le choix que de passer par vous. Forcément, quand on écrase la concurrence, on a l’impression d’être les meilleurs, alors qu’en vrai, on est juste de la merde incontournable.

Les impôts : votre site est une galère à utiliser. Une chance que je sois plutôt geek et que je m’en sors après 2 heures. Cela dit, le papier c’était pas mieux. On est rendu à un point où je me sens obligé, à la fin des formulaires dans le champ de texte libre, de m’excuser par avance pour toute erreur que j’aurais pu commettre dans votre foutoir de site, et de faire un récapitulatif des revenus au cas où ils voudraient changer les cases à cocher à ma place. Comptable c’est un métier, et éplucher 26 pages d’un formulaire, on n’a pas idée d’infliger ça à la population.

Mon Assurance : ça s’est bien passé, comme ça doit se passer. Rien de plus, rien de moins. Si je suis chez vous, c’est pour le rapport prestations / prix. Pas pour les pizzas que vous n’offrez pas avec la souscription (au cas où vous voudriez une idée pour vous démarquer réellement).

Ma banque : un transfert de fonds qui fonctionne normalement doit-il mériter un « normal/10 » ou un « oh putain j’adore ma banque épousez-moi/10 » ?

Le constructeur pour la voiture : l’attitude de la concession a été exemplaire, celle de la marque au niveau national, absolument déplorable (et encore, si l’on compte le silence radio comme une attitude).

Voilà mon avis. Content ?
Maintenant arrêtez.

Ne demandez pas les avis des gens. Vous ne les lisez pas. Vous n’en tiendrez pas compte et vous le savez. Vous savez qu’un client de perdu, c’est dix de retrouvés ailleurs.

Et vous savez pourquoi ?

Parce que le consommateur n’aura de toute façon pas le choix que de s’empêtrer dans un service pourri, où qu’il aille. Y a personne pour rattraper les autres.
On en est là : où qu’on aille, le service est merdique. Vous le savez, ça aussi. Et vous ne vous en cachez pas.

« les standards de qualité baissent, dans tout le secteur, y compris nos concurrents », m’a-t-on un jour répondu quand je reprochais la qualité d’un produit.
En gros : ils assument faire de la merde, car pourquoi se casser cul à faire les choses bien et à se démarquer si ça coûte plus cher et que ça n’apporte rien d’autre que la satisfaction du client ?

Au final, vos clients ne vous choisissent pas avec le sourire, mais par dépit.
Ah et pour le prix. Quitte à ne pas avoir le choix de la qualité, autant essayer d’aller là où c’est encore moins cher.

Je vous le dis : vous n’êtes pas prêts pour recevoir une réponse honnête.

Étrangement, ceux qui font un boulot de qualité — cher mais exceptionnel — ne nous demandent pas incessamment notre avis, car ils savent qu’on reviendra.

Ils savent qu’ils sont chers.
Ils l’assument et le revendiquent pleinement.

Mais ils le justifient : la qualité ça a un coût, et quand on veut faire les choses bien, on prend le temps et on le facture. Si le client n’est pas prêt pour ça, qu’il aille chez le concurrent, où les prix seront tirés vers le bas, le travail fait à l’arrache, et les produits et outils utilisés peu durables. Ils font la course aux économies, mais la baisse de qualité sera pour vous.

Perso j’en ai assez de ceux là. Je préfère rester avec ceux qui sont discrets mais efficaces. Quand ils sont là, c’est vers eux que je me tourne.

Mais l’exceptionnel reste, malheureusement, l’exception. Ils sont rares.

Aux journalistes qui font 1000 km en voiture électrique

mardi 30 mai 2023 à 18:58

Visiblement il est à la mode de faire des longs trajets en EV pour ensuite conclure que c’est la galère.

Sauf que faire 500 km avec une Zoé, sans charge rapide j’appelle pas ça pertinent (non plus, car cet article débunke lui aussi le test décrit) ; faire 4 000 km en faisant des presque 30 arrêts, ou encore faire 1 000 km avec un SUV en roulant à 130, j’appelle pas ça pertinent non.

Après faut pas s’étonner que 70 % des gens trouvent les EV pas pertinents, quand bien même ils n’ont jamais utilisé de voiture électrique.

Ça ne m’empêche pas de revenir un peu ici, car je trouve ces tests débiles, et que je veux remettre un peu de vrai dans tout ça. Pas pour vous vendre des EV, mais pour remettre les pendules à l’heure avec des informations moins faussées.

Du choix du véhicule

Question : si vous devez transporter une botte de foin dans un pré, vous prenez quoi : un Ford Ranger, ou une Porsche 911 ?

Le Ford Ranger, qui est un gros pickup 4x4, on est d’accord.
Si vous prenez la Porsche 911, et que ça marche pas, vous dites quoi : que la Porsche c’est de la merde, ou que vous êtes juste un peu con ?

Bien.
Vous comprenez où je veux en venir.

Car autant avec une petite thermique (style Clio), on peut aussi facilement faire des distances que faire de la ville, autant, pour les EV, ce n’est pas aussi simple.
Les EV sont nettement moins versatiles.
C’est une de leurs limites. C’est assumé. Des gens travaillent dessus, mais pour l’instant, c’est comme ça.

Les EV ont un rayon d’action sur une seule charge qui est limitée. Certaines sont également limitées en vitesse de charge. Par conséquent, pour faire des distances, on ne prend pas ces voitures. Pas besoin de sortie de Saint-Cyr pour comprendre ça.

Je le redis : aujourd’hui, chaque EV est très adaptée à ce pourquoi elle est faite, mais très mauvaise pour faire tout le reste (avec le principe « qui peut le plus peut le moins » toutefois respecté).

Alors oui, on peut faire un tour de France en Twizzy (voiturette électrique). C’est possible, tout comme on peut le faire en poussette ou en rollers. Mais faut prendre son temps. Un chauffeur de taxi ou un commercial en vadrouille ne peut pas prendre son temps : le temps c’est de l’argent. Lui il lui fait une voiture avec de l’autonomie et dont le plein d’énergie ne prend pas trois heures.

C’est compliqué à comprendre ça ?

Donc la prochaine fois que vous voulez faire un article pour décrire l’expérience de faire des kilomètres en EV, prenez une Tesla Model 3 ou S. Prenez une Porsche Taycan, une Lucid Air, une Ioniq 6 ou tout autre berline taillée pour aller loin.

Ne prenez pas une citadine sans charge rapide, ni un SUV qui draine la batterie plus vite qu’un iPhone 4S en surchauffe.

Du choix de la conduite

Autre point, le style de conduite.
Car oui, la façon de piloter une machine influe sur la quantité d’énergie qu’elle consomme. Je vous l’apprends ?

Déjà, conduire un EV ce n’est pas juste rouler sur une grosse pile. C’est aussi tout un style de conduite à revoir. C’est comme passer d’une cuisinière à bois à une plaque à induction : les temps d’exécution ne sont pas exactement les mêmes.

Sur une thermique, on fait des économies de carburant en diminuant le régime moteur, en accélérant doucement, en passant les rapports de vitesse au plus tôt.
Sur un EV, fini tout ça : le régime moteur, on s’en fiche, et l’accélération n’est pas ce qui vous plombera le trajet.

En EV, ce n’est pas tant le fait d’accélérer qui va plomber votre conso, mais plutôt le fait de ne pas freiner qui va la maintenir. Quand on voit un STOP, inutile de maintenir son allure et de piler cinq mètres avant. Une EV a la possibilité de récupérer son énergie cinétique : il faut utiliser ça. Et ça, ça passe par un freinage doux et anticipé. C’est juste un exemple d’astuce.

Bien-sûr, sur autoroute, on roule sans freiner. Cette astuce ne compte donc que pour les trajets ville.
Sur autoroute, à quoi bon rouler à 130, si c’est pour perdre en recharge ce qu’on gagne en temps de conduite ? À rien ! Sauf si vous aimez attendre et faire des pauses.

Sur le test de Numérama, on parle d’une Nissan Ariya. Les données sont incomplètes sur EV-Database, mais ce Youtubeur allemand qui teste les EV à différentes vitesses obtient les consommations suivantes pour ce modèle :

Ces vitesses sont des vitesses typiques en Allemagne. On peut interpoler pour 110 et 130 en France :

Cela nous donne une idée.

Maintenant c’est quoi le but de tout trajet en voiture ? C’est parcourir des distances en un temps donné. Ainsi, pour un trajet de 500 km :

L’autre facteur à prendre en compte, c’est l’énergie consommée. Dans un EV, cette énergie se traduit ensuite en temps de recharge. Avec le même véhicule :

Maintenant, ce surplus d’énergie doit être remis dans la batterie. Vu que la Ariya a une puissance moyenne de charge de 110 kW dans de bonnes conditions, les 31,5 kW peuvent être remis dans la batterie en environ 20 minutes.

Autrement dit, en roulant à 110 km/h au lieu de 130 km, dans les conditions de cet exemple, on gagne 20 minutes de temps de charge, bien qu’on perde 33 minutes en conduisant.
Au final, le trajet n’est allongé que de 13 minutes, sur un total de 4 heures environ, soit 6 % de temps de plus, pour une économie d’énergie de 32 %).

Est-ce que ça vaut réellement le coup de rouler à 130 ? Sachant que ça fait s’arrêter plus longtemps, plus souvent, et de surcroît engorge les stations (et donc provoquer des files d’attentes en plus) ? Je vous laisse juger.

Par ailleurs, si le trajet est bien fait et bien planifié, la dernière charge d’un tel trajet peut généralement être omise si on peut se recharger une fois arrivé à destination (auquel cas le temps de charge n’est pas « perdu » car on fait d’autre chose entre-temps). Dans ces conditions, rouler moins vite peut effectivement faire gagner du temps.
Et ça c’est sans parler des temps annexes incompressibles : arrivée sur l’aire d’autoroute, branchement, lancement de la charge… qui sont d’autant de temps économisé si l’on réduit le nombre de charges.

Dans l’ensemble, je ne suis donc pas sûr que les 13 minutes de gagnées en roulant à 130 km/h soient réellement là. Au plus on gagnera 5-10 minutes.

De la courbe de charge

Dernier point très important (qui semble être respecté dans le test de Numérama, mais très peu par les autres journalistes et encore moins par les électromobilistes non-avertis) : la façon de charger.
Sur une batterie, que ce soit celle d’une voiture ou celle de votre téléphone, les derniers pourcents sont toujours beaucoup plus lents à compléter.

En gros : charger de 90 à 100 % prend autant de temps que de charger de 10 à 80 %. Sauf que dans le premier cas, on gagne 10 %, dans le second on gagne 70 %. Et donc autant en autonomie.

Ce qu’il faut donc faire, c’est privilégier la plage de 10 à 80 % pour se charger : c’est comme ça qu’on gagne le plus de kilomètres avec le moins de temps d’attente.

Et ici… chaque véhicule est un peu différent. Certains ont une charge la plus rapide entre 20 et 40 %, d’autres entre 30 et 60. Les meilleurs sont très rapides entre 10 et 70 %.

Par ailleurs, la puissance maximale de charge, en pic, n’est pas importante si ce pic n’est pas maintenu dans le temps. Charger à 250 kW durant 1 minutes, puis charger à 50 kW pendant 4 minutes, ça fait une puissance moyenne de 90 kW. Alors que charger à 150 kW durant 5 minutes, c’est nettement moins haut en pic, mais la puissance moyenne est de 150 kW, soit de moitié plus rapide !

D’ailleurs, toutes les bornes ne se valent pas : inutile de brancher une Dacia Spring sur un chargeur 350 kW au lieu d’un 150 kW. Vous n’y gagnerez rien. Par contre, le type avec sa Taycan, lui il y perd. Et pour peu que les chargeurs divisent les puissances de charges entre les bagnoles, vous y perdrez tous les deux en vitesse de charge ! Comme on ne prend pas du gazole sur une voiture essence, on évite de se mettre sur une borne inappropriée qui pourrait profiter à quelqu’un d’autre sans profiter à vous. Tout le monde y gagnera.

Mais pour ça, il faut connaître son véhicule. La plupart des gens s’en fichent et attendront le temps que leur véhicule leur dit de rester, et ils auront raison.

Mais quand on fait du journalisme spécialisé, il peut être bien de mentionner ces bonnes pratiques et ces astuces, et surtout que perdre du temps n’est pas une fatalité.

Conclusion

Pour conclure, c’est assez simple :

Pour commenter sur les articles de presse : je dirais — en tant que nerd du sujet justement — que ces articles me font bondir.
Certes, ils reflètent un usage « grand public non-éclairé », mais j’aurais aimé qu’ils éclairent ce grand public au lieu d’éteindre les quelques flammes qui s’allument lentement.

Je rejoins cependant quelques autres points évoqués dans l’article de Numérama :

Et malgré tout, faire un road-trip en EV est — oui — de plus en plus accessible, mais n’a toujours pas la facilité d’un road-trip en thermique. Inutile de le nier. Ça s’améliore énormément, mais on n’y est pas encore en 2023. Je maintiens toutefois que le souligner c’est bien, mais caricaturer l’ensemble en disant que c’est une galère pas possible, c’est mal.
Finissons toutefois par dire que si le road-trip vous fait peur, ça ne devrait pas gêner comme voiture « de tous les jours » et rechargée à la maison.

LaPoste, service client & coup de gueule

lundi 8 mai 2023 à 07:52

Quelques déboires avec le SAV de LaPoste…

Envoi avec LaPoste / Colissimo

Mai 2022.
Notez : c’est bien 2022.

Pour une fois, j’ai voulu envoyer un colis. Naturellement, je passe par la Poste car il me semblait que c’est leur job.

Mon envoi, donc, a été fait le vendredi 13 mai 2022 (oui je sais…), à destination des Pays-Bas.

Le colis traverse la frontière, et là, La Poste sous-traite l’opération à la poste locale, Post NL. Ce sont eux qui ont perdu mon colis (d’après la Poste française, évidemment).

Ceci étant dit, ce n’est pas mon problème : je suis client de La Poste en France et c’est à eux de me rendre des comptes. À eux ensuite de se démerder avec Post NL. Je ne l’invente pas : c’est ce que m’ont dit Post NL. La réclamation doit être fait par moi à La Poste, et ensuite La Poste s’en prend à Post NL. Logique, chacun est client d’un maillon de la chaîne.

Au moment de poster le colis, la postière en France m’a indiqué que le colis serait livré en 5-8 jours en Collissimo. Tu parles : à 18 euros l’envoie d’un paquet de 1 kg, c’était la moindre des choses.

Après 10 jours, le site de suivi de la Poste — quand il veut bien fonctionner — ne montre plus de progrès : le colis ne bouge plus. Le destinataire me confirme avoir interrogé Post NL, qui ont dit que le colis était perdu.

Je vais donc au seul endroit où les community managers répondent, c’est à dire Twitter. Là, un bot me répond et me donne mot pour mot ce que le site de suivi me dit. Ça ne sert donc à rien. Je vais donc sur le site de La Poste, pour faire une réclamation.

Comme la page est particulièrement cachée — essayez donc de la retrouver à partir de la page d’accueil du site — la voici : contact - Colissimo.

Ici, je remplis le formulaire et j’attends.
Après 5 jours supplémentaires, toujours aucune réponse.

Je refais une demande sur Twitter. Un être humain, je crois, daigne me répondre et me dit de patienter. Alors que ça fait quand-même une semaine que le suivi du colis est bloqué et donc bien 15 jours après l’envoi.
Face à cette non-réponse, je refais une réclamation (leur formulaire de 3 page ne me rebute pas : vive le préremplissage).

Une semaine après, soit trois semaines après l’envoi, toujours aucune réponse. Go Twitter. Je tombe directement sur un être humain, je crois. Ce dernier me confirme que deux réclamations sont en attente et seront « traitées dans les meilleurs délais ».

Pour info, ce que je demande est simple :

Ce n’est pas excessif, c’est juste normal. La moindre des choses en fait.

Après une autre semaine d’attente, je reçois un mail de la Poste : ils me demandent de fournir la preuve de dépôt : le « ticket de caisse » de la Poste, qu’il faut toujours conserver jusqu’à livraison ; un descriptif du contenu ; probablement pour qu’ils puissent ouvrir les colis perdus et identifier le miens dans le lot ; et des factures de ce que j’envoie.
Pour ce dernier élément, j’avais une partie des factures, heureusement, mais j’imagine pas trop la tête de la personne qui envoi quelque chose trouvé sur une brocante, par exemple, donc sans facture…

Le colis avait été envoyé le 13 mai, on est désormais le 25 juin et toujours rien.

23 Juillet 2022

Le 23 juillet, toujours rien. Aucune nouvelle. Du coup, je relance le truc sur Twitter : un être humain, je crois, me répond. Je leur donne le numéro de dossier et après quelques minutes, on me répond que le dossier est encore en cours, et que la date de clôture prévisionnelle est prévue au 16 septembre au plus tard.

20 septembre 2022

Le 20 septembre : aucune nouvelle.
Après les avoir recontacté moi-même, on m’indique que le dossier est toujours en cours, que le service concerné a mon dossier.

15 novembre 2022

Le 15 novembre : toujours pas de nouvelles, donc à nouveau une prise de contact sur Twitter. Réponse reçu dans la journée :

Bonjour Timo,
Désolée de cette situation. Je regrette je n'ai pas plus d'informations concernant votre réclamation, je vous invite à contacter le service client international par téléphone au 3631.
Bonne journée,
Lisa

Bref on tourne en rond.

Ah, et vu que ça fait maintenant plus de 6 mois que le colis a été déposé, le numéro de suivi ne fonctionne plus. Ils sont malins hein ?

Quant au 3631, c’est un robot qui demande évidemment le même numéro de suivi (et nous fait reboucler car ce dernier a plus de 6 mois également par téléphone).

18 novembre 2022

Le 18 novembre, je décide de porter ça devant le médiateur de la Poste.

Sauf que… pour ça, je dois d’abord avoir envoyé tout ça au service réclamation niveau 2, tel que détaillé là.

J’envoie donc un e-mail à l’adresse électronique indiquée.

Dans le mail, je détaille ma requête :

Notez qu’à ce stade j’en ai raz le cul et j’ai inclus une ligne où je demande 500 € au titre du préjudice subi : temps perdu, désagrément du colis perdu, etc.

Non je n’ai pas honte : une entreprise fout en l’air un service qu’elle me doit et pour lequel j’ai payé le prix qu’elle a fixé, j’estime normal qu’elle s’excuse quand ils chient dans la colle.
Et comme ça fait 2 670 ans qu’on a inventé l’argent, ça fait aussi 2 670 ans que la question ne se pose plus quant à savoir comment ils pourraient s’excuser.

D’après leur site et de celui du médiateur, ils ont 2 mois pour me répondre.

Rendez-vous en 2023.

20 janvier 2023

Le 20 janvier 2023 : le niveau 2 de la réclamation n’a rien donné. Personne ne m’a jamais répondu.
Je relance la procédure et cette fois il s’agit du médiateur.

Il faut aller sur cette page.

Notez que la saisine du médiateur ne peut se faire que si la réclamation initiale n’a rien donné et que la réclamation niveau 2 n’a rien donné non plus après 2 mois.
J’insiste : le site du médiateur ne fonctionnera pas si tout ceci n’est pas respecté. On doit rentrer les dates et il se bloquera si elles ne sont pas bonnes.

À ce stade, assurez-vous aussi d’avoir :

Ainsi que :

Il vous sera demandé — au terme d’un formulaire interminable — pour justifier de la bonne forme de la procédure (respect des étapes, des délais) :

Attention pour les PJ : si vous avez une connexion internet merdique : après 30 secondes, pour chaque PJ, ça plante et vous devez recommencer l’envoi de celle-ci. Préférez donc des PDF de taille modeste.

Ensuite on vous demandera vos coordonnées et, de manière facultative, celles du destinataire, et enfin le bouton « envoyer ».

À partir de là, quelqu’un va mettre tout le dossier à la poubelle — pardon — vérifier la recevabilité du dossier dans un délais de 3 semaines.

Bien.

Pour être honnête : je n’espère plus rien : j’ai perdu espoir pour revoir le colis ou un quelconque remboursement.

La Poste a rejoint, au même titre que la SNCF, EDF ou encore France Télécom / Orange, le groupe des EFM : entreprises françaises de merde. Typique de l’absurdité administrative de ce pays, où on alloue des ressources considérables à de la bureaucratie destinée à résoudre des problèmes qu’ils n’auraient pas si tous ces bureaucrates papelards et incapables bossaient dans le monde réel, sur le terrain.

Au final on arrive à une société où plus rien ne fonctionne correctement et où tout le monde s’affaire à gérer les plaintes lié au non-fonctionnement plutôt qu’à faire fonctionner le système.

Ouais on en est là.

Je m’emballe, mais c’est bien la vérité : des services de SAV à de multiple niveaux, des call-center et des systèmes de tchatbot à n’en plus finir, des procédures dans tous les sens… tout ça pour essayer de résoudre des problèmes qui ne seraient pas là si le travail était tout simplement fait de façon consciencieuse. Je pense aussi qu’il ne peut en être autrement quand on embauche des singes au salaire minimal plutôt que des gens capables et professionnels au salaire qu’ils méritent.

8 février 2023

18 jours sur les 21 donnés pour répondre. Ils sont grave à l’avance !

On me dit dans un e-mail que mon dossier est recevable et que le médiateur se saisit du dossier. Youpi ?

Ce dernier me demande :

A la lecture de votre dossier, je constate l’absence de la copie de la preuve de dépôt de l'envoi concerné sur laquelle figure les coordonnées expéditeur/destinataire, prix, poids, date, montant d’indemnisations.

Je vous invite donc à me la transmettre dès réception de la présente via le lien […]

Sauf que… je n’ai rien.

J’ai ma preuve de dépôt, oui, où figurent la date et le numéro de l’envoi, mais c’est tout. C’est le seul document que la Poste m’a donné.
Je vais leur transmettre, à défaut.

Le mail indique qu’une réponse me sera donnée dans un délais de 3 mois à partir de leur e-mail. Donc rendez-vous le 8 mai au plus tard.

Pour info : s’ils veulent l’adresse de l’expéditeur ainsi que celui du destinataire, et une liste exhaustive du contenu du paquet, ils n’ont qu’a retrouver le colis et regarder dessus et dedans… Plutôt que d’organiser des ventes aux enchères des colis perdus (mais retrouvés pour la vente, étrangement) et pour lesquels ils n’ont pas de noms (alors que c’est littéralement écrit dessus).

8 mai 2023

8 mai.
Rien.

Je sais, c’est férié. Mais bon, trois mois pour lire un mail, s’ils avaient voulu se bouger le renflement brun, ils l’auraient fait.

Conclusion

Quand on s’appelle « La Poste », on peut prendre le bien des gens, se torcher avec, le détruire, le perdre… sans rien risquer et sans jamais rembourser quoi que ce soit.

Et faire perdre un an de procédures à ses clients.

Mème : c’est beau, c’est français.

Ne confondons pas hiérarchie et expertise

jeudi 4 mai 2023 à 19:21

« Le chef a toujours raison. »

On rigole de cette « règle », mais c’est essentiellement ça qui fait que beaucoup de choses ne tournent plus rond un peu partout. Que ce soit dans une entreprise, à la tête d’un pays, ou dans une association, une équipe de sport, ou tout groupe de personne qui veut accomplir quelque chose.

Une personne ne peut pas tout faire. Elle doit déléguer et faire confiance. Pour ça, elle s’entoure de personnes expertes dans les tâches qu’on leur confie. Ces gens vont alors effectuer ces tâches de la manière qu’ils connaissent, grâce à leur formation, leur expérience.

Car oui : on recrute des gens experts non pas pour leur dire comment travailler, mais pour leur dire quel résultat ont attend d’eux. C’est à eux de savoir et de choisir comment ils travaillent. La structure doit leur donner les moyens, et ils donneront des résultats.

Est-ce que c’est ce qui se passe en vrai ?

Pas toujours.
Rarement, en fait.

On a plutôt tendance à se voir dire ce qu’on doit faire ET comment on doit le faire.
On n’est alors que les mains de gens non-experts qui n’en ont pas suffisamment à leur goût. Or c’est comme ça qu’on pousse les gens à ne plus rien faire du tout, car s’ils agissent ça ne sera jamais comme le chef le voudrait. Donc on ne fait rien. Donc rien ne progresse. Et on coule.

La hiérarchie est là pour poser un cahier des charges : à dire où on veut aller. Les experts (à leur poste) sont là pour faire en sorte — par une méthode qui est à leur discrétion — de parvenir au résultat demandé.
Mais le chef, la hiérarchie, qui admet d’ailleurs très bien « [qu’il n’est] pas un expert », n’a pas à dire comment les choses doivent être faites. Est-ce qu’il sait faire lui ? Très certainement que non. Quelle valeur a sa parole face à l’ouvrier qui pilote sa machine depuis 30 ans ?

Peu importe le grade : n’essayez pas d’apprendre leur boulot aux gens que vous recrutez. Si la personne n’y arrive pas, vous n’avez pas pris la bonne. Cherchez mieux. Mais s’il est compétant et sait ce qu’il fait, fermez-la et laissez-le travailler.

Merci.