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Les éditeurs en guerre contre les Adblockers !

lundi 21 mars 2016 à 23:30

Ce jour, de nombreux éditeurs de contenus et services en ligne, regroupés au sein du « GESTE », ont décidé de passer à la vitesse supérieure, en bloquant plus ou moins les personnes qui disposent d’un bloqueur de publicité sur leur navigateurs, certains allant jusqu’à bloquer tout court.

Histoire de poser tout de suite le ton du billet, mon GESTE à moi, le voici

Message au GESTE

Le problème des Adblockers

Revenons sur le problème : le blocage des publicités. Ce n’est pas un phénomène récent, loin de là, il se développe même de plus en plus, nous reviendrons sur le pourquoi du comment juste après.

Pour les éditeurs, le blocage des publicités pose un véritable problème, puisque cela entraîne une perte financière plus ou moins conséquente.

Cette perte est d’autant plus importante lorsque l’éditeur de presse en ligne vit essentiellement des revenus générés par les contenus publicitaires diffusés. Ne pas diffuser de pubs revient à se priver de quasiment toute source de revenus pour eux.

La solution

A la manière des majors dans le monde de la musique, ces éditeurs ont décidé de faire la plus grosse connerie à faire, celle qui ne pardonne pas, qu’on ne fait pas lorsqu’on comprend comment Internet fonctionne : sanctionner les utilisateurs.

C’est ainsi que, depuis ce matin, un certain nombre de sites d’information ne sont plus que partiellement accessibles pour les internautes qui ont un bloqueur de publicité activé, certains allant même jusqu’à « bloquer » complètement l’utilisateur.

Je vous laisse deviner que la réaction des internautes a été immédiate et sans appel : la « AdBlockWars » est ouverte.

La réponse technique est arrivée quelques instants après : des plugins existent pour bloquer – attention il va falloir suivre – les bloqueurs qui bloquent les bloqueurs de publicités. Répétez cela cinq fois, ça va bien se passer.

Bonne ou mauvaise ?

Ais-je réellement besoin de vous dire que cette solution est mauvaise ?

Je comprends le désir des éditeurs de presse en ligne d’avoir plus de revenus, il est plus que légitime. Tout travail mérite salaire après tout, personne n’osera dire le contraire. La volonté de récupérer des revenus est donc, je le redis, plus que légitime.

Cependant, le faire ainsi, de cette façon, avec autant de violence, c’est tout sauf une bonne réponse. De mémoire, « criminaliser » les internautes n’a jamais été une bonne chose, vous me dites si je me trompe, hein….

Les éditeurs de presse devraient se souvenir du passé, d’autant plus qu’ils doivent avoir des centaines d’articles dessus.

Le fait est le suivant : si les Adblockers existent, ils n’existent pas pour emmer*** les éditeurs de presse en ligne. S’ils existent, c’est parce que ces derniers, pour des motifs légitimes mais discutables, ont accepté tout et n’importe quoi sur leurs sites, au point d’avoir :

Lorsque je vais lire un article de presse, j’y vais pour le contenu, pas pour être bloqué par une saloperie de publicité intrusive qui vient remplir la moitié du contenu de mon écran, ou qui me le bloque totalement. Je n’y vais pas pour avoir une publicité que je suis obligé de laisser passer pendant un temps précis. J’y vais en étant d’accord, je vais confier un certain nombre d’informations au site de presse en ligne. Je n’accepte pas pour autant que ce dernier, via son système de publicité, crée une fiche sur moi, d’une façon plus qu’intrusive, et que ce système de publicité soit connecté à plein d’autres choses en arrière plan.

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C’est quand-même pas compliqué

Bordel !

Je travaille dans le secteur de la relation client depuis plus de 10 ans maintenant et la première chose qu’on t’apprends, c’est : le client, c’est ta vie.

En France, de plus en plus d’entreprises le comprennent et remettent enfin le client au centre de tout, il suffit de voir la transformation numérique de bon nombre d’entreprises pour comprendre qu’elles ont enfin capté que ce n’était pas à nous de nous adapter à eux, mais l’inverse.

Alors, ici, pas d’exceptions : il incombe aux éditeurs de presse en ligne de s’adapter à nos usages et pas à nous de nous adapter à leurs envies. Attention, soyons clairs, je ne parle pas du contenu, les journalistes et maisons de presse savent très bien gérer cela et nous n’avons rien à dire sur le sujet. Non. Je parle d’adaptation dans la façon de nous « servir » ce contenu. C’est simple à dire, moins à faire, j’en conviens… mais il est plus que temps d’arrêter de nous prendre pour des idiots.

En « criminalisant » les utilisateurs de bloqueurs de publicité, les éditeurs jouent à un jeu dangereux, qui pourraient, en l’espace d’une semaine à peine, porter atteinte à leur réputation. Ils vont certainement perdre des lecteurs, qui exaspérés d’être pris pour des méchants, iront ailleurs. L’information sera peut-être de moins bonne qualité, mais le « client » ne sera pas maltraité.

J’aimerais bien pouvoir désactiver mes bloqueurs, traqueurs et tout le reste… mais pas au détriment de la qualité de lecture que je souhaite obtenir, ni au détriment de ma vie numérique.

Simple démonstration avec et sans les Adblockers

J’ai lancé trois sites, à savoir « Le Monde », « Le Figaro » et le site « 20 minutes », les trois sur le même article, une fois avec mes plugins activés, une fois avec l’ensemble de mes plugins désactivés. J’ai fait une copie d’écran à chaque fois que la page était chargée, sans toucher à quoi que ce soit. Voici mes résultats.

ndlr : je n’ai pas d’ordinateur configuré « un peu comme tout le monde », donc de nombreuses choses sont bloquées chez moi et ce, même avec l’ensemble de mes plugins activés. Les résultats sont donc faussés.

Voici le site « Le Monde » sans mes plugins et adblockers

Le Monde sans plugins

Les trackers présents sur Le Monde

La page contient 50 trackers… dont 42 publicitaires. Donc lorsque je vais sur Le Monde, sans plugins, à poil quoi… au moins 42 sites publicitaires savent où je suis, ce que je fais, ….

Selon un autre plugin, il m’a fallu plus d’une minute pour récupérer l’ensemble des données de la page, avec l’ensemble des trackers autorisés.

Passons au site « Le Figaro »

Sans mes plugins et adblockers

Première mauvaise surprise : une publicité vidéo se lance, seule, et prend « un peu de place sur l’écran »

Le Figaro sans plugins

Une fois la page chargée…

Le Figaro sans plugins chargé

Les trackers du Figaro

La page contiendrait 24 trackers…, en réalité, elle en contient plus, j’ai fait un pic à 72 mais, pardonnez-moi, j’ai la flemme de modifier toute mon installation pour faire le test.

Sur les 24 trackers, 19 sont des « mouchards » publicitaires.

Idem, plus d’une minute bien tassée pour charger l’ensemble des éléments de la page.

Enfin… mon grand gagnant, le site du 20 minutes

Sans les plugins et adblockers

Le 20 minutes sans plugins

Les trackers du 20 minutes

Si la page est très peu chargée en publicité… elle contient 56 trackers…dont 48 publicitaires. A nouveau, j’ai la flemme de modifier toute la config de mon ordinateur, qui, de base, bloque maintenant pas mal de choses. Le chiffre réel doit être un peu plus élevé.

Maintenant… un test avec mes plugins :

Le Monde : temps de chargement de la page – 4.96 secondes.

Le Monde avec plugins
Le Figaro (et sans la vidéo agressive du début) : temps de chargement de la page – 1,32 secondes

Le Figaro avec plugins

Enfin, 20 minutes : temps de chargement – 0,50 secondes pour charger la page

Le 20 minutes avec plugins

J’ai rapidemement fait un test sur une machine qui n’est pas à moi, les chiffres sont environ 1 fois 1/2 plus élevés, sauf pour le site du 20 minutes, qui affiche plus de 113 trackers, donc plus de 90 publicitaires.

N’hésitez surtout pas à partager vos résultats !

Au total, j’ai gagné de nombreuses minutes de chargement et encore, pour les besoins du billet, j’ai été « plus gentil » que d’habitude sur les sites que je visite, habituellement, mes visites ressemblent plus à cela

Navigation As usual

Oui, c’est laid, mais j’ai le contrôle sur ce qui s’affiche et je peux débloquer des éléments que j’ai choisi, quand je l’ai choisi… mais c’est très « web 1.0 », je sais.

Conclusions

J’aime lire, j’aime l’information, j’aime m’informer mais je n’aime pas être la cible d’un pistage plus qu’intrusif et systématique, je n’aime pas qu’on vienne me dire « vous devez-nous laisser la publicité sinon nous allons mourir de faim ». Je n’aime pas qu’on se moque de moi. Je visite Le Monde, pas les 48 sites qui m’observent du coin de l’œil derrière.

Et surtout, surtout… je n’aime pas être traité comme le méchant de l’histoire, quand j’ai l’impression que le méchant, c’est plutôt le site que je suis en train de lire, car il ne me respecte pas, moi, en qualité de client.

Si vous êtes intéressé.e.s, je publierai un autre billet de ce genre, avec de belles images pour être encore plus démonstratif… et je peux publier ma liste de plugins utilisés.

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Chiffrement, Backdoor, Apple, FBI… un problème ?

vendredi 18 mars 2016 à 11:32

Chiffrement …Backdoor : ces mots sont partout, surtout dans la bouche de nos politiques et encore plus en ce moment… le tout sur fond de conflit entre le FBI et de nombreux acteurs internationaux.

Si nous prenions quelques minutes pour parler sérieusement, faire le point et arrêter les conneries ?


Lors d’un précédent billet, j’expliquais que les propositions d’amendement du Député Galut étaient plus que risibles. Pour rappel, le député souhaitait instaurer de lourdes sanctions financières contre des sociétés comme Apple ou Google, si elles n’obtempéraient pas à donner accès aux téléphones de leurs propres clients.

Cette proposition faisait référence au cas qui oppose encore aujourd’hui Apple au FBI, ce dernier se déclarant incapable d’accéder aux données d’un iPhone chiffré, dans le cadre d’une enquête.

Une backdoor : un besoin compréhensibe

Dans ce conflit qui oppose Apple au FBI, de nombreuses choses se jouent, des choses qui vont au-delà du simple Apple ou des entreprises qui rejoignent « le camp » de la pomme. La bataille fait rage et est loin d’être simple.

Se positionner n’est pas une chose aisée : la demande du FBI est plus que compréhensible, ils ont besoin de pouvoir avoir accès aux données du téléphone et, plus largement, à des données chiffrées, afin de pouvoir travailler. Le chiffrement étant de plus en plus présent dans nos vies, le travail du FBI et des autres agences de renseignement sera, de facto, de plus en plus compliqué.

Le point de vue très tranché d’Apple et plus que compréhensible aussi : ils refusent de céder aux requêtes du FBI et ne veulent pas créer de backdoor au sein du système iOS car cela reviendrait à affaiblir la sécurité de l’ensemble des terminaux. De la même façon, ils refusent de créer une clef « passe partout », pour des raisons similaires.

…mais dangereux et irréalisable

Même si la demande du FBI est compréhensible, je rejoins « le camp » d’Apple sans me poser la moindre question.
Le débat actuel, dans les hautes sphères de la stupidité du gouvernement, est de considérer que si nous sommes pour Apple, nous sommes pour les terroristes. Cet argument fatiguant et fallacieux est repris partout, pour tenter de jouer sur le sentimental, sur la culpabilité… ne vous faites pas avoir, vous pouvez parfaitement être pour le chiffrement et contre le terrorisme, le monde n’est pas tout blanc ou tout noir.

La demande du FBI est dangereuse et ces derniers n’ont pas conscience de la portée de leur requête : en forçant Apple ou d’autres à créer de telles failles, c’est la sécurité de l’ensemble des terminaux qui est remise en question.

Beaucoup de personnes ne comprennent pas la position d’Apple, laissez-moi vous donner un exemple peut-être plus parlant : vous créez un passe partout ou une backdoor pour ouvrir une porte, disons, de la marque de porte la plus connue de la planète… même si initialement c’est pour une seule porte, cela vous donnera accès à toutes les autres portes de la planète.

Vous aurez beau avoir les meilleures intentions de la planète, dire à qui voudra bien vous croire que vous n’allez vous servir du passe partout ou de la backdoor que pour cette porte, vous n’êtes plus en mesure de garantir que les portes de la marque sont sécurisées.

Vous pouvez vous faire voler le passe partout… vous pouvez sombrer du côté obscur de la force et commencer à l’utiliser partout, bien en dehors du cadre de base et même si vous ne vous faites pas voler la clef, même si vous êtes un gentil qui n’utilisera pas le passe partout ailleurs, vous envoyez un message aux personnes mal intentionnées : « la marque de porte bidule possède un système de contournement, nous avons un passe partout, nous avons une backdoor », la faille sera trouvée, c’est inévitable, ce n’est qu’une question de temps.

Voilà ce qu’Apple redoute : la création d’une backdoor ou d’un passe partout. Cela serait catastrophique car l’ensemble des terminaux seraient « vulnérables by design », en gros, il y a une backdoor dans le téléphone volontairement installée. Imaginez que vous achetez une porte avec un bouton caché pour l’ouvrir et ce même si vous n’avez pas la clef… pas génial hein.

J’ai récemment entendu l’expression « installer un cancer » dans les terminaux, c’est exactement cela : pour être clair, on installe un bon gros truc bien dégueulasse pour contourner toutes les protections du système.

Le FBI aura beau faire toutes les déclarations possible, dire qu’il est gentil, dire qu’il ne s’en servira que dans certaines conditions strictes, sous le contrôle d’un juge… cela ne changera rien. Les très nombreux écarts de conduite de la NSA nous ont montrés qu’il ne fallait absolument pas faire confiance aux services du renseignement.

Apprendre du passé

Le pire, dans cette affaire, c’est que nous avons déjà de la matière pour prendre de bonnes décisions…et que cela n’arrive pas.

Dans les années 90, la NSA mettait au point le « clipper chip », une puce qui devait être présente dans l’ensemble des appareils électroniques vendus. Initialement, cela permettait de chiffrer les communications des terminaux électroniques afin de garantir la sécurité des échanges… sauf que la puce était équipée d’une backdoor qui permettait au gouvernement américain de pouvoir écouter les communications sur l’ensemble des terminaux équipés du Clipper chip.

A l’époque déjà, l’EFF, équivalent de La Quadrature du Net en France, mais dopée aux hormones, s’inquiétait dudit Clipper Chip car cela pouvait servir à une surveillance de masse d’un côté et, de l’autre, l’EFF pensait que le Clipper chip était dangereux car cela ne pouvait pas être totalement sécurisé.

1994. Matt Blaze découvre publie un papier : « Protocol Failure in the Escrowed Encryption Standard » où il expose les vulnérabilités de ce qui compose le Clipper Chip et démontre, avec d’autres, que la puce peut être attaquée, qu’elle n’est pas sécurisée et que, pour résumer, introduire une backdoor dans un système, c’est quand même une sacré grosse connerie.

Les cas d’écoles sont nombreux et certains sont récents, comme celui de Cisco ou de Juniper, les conclusions sont les mêmes : implanter ou avoir une backdoor dans son système, c’est dangereux car cela peut vite être exploité par des personnes mal intentionnées.

D’ailleurs, même notre gouvernement le disait, il n’y a pas si longtemps que ça :

Et parce que l’actualité récente [le scandale Juniper, NDLR] montre à quel point le fait d’introduire délibérément des failles, à demande des agences de renseignement, nuit à l’ensemble de la communauté ».

Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au numérique, en réponse à Nathalie Kosciusko-Morizet

Que ce soit clair, la vision de la secrétaire est la bonne mais elle n’est plus écoutée. Bernard Cazeneuve a repris la main sur la communication et va à l’opposé, puisqu’il est « dans le camp » du FBI… rien d’étonnant lorsque l’on connait le personnage.

Arrêtez de prendre les terroristes pour des cons

Maintenant, parlons peu, mais parlons bien : est-ce qu’il serait possible d’arrêter de penser que les terroristes sont des abrutis finis ?

Ils étaient, comme les pédophiles, dans les premiers utilisateurs des systèmes de chiffrement des communications. Ils seront toujours en avance, toujours à aller là où c’est chiffré… si la sécurité d’Apple est remise en question, ils continueront d’utiliser des iPhones mais passeront pas des applications comme WhatsApp pour protéger intégralement leurs communications. Puis si on demande à WhatsApp d’affaiblir sa sécurité, ils iront encore ailleurs puis encore ailleurs et enfin encore ailleurs et ainsi de suite… Ils utiliseront et iront là où ils trouvent ce qu’ils cherchent et personne ne les empêchera de le faire, c’est simplement impossible.

Et même si l’ensemble des gouvernements de la planète décidaient, du jour au lendemain, d’interdire totalement tout système de chiffrement, cela ne changerait rien. Les terroristes ne sont pas spécialement connus pour obéir aux désirs des gouvernements, ils utiliseraient donc autre chose, qui fonctionne. On aurait donc affaibli la sécurité des données de milliards de personnes, sans pour autant résoudre le problème.

Qu’on se le dise : il n’y a pas et il ne peut pas y avoir de compromis avec la sécurité, ni avec le chiffrement. Le moindre compromis revient à bousiller des années de recherches, de travail, d’efforts.

A quoi ça sert de chiffrer des données, des téléphones, des équipements, à quoi ça sert si, de base, il y a déjà une porte dérobée ? A rien.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

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Le chiffrement vu par Yann Galut, député PS

lundi 29 février 2016 à 21:44

Chiffrement : Le député Yann Galut (PS) va prochainement déposer une proposition d’amendement visant à imposer de très lourdes sanctions financières aux sociétés comme Apple ou Google, qui refusent actuellement de donner accès aux données des téléphones de leurs propres clients.

C’est à se demander ce qui passe, parfois, dans la tête de certains députés. Yann Galut, député PS, proposera prochainement, dans le cadre de la prochaine grosse loi crime organisé, énième loi depuis quelques années, d’imposer des sanctions financières de l’ordre du million d’euro.

Le principe

J’imagine aisément les motivations dudit député : lutter contre le crime. Quoi de plus louable me direz-vous. Il est vrai que les forces de l’ordre rencontrent, de façon anecdotique cependant, des problèmes avec des téléphones chiffrés. Cette impossibilité d’accéder aux données présentes dans le téléphone complique le travail des forces de l’ordre dans le cadre de certaines enquêtes.

C’est donc « logiquement » que le député Galut cherche une solution au problème posé. En soi, c’est une intention louable que de vouloir arranger les choses

Mais pas n’importe comment

Le problème n’est donc pas l’intention du député, mais la solution qu’il propose : imposer aux sociétés qui chiffrent les données de leurs utilisateurs de donner accès à ces données.

Le député se veut rassurant : « Le procureur ou le juge d’instruction ne pourront avoir accès à la clé de chiffrement des constructeurs de smartphones qu’avec l’autorisation du juge des libertés et de la détention. Par ailleurs, cette clé ne servira que pour le ou les portables concernés par la procédure judiciaire » (source)

Cependant, et l’histoire me donnera malheureusement raison, ce n’est pas ainsi que cela se passe. Dès lors qu’on donne accès à de tels moyens, on ouvre une boite de pandore. D’autres services, pour d’autres raisons tout autant justifiées, viendront se greffer à ce dispositif d’accès et au final, cet accès se banalisera à l’ensemble des services et l’outil sera encore et toujours détourné de ce pour qui et quoi il était fait à la base.

Chiffrement : un problème de compréhension

Le député, sollicité par mes soins, n’a pas encore donné suite, mais j’espère que cela arrivera, pour lui expliquer que quelque chose lui échappe manifestement.

Premièrement, je doute que demander à Apple et Google de fournir des solutions pour casser les protections installées soit légal. Soit on demande à l’ensemble des fournisseurs de solutions de chiffrement de donner des moyens pour casser des protections, soit on ne demande à personne.

Ensuite, le député Galut n’a pas compris quelque chose, il n’est pas technicien, mais député. Je vais donc expliquer ce qu’il ne comprend pas : Apple et Google proposent des solutions de chiffrement qui font que même eux ne sont pas en capacité de connaître la clef que l’utilisateur à choisi.

Donc, le seul moyen d’accéder aux données du téléphone, c’est d’obtenir la clef, donc que l’utilisateur accepte de la donner.

A défaut, puisque Apple et Google sont dans la totale incapacité d’accéder aux données, ils seront dans l’obligation d’installer une des deux solutions suivantes :

  1. une clef générique, qui ne tardera pas à fuiter et à représenter une menace plus que sévère pour la protection des données du téléphone.
  2. une porte dérobée, qui ne tardera pas à être découverte et qui sera utilisée par de très nombreuses personnes.

Dans les deux cas, cela revient à affaiblir la sécurité des appareils et à exposer nos données personnelles à de trop nombreux risques.

Je ne vous jette pas la pierre, monsieur le député Galut. Votre travail n’est pas de comprendre « comment ça marche », le mien si. A une époque où le chiffrement devient de plus en plus la norme, vos propositions ne devraient pas exister.

Monsieur le député, si vous prenez le temps de lire mon billet, prenez aussi celui de me contacter afin que nous puissions échanger sur le sujet. Vos intentions sont louables mais les solutions que vous proposez sont tout bonnement irréalistes et dangereuses.

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[Perso] Réponse au coup de gueule politique, suite et fin

dimanche 28 février 2016 à 22:51

J’étais parti pour répondre à Ace, qui m’a laissé un commentaire suite à mon gros coup de gueule… et j’ai pensé que d’autres se posaient les mêmes questions, alors voici la réponse à Ace, sous forme d’un billet.

Merci de garder à l’esprit que je suis peut être naïf, innocent, bête ou rigolo de ridicule… mais que c’est un peu de ça dont nous avons besoin, du moins… moi j’en ai besoin. Si j’arrête d’y croire, autant arrêter tout de suite de se battre.

Je suis on ne peut plus d’accord avec ton coup de gueule. Toutefois, je m’interroge sur la fin de ton billet et sur le message que tu souhaites faire passer. Tu sembles vouloir inciter ton lecteur à se bouger. Mais pour faire quoi ?

Ace, effectivement, je t’invite et j’invite mes lecteurs à se bouger, d’abord en prenant conscience qu’il est possible de faire changer les choses, d’abord en prenant conscience tout court que ce n’est pas en continuant de se plaindre sans réellement tenter de changer les choses que les choses changent. J’en conviens, c’est très cliché, comme point de vue… mais je suis convaincu qu’il faut une réelle prise de conscience avant même de penser à faire quelque chose.

C’est une très bonne chose que de vouloir éveiller les consciences, et je ne peux que féliciter tous ceux qui participent à cela. Mais pousser une gueulante est une chose, proposer des moyens d’actions/des alternatives, en est une autre.

Absolument, je me permets donc de te répondre et de te proposer mes idées de citoyen comme tout le monde, elles ne sont peut-être pas révolutionnaires, peut-être trop idéalistes… mais je pense qu’il nous faut au moins ça pour atteindre un cap de non retour vers un réel changement.

Que penses-tu qu’un lecteur qui débarque ici puisse se dire en fin de lecture ? Il peut très bien se dire « ok, il a raison, je suis en colère moi aussi, et il met des mots sur des choses que je ne parvenais pas à exprimer. Mais qu’est-ce que je peux faire, moi, pour faire évoluer les choses ? »

Très sérieusement, rien que se poser des questions est déjà un acte, le premier que je tente, à chaque fois, de créer : la remise en question, ou le fait de s’en poser. Ce n’est évidemment pas suffisant, qu’une première étape… mais elle est fondamentalement la plus importante.

Ce paragraphe en particulier, sonne un peu comme une accusation : « Il serait bon que toi, oui toi là, l’internaute en pleine lecture de ce billet, tu te dises la même chose : si ton gouvernement existe et fait ce qu’il veut, c’est parce que tu le laisses faire. Je sais que tu as ton quotidien à gérer, tes galères, ton travail, les fins de mois difficiles… comme nous tous. Tu n’en as pas ras le bol, à un moment ? Je sais, ça demande énormément d’efforts de s’opposer à tout ceci, puis tu te dis que tout seul, bah, ça ne sert à rien. »

Tu as raison sur le fond, nous sommes tous responsables de l’état actuel des choses. Mais que proposes-tu ? Que pouvons-nous encore faire ?

Ce paragraphe sonne effectivement comme une accusation, puisque c’était le principe dudit paragraphe. C’est un point de vue très personnel, comme tout ce que je peux écrire, mais je suis triste et parfois fatigué de voir des gens, chaque jour, se plaindre de la situation x ou y, sans essayer ne serait-ce que de changer un petit quelque chose, pour plein de raisons, parfois justes, parfois non.

Une fois de plus, je suis d’accord avec tes propos, et je ne poste pas ce commentaire dans un but de dénigrement. Mon interrogation est sincère : que proposes-tu ? Que fais-tu/que comptes-tu faire toi, personnellement, pour modifier cet état de choses ? Signer la pétition contre la loi El Khomri ?

Sois rassuré, je ne prends jamais un commentaire aussi bien construit comme un dénigrement, tu as pris le temps de construire ta réponse, de participer, de donner ton point de vue, il serait très triste de prendre le moindre commentaire comme un quelconque dénigrement. C’est tout l’inverse.

Qu’est-ce que je compte faire, pour modifier les choses ?

La première chose me semble évidente, déformation d’activiste peut-être : ne rien laisser passer. Strictement rien. Pas un seul écart de conduite. Pas une seule parole déplacée. Pas une seule dépense publique qui ne soit pas équilibrée et justifiée. Et le faire savoir.

Le corps politique donne un nom à ces gens qui, comme moi, ne laissent rien passer : des menaces.

Ça demande du temps et des efforts, très clairement. Je comprends que tout le monde ne puisse pas le faire, que tout le monde n’ait pas envie de le faire, la vie est déjà bien assez compliquée comme ça.

En pratique, ça passe par la diffusion de l’information et la demande de justifications. Donc des coups de téléphones, des courriers, des mails, que la personne soit député, ministre ou tout autre fonction du corps politique. Certains lisent et me répondent, d’autres non, d’autres ne lisent sans doute même jamais ce que je peux envoyer. Mais ils savent que quelque part, quelqu’un regarde ce qu’ils font.

Et c’est ça, déjà, qu’il nous faudrait : re « politiser » les gens, leur faire prendre conscience qu’il est de notre devoir de veiller au bon fonctionnement de la politique dans notre pays, tout partis politiques confondus. Leur faire prendre conscience qu’être citoyen, ce n’est pas simplement avec un petit bout de papier pour aller voter à des élections où nous avons le choix entre la peste et le choléra.

Dans certains pays de notre Europe, les dépenses publiques sont très strictes et très observées… par le peuple, la Norvège est un bon exemple qui n’hésite pas à crier au scandale si un denier de l’argent public est dépensé d’une façon… bien française. Certains rapports financiers sont publics, les députés et ministres et autres doivent se rendre compte qu’ils sont des gens normaux et… ils sont manifestement incapables de s’en rendre compte seuls, alors on devrait les aider un peu. Cela ne sera ni agréable, ni facile, ni rapide, mais c’est nécessaire. Et ça existe, certains font figure d’exemple dans le paysage politique, j’ai au moins un nom en tête. C’est pour ainsi dire rien, mais c’est une preuve que ce n’est pas impossible.

Inutile, on a bien vu ce que ça donnait avec les referendums avant, et on a, je pense, tous lu la réponse de la « ministre ». Descendre dans la rue ? On est en état d’urgence, et de toute façon, qui tient encore compte des manifestations ? Participer au mouvement #OnVautMieuxQueCa ? Ça me paraît tellement inutile que c’en est risible (même si l’intention de départ, bien sûr, est honorable ; un tel mouvement n’aurait de chance de succès que dans un démocratie) ; on s’adresse quand même à des gens qui oppriment la population qu’ils sont sensés protéger, les populations chez qui ils font couler le sang en vendant des armes aux « terroristes » (leurs amis) dont ils nous rebattent les oreilles – ces mêmes gens qu’ils refusent d’accueillir sur un territoire qui ne leur appartient pas. Et il y en a pour penser que leur opposer un # va faire bouger les choses ? Je voudrais pouvoir y croire, mais j’ai bien peur que le monde des Bisounours ne reste à jamais une utopie. Je pense par contre que tous ces pourris doivent bien se marrer en discutant de ça à la cantine Fouquet’s, entre deux parties de golf ; si tant est qu’ils soient même au courant.

Je t’avoue que je n’ai, personnellement, aucune fichue idée de ce que nous pouvons bien faire contre ces gens, notre gouvernement et le monstre union européenne. J’ai clairement la sensation que nous ne pouvons rien. Que la seule solution qu’il nous reste, c’est une insurrection, mais que ce sera seulement un sacrifice, un beau geste, qui ne nous tirera pas d’affaire. Une autre idée ?

S’ils rigolent… et certains rigolent effectivement, c’est parce qu’il se sentent immortels, intouchables. Au pire il la presse parlera d’une mise en examen ou d’un petit scandale, mais la presse, ce n’est pas le peuple.

Ces gens là ont BESOIN de nous, ils cherchent une légitimité à nos yeux, pour pouvoir continuer d’exister. La politique actuelle se nourrit de la confiance qu’on décide de lui accorder et continue de survivre une fois la confiance perdue… parce qu’on ne fait rien.

Alors, ce n’est peut-être pas grand-chose à mon échelle, mais si nous étions plus à le faire, m’est d’avis que certains rigoleraient déjà beaucoup moins. Il faut s’informer, nous réapproprier nos devoirs de citoyens pour pouvoir jouir pleinement de nos droits et … ne rien laisser passer, « leur » faire savoir que nous les observons attentivement.

Une fois que ce premier point sera intégré, le paysage politique sera, à mon avis, déjà bien plus sain qu’aujourd’hui.

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[Perso] Lett… oh puis merde à la fin

jeudi 25 février 2016 à 19:58

Autant prévenir, c’est un coup de gueule, ça ne va pas parler de vie privée, ni technique. Ce n’est pas le blogueur qui s’exprime, c’est le gugus derrière, qui est comme tout le monde, qui sature, qui galère et qui s’arrache chaque jour pour tenter de faire que le prochain soit mieux. Souvent sans succès.

Ce n’est pas directement lié à la future réforme du code du travail, ou pas seulement.

Allez, je vous l’accorde, la seule différence c’est que j’ai un blog et que j’en profite pour m’exprimer et pour partager mon point de vue avec celleux qui passent ici.

J’en ai ma claque de ce gouvernement et des décisions qu’il prend.

J’en ai ma claque de voir chaque jour les minces frontières entre le pouvoir législatif, l’exécutif et le judiciaire fondre comme neige au soleil.

J’en ai ma claque de voir que des lois plus stupides les unes que les autres, complètement déconnectées de la réalité, viennent un peu plus nous compliquer la vie.

J’en ai marre, plus encore, de voir que plus le temps avance, plus la communication du gouvernement est déconcertante, irrationnelle et de plus en plus méprisante.

Aujourd’hui, sur Twitter, un compte « officiel » de la loi sur le travail est arrivé. Officiel parce que certifié, on ne sait trop comment d’ailleurs car il n’y a pour ainsi dire pas de données sur le compte… on imagine aisément que quelqu’un au gouvernement est bien placé et que Twitter est assez… coopératif.

Le principe de ce compte c’est de nous faire comprendre la loi sur la réforme du travail. Il faut savoir lire entre les lignes, vous allez voir, ce n’est pas bien difficile :

ce compte arrive alors que l’opposition au projet de loi est de plus en plus prononcée, de plus en plus suivie… et il arrive pour « nous expliquer » le texte, là il faut comprendre que si vous êtes contre cette réforme, c’est que vous n’avez pas compris, sinon vous seriez pour.

Ainsi est résumée la stratégie de communication du gouvernement, qui envoie balader les opposants aux différents textes de loi, les renvoyant non pas au rang d’opposant, mais à celui de crétin.

Et pardon, cher gouvernement qui ne lira jamais ces écrits et ce cri de haine et de colère contre toi, mais… c’est parfaitement inadmissible de te voir parler ainsi. De voir que tu nous prends pour des cons et que tu t’en caches de moins en moins. Avant, encore, nous pouvions avoir l’impression que tu n’en avais pas rien à faire, mais maintenant…

Ton premier ministre est ainsi. Ton ministre de l’Intérieur est ainsi. Les rares qui ne sont pas ainsi sont remerciés ou méprisés.

Mon cher gouvernement, je n’ai plus confiance en toi. Je te promets, j’ai essayé de toutes mes forces et pendant longtemps, parce que tu es censé me représenter, parce que les projets de loi qui sont présentés au sein de ton assemblée sont censés être au moins un peu en phase avec ce que tes citoyens vivent.

Je t’ai pardonné beaucoup de choses, préférant penser que, je ne sais pas, tu allais te réveiller, prendre conscience que tu marchait sur la tête, j’ai osé penser que tu allais reprendre tes esprits.

Il n’en est rien, tu es devenu complètement fou.

Tu méprises la plus grande majorité de tes citoyens, là où tu te dois d’être exemplaire tu ne l’es pas, là où tu te dois de comprendre notre quotidien, tu n’entends rien.

Tu es devenu une sorte de monstre dont tout le monde se méfie et plus les jours passent, plus ce sentiment est présent au sein de ton pays, où la colère prend peu à peu le pas sur la lassitude.

Tu as de la chance, quelque part. Nous sommes fatigués, épuisés, devant tant de choses à combattre, devant tant de choses complètement aberrantes. Nous sommes tellement fatigués que nous ne descendons même plus vraiment dans la rue pour lutter pour nos droits. A quoi bon, de toutes façons, puisque tu feras passer ta loi en force, envers et contre tout, quitte à aller menacer des députés s’ils ne votent pas dans le bon sens.

Ne me dis pas que c’est faux, tu sais très bien de quoi je suis en train de parler.

La colère monte et toi… que fais-tu ? Rien. Au mieux tu mets en place une stratégie de communication qui, comme je l’ai expliqué, nous donne le désagréable sentiment que tu nous prends pour des abrutis finis.

Ce n’est pas parce que nous nous opposons à un projet de loi que nous ne l’avons pas compris, alors, s’il te plaît, est-ce que tu pourrais arrêter de nous prendre pour des abrutis, toi et ta bande d’hurluberlus ?

Je voudrais te faire confiance, me dire que tu travailles pour faire de ce pays un pays où il fait bon vivre, me dire que tu nous comprends… mais ce n’est pas le cas.

Je vais te faire une confidence, mon cher ami bien trop vieillissant : moi j’ai compris que je n’avais pas besoin de toi … toi en revanche, tu as besoin de moi pour vivre. Parce que si je ne suis pas là, tu n’as aucune raison d’être.

Il serait bon que toi, oui toi là, l’internaute en pleine lecture de ce billet, tu te dises la même chose : si ton gouvernement existe et fait ce qu’il veut, c’est parce que tu le laisses faire. Je sais que tu as ton quotidien à gérer, tes galères, ton travail, les fins de mois difficiles… comme nous tous. Tu n’en as pas ras le bol, à un moment ? Je sais, ça demande énormément d’efforts de s’opposer à tout ceci, puis tu te dis que tout seul, bah, ça ne sert à rien.

Sauf que tu n’es pas tout seul, arrête de penser que tu es tout seul et que tu ne peux rien faire. Ce monde nous appartient et il ne tient qu’à nous d’en faire quelque chose de meilleur que « ça ».

Alors oui, ça sera fatiguant et long, mais tu verras que si plein de personnes s’y mettent comme toi, on va avancer et on va faire comprendre à ce gouvernement et aux suivants qu’il faut arrêter de faire comme si nous n’existions pas.

Cet article [Perso] Lett… oh puis merde à la fin est apparu en premier sur Pixellibre.net.