PROJET AUTOBLOG


Pixellibre.net

Site original : Pixellibre.net

⇐ retour index

Mise à jour

Mise à jour de la base de données, veuillez patienter...

Analyse d’un discours politique de François Fillon

jeudi 8 décembre 2016 à 01:54

J’ai choisi d’observer une partie du discours de François Fillon, vainqueur de la primaire de la droite et du centre et candidat de la droite à la présidence de la république française.

Le discours choisi est disponible à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=F24XwRMXxb4, sur la chaîne officielle de François Fillon. C’est son discours au palais des congrès de Paris. D’avance, bonne lecture.

Comme dans l’exercice précédent, qui portait cette fois sur un discours de Manuel Valls, j’ai tenté de décortiquer les paroles et de parler de la forme, des éléments de langage, plus que du « fond », si fond il y a, ce qui n’est pas toujours le cas.

Dans cette analyse, je vais également parler de « marqueurs », je ne sais pas si c’est le bon terme mais je trouve qu’il convient plutôt bien. Un marqueur peut être de gauche ou de droite.

Dans un discours politique, sans savoir qui parle, on peut relever un certain nombre d’éléments et d’idées qui nous disent si c’est un discours de gauche ou un discours de droite, ces éléments là, ce sont les marqueurs en question. Exemple : libéralisme, c’est plutôt un marqueur de droite. Social, c’est plutôt un marqueur de gauche, ainsi de suite.

Nous commençons à 0’44 avec : « je ne me fie pas aux sondages, je me fie aux français ».

Comme beaucoup d’autres, Manuel Valls également, il se présente comme le candidat « anti-système », anti-sondages, qui n’est pas là car les chiffres lui donnent raison. Le fait de se poser comme un candidat anti-système est important, puisque nous ne supportons plus le système. Il faut nous montrer ou nous faire croire que lui, il est différent.

A 0’56, François Fillon enchaîne avec « la volonté de nos compatriotes de construire une vraie alternance ».

On retrouve l’idée de la différence, la « vraie » alternance, pas celle que vous avez l’habitude de voir. Volontairement, il vient planter une petite graine de trois fois rien dans votre inconscient, et suggère l’idée que les autres possibilités sont des illusions.

Indirectement, il vient « taper » sur les autres candidats, sans les mentionner. C’est pratique de ne pas les mentionner, ainsi ils ne peuvent pas se sentir visés et ne peuvent donc pas se défendre.

A 2’23, M. Fillon déclare « certains s’érigent en candidats du peuple, moi je ne prétends rien, le peuple est là ».

Deux idées sont présentes dans ce passage. La première rejoint le passage précédent : « certains s’érigent… », il tape sur une masse difforme, sur « on-ne-sait-pas-vraiment-qui », pratique car de cette façon, il peut viser la gauche, la droite, tout le monde et n’importe qui sans pour autant avoir de problèmes.

Seulement, les tournures impersonnelles sont généralement des marqueurs d’extrême droite, « LE » parti qui se veut « anti-système » et qui va donc taper sur « eux », « ils disent que », « certains pensent que ».

La second point est « le peuple est là ». Je ne savais pas que le palais des congrès de Paris pouvait accueillir jusqu’à 66 millions de personnes. Le peuple n’est pas là, il n’y a que 7000 personnes, soit 0,010 % de la population française. D’un coup, ça fait sacrément moins que « le peuple », non ?

C’est aussi une façon de dire « vous représentez le peuple », de faire croire, donc, que son public est représentatif de l’opinion publique, ce qui est évidemment faux.

Vers les 4’04, il déclare «  aux internautes je demande d’envahir les réseaux sociaux ».

Le mot important ici est envahir. Envahir peut avoir beaucoup de significations, pas nécessairement violentes. Le fait est, et vous allez le lire après, qu’il puise beaucoup de mots dans le jargon militaire, dans la bataille, on choisira donc la définition suivante pour envahir :

Entrer en nombre et par la force dans un pays, une région, s’en emparer militairement.

Je ne sais pas vous, mais moi, je trouve cette image et cette demande assez violente.

A 4’39, François Fillon déclare « Autour de nous beaucoup ont pensé et espèrent encore que cette primaire serait jouée d’avance ».

On retrouve encore cette opposition entre, d’un côté, le « nous » et de l’autre le « beaucoup ont», la fameuse masse indéfinie, dont on ne sait pas grand-chose. C’est encore un marqueur plutôt utilisé par l’extrême droite. Un discours politique ne s’improvisant pas, ce passage a été choisi, on peut donc imaginer que Fillon commence, avant même sa victoire à la primaire, à chasser sur les « terres » de l’extrême droite.

On retrouvera ce marqueur à 4’42 avec « ils avaient mis le rouleau compresseur en marche », puis à 4’51 avec «  mais nous sommes un peuple libre », qui vient s’opposer à ce « ils » dit juste avant.

Nous sommes sur une approche historiquement très utilisée par l’extrême droite… l’approche manichéenne du « c’est nous qu’on est les gentils et eux les méchants », sans jamais définir lesdits méchants. L’usage a dévié et quasi toute la classe politique s’en sert maintenant, extrêmes, droite, gauche…

Une phrase creuse mérite d’être soulignée, à 5’50 : « je vous fais une confidence : nous nous battons pour gagner. ».

Personnellement, j’ai rarement vu quelqu’un se battre pour perdre, et vous ? La déclaration est creuse, elle ne signifie rien, cela n’a rien d’une confidence, c’est une évidence. Toute personne se battant espère gagner.

Mais les phrases vides, ça marche bien, preuve en est, à la fin de ce passage il est applaudi par son auditoire, qui scande « on va gagner » juste après.

Arrive ensuite un long passage, le premier, jusqu’à 5’57.

Fillon attaquera assez durement Hollande, la personne, la fonction, le mandat, le bilan, bref, une bonne grosse attaque bien brutale… à l’exception de Nicolas Sarkozy, à droite, c’est peu commun. Enfin, avant, c’était peu commun. Initialement, l’attaque directe comme ça est un marqueur d’extrême droite, encore plus lorsqu’on attaque la personne derrière la fonction.

Les attaques de ce type sont généralement des marqueurs… d’extrême droite. Et ils sont présents tout le long du discours. Dès lors, il ne faut pas trop s’étonner de la montée de l’extrême droite, puisque gauche comme droite piochent dans le champ lexical de l’extrême droite.

Cela permet aussi de se faire de la publicité gratuite sur le dos d’un absent : descendre l’adversaire permet de ne pas avoir besoin de mettre en avant son propre programme. Sarkozy était expert sur ce sujet là, il démontait le programme de l’adversaire et parlait rarement du sien. Pour information, les premières traces de ses propositions apparaissent … 10 minutes plus loin. Ce qui est long.

Have a break

Je marque une première pause pour faire un focus particulier sur quelques mots plus que sur d’autres : envahir, affronter, vaincre, honneur, battre sont des mots utilisés dans le discours de François Fillon. Ces mots appartiennent à nouveau au registre de la guerre, du combat. Cela peut sembler insignifiant mais c’est loin d’être le cas. La forme laisse entendre qu’il est en guerre et forcément… avec ce registre là, martelé à chaque phrase ou presque, on transforme peu à peu les gens en soldats. Ils ne réfléchissent plus, ils adoptent une posture d’attaquant ou de défenseur d’un leader, bref une petite armée. Le champ lexical choisi transforme l’auditoire et à force d’être dit et redit, encore et encore, il finit par réellement avoir un impact très important sur les personnes ciblées. Je referme ce petit aparté.

A 6’47, on retrouve d’ailleurs ce champ lexical du combat « Nous nous battons pour redresser notre pays ».

En replaçant ce passage dans le contexte de la phrase, voici ce que cela donne : « Mais, mais la victoire n’est pas une fin en soi, nous nous battons pour redresser notre pays, et ce devoir m’apparaît si urgent, si vital, que sans compromis j’ai fait de la vérité, fût elle inconfortable, l’axe de notre sursaut collectif ».

Et François Fillon de rajouter « cette vérité la voici, l’État d’urgence est partout ».

Prenons le temps de détailler cette phrase, volontairement longue, pour ne pas laisser le loisir d’une réelle réflexion et pour tomber en accord avec l’affirmation plus facilement.

Les tournures de la phrase demandent du temps pour être comprise mais il n’en laisse pas, il enchaîne et on se dit qu’avec le mot « vérité » dedans, c’est forcément quelque chose de bien. Et si votre cerveau n’a pas eu le temps de traiter l’information, il traitera le mot vérité, qui est un mot assez fort pour marquer, donc on se dira « roh, c’est sans doute vrai oui ».

Mais en soi, que dit-il vraiment ?

« Gagner c’est bien, mais ce n’est pas assez. Nous voulons redresser le pays et c’est tellement urgent que j’ai décidé de dire la vérité afin qu’on se réveille enfin ».

D’un coup, cette phrase bien… elle ne veut plus dire grand-chose. En quoi dire la vérité va permettre de redresser le pays ? Personnellement, j’ai beaucoup de mal avec le mensonge et pourtant ça ne m’aide pas à redresser quoi que ce soit…

Derrière cette phrase se cache aussi quelque chose de plus mesquin : « c’est la vérité qui nous réveillera », dit-il, pour résumer. Donc avant, le « peuple » dormait et était dans le mensonge. Lui propose d’apporter la vérité et part donc du principe que nous ne l’avons pas et que personne d’autre ne l’a. C’est une façon d’attaquer le « on » dont nous avons parlé tout à l’heure, sans le nommer.

Vers les 7’41, M. Fillon revient sur cette notion d’état d’urgence et dit que c’est « bien notre destin qui se joue, entre déclin ou sursaut ».

Cette annonce est à nouveau très manichéenne, binaire, et les propos sont assez pragmatiques. Soit nous allons sombrer, soit nous allons nous réveiller. Je vous laisse imaginer ce qu’il faut faire, selon lui, pour se réveiller. On se sent comme « enfermés » dans un monde où nous n’avons que deux options possibles. D’ailleurs, quelques instants plus tard il rajoutera « il n’y a pas d’échappatoire », histoire de bien enfoncer le clou.

François Fillon déclarera « La politique française ne se fait pas à la corbeille, s’exclamait le général de Gaulle ».

Deux choses : la première est un marqueur typiquement de droite, l’expression signifiant, en gros, que le monde de la finance ne saurait dicter sa loi à un état. Nous sommes donc dans une forme de logique libérale, donc, à droite. C’est raccord.

Deuxième point, tant de gauche de droite : la citation du général de Gaulle. Reprendre « le général », comme beaucoup aiment le dire, c’est bien. La France est attachée à son passé et cette référence parle à tout le monde : à ceux qui se souviennent de leurs cours d’histoire et à ceux qui connaissent le personnage, à la droite comme à la gauche car le gaullisme dépasse les clivages gauche / droite. Ainsi, en le citant, il tente lui aussi de dépasser ces clivages là et de rallier à sa cause beaucoup de plus de monde. Bref, citer De Gaulle, ça fait marquer des points.

Et Fillon de rajouter, à 8,40, « non mon Général », faisant ici autant référence au passage précédent qu’au jargon militaire qu’il utilise depuis le début de son discours.

Autre marqueur de droite, à 8’55, il parle de travailler plus, de dépenser moins. Là encore, c’est un marqueur de droite, c’est raccord. La droite est centrée sur la force de travail comme moteur de l’économie, travailler plus pour gagner plus… c’est de droite, on retrouve l’idée ici également.

A 9’26, Fillon déclare « l’élection présidentielle de 2017 ne peut pas être celle de la revanche. Elle ne peut pas être celle d’une alternance classique. Elle doit être le point de départ d’un peuple qui par tous ses instincts de vie se met à l’offensive et à l’action ».

Décortiquons ce passage : « L‘élection présidentielle de 2017 ne peut pas être celle de la revanche. » est à remettre en perspective avec ses attaques contre François Hollande.

Sa déclaration devient alors contradictoire, puisqu’il dit qu’il ne faut pas être revanchard mais frappe fort contre l’actuel président.

« Elle ne peut pas être celle d’une alternance classique. » est là pour vous faire croire que ce qu’il propose, ce n’est pas une alternance « gouvernement de gauche, gouvernement de droite » comme d’habitude.

Il se pose de cette façon en candidat « anti-système », encore une fois, comme tous les autres dans cette élection d’ailleurs.

Il est tellement le candidat anti-système qu’il prononce un discours de droite, avec des marqueurs traditionnels de droite, en citant des références de droite, avec un vocabulaire de droite.

Effectivement, c’est vraiment différent des autres … enfin, tant qu’il y croit lui, c’est déjà ça.

François Fillon déclare, ensuite, « Elle doit être le point de départ d’un peuple qui par tous ses instincts de vie se met à l’offensive et à l’action. ».

On retrouve « offensive », qui est dans le champ lexical du combat, brutal encore une fois. Quand à la phrase, elle est certes jolie, mais elle est assez vide.

Un élément est intéressant à analyser, aux alentours de 9’41 : « moi je ne parle de pas de réforme, j’en appelle à une transformation économique et sociale »

Une transformation économique et sociale, à l’échelle d’un pays, cela doit passer par des projets de loi, donc, ça doit passer par du changement, donc par une reforme. Donc, François, tu te fous de ma gueule.

En français et sans langue de bois, sa phrase devient : moi je ne parle pas de réforme, j’en appelle à une réforme économique et sociale » mais bon, là, c’est peut-être un peu trop gros pour ne pas se faire griller en plein foutage de gueule.

Oui, il tente de vous prendre pour des abrutis. Après avoir déclaré, peu de temps avant, « j’ai fait de la vérité, fût elle inconfortable, l’axe de notre sursaut collectif », ça passe assez mal.

Cet élément là, typiquement, c’est de la bonne grosse langue de bois, une manipulation linguistique destinée à vous faire croire qu’il fait différemment alors qu’il fait exactement la même chose.

C’est comme le passage de « pauvre » à « défavorisé », c’est un euphémisme certes, mais, avec beaucoup d’ironie, un défavorisé, ce n’est pas un pauvre ma bonne dame, non ! C’est une personne qui n’a quand-même pas eu de chance, la faute à pas de bol quoi. Alors qu’un pauvre, lui, peut trouver un coupable.

Ou le passage de réfugiés à migrant. Un migrant, on peut dire que c’est chiant, que c’est envahissant, que c’est indésirable. On peut le renvoyer chez lui parce que bordel, des migrants il y en a plein.

Essayez de dire ça d’un réfugié. Genre un réfugié politique syrien tiens. Vous allez voir, ça passe beaucoup moins bien, pourtant c’est la même chose.

C’est juste une question de langage et d’enfumage collectif donc, vous avez compris le principe, on passe à la suite.

L’autre bonne blague arrive vers 9’45, avec « je suis celui qui propose les solutions les plus cohérentes, les plus radicales ».

L’idée ici est de nous faire croire que les solutions les plus cohérentes sont les idées les plus radicales. Ce qui est absurde.

Prenons un exemple : renvoyer les réfugiés chez eux, c’est une solution radicale. Est-elle pour autant cohérente ? Non. Vous avez compris le principe je pense.

A 9’51, il déclare « Je suis celui qui s’adresse à tous les français, à leur lucidité, à leur courage. ».

Ici, la tournure de la phrase est également importante : il déclare s’adresser à tous les français, dépasser les clivages gauche / droite, on rejoint l’idée du gaullisme citée précédemment. Jusque là, ça va.

Il déclare s’adresser à tous les français donc, et à leur lucidité et leur courage. Comprenez par-là que ceux qui ne sont pas pour lui ne sont ni lucides, ni courageux. Évidemment, il est obligé de le déclarer ainsi car dire « ceux qui ne votent pas pour moi ne sont pas lucides et sont lâches », cela ne passe généralement pas très bien dans l’opinion publique.

Bref, si vous avez décidé de voter pour une autre personne, bien… vous êtes stupide, en gros.

Aux alentours des 10’10, Fillon nous offre (encore) un long passage : « Je ne fais pas de la pêche électorale et des combinaisons, moi je trace mon sillon avec mon projets », qui doit être mise en perspective avec la suite qui débute à 10’28 : « je vais vers tous les français pour les entendre », puis avec le passage à 10’31 « les agriculteurs, les médecins, les enseignants, les policiers, les artisans, les entrepreneurs et tant d’autres encore ».

Fillon n’a pas le même style de communication de Valls, dont j’ai parlé dans un billet précédent, bien qu’on retrouve des sujets similaires dans les deux discours. Il fait de longues phrases, détaillées, avec des idées qui s’étendent sur de longs passages. C’est encore le cas ici.

Il ne fait pas de la pêche électorale mais quelques instants après, il déclare s’adresser à tous les français et va jusqu’à citer certaines professions. Ce qui, techniquement, ressemble quand-même à de la pêche électorale… du coup, il déclare ne pas en fait mais il en fait. On retombe sur la construction de ses autres passages, comme celui sur la réforme. D’ailleurs, en parlant de passages longs…

10’52 : « je veux incarner l’orgueil d’une nation qui ne se laisse pas abattre. Je veux être leur porte parole dans un monde qui a besoin de la France, c’est mon combat et je viens vers vous porté par la confiance que fait naître en moi cette incroyable aventure d’un pays qui par sa bravoure, par sa culture, par son goût du progrès, a réussi à se placer parmi les 5 plus grandes puissances du monde. »

S’en suit une vague d’applaudissements.

Nous sommes dans une approche classique du discours politique ici : clairement, parler pour ne rien dire. Il dit qu’il veut être notre porte parole, comprenez notre président. Puisqu’il est en campagne, nous pouvons nous en douter.

Puis, comme depuis le début, il utilisera de grandes et longues tournures sans fin pour décrire une situation. La France est dans les cinq plus grandes puissances du monde (note personnelle et non neutre : merci au continent africain soit-dit en passant, exploité depuis des années par notre si joli pays, maintenant « indépendant », et donc les pays sont encore sous le Franc CFA… qui initialement signifiait Colonies Française d’Afrique et qui peut maintenant signifier Communauté financière d’Afrique… avouez que ça passe mieux, n’est-ce pas ? Tout est dans le langage, s’il est dit, redit, répété et martelé, il devient la réalité, mais passons…)

En résumé, sa longue – et chiante, avouons-le – phrase signifie juste qu’il trouve son inspiration dans notre histoire. Présentée ainsi on se demande bien quelle est la valeur ajoutée de ladite phrase, la réponse est assez simple : aucune.

L’analyse de la suite du discours pourrait s’avérer très intéressante, on obtient la confirmation qu’il se déclare gaulliste, on retrouve des marqueurs très de droite type  nous avons une histoire, un passé, 2000 ans d’histoire, la révolution, une belle épopée et il faut la prolonger, comprenez par là « on fait n’importe quoi maintenant, c’était mieux avant », marqueur de droite, du parti des conservateurs, du « c’était mieux avant », en historique opposition avec la gauche, considérée comme plus progressiste, plus « vous verrez ça sera pas mal après »

L’analyse pourrait continuer, donc, mais je pense que moins de 5 % des lecteurs sont arrivés jusqu’ici.

J’ai détaillé environ 11 minutes d’un discours qui en fait 63 et je ne suis que moyennement tenté d’écrire un article qui ferait passer The Blah Story, Roman en 23 volumes, pour un livre de chevet.

Comme d’habitude, n’hésitez surtout pas à partager vos avis et impressions dans les commentaires et, si vous avez une idée d’un discours à analyser, n’hésitez pas, partagez 🙂

Cet article Analyse d’un discours politique de François Fillon est apparu en premier sur Pixellibre.net.

Entre nous… petite analyse du discours de Manuel Valls

mardi 6 décembre 2016 à 21:50

Le premier billet que j’ai rédigé, il y a de cela bientôt 10 ans, parlait de l’art de la langue de bois dans le monde politique. Tout débutant que j’étais, perdu au fin fond d’un tout petit blog hébergé chez Google (soyez indulgents), je m’étonnais que si peu de monde analyse la parole politique.

Attention, je ne parle pas de l’interprétation hein, mais de l’analyse « de fond », de la construction des paroles, phrases, du choix des mots, des figures de style… alors j’avais rédigé un petit trois fois rien, sur l’art de la langue de bois. Je partais, alors, dans une analyse, un constat, une étude d’une véritable pratique généralisée à l’ensemble des acteurs du monde politique.

Ces acteurs, députés, maires, sénateurs, ministre et bien entendu président, en rupture totale avec les citoyens, cette rupture aggravée depuis, tant le lien social qui les relie à ce monde est mort et enterré.

Tu vois (on va se tutoyer un peu), dans le passage précédent j’ai utilisé quoi… deux, peut-être trois idées fortes, citoyens, rupture, lien social… et à mon avis, tu as pensé « ouais c’est pas faux ! »… alors qu’en soi, ce que j’ai déclaré, c’est du vent. Ce sont des banalités qui sont quasi systématiquement vraies. La langue de bois, c’est un peu ça.

C’est un texte que tu ne comprends pas forcément parce qu’il y a plein d’idées qui vont t’empêcher de penser réellement, plein de notions qui se bousculent… et tu finis par dire « oui, c’est plutôt vrai, ses paroles sont pleines de bon sens. ».

Dis-toi que c’est le jeu préféré de la politique. C’est tellement utilisé que c’est devenu naturel, qu’ils ne sont pas, en soi, capables de réellement sortir de cette chose, pourtant mauvaise et néfaste.

Bref, sans plus attendre, petite analyse du discours de candidature de Manuel Valls au poste de Président de la république française.

Dans son introduction, on pourra relever quelques éléments qui ne veulent absolument rien dire :

« Cette ville où on se parle toujours, directement, avec franchise »

« Cette ville qui est un école, une école de la vie. »

Dans l’ensemble des villes, les gens se parlent toujours, parfois directement, parfois pas, parfois avec franchise, parfois non. La ville de Manuel Valls, comme il a aimé la présenter ainsi, n’échappe pas à cette règle, elle est comme n’importe quelle autre ville de France.

Bref, c’est une ville quoi. Et toutes les villes sont des écoles de la vie, chaque expérience est une école de la vie.

Bref, c’est une vie dans une ville, une vie comme plein d’autres vies, dans une ville comme plein d’autres villes. C’est sûr, c’est moins beau comme texte, mais bon…

Je note ensuite, mais c’est sur l’aspect mise en scène, le…disons… l’extrême spontanéité du public :

Manuel Valls est là, devant un pupitre, avec un slogan et un hashtag #Valls2017. Manifestement, tout le monde sait donc pourquoi il est là, enfin normalement… Mais lorsque M. Valls déclare « alors oui, je suis candidat à la présidence de la république », les applaudissements éclatent, la joie déborde et tous crient en cœur « oh oui, Manuel notre sauveur »… bon, peut-être pas pour le dernier point, d’accord. Bref, une belle mise en scène, un beau spectacle sur lequel je reviendrai ultérieurement, tu vas voir, c’est important.

« L’Homo Politicus » aime certaines figures de style plus que d’autres, en tête on retrouve l’oxymore et le pléonasme, d’ailleurs, aux alentours de 1’25, M. Valls en fait un joli : « c’est une conviction totale ».

Dis-moi, simple question : est-ce que tu as déjà vu une conviction partielle ?

« Alors, oui, j’ai une conviction, aux alentours de, roh je sais pas, 60-70 % », ça n’existe pas.

« Une conviction totale », c’est fait pour marquer inconsciemment ton esprit. Parce que lorsqu’on souligne des choses, qu’on insiste bien lourdement dessus, elles rentrent plus facilement en mémoire, que tu sois d’accord ou non avec les propos.

D’ailleurs, M. Valls utilisera plus ou moins une approche similaire quelques secondes après en disant « je veux tout donner, tout donner pour la France ». Ces passages sont faits pour marquer l’esprit, retenir l’attention et potentiellement faire qu’on parle plus de ça que des autres points. Donc, même si ces propos sont totalement creux, « conviction totale » et « tout donner, tout donner » vont rester dans ton esprit plus longtemps que le reste.

Il continuera un peu avant les 2′, en enchaînant « en parfaite loyauté » et « le soucis constant ».

En parfaite loyauté. Même construction que la conviction totale. Être loyal, c’est assez binaire. Soit une personne est loyale, soit elle ne l’est pas, elle ne peut pas être plus loyale que … bien, loyale. Donc être en parfaite loyauté, c’est simplement être loyal.

Seulement, il essaye de te faire croire que c’est au-delà de la simple loyauté et, pire, ça marche avec beaucoup de gens. C’est d’ailleurs le but de ce passage.

Quant au soucis constant… même chose. Je ne l’explique pas car je pense que c’est clair.

Manuel Valls fait attention aux mots qu’il prononce. Dans la suite de son discours où il est en parfaite loyauté avec le pré…le… François Hollande, Manuel Valls prendra bien soin de ne pas prononcer « président », tantôt à parler du « chef de l’état », tantôt à parler de « François Hollande » mais jamais de la fonction qu’il occupe actuellement. N’allez pas croire que c’est insignifiant, au contraire, c’est assez révélateur même.

M. Valls déclare donc son « émotion », son « affection » à François Hollande, sans parler du président et après avoir déclaré, selon des journalistes, qu’il ne supportait plus ce dernier. Délicieux… mais j’ai quand-même l’impression qu’il se moque un peu de nous.

On continue, sur la « très grande fierté », vers 2’41… bon, je te laisse deviner ce que c’est, tu as tout ce qu’il te faut pour.

M. Valls déclare juste après « et d’avoir engagé des réformes essentielles ». Ah… la réforme. La réforme c’est un mot prononcé très souvent par l’Homo Politicus. Généralement, il cherche à nous faire croire que c’est une bonne chose. Sauf que dans les faits, à chaque…réforme, nous avons perdu quelque chose. Mais c’était nécessaire, essentiel, c’est Manuel qui le dit.

A qui ? A quoi ? A quel prix ? Je ne sais pas, mais c’était nécessaire. Le fait de rajouter nécessaire derrière réforme est là pour ne pas pouvoir critiquer. C’était une réforme… mais une réforme nécessaire. Faire croire à la nécessité d’une réforme, c’est tuer une partie de la contestation avant même qu’elle arrive car… bah… c’est nécessaire.

Oui, généralement, quand tu entends « le truc nécessaire », c’est que la … réforme… est vraiment vraiment mauvaise.

J’avance un peu dans le temps, n’ayant pas prévu d’écrire plus de 3500 pages aujourd’hui.

Vers les 4’28, M. Valls explique qu’il veut une France « indépendante, indépendante » (la répétition, oui, encore) et… c’est tout. Indépendante de ? Qui ? Quoi ? Sur quels aspects ? Comment ? Bonne question. Il parlera, plus tard, de l’Europe qui n’est pas assez présente et pas à la hauteur de ses espérances pour aider les pays de l’UE.

Pendant ce temps là, dans mon cerveau.
– « Du coup, je suis un peu perdu… il veut une France indépendante ou il veut que l’Europe intervienne davantage ?
– Il veut les deux en même temps.
– Mais il peut pas, si nous sommes indépendants, l’Europe doit moins être là et si elle est là nous sommes moins indépendants. Il peut pas, c’est pas possible !
– Oui, mais il veut les deux. Tu peux pas comprendre c’est de la politique. »

Aux alentours de 6’29, M. Valls déclare « ma candidature, c’est aussi une révolte. » J’ai recraché mon café à ce moment là et je me suis jeté sur mon dictionnaire, est-ce qu’on m’aurait menti sur la définition de ce mot ?

Révolte :

Action menée par un groupe de personnes qui s’opposent ouvertement à l’autorité établie et tentent de la renverser. – Attitude de quelqu’un qui refuse d’obéir, de se soumettre à une autorité, à une contrainte.

Bizarre, il ne s’oppose pas à l’autorité établie puisqu’il fait partie du « système » et il ne refuse pas d’obéir puisqu’il a dit, précédemment, qu’il avait toujours été exemplaire. Il ne refuse pas de se soumettre à une autorité non plus, ni à une contrainte.

Peut-être qu’il se moque juste de nous et qu’il a soigneusement choisi ce terme pour nous faire penser qu’il était passionné, animé par un désir profond de… de je ne sais pas trop quoi, mais profond quoi. Étrange, les révoltés que je connais ne se présentent quand-même pas à la présidence de la république.

Disons, pour lui faire plaisir, que c’est un « révolté mais pas trop », allez.

M. Valls vient, ensuite, opposer certains thème ou certaines images, comme la liberté qu’il va opposer au fait de DEVOIR voter. Il utilisera également les mots bouclier et protéger, un registre qui fait penser au combat, pour parler de tolérance.

Ne bougez pas, je m’en vais protéger la paix avec mes armes nucléaires.

Exactement, il dira « la laïcité, qui est notre bouclier pour assurer la tolérance, pour protéger ». La laïcité est devenue une arme dans la bouche de l’Homo Politicus, détournée de son sens premier, elle permet, maintenant, de « se protéger » pour « assurer la tolérance ». Mais se protéger de qui ? De quoi ? Quel est le message que M. Valls tente de faire passer ici ?

J’ai écouté ce passage encore et encore et je n’ai pas la réponse, mais je n’aime pas spécialement tout ce que cela peut laisser entendre, faites-vous votre propre avis sur le sujet.

M. Valls parlera ensuite de l’égalité hommes/femmes. C’est un point important, c’est vrai, les femmes sont sous représentées dans de très nombreux secteurs, y compris dans les institutions publiques.

Certes les choses changent car le pourcentage de femmes dans les institutions augmente… mais elles sont généralement en bas de l’échelle, ont des postes précaires et restent, dans de trop nombreux cas, sous payées en comparaison aux hommes qui jouissent encore et toujours de…

Attendez, est-ce que quelqu’un a dit à Manuel Valls que derrière lui, il n’y avait que 5 femmes et plus de 10 hommes ? Et que même sur les plans larges les femmes étaient nettement sous représentées ? Et qu’on ne me parle pas de spontanéité de l’événement, tout est orchestré.

Bref, un homme qui parle d’égalité sans l’appliquer. Un homme quoi. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup…

M. Valls enchaînera sur « Ce fameux modèle social français qu’il faut moderniser mais aussi préserver… »

On oppose à nouveau deux idées. Conserver et moderniser. On conserve ou on modernise ? Les deux sont, par définition, difficilement compatibles. C’est un paradoxe et votre cerveau n’aime pas du tout les paradoxes, donc il « zappe » ce passage. C’est une technique redoutable qui, à nouveau, vous empêche de vous concentrer réellement sur le message.

M. Valls continuera en disant qu’il faut « mettre la France à la hauteur d’un monde nouveau », ce qui laisse entendre que la France est en dessous. Par la suite, il expliquera donc que l’Europe n’est pas au niveau, que certains pays du monde non plus… comment est-il possible de mettre la France à la hauteur d’un monde qui est en dessous de cette dernière ?

A nouveau, et sans doute inconsciemment tant c’est un réflexe, le discours est paradoxal, votre cerveau « zappe » ou ne retiendra qu’une seule chose, ce qui vous empêchera de comprendre le propos dans sa globalité.

Un autre « What the fuck » fera son apparition avec « l’économie verte ». L’économie verte, c’est un oxymore. L’économie est un moteur de la croissance, hors la croissance est conditionnée aux limites du monde. Lorsque Manuel Valls parle d’économie verte, il parle de « croissance verte », mais cette dernière n’est ni verte, ni indéfinie dans le temps. Lorsqu’il n’y aura plus de ressources, il y aura forcément une décroissance, et plus il y aura de croissance, plus la décroissance arrivera rapidement. Nous sommes en présence, ici, d’un élément de vocabulaire très « langue de bois » ou « bullshit » si vous préférez.

Comprenez par là qu’une société qui fonctionne est une société qui connaît la croissance, vous savez, ces trucs quand on parle du PIB par exemple. Mais plus ce PIB est important, plus on consomme les ressources de notre planète qui ne sont pas infinies. Bref, parler d’économie verte ou de croissance verte, c’est grosso modo de la communication… et ça marche.

Bref. Un dernier point.

« La démocratie sociale », expression prononcée par M. Valls. C’est quoi, une démocratie pas sociale ? Une démocratie, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple, enfin, au moins étymologiquement parlant. Donc, une démocratie sociale, c’est … une démocratie, tout court. Non ?

N’étant pas spécialiste et n’ayant pas pris le temps de tout décortiquer, je m’arrête ici et je vous laisse vous faire votre propre avis sur le billet. N’hésitez surtout pas à me dire si vous avez aimé l’exercice, auquel cas, si c’est le cas il y aura peut-être d’autres « analyses ».

PS : si tu veux te faire mal toi, aussi, c’est par là : https://www.youtube.com/watch?v=UwqA3sQh7zg

Cet article Entre nous… petite analyse du discours de Manuel Valls est apparu en premier sur Pixellibre.net.

[Perso] A François et Manuel, à Bernard et aux autres

mardi 15 novembre 2016 à 23:36

A vous qui ne me lirez jamais. Sachez que ça va me faire un bien fou de vous écrire, même si, comme les récents avis des français, la gronde des manifestations, les avis de la CNIL, ceux d’experts, de députés et de tant d’autres personnes, vous n’en avez absolument rien à foutre. Ah bah oui, je crois qu’il est l’heure de parler franchement, hein, d’appeler un chat, un chat.

Alors, pourquoi je me casse encore la tête à vous écrire ? Pourquoi je suis encore là à essayer de me battre pour je ne sais plus trop quoi, tant votre mauvaise foi a pris le pas sur la logique et la raison, si tant est qu’elle ait été votre compagne de route, ne serait-ce qu’un seul jour.

J’en ai des choses à vous dire, je crois. On va commencer par le fichier TES. Je ne reviens pas sur ce que c’est, je crois qu’il y a maintenant assez d’articles çà et là.

J’aimerais savoir si vous croyez sincèrement que vos actes sont guidés par la sincérité de faire de bonnes choses ou si vous nous prenez réellement pour des cons ? Non, parce que nous arrivons à un moment assez important où, j’avoue, je me pose la question.

Certes vous aviez le droit à la voie du décret pour faire passer ce fichier, mais … vous ne vous êtes pas dit, à un moment, que ce serait peut-être une bonne idée de soumettre ce genre de méga fichier monstre à la représentation nationale ? Non ? Même pas un petit peu ? Qu’avez-vous pensé ? Que cela allait passer tranquillement, sans problèmes ? C’est mal connaître les observateurs qui vous font face, tellement habitués à ces petits coups en douce que c’est presque devenu un réflexe de tout vérifier, partout, tout le temps.

Alors nous demandons des explications, quoi de plus normal ? Vous nous faites l’honneur, que dis-je, le suprême privilège, de nous envoyer Bernard Cazeneuve, à qui, sans mauvais jeu de mots, il doit manquer quelques cases. Bref. Bernard Cazeneuve, dans un grand geste de bonté, a proposé d’offrir ses explications à la représentation nationale.

Représentation qui, légitimement, est en droit de poser au moins autant de questions de nous, « simples » citoyens.

Attention, Bernard ne propose pas de faire un projet de loi, mais il propose des « explications », ou, si vous préférez, un « je vais vous expliquer pourquoi on va faire comme ça, sans passer par le vote, sans se soucier de votre avis, je ne suis pas là pour savoir si cela sera fait ou pas alors fermez-là ».

Comble du comble, il propose de faire ça au sein de l’assemblée, là où ce fichier aurait pu être voté mais là où il ne sera jamais, puisqu’il en a été décidé autrement. C’est presque un pied de nez fait à la démocratie entière, même si on comprend que cela doit être fait dans ce lieu.

Et dans ce même lieu, ce mardi 15 novembre 2016, vous osez déclarer, je cite « la meilleure manière d’éviter qu’il y ait un gouvernement d’une autre nature qui ait de mauvaises intentions, c’est de ne pas porter ses suffrages vers ceux qui pourraient avoir des idées pernicieuses »

Pardon mais…. Bordel, c’est une blague là, non ? Sérieusement ? Vous avez eu … je ne sais pas, l’indécence ? L’imprudence ? La maladresse ? Vous, la maladresse… non, vous mesurez chacun de vos mots, vous savez ce que vous dites, c’est peut-être ce qui fait que c’est pire encore, en fait. L’indécence donc, de déclarer, pour ceux qui n’auraient pas compris : si vous ne voulez pas de problèmes, vous avez plutôt intérêt à voter pour nous.

Certains diront que je suis dans l’interprétation mais analysons rapidement la situation : Bernard est contre le FN, il n’est pas pour le Front de gauche, il semble opposé au groupe Les Républicains… donc à quoi est-ce qu’il pense lorsqu’il déclare ça ?

Il ne peut pas ouvertement déclarer « vous n’avez qu’à voter pour le PS et il n’y aura pas de soucis », parce qu’il est ministre, parce que cela ne se dit pas, parce qu’il est assez intelligent pour savoir ce qu’une telle déclaration pourrait engendrer… alors, comme d’habitude avec lui, il faut lire entre les lignes.

Ce qu’il faut comprendre aussi, du moins c’est mon interprétation, c’est que si nous votons pour autre chose que pour le parti en place, il y aura des problèmes et rassurez-vous, lorsque cela arrivera, parce que cela arrivera, il sera là pour nous dire « je vous l’avais bien dit… ».

Je suis resté sans voix en lisant les propos de Bernard Cazeneuve, qui fait honte à la fonction qu’il occupe. Ce genre d’argument ne devrait pas exister tant il est glauque et malsain, tant il suggère des choses très, très dérangeantes.

Bordel, mais dans quel pays un ministre ose suggérer que nous avons intérêt à voter pour le bon parti pour éviter qu’un fichier qui recense quasiment toute la population française ne tombe entre de mauvaise main ? Je ne savais pas que la France avait été déplacée en Europe de l’est depuis hier.

D’ailleurs… les mains du gouvernement actuel sont-elles de bonnes mains ? Parce qu’avec le décret TES, avec la loi sur le renseignement, avec les assez nombreuses censures du conseil constitutionnel sur des projets de surveillance, avec des manifestations assez conséquentes, avec un projet de loi qui a regroupé des centaines d’experts opposés à ce dernier… disons, que je commence à en douter. Même si, soyons clairs, les mains des autres ne sont pas mieux… mes hommages à notre ancien de la république, Nicolas Sarkozy.

Ce qui me conduit à parler d’un autre point : pour qui, pour quoi voter ?

J’ai bien conscience que ce billet semble dénué d’intérêt, que j’enfonce des grosses portes ouvertes, mais à un moment je crois que même ces portes n’ont plus rien d’évident pour notre élite politique déconnectée de la réalité.

J’en ai marre de voir des partis politiques qui se tapent sur la gueule pour montrer que ce sont eux les meilleurs et pas les autres, parce que les autres c’est rien que des vilains méchants. J’en ai marre de voir des partis politiques qui balaient d’un revers de la main des manifestants, des avis d’experts, des avis éclairés, marre de voir des élus qui considèrent que les droits de l’Homme, c’est plus pour allumer un feu ou pour se torcher que pour être respectés. J’en ai marre de voir un premier ministre invoquer le 49.3 si la représentation nationale rejette son texte. Malgré les manifestants, malgré les alertes, malgré les députés, malgré « tout ».

J’aimerais lire un programme qui me donne envie de voter et pas de vulgaires promesses, comme à chaque élection. J’aimerais voir autre chose, pardon d’avance (y compris pour les concernées), que des politiques qui viennent faire les putes et nous vendre des promesses que nous savons êtes fausses pour pouvoir accéder à la fonction suprême.

Lire que Hollande nous réserve un programme génial, que Nicolas Sarkozy va « réparer » la France alors que la moitié des choses qu’il propose de réparer ont été « cassées » pendant son mandat, ça me fait doucement rire, et sacrément mal au …

C’est le même spectacle à chaque élection, ces clowns sortent leurs grandes réformes, leurs grandes promesses, leur « programme qui fait que la France elle va être vachement bien et vachement puissante et que même qu’elle redeviendra la princesse d’autrefois » et s’attendent à… je ne sais pas, à ce qu’on avale tout ça sans broncher ?

Mauvaise nouvelle : ça ne fonctionne plus. Les promesses faites, il va falloir commencer à les tenir pour tenter d’être un peu crédible.

Et dans ce jeu, personne ne gagne. Nous, citoyens, nous n’y gagnons rien, confrontés à un choix qui se résume à « bon, les deux sont des gros pourris avec un parti politique pourri, aucun ne tiendra ses promesses, pour qui je vote, la peste ou le choléra ? »

C’est ça que vous souhaitez laisser comme image ? C’est ce choix que vous comptez nous offrir encore et encore ? A quel moment allez-vous rendre compte que vous vous tirez une méga balle dans le pied ?

Le monde est déjà compliqué au quotidien pour pas mal de personnes et j’ai l’impression que vous cherchez désespérément à tout flinguer, à tout faire de travers. Et non, ce n’est pas le fait que les personnes du même sexe aient ENFIN le droit de se marier qui fera une quelconque différence dans un médiocre bilan.

J’ai 30 ans, j’ai envie de vivre dans un pays dont je suis fier, j’ai envie de vivre dans un pays où les décisions prises par mon gouvernement sont logiques. Je ne demande pas à être en accord systématique avec, le « jeu » de la politique oblige, mais au moins de les comprendre. J’ai envie de vivre dans un pays où les politiques sont exemplaires, où ils sont inspirants. J’ai envie de lire autre chose qu’une France montrée du doigt dans la presse internationale, tantôt pour sa presse en danger, tantôt pour des affaires de corruption, sans oublier les lois liberticides décriées dans la presse étrangère.

Je n’ai pas l’impression de demander le paradis, mais juste un monde normal. Pas un monde de bisounours, juste un fonctionnement logique, une certaine forme de cohérence. Comment, vous les politiques, vous voulez qu’on vous respecte alors que vous n’êtes pas exemplaires ?

Dans une entreprise, on demande à un directeur d’être exemplaire, à ses responsables de service de l’être aussi, à ses managers de l’être tout autant, pour que les employés le soient également. Et c’est une évidence tout ça, tout le monde le sait.

Si la politique était une entreprise privée, les responsables et les managers auraient été virés depuis déjà bien longtemps.

Au final, Bernard, Manuel et les autres, je ne sais même pas pourquoi je me casse la tête à rédiger, je pense peut-être naïvement qu’on doit parler aux cons, pour les instruire, mais pour vous, c’est peine perdue.

Au plaisir de vous voir disparaître, enfin, un jour. Et de ne plus jamais vous voir revenir… même si c’est doute une personne au moins aussi mauvaise que vous qui reprendra le flambeau.

Cet article [Perso] A François et Manuel, à Bernard et aux autres est apparu en premier sur Pixellibre.net.

Yahoo réfléchit à des panneaux d’affichage intelligents qui vous regardent et vous écoutent

jeudi 3 novembre 2016 à 16:15

Je ne crois pas l’avoir vu jusque-là, donc : le brevet US20160292713, déposé par Yahoo, décrit un panneau publicitaire « intelligent » : équipé de capteurs, de microphones, de caméras et de scanners rétiniens. Oui oui, les mêmes que dans Minority Report.

De quoi parle-t-on ?

Le brevet, consultable ici décrit donc un procédé assisté par ordinateur, capable de gérer et recevoir des données en provenances de capteurs, dans des situations qui peuvent comprendre de nombreuses personnes en capacité de réceptionner et consommer du contenu. Ces données peuvent être générées par un ou plusieurs capteurs à proximité de l’emplacement où le contenu est disposé. Il est aussi possible de traiter les données transmises par les capteurs pour déterminer « l’engagement » d’un ou des utilisateurs, avec du contenu destiné à, au mois, une partie du public.

En version décodée cela donne : un panneau publicitaire, avec des capteurs divers et variés, capable de capter du contenu à proximité, des données biométriques ou électroniques par exemple, puis de mettre un certain type de contenu en avant sur le panneau publicitaire, et observer si le contenu plait ou ne plait pas avec l’armada de capteurs.

Certains verront ceci comme une énième combinaison technologique pour du marketing ciblé… et d’autres, trop paranos selon certains, verront cela comme un danger plus vaste que du « simple » marketing.

Le marketing ciblé n’est pas nouveau, sur Internet c’est présent partout, tout le temps ou presque. Google le fait avec votre compte Gmail, les régies publicitaires le font avec votre historique de navigation, vos passages sur tels ou tels sites web…

L’étape au-dessus.

Là, nous ne parlons pas d’Internet, mais du monde physique, voici ce que dit, entre autres, le brevet :

« Image or video data may be processed to determine whether any individuals looked directly at the advertising content (e.g., using image recognition and/or eye tracking techniques) »

Audio data captured by one or more microphones may be processed using speech recognition techniques to identify keywords relating to the advertising that are spoken by members of the audience

image data or motion/proximity sensor data may be processed to determine whether any members of the audience paused or slowed down near the advertising content, from which it may be inferred that the pause or slowing was in response to the advertising content

In another example, the sensor data might represent sound captured near the location from which certain keywords spoken by members of the audience might be detected

for example, one or more cameras 212, one or more microphones 213, one or more motion/proximity sensors 214, one or more biometric sensors 215 (e.g., fingerprint or retinal scanning, facial recognition, etc.)

En résumé : le panneau publicitaire fait de l’analyse comportementale, est “capable” de déterminer si vous avez regardé le contenu (caméras), si vous vous êtes arrêtés devant ou non (caméras), si vous avez ralenti ou non devant (caméras), si vous en avez parlé ou non (microphone), peut vous reconnaître si vous interagissez avec une pub, sur un panneau crée à cet usage (reconnaissance d’empreintes), peut reconnaître votre visage (reconnaissance faciale) ou en profiter pour vous scanner la rétine à la volée (scanner rétinien).

Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, je le sens assez mal ce truc-là.

Les applications possibles…

Parlons du champ des possibles actuel. Ce genre de technologie permet un ciblage marketing extrêmement fin. Vos données d’internautes sont précieusement collectées et exploitées, vos données « d’humain » pourraient, avec ce genre de système, connaître le même sort.

A la différence que sur Internet vous pouvez, moyennant quelques plugins et une certaine forme d’hygiène numérique, vous prémunir de la grande collecte de données.

Dans le monde physique, c’est une tâche nettement plus complexe. Il n’y a pas de plugins et vouloir se protéger de ce système de publicité entraîne une profonde transformation de votre comportement. Vous ne regarderez pas le panneau, vous ne ralentirez pas même si vous êtes simplement curieux, vous porterez des lunettes ou protégerez votre visage, ou que sais-je encore… quelqu’un qui souhaite échapper à ce genre de tracking passera très souvent, aux yeux des autres personnes dans la rue, pour quelqu’un d’étrange dont il faut potentiellement se méfier.

Et si vous ne le faites pas, alors n’allez pas croire que vos réactions seront totalement maîtrisées. Même en ayant une très grande maîtrise de soi, et sauf à être spécifiquement entraîné pour ne rien laisser paraître, vous laissez toujours « fuiter » des données, que cela soit un geste, un regard, une façon de regarder, un trait de visage qui change l’espace d’une demi seconde. Si ces petits détails échappent parfois à l’œil humain, ils n’échappent pas à la machine.

Bref, une vie de publicité extrêmement ciblée. Déjà que personne n’aime ça sur Internet, alors je vous laisse imaginer dans le monde physique.

… et les possibles applications

Bon, mes fidèles lecteurs et lectrices me connaissent et imaginent donc la suite : imaginons que cette technologie soit, disons, détournée de son utilisation principale ?

Moi, dirigeant, président même tiens, soyons fous… je pourrais profiter de tout cet attirail fourni par Yahoo pour coller sous surveillance des rues, quartiers, routes, l’air de rien. Un panneau publicitaire suréquipé dérangera toujours moins que plein de caméras, de micros et autres joyeusetés installées par la ville, la région ou l’état.

D’autant plus que Yahoo n’a pas vraiment le vent en poupe en ce qui concerne la protection des données personnelles de centaines de milliers de personnes en ce moment…

On pourra penser que je vois le mal partout, c’est peut-être vrai. Mais malheureusement, dans le domaine de la surveillance généralisée, il faut toujours imaginer le pire… car c’est souvent bien pire en réalité.

Cet article Yahoo réfléchit à des panneaux d’affichage intelligents qui vous regardent et vous écoutent est apparu en premier sur Pixellibre.net.

Fichage : une dangereuse amnésie derrière un écran de fumée.

mercredi 2 novembre 2016 à 15:02

Décret n° 2016-1460 du 28 octobre 2016 autorisant la création d’un traitement de données à caractère personnel relatif aux passeports et aux cartes nationales d’identité. Tel est le joli nom de la nouvelle base de données, souhaitée par le gouvernement. Et cette base est destinée à tous nous ficher. Analyse d’un monstre de fichage.

Le TES, pour « Titres électroniques sécurisés », est un traitement de données à caractère personnel crée par le décret mentionné au début de ce billet.

Qu’est-ce qu’il contient ?

L’article 2 du décret est très clair, ce fichier va contenir les informations suivantes :

Mais, soyez rassuré.e.s : « Le traitement ne comporte pas de dispositif de recherche permettant l’identification à partir de l’image numérisée du visage ou de l’image numérisée des empreintes digitales enregistrées dans ce traitement. »

Ouf, tout de suite, je me sens rassuré.

L’article 3 nous apprend que les agents en charge des passeports et de la carte nationale d’identité seront individuellement habilités à accéder à tout ou une partie du contenu de ce TES. Normal, du moins, il me semble que c’est logique, dans la continuité de la chose.

L’article 4, quant à lui, nous apprend que, à l’exclusion de l’image numérisée des empreintes digitales, les agents des services de la police nationale ainsi que les militaires des unités de la gendarmerie nationale chargés des missions de prévention et de répression des atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation et des actes de terrorisme seront habilités à accéder à ce fichier. Tout comme la DCPJ (Direction Centrale  de la Police Judiciaire), qui pourra accéder à ces données et dans certains cas les partager avec INTERPOL ou avec les autorités compétentes des états membres d’INTERPOL.

Pourront également y accéder des agents du renseignement et encore bien d’autres personnes, bref, beaucoup de monde. D’autant plus que ces accès peuvent très  bien être modifiés par la suite, élargis.

« C’est pour votre bien »

Alors, à quoi va servir ce « méga fichier » qui va ficher la quasi-totalité des citoyens français (les moins de 12 ans échappent à ce fichage pour l’instant) ?

C’est pour votre bien, nous dit-on. Le TES doit servir à faciliter l’établissement et le renouvellement des titres d’identité, en plus de prévenir des fraudes sur ces titres. L’idée est donc d’avoir une masse d’éléments phénoménale sur l’individu, afin de contenir ou de limiter toute éventualité de fraude.

Bah alors, quel est le problème ?

Le ? Plutôt les.

Premièrement, la création d’un tel fichier devrait à minima faire l’objet d’un passage devant le parlement, pour que nos élus, aussi utiles qu’ils soient, puisse se prononcer sur ce méga fichier. Cela n’a pas été le cas. Le fichier a été créée par un décret, le gouvernement étant en droit de le faire sans passer par l’assemblée ou le sénat dans ce cas-là. Il ne fallait qu’un avis de la CNIL, qui existe. Le gouvernement est donc dans les clous, mais sur le plan moral c’est une autre chose.

On ne crée par un fichier de cette ampleur « comme ça », de son côté. L’histoire, pour celleux qui s’y intéressent, nous rappelle qu’un fichier qui porte sur toute la population française est extrêmement dangereux : « la France n’a créé qu’une seule fois un fichier général de la population, c’était en 1940. Il fut d’ailleurs détruit à la Libération », le député Blisko (PS) mettait, en 2012, les pieds dans le plat.

Le second : il semblerait que le gouvernement soit frappé d’amnésie. Comment ? Pourquoi ? Nous ne le savons pas, mais nos reporters sur le terrain nous indiquent qu’une forte consommation de drogue très violente serait à l’origine de ladite amnésie. Mais nous allons y revenir…

Trêve de plaisanterie.

En 2012, lorsque la droite était aux commandes, la création d’un fichier plus ou moins similaire avait été débattue au sein de l’assemblée, non sans passion d’ailleurs. A l’époque nous parlions déjà du fichier des « gens honnêtes ».

A l’époque … le parti socialiste avait plus que lutté contre ce fichier, qu’il jugeait extrêmement dangereux.

A l’époque, quelqu’un avait même déclaré la chose suivante :

« Aucune autre démocratie n’a osé franchir ce pas. Qui peut croire que les garanties juridiques que la majorité prétend donner seront infaillibles ? Aucun système informatique n’est impénétrable. Toutes les bases de données peuvent être piratées. Ce n’est toujours qu’une question de temps »

Ces paroles étaient pleines de bon sens, et réelles : aucune autre démocratie n’a osé franchir ce pas. Aucun système informatique n’est exempté de failles, qu’elles soient purement informatiques, organisationnelles ou humaines (social engineering). Une base comme ça sera l’objet de convoitises et, avant même sa création, je pressens déjà qu’elle sera une cible de choix, comme cela est déjà arrivé ailleurs, à d’autres niveaux, dans d’autres pays.

Pour l’anecdote, ces paroles sont celle de Jean-Jacques Urvoas, actuel Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Belle amnésie donc. Jean-Jacques a du être capturé par des extraterrestres, il est depuis remplacé par son double maléfique.

Comme vous pouvez le voir dans ce qui suit, en 2012 donc, Jean-Jacques Urvoas était opposé à la création d’un fichier qui allait concerner la totalité de la population (Blog de Jean-Jacques Urvoas) , j’ai préféré prendre une image du site pour éviter la disparition d’un article qui pourrait le déranger. L’article est sauvé sur l’Internet Archive, ici.

C’est donc étrange de voir comment les choses peuvent évoluer en quatre années. L’amnésie, ce fléau politique, épisode 42, saison 4512541252.

Les risques ?

Il faut toujours imaginer ce qui pourrait arriver si tout ne se passait pas comme prévu. Créer un tel fichier comporte d’énormes risques.

Certes, le décret pose un certain nombre de garanties mais une fois tout mis en place, ces garanties peuvent bouger, voire largement sauter. L’histoire nous montre que les mesures de fichage ou celles exceptionnelles ont été déviées de leurs fonctions principales. Dans son livre « un président ne devrait pas dire ça », Hollande lui-même déclare que l’état d’urgence a été détourné de son rôle principal lors de la COP21 , comme le relève ASI.

On veut donc nous faire croire qu’un fichier de cette ampleur ne sera pas détourné de sa fonction principale ? Alors que depuis « toujours », tout ce qui a été créée pour surveiller ou pour contraindre a été détourné ?

Le gouvernement nous prend pour des abrutis, ce n’est pas une question, c’est une affirmation.

Et le pire dans tout ceci, c’est que techniquement, je ne sais pas s’il est possible de faire quelque chose pour lutter contre ça. J’agis donc à mon niveau, en exposant le problème, les dangers que cela comporte pour nous, ce fichier est dangereux, là aussi c’est une affirmation.

D’autant plus que même si ce gouvernement déclare être plein de volonté, je ne suis pas certain que ce soit le cas pour le prochain…

Alors, aussi futile que cela soit, aussi inefficace que cela puisse-être, je réclame l’ouverture d’un débat public sur ce fichier. Je réclame que ce monstre passe devant l’assemblée nationale, devant le parlement, devant des gens que j’espère encore concernés par la protection de nos données… même si en 2012, il étaient moins de 20.

Bref, encore une mauvaise nouvelle dans une France de plus en plus sous surveillance.

Cet article Fichage : une dangereuse amnésie derrière un écran de fumée. est apparu en premier sur Pixellibre.net.