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Repas de famille ordinaire

jeudi 1 janvier 1970 à 01:00

Après mon article Je suis tonton en cette fin d'année, voici un nouvel article très intimiste.

Quasiment chaque dimanche, le midi, c'est repas de famille. RyoOki et moi même allons chez mes parents et déjeunons en leur compagnie, ainsi que celle de ma soeur, de son compagnon et de leur fils. Ma soeur a un sacré caractère, tout comme mon père, et les repas sont généralement animés de leurs discussion qui tient souvent à l'engueulade. On choisit ses amis, mais on ne choisit pas sa famille... Ma soeur a un caractère bien différent du mien, est une forte tête et dit clairement ce qu'elle pense. Malheureusement, il est impossible de la raisonner quand elle est dans le tord, dans l'apriori. Elle refuse d'écouter toute argumentation, tout développent d'idée qui irait à l'encontre de ce qu'elle affirme. Je n'aime pas ce genre de discussions. Chacun s'écoute parler et une preuve que personne n'écoute, est le fait que si je m'arrête au milieu d'une phrase, personne ne relèvera, ne me demandera de poursuivre ce que je disais. Alors RyoOki et moi-même nous parlons peu, faisons acte de présence. Pour garder un lien avec mes parents. Mais parfois la colère monte en moi et j'aimerai recadrer certains des propos de ma soeur.

Le problème est qu'en le faisant, le ton monterait vite. Ce serait une engueulade. Ma soeur quitterait la table. Mon père m'engueulerait (deux poids, deux mesures. Il peut se prendre la tête avec ma soeur, mais moi je ne dois rien dire)... Bref, c'est compliqué. Donc quels sont ces propos qui me gênent.

Homphobie ordinaire

Régulièrement, ma soeur en parlant de son fils, tient des propos homophobes. De l'homophobie ordinaire. Du type Mon fils sera pas PD. OK ça se décide pas mais si c'est le cas ça me ferait grave chier. Sic. Ce genre de propos. Ce à quoi s'ajoute souvent, en s'adressant à son compagnon "Tu sais, on a longtemps cru que mon frère était PD".

Les raisons sur lesquelles elle se base pour tenir de telle propos sont le fait qu'aucune fille ne venait à la maison jusqu'à mes 21 ans (mais pas plus dans de garçons d'ailleurs. Comme j'en parlais dans mon billet Les origines de mon geekisme, j'étais un solitaire). Majeur, je sortais un peu, voyais quelques amis dans des soirées repas organisées chez les uns et les autres. Puis j'ai rencontré RyoOki, qui était ma binôme pour les cours. Nous travaillons et révisions nos cours ensemble le week-end, chez l'un ou chez l'autre. Aucune marque extérieure d'un quelconque attachement entre nous, nos parents respectifs nous voyaient comme des amis. Avoir une meilleure amie fille, pourquoi pas. On ne m'a jamais posé de question, je n'ai jamais parlé du véritable lien qu'il y avait entre nous. Il a fallu que j'annonce à mes parents "on se fiance" pour que la vérité éclate. Que le pavé soit jeter dans la mare. Et que ma soeur a commencé les premiers "on croyait que tu étais PD".

A cette époque, je n'avais pas conscience de la problématique de l'homophobie ordinaire. De la banalisation de cette homophobie. Car non ce n'est pas toujours drôle de plaisanter sur l'homosexualité. Ca peut l'être, car on doit rire de tout. Mais ce n'est pas drôle si une personne en souffre à l'écoute des propos. Internet et les relations que j'ai avec des personnes que je ne connais pas, la lecture de leur souffrance quotidienne, du fait de leur rejet car ils ne sont pas dans la norme, ne correspondent pas à ce que l'on attend d'eux, m'a fait prendre conscience du problème. Via Internet je lis des messages de gens qui souffrent du sexisme et de l'homophobie ordinaire (tout comme de la transophobie, du racisme et de toutes ces autres problématiques). Et aujourd'hui, je voudrais leur dire. JE SUIS LACHE. Car je n'essaie même pas de résonner ma soeur sur son homophobie ordinaire. Je n'en ai pas le courage. Pour les raisons dites au début du billet : je ne veux pas m'engueuler avec ma famille. Et au fond de moi j'espère que si un jour, mon neveu est mis mal à l'aise par ses parents, ou pire, rejeté pour sa sexualité, je saurai être là. Je ne suis pas son père. Je suis son oncle, je peux déjà dans les prochaines années contribuer à son éducation et son épanouissement (mais pas me substituer à ses parents et à l'éducation que malheureusement ils lui donneront).

Comme je le disais dans mon article Je suis tonton, je sais que j'ai un peu fait avancer le monde dans le sens que je veux et que je construis peu à peu le futur de ce petit neveu et il faudrait que je commence peut-être en dénonçant cette homophobie ordinaire, banalisée, auprès de sa mère.

Sur la pression sociale de la parentalité

Autre sujet, celui de la pression sociale de la parentalité. Ma soeur a eu 32 ans et est devenu mère plus tardivement qu'elle ne l'aurait voulue. Depuis qu'elle est mère, chaque dimanche, elle ne cesse de demander "Et vous c'est pour quand". Elle contribue à la pression sociale du couple qui a la trentaine doit avoir un enfant. Rapidement. Avant qu'il ne soit trop tard. Elle demande à ce que mes parents nous laissent un peu prendre notre neveu "pour qu'on s'habitue". Nous n'avons pas/pas encore d'enfant et la société au travers de ma soeur nous met la pression sociale de la parentalité. Or la parentalité est et doit rester le choix d'un couple et non une pression extérieure (familiale, sociétale).

Conclusion

A travers deux exemples malheureusement bien ordinaire, celui de l'homophobie ordinaire et de la pression sociale de la parentalité, j'espère avoir pu sensibilisé à deux problématiques importantes que l'on ne peut pas prendre à la légère. Ce billet est trop court pour tout expliquer, des sites Internet sont dédiés à ces sujets et je vous renvoie vers eux. Et je terminerai en disant que même si je ne parle pas du sexisme, c'est là également une autre problématique qui me tient à cœur. Et ce sera peut-être le sujet d'un autre billet.