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David Cameron n’a définitivement pas compris le chiffrement.

mercredi 4 novembre 2015 à 10:55

L’Investigatory Powers Bill est un projet de loi propose d’étendre le pouvoir d’enquête des policiers et, selon le journal, ce projet de loi va tenter d’interdire le « chiffrement indéchiffrable », explications.

La nouvelle, publiée dans les colonnes du Telegraph (EN), risque de faire rire et grincer des dents. L’Investigatory Powers Bill, un projet de loi présenté durant l’été par David Cameron, va imposer aux éditeurs et fournisseurs de solutions de chiffrement de conserver les moyens de déchiffrer les communications et données qui reposent sur leurs services.

Apple et Google sont en première ligne de cette obligation, depuis que les deux sociétés ont décidé d’activer par défaut le chiffrement intégral des terminaux.

La mesure concerne un nombre croissant de services qui proposent à leurs utilisateurs un chiffrement de « bout-en-bout », rendant le contenu des échanges complètement inaccessibles à des regards étrangers.

Ce n’est pas la première fois que de telles volontés sont prononcées et la Grande-Bretagne n’est pas la première à souhaiter l’arrêt du chiffrement indéchiffrable. Récemment, les États-Unis d’Amérique souhaitaient intégrer des « portes dérobées » dans des solutions logicielles et matérielles pour permettre aux services du renseignement d’avoir des accès un peu partout.

Des associations citoyennes et des experts informatiques s’étaient alors soulevés contre cette mesure, qui créait une faille importante dans la protection des données personnelles.

La Grande-Bretagne reprend le même discours que le président Obama : le chiffrement intégral, sans moyen pour les forces de l’ordre et les services du renseignement d’accéder aux données, représente une menace et complique extrêmement le travail des agences du renseignement.

La faute à qui ?

Je crois l’avoir déjà évoqué dans un précédent billet, nous n’en serions sans doute pas là si quelques agences n’avaient pas décidé d’espionner l’ensemble de la planète, si quelques agences n’avaient pas décidé de mettre leur nez partout, parfois pour des motifs plus que discutables.

La ligne de défense d’Apple et Google est la suivante : ils ont essuyé de plein fouet la grosse crise et la perte de confiance engendrée par les « Révélations Snowden » et se devaient de réagir pour rassurer leurs clients. Dans les faits ce n’est pas forcément vrai, en témoignent les résultats financiers des deux entreprises : les gens s’en cognent du chiffrement. Cela reste quand-même leur ligne de défense et j’imagine qu’ils vont donc s’opposer à cette obligation de l’Investigatory Powers Bill car cela remettrait en cause toute leur communication sur le chiffrement. D’autant plus que ces deux firmes déclarent qu’elles ne disposent plus, maintenant, des clefs de chiffrement des appareils. Dans un récent cas de la justice américaine bloquée sur un Iphone, Apple n’a pas pu apporter son expertise car le téléphone était chiffré et qu’Apple ne disposait pas de la clef de chiffrement.

Le discours du gouvernement britannique est rodé : « c’est pour trouver les criminels, les terroristes et les pédophiles qui se servent de ces techniques de chiffrement que nous voulons cette loi. », c’est le même discours côté américain et côté français.

Définitivement, Cameron n’aime pas le chiffrement et n’a pas compris que donner des clefs de chiffrement, c’est une faille.

Si les opérateurs disposent de ces clefs-là, c’est indéniablement un problème. Quelque chose qui peut être déchiffré par une autre personne que celle à qui le message était destiné représente, à mes yeux, un problème.

J’espère que les décisions du gouvernement britannique ne donneront pas des idées à d’autres…