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Hackers (lol) et canular à Paris, le nawak

mardi 20 septembre 2016 à 14:42

J’ai essayé d’éviter les informations stupides, mais celle-là m’a fait réagir… Deux adolescents ont « piraté » la ligne téléphonique d’une église parisienne pour faire un canular. Particulièrement con, surtout en ce moment, mais un canular. Et depuis quelques jours, je lis çà et là « deux hackers » ceci, « deux hackers » cela. Et bordel, ça m’énerve.

Pourquoi ?

Entrons dans le vif du sujet d’emblée : ça me gonfle profondément qu’on utilise le terme « hacker » à toutes les sauces et ce depuis des années. Certains diront qu’il ne faut pas s’emporter pour ça, d’autres que c’est ainsi et d’autres s’en fichent éperdument. Ce n’est pas mon cas.

Aujourd’hui, lire « hacker » dans un article quelque part, généralement, ça me déprime. On qualifie rapidement tout et tout le monde de hacker, si bien qu’au final, « hacker » ne signifie plus vraiment grand-chose. Tour à tour, c’est un méchant pirate informatique, un cybercriminel, un héros du printemps arabe, un bidouilleur, un manipulateur.

C’est même lui, ce vilain hacker, qui est responsable de la faim dans le monde et de la guerre. Tant qu’à faire, autant pousser l’absurde jusqu’au bout.

Alors non, lecteurs, lectrices, copains, inconnus, journaux, médias, un hacker, ce n’est PAS, à la base, quelqu’un de mauvais, quelqu’un de méchant, quelqu’un qui veut détruire la planète. Ce n’est pas non plus un asocial sociopathe dangereux qui mange des petits chats enroulés dans des câbles RJ45.

Ce terme est malmené depuis déjà fort longtemps et tout le monde gagnerait à utiliser les bons mots. Parce qu’il ne faut pas croire que ce glissement sémantique soit sans conséquences, ce n’est pas qu’un mauvais usage du terme. Lorsque ce mot est utilisé à tort, il dégrade l’image déjà bien fragile dudit hacker. Dans l’esprit des gens, du moins selon moi, on imagine le hacker comme quelqu’un qui n’a aucune vie, qui pirate des comptes Facebook, qui reste le cul posé sur sa chaise sans jamais voir personne, qui « casse » et « vole » des choses.

Sauf que dans les faits, ce n’est pas ça, un hacker. Ici, on peut parler d’une personne qui a des problèmes sociaux, on peut parler de criminel, de cybercriminel, de pirate informatique à la limite ou tout simplement, de con. Mais pas de hacker.

Hacker, c’est neutre comme mot. Du moins ça devrait l’être. Hacker – le verbe cette fois – c’est « bricoler », bidouiller un système, essayer de le comprendre, essayer d’en comprendre le fonctionnement, les limites et parfois essayer de s’en affranchir. La meilleure explication que je puisse avoir est celle des baguettes chinoises… elles servent à manger mais si vous vous en servez pour faire tenir un chignon ou un abat-jour, vous avez hacké son fonctionnement, vous l’avez détourné de son fonctionnement initial.

Est-ce que cela fait de vous une mauvaise personne ? Non. Du moins tant que détourner un objet de son usage principal n’est pas interdit.

C’est un sujet à débat, même au sein des communautés de hackers, mais le vrai combat n’est pas sur l’usage du mot, pas comme dans « chiffrer » au lieu de « crypter », il n’y a pas le même impact derrière.

Bref, vous l’aurez compris, je suis fatigué de voir ce mot utilisé dans tous les sens, de n’importe quelle façon.

Le cas des deux ados

Sans avoir le détail de ce qui s’est passé et de la façon dont ils ont procédé, usurper un numéro de téléphone, c’est relativement simple. Parole de moi, qui a travaillé plus de 10 ans dans le domaine.

Ce n’est pas forcément mauvais, certaines entreprises s’en servent pour utiliser le même numéro partout, que ce soit Pierre, Paul ou Jacques qui contacte monsieur ou madame untel. Le principe dans ce cas-là, c’est d’avoir un numéro de désignation de l’installation, qui sera le numéro connu des clients, 01 23 45 67 89 par exemple. On configure l’installation pour que chaque personne qui appelle affiche ce numéro. Rien de mauvais donc, comme beaucoup de choses, cette technologie est neutre, c’est ce qu’on en fait qui est bon, ou mauvais dans le cas de nos deux ados.

Monter un canular en usurpant un numéro de téléphone c’est donc très simple, à condition de chercher un peu. Des solutions existent sur Internet, pour quelques euros ou quelques neurones à y consacrer, et le tour est joué.

Pour déjouer ça, ça peut être aussi simple : rappeler le numéro de téléphone suffit parfois. On tombe alors sur la bonne personne, la vraie personne, celle à qui appartient vraiment le numéro et c’est terminé. J’imagine que les forces de l’ordre l’ont fait dans ce cas, j’espère du moins…

D’autant plus que les deux ados ne semblaient pas experts dans la protection de leurs données personnelles puisque des informations les concernant ont été publiées.

Bref, nous avons affaire à deux ados, un peu (très) cons sur ce coup, qui ont fait un canular débile et dangereux, mais pas à des hackers.

Si des journalistes me lisent, de grâce, utilisez les bons mots, cybercriminel dans ce cas, mais pas « hacker ».

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Censure : a quel jeu joue Facebook ?

mardi 13 septembre 2016 à 14:04

Il y a quelques jours, une nouvelle venait assombrir le paysage de la « liberté d’expression » sur Facebook, comprenez par-là, la liberté d’expression selon Facebook qui est une lointaine cousine de la véritable liberté d’expression. Retour sur cette affaire.

Facebook et les faits ?

Au début du mois de Septembre 2016, Le quotidien Afternposten, plus gros quotidien de Norvège, publie une série de photos qui « ont changé le cours de l’histoire ». Dans cette série de photos, on retrouve un cliché en particulier, que vous avez forcément déjà vu : une photo prise le 8 juin 1972, à Trang Bang, pendant le conflit armé au Vietnam. Trang Bang était bombardé ce jour, par l’aviation sud-vietnamienne, contrairement à ce que l’on pourrait penser ce n’était donc pas un bombardement américain.

Cette photo, c’est celle d’une petite fille brulée au napalm, Phan Thị Kim Phúc, agée de 9 ans. Elle court sur une route, nue, en hurlant de douleur. Vous connaissez forcément cette photo, elle a fait le tour de la planète, obtenu un Pullitzer et le World Press Photo, elle a fait le tour de toutes les rédactions à l’époque et encore aujourd’hui elle est considérée comme « une des plus célèbres » photos du XXe siècle.

C’était le point culture générale, revenons au présent : Les robots de Facebook ont censuré le journal norvégien, pour cette photo, contraire aux règles sur le réseau. Ladite photo a été identifiée comme pornographie infantile. En cadeau bonus, l’article est censuré et disparaît des réseaux.

Episode 1 :

S’en suit un communiqué du journal, qui déplore et critique la censure du réseau, puis un communiqué de Facebook expliquant, en version courte « oui d’accord elle a marqué l’histoire mais bon c’est quand-même une gamine à poil et on assume d’avoir censuré cette photo, rien à faire de l’aspect historique qu’elle représente, faites pas chier. »

Episode 2 :

Erna Solberg, la première ministre norvégienne, publie sur Facebook un communiqué pour critiquer ladite censure du réseau, communiqué accompagné de la même photo censurée et … paf. Page censurée, commentaire supprimé.

Forcément, lorsqu’une ministre se fait censurer, cela fait un peu plus de bruit et cela dérange plus Facebook, qui censure une personne politique. Avouez que ça fait tâche quand-même.

Depuis, Facebook semble avoir corrigé sa version et a décidé, en grand saigneur (non, pas de faute d’orthographe), de laisser passer la photo, tout en manifestant leur désaccord sur ledit cliché.

La loi et Facebook ?

Mon approche est relativement simple : à quel régime obéit Facebook et que dit la loi sur ce régime en question ?

Facebook met à disposition du public un moyen de communiquer, pour être exact il « assure, même à titre gratuit, pour mise à disposition du public par des services de communication au public en ligne, le stockage de signaux, d’écrits, d’images, de sons ou de messages de toute nature fournis par des destinataires de ces services » (Article 6-1-2 de la loi LCEN).

Son statut semble donc être celui d’un hébergeur. Un hébergeur, aux yeux de la LCEN, dispose d’un régime de responsabilité aménagé, en gros il ne peut être tenu responsable de ce qui circule dans ses tuyaux, jusqu’à ce qu’il soit prévenu d’un contenu contentieux ou illégal, qu’il devra alors faire sauter.

Certaines jurisprudences viennent tempérer le statut d’hébergeur, sans responsabilité éditoriale, pour le définir plus clairement : un hébergeur est l’intermédiaire informatique qui effectue des prestations purement techniques en vue de faciliter l’usage du site Internet par le public. (arrêts Dailymotion et Fuzz).

La plupart des réseaux sociaux se « cachent » derrière ce statut d’hébergeur, ce qui présente de nombreux avantages : pas d’obligation de surveiller tout le trafic tout le temps, d’observer chaque post, billet, tweet ou que sais-je encore. Ces réseaux peuvent-être notifiés d’un contenu illégal et agissent alors, toujours dans le cadre des obligations crées par la Loi de Confiance en l’Economie Numérique, la LCEN, via une notification précise (article 6-1-5 de la LCEN).

La version courte : pour pouvoir bénéficier du statut d’hébergeur, il ne faut pas toucher à priori au contenu, il ne faut pas automatiquement le censurer, et il faut pouvoir être notifié d’une infraction puis la traiter dans les plus brefs délais.

Donc ?

Donc c’est assez simple, en se comportant ainsi, Facebook fait n’importe quoi selon moi. Il sort allègrement de son rôle d’hébergeur, puisqu’il décide ou non de laisser passer du contenu. Il décide de ce qui peut être écrit ou de ce qui ne peut pas l’être, bref, Facebook se prend pour l’autorité suprême sur son réseau.

Logique vous me direz, ils font un peu comme ils veulent, après tout Facebook eux, c’est à eux.

Sauf que dans les faits, à force d’accumuler les sorties de pistes comme ça, Facebook n’est plus vraiment un hébergeur, mais un éditeur de contenu, qui lui, n’a clairement pas le même statut au sens de la LCEN.

L’éditeur a un rôle actif, est supposé avoir connaissance du contenu publié et doit contrôler le contenu diffusé sur son site et il est responsable de tout le contenu diffusé sur son site.

Tout, c’est tout. Les propos racistes, xénophobes, antisémites, les injures, insultes, la diffamation, les photos publiées sans le consentement des personnes présentes, la gestion du droit à l’image, tout, c’est tout. C’est absolument chaque contenu publié en public sur le réseau.

Tout, c’est beaucoup. Et sur un réseau social comme Facebook, fort de ses millions de publications par jour, contrôler tout ce n’est pas possible.

Pourtant, en se permettant d’appliquer une politique d’éditeur de contenu et non d’hébergeur, Facebook prend de gros risques. Je ne suis pas avocat, mais il serait assez plaisant (et drôle) que Facebook soit attaqué en frontal pour débattre de son statut d’hébergeur ou d’éditeur de contenus.

Bref, Facebook joue à un jeu assez dangereux car être reconnu comme un éditeur de contenu et plus comme un « simple » hébergeur aurait des répercutions conséquentes sur le réseau. Et m’est d’avis que s’il vient à être considéré comme un éditeur et non plus comme un hébergeur, il vont avoir du boulot. Beaucoup de boulot.

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Le chiffrement, la propagande et les états

jeudi 4 août 2016 à 11:55

Gauche, droite, état, procureurs, policiers, services ou agences de renseignement et, de plus en plus, citoyens, s’embarquent dans une campagne contre le chiffrement. Ce truc qu’ils appellent « cryptage » par abus de langage.

Des Etats-Unis d’Amérique à la France en passant par l’Angleterre, la campagne de communication instaurée à l’encontre du chiffrement fait rage.

Analyse… Une nouvelle fois, peut-être dans le vent. Je vais tenter d’expliquer pourquoi il est impossible, et dangereux, d’affaiblir le chiffrement.

Le point de vue

Résumons rapidement les positions défendues. D’un côté nous avons tout ce qui s’apparente, de près ou de loin, aux forces de l’ordre et à la justice. Pour ces derniers, le chiffrement est une plaie et complique le travail de tout le monde. De plus en plus de sociétés protègent les données de leurs utilisateurs, leurs conversations, échanges, données, qu’elles soient stockées en local comme sur un téléphone ou dans le « cloud ». Pour les personnes opposées au chiffrement, il faut que cela cesse.

Ils partent du principe que cela rend « aveugle », qu’il devient impossible d’écouter des personnes, d’intercepter des échanges. Qu’il devient impossible d’anticiper des passages à l’acte ou des attentats. Certains vont jusqu’à déclarer que les sociétés qui protègent les données de leurs utilisateurs se rendent complices des terroristes… Je vais considérer que c’est l’ignorance qui fait parler ces personnes. Même s’ils sont sacrément ignorants pour déclarer de telles conneries.

De l’autre côté, nous avons des experts, des agences de sécurité comme l’ANSSI, des geeks, des hackers, des journalistes, des éditeurs de logiciels, des fournisseurs de matériel… qui, eux, défendent le chiffrement. Pour eux, c’est la pierre angulaire du monde actuel, c’est grâce à l’ensemble des techniques de chiffrement des échanges qu’Internet est ce qu’il est.

Ils partent du principe suivant : le chiffrement permet de protéger des échanges et permet d’obtenir un minimum d’intimité et de sécurité. Il apporte également une solution de confiance dans les échanges commerciaux, plus que concernés par la protection des échanges et des transactions financières. Enfin, le chiffrement permet aussi à certains de pouvoir s’exprimer sans se faire arrêter, de pouvoir exfiltrer des informations qui n’auraient pas pu sortir autrement.

Les souhaits

Pour les « anti », la solution est simple : soit on interdit le chiffrement, soit on le limite assez pour qu’il soit « cassable », soit on le « backdoor ». Ce qui signifie, pour les profanes, qu’on cache une porte dérobée à l’intérieur du code ou du programme afin de pouvoir y rentrer un peu quand on le souhaite.

Bien sûr, pour ces personnes, l’usage de ces backdoors serait strictement réservé aux services et agences de renseignement ainsi qu’aux forces de l’ordre.

Backdoor__chiffrement_forces_ordre

Peut-on interdire le chiffrement ?

La réponse est simple : c’est non. D’abord parce que l’interdire reviendrait à l’interdire pour tout le monde, donc, à exposer l’ensemble de nos données à n’importe qui. Exit la sécurité de votre application « ma banque », qui vous permet de gérer votre compte depuis votre Smartphone. Terminé la protection de vos photos, de vos mails, de vos échanges personnels ou intimes. Terminés, aussi, les paiements en ligne, donc l’e-commerce, plus de Paypal, d’Amazon, d’EBay…

Le limiter alors ?

Non plus. L’explication est plus longue, même si elle reste simple. La première chose à garder en tête est la suivante : aucune technique de chiffrement, aucun algorithme, absolument rien n’est parfait et incassable. On dit d’un système qu’il est de confiance lorsque les moyens à mettre en place pour le briser sont trop importants, soit en termes de ressources et de puissance de calcul, soit en termes de temps. Ainsi, s’il faut 300 000 000 000 ans et toute la puissance de calcul de la planète pour casser quelque chose, on dira qu’il est assez solide.

Assez solide ne veut pas dire incassable, cela signifie plutôt « avec les moyens actuels, ce truc est solide ».

Ce qui signifie aussi « d’ici 10 ans, cela ne sera sans doute plus le cas ».

Je pense que vous comprenez pourquoi il est dangereux de limiter le chiffrement … cela revient au même que de ne pas en avoir.

Bon bah les backdoors alors…

La réponse est à nouveau non. Un non ferme, définitif, catégorique, suivi d’un coup de batte de Baseball sur le crâne pour te remettre les idées en place.

Prenons un exemple de la vie quotidienne, sans algorithmes, sans informatique : votre appartement ou votre maison. Un jour, un réforme est adoptée par votre pays. Cette dernière impose à chaque foyer de mettre en place une porte « secrète » afin que les forces de l’ordre puissent rentrer chez vous, en cas de problème.

Croyez-vous réellement que cette porte ne sera utilisée que par les forces de l’ordre ?!

Non, évidemment non. Vous savez qu’en mettant un accès secret, vous créez une faille, que quelqu’un finira par trouver cet accès et s’en servira. Et c’est ainsi que vous retrouverez votre maison vidée.

Voyez-vous le problème ?

Poser une backdoor quelque part, dans un logiciel ou dans un équipement, c’est exactement la même chose. C’est donner un accès à des ennemis ou à des personnes aux mauvaises intentions. Il est impossible de garantir que ladite porte dérobée ne sera utilisée que par les personnes habilitées à le faire. Instaurer une backdoor revient donc à affaiblir toutes les protections installées, chiffrement compris.

Dernier point, pour bien comprendre le problème… Il existe de nombreux logiciels qui embarquent, maintenant, une solution de chiffrement. Seulement, ces logiciels utilisent les mêmes techniques, le standard, la norme.

Comprenons-nous sur un exemple simple, le HTTPS : il n’existe pas un HTTPS pour Facebook, un pour Amazon, un pour tel ou tel autre site. C’est le protocole HTTPS qui est utilisé par Facebook, par Amazon ou par les autres…. Ainsi, dans notre exemple, installer un backdoor ne reviendrait pas à avoir accès à un seul site mais à l’ensemble des sites qui utilisent ledit HTTPS. Autant dire que c’est « open bar », cela ira plus vite.

En théorie…

…les gens comprennent que le chiffrement est nécessaire, qu’il doit être renforcé, protégé et surtout, qu’un outil n’est ni bon ni mauvais, ce sont les personnes qui s’en servent qui le sont.

Si l’organisation Etat Islamique utilise Telegram, c’est parce qu’elle considère que c’est assez solide, robuste, de confiance, sécurisé et qu’elle arrive à répandre sa propagande abjecte dessus. Cela ne fait pas de Telegram une application à interdire, dangereuse ou que sais-je encore. D’ailleurs, si on vient à interdire Telegram, les clowns de l’Etat Islamique iront simplement ailleurs, sur d’autres canaux d’échange. Quitte à développer leur propre système de communication sur leur propre application, l’Etat Islamique étant de plus en plus à la page sur le numérique, ce n’est pas inconcevable.

Bref, en Théorie donc, ce billet n’aurait aucune raison d’exister, puisque tout le monde aurait pris le temps d’utiliser cette merveilleuse chose nommée cerveau, pour se poser, réfléchir et se rendre compte de l’absurdité de la chose. C’est beau, la Théorie…

En pratique, le constat est différent, une partie du corps politique sort des énormités et une partie de la population ne se demande pas une seule seconde si c’est vrai ou pas, préférant croire que si c’est dit, c’est forcément vrai. Je ne peux qu’inviter ces personnes à réfléchir « global » avant de parler et, pourquoi pas, à lire ce billet qui, j’espère, en fera réfléchir quelques-uns…

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« Plus d’autorisation de manifester », vraiment ?

mercredi 15 juin 2016 à 13:48

Petit passage éclair, pour rebondir sur un déclaration du Président Hollande.

En conseil des ministres, monsieur a déclaré la chose suivante :

« A un moment où la France accueille l’Euro, où elle fait face au terrorisme, il ne pourra plus y avoir d’autorisation de manifester si les conditions de la préservation des biens et des personnes et des biens publics ne sont pas garantis. »

140 caractères étant parfois trop court, je profite d’un bref instant pour vous expliquer en quoi cette déclaration est une énorme bêtise qui, malheureusement, risque de prendre dans l’esprit de bien des gens.

Que dit la loi ?

Le code de la sécurité est très précis sur le sujet. Les articles L211-1 et L211-2 en particulier nous disent la chose suivante :

L211-1
Sont soumis à l’obligation d’une déclaration préalable tous cortèges, défilés et rassemblements de personnes, et, d’une façon générale, toutes manifestations sur la voie publique.
Toutefois, sont dispensées de cette déclaration les sorties sur la voie publique conformes aux usages locaux.
Les réunions publiques sont régies par les dispositions de l’article 6 de la loi du 30 juin 1881.

L211-2
La déclaration est faite à la mairie de la commune ou aux mairies des différentes communes sur le territoire desquelles la manifestation doit avoir lieu, trois jours francs au moins et quinze jours francs au plus avant la date de la manifestation. A Paris, la déclaration est faite à la préfecture de police. Elle est faite au représentant de l’Etat dans le département en ce qui concerne les communes où est instituée la police d’Etat.
La déclaration fait connaître les noms, prénoms et domiciles des organisateurs et est signée par trois d’entre eux faisant élection de domicile dans le département ; elle indique le but de la manifestation, le lieu, la date et l’heure du rassemblement des groupements invités à y prendre part et, s’il y a lieu, l’itinéraire projeté.
L’autorité qui reçoit la déclaration en délivre immédiatement un récépissé.

Donc ?

On récapitule : l’Etat ne délivre pas d’autorisations de manifester. Une manifestation se déclare, on ne dépose pas une demande d’autorisation de manifester mais une déclaration de manifestation.

Cette déclaration doit comprendre de nombreux éléments, certes. De la même façon, s’il est question d’occuper l’espace public lors de ladite manifestation, il faut, cette fois-ci, une autorisation.

Donc si vous marchez dans les rues, sur un trajet défini et annoncé dans la déclaration, si vous n’avez pas prévu d’occuper un espace public, il n’y a pas besoin d’autorisation.

Attention cependant, je vous conseille vivement de déclarer votre manifestation, ne pas le faire vous expose à quelques risques, genre payer des gros sous et une potentielle peine de prison… même si les manifestations sauvages, c’est sympa aussi.

L’autorité peut aussi, car c’est la loi, interdire votre manifestation une fois votre déclaration de manifestation déposée auprès des personnes compétentes.

Cependant, dire « il n’y aura plus d’autorisations de manifester » et « cette manifestation est déclarée interdite », ce n’est pas la même chose, clairement pas d’ailleurs. Fichtre.

Dans un premier cas, on fait croire que, par défaut, toutes les manifestations seront interdites « à priori » car on ne donnera plus « d’autorisations » pour manifester, ce qui est impossible. Diantre.

Dans un second cas, on décide de déclarer cette manifestation interdite parce qu’on constate un certain nombre de manquements ou de potentiels troubles à l’ordre public.

Conclusion de ce rapide passage : lisez la loi. Et ne vous laissez pas faire. Bordel.

Edit : un commentaire de Tris, qui gère le Projet Arcadie, rajoute des informations importantes, que voici, si vous n’avez pas l’habitude de lire les commentaires :

Précision utile et pour répondre à une question qui est revenue à plusieurs reprises : quid de l’état d’urgence ?

Ainsi que l’exprime liberté, libertés chéries => http://libertescheries.blogspot.fr/2016/02/etat-durgence-premiere-declaration.html il appartient au juge administratif de veiller à la conciliation entre les libertés fondamentales et la sauvegarde de l’ordre public et procède à une analyse au cas par cas, de façon concrète.

Il n’est donc pas possible de restreindre globalement la liberté de manifester même si des restrictions peuvent être apportées mais elles doivent motivées, limitées dans le temps et dans l’espace.

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On arrête la désobéissance civile.

vendredi 13 mai 2016 à 00:26

C’est dans une ambiance plus que tendue qui me file la gerbe que je me permets un petit quelque chose sur le blog.

Cette même ambiance qui devient de plus en plus compliquée à supporter, depuis un mois. J’ai préféré couper les informations pour ne pas m’emporter à chaque nouvelle information, mais rien n’y fait.

Jusque là, j’étais partisan de la désobéissance civile, cet acte qui consiste à résister, à se révolter, mais de façon pacifique. Ne pas répondre à la violence par la violence, ne pas utiliser les mêmes méthodes que ceux qui sont combattus, ne pas se mettre à leur niveau, après tout, on vaut mieux que ça.

Mais là, et croyez-moi, ça me désole de le penser, hormis la violence, je ne vois pas ce qui pourrait faire changer les choses.

Est-ce normal qu’on ignore des milliers, puis ensuite des millions de personnes ?

Est-ce normal qu’on balaye d’un revers de la main, d’une pathétique déclaration, des manifestations citoyennes ?

Est-ce normal que des gens qui se regroupent en assemblée soient chassés par les forces de l’ordre, d’une manière de plus en plus violente ?

Est-ce normal que chaque jour depuis quelques temps, nous voyons des abus de pouvoir ça et là, des actes violents, le tout sans qu’il ne se passe rien ?

Est-ce normal que des manifestants pacifistes se prennent des salves de lacrymogènes alors que leur seul acte de résistance était celui de parler ?

Est-ce normal que des CRS se « lâchent » en frappant une femme qui n’a rien demandé en plein torse ?

Est-ce normal que des CRS envoient des grenades de désencerclement à bout portant et à hauteur d’homme, alors que ces grenades sont plus que dangereuses et doivent normalement être utilisées dans des conditions très strictes ?

Est-ce normal que ceux qui se permettent de faire ces choses là n’aient rien à craindre ?

Est-ce normal que notre gouvernement contourne toute l’assemblée nationale, en leur faisant un énorme bras d’honneur avec l’article 49, alinéa 3, de la constitution du 4 Octobre 1958 ?

Est-il normal de lire une telle connerie :

« Nous le faisons car nous avons la conviction que ce projet agit pour l’emploi durable, pour faire entrer sur le marché du travail celles et ceux qui en sont exclus et pour que, notamment, nos petites entreprises puissent embaucher. » – Manuel Valls –

Alors que la quasi totalité des syndicats sont contre, que le peuple français est contre, que des experts reconnus sont contre, que des députés sont contre… enfin, les députés on s’en fiche, ils n’ont plus leur mot à dire avec l’article 49.3 de toutes façons.

Est-ce normal ?

Est-ce normal que des manifestants qui n’étaient pas violents se retrouvent à sortir en foulard, sérum phy dans la poche, de peur se prendre des grenades ?

Est-ce normal ?

Est-ce normal ça ?

Est-ce que tout ceci a une putain de logique ?

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Si tout ceci était arrivé dans un autre pays, hors Europe, disons, dans un pays d’Afrique du Nord, le France aurait hurlé au scandale et aurait envoyé des militaires pour « rétablir la démocratie », à grand coup de bottes dans la gueule. Pour la démocratie, hein.

Chaque jour, j’ai l’impression que nous ne pourrons pas connaître pire, que ça va s’apaiser, que le gouvernement va reprendre ses esprits et prendre conscience qu’il est en train de créer un climat plus que malsain et plus que violent. Chaque jour je me rends compte que je me suis trompé, on peut faire pire.

Est-ce qu’il va falloir qu’un manifestant se fasse tuer pour que ça se calme ?

Est-ce qu’il n’est pas déjà trop tard, vu le climat, pour arrêter la machine qui s’emporte ?

Est-ce que le gouvernement à perdu la raison ?

Est-ce normal que certains députés n’aient pas signés une motion de censure du 49.3 car c’était une motion de droite ? J’ai honte, ces pantins sont des cons, je n’ai pas de mot plus gentil que ça. Ils ont préféré ne pas signer parce que c’est « l’autre » qui a déposé la motion de censure, j’ai honte. Honte car ils ne méritent pas ce mandat de député qui, surtout dans cette période critique, devraient oublier un peu le « Gauche / Droite », ne serait-ce que pour rester dignes.

Parler ? Nous ne sommes pas entendus.

Manifester ? Nous ne sommes pas vus.

Les sondages ? Ils disent que nous sommes contre mais le gouvernement s’en moque.

L’Assemblée Nationale ? Tout simplement ignorée.

Que reste-t-il pour se faire entendre ? La violence. C’est triste à dire, mais il ne reste que ça, et c’est parti pour durer puisque nos élus ne nous écoutent même plus.

Dans un autre pays, les journaux auraient parlé d’une crise politique majeure, d’une armée ou d’une police dangereuse, certains journaux à scandale auraient peut-être même parlé d’un climat propice à la dictature, d’un gouvernement qui a perdu la tête, d’actions contre le peuple et la démocratie.

Mais pas en France, « patrie des droits de l’Homme ».

Alors, une fois n’est pas coutume, arrêtez la désobéissance civile et défendez-vous. Embarquez foulards, sérum physiologique, lunettes de piscine contre les lacrymogènes, et défendez-vous.

Les CRS n’en peuvent plus, il n’y aurait pas autant de dérapages sinon. J’ai de la compassion pour eux, mine de rien. Ce sont des humains, comme nous, je n’aimerais pas être à leur place, entre nous et la hiérarchie, elle même pressée par « plus haut » pour briser le mouvement, maintenir la pression, utiliser tout moyen possible pour gérer la crise.

Si des CRS me lisent, posez votre casque et rejoignez les manifestants, vous savez, quelque part, que ce qui arrive n’est pas normal. Et ne m’en veuillez pas si j’ai quand-même envie de vous envoyer un pavé en pleine tête, ce n’est qu’une envie, il y a trop de colère dans ce pays et plus aucun moyen de l’exprimer.

On fait quoi, maintenant ? Doit-on sérieusement devenir de plus en plus durs, quand est-ce que cette radicalisation va cesser ?

On fait quoi, maintenant ?

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