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On Vaut Mieux Que Ca !

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Je rêvais d’être routier, de parcourir le globe, de faire un métier passionnant…

lundi 27 février 2017 à 10:00

Maman, j’ai peur, je me sent si seul si tu savais, j’ai 26 ans, je travaille dix heures par jour, onze, douze, treize heures, je

travaille encore et encore, mon corps s’épuise, mes nuits sont courtes, je m’alimente vite fait, histoire de gratter quelques
minutes sur mon temps libre déjà si court, je fournis chaque jour des efforts physiques intenses, tout les jours la même
journée qui se répète, 4h30 le réveil qui sonne, la boule au ventre, la fatigue qui me tiraille, j’en vient à en être malade
rien qu’à l’idée d’aller travailler, j’ai même fait ma première insomnie, moi qui ai toujours eu le sommeil facile, j’ai du
mal à dormir, chaque jour la même journée, cet éternel recommencement, et ces pensées qui me hantent, qui me suivent,
sans jamais me laisser de répit, pourquoi ? A quoi rime mon travail, tout cela n’a aucun sens, je ne fait qu’apporter ma
contribution à cette société de consommation sans limite, je me sens sale, j’ai l’impression de me prostituer, de vendre
mon corps à des gens inhumains pour qui je ne suis qu’une bête, une bête qui une fois bien rentabilisée et bien abimée
sera aussi tôt remplacée par une bête plus jeune et en pleine santé ! L’ironie dans tout ça, c’est que ces même êtres
inhumains qui m’exploitent attendent que je me donne à fond et que je soit reconnaissant de la chance qu’ils me
donnent, une chance ?!
Il est 19h30, cela fait peu de temps que je suis rentré du travail, dans quelques minutes je vais avaler ce plat préparé sans
saveur que j’aurai au préalable réchauffer au micro-onde, je vais aller prendre ma douche, puis me je vais aller gentillement
me coucher, en ayant les mêmes pensées qui me hantent encore et toujours, en ayant cette même boule au ventre
quotidienne, en étant apeuré à l’idée que demain la même journée se répète, encore …
Je rêvais d’être routier, de parcourir le globe, de faire un métier passionnant, de voir du paysage, de tailler la route, de
rencontrer des gens sympas, de vivre un tas d’expériences enrichissantes …
Au lieu de ça je suis tombé sur un patron qui m’exploitais sans contrat, qui me payais en liquide, 200 euros par semaine,
qui m’a poussé à travailler jusqu’à 21h en une journée, mais j’ai rien dit, c’était mon premier job, je me suis dit que ça
me ferai de l’expérience, et puis j’ai pu trouver une seconde société, qui m’a encore exploité, parce que j’étais jeune
et n’avais pas de vie de famille, puis une troisième, là encore le même couplet, 50h par semaine, un salaire à peine plus
élevé que le smic, de la manutention, conduite d’engin élévateur formé sur le tas sans aucune attestation, et puis après
une demande de rupture conventionnelle, j’ai été licencié pour faute grave qu’ils ont dit, la faute ?
Ils ont renversé de la marchandise dans le camion, ont fait des photos, et me les ont montrées en souriant en me
disant la voilà, la faute grave …
Et puis une quatrième, je travaille bien, je suis un bon élément, mais les journées sont longues et pénibles, et malgré
tout nos efforts, ont nous en demande toujours plus, les statistiques qu’ils disent !
Mais merde moi j’en peut plus maman, je suis fatigué de toute ces statistiques, je ne suis pas une statistique, je ne suis
pas du bétail, moi je demandai pas grand chose, je voulais juste faire ma petite vie tranquille, avoir mon petit chalet
chaleureux dans un coin pénard, je voulais juste m’épanouir, apprendre plein de choses, aller au bout de mes passions,
faire de la photo, apprendre à jouer des instruments, apprendre pleins de choses sur la nature, j’avais aussi pleins de rêves,
je voulais vivre pleinement, intensément, ressentir la vie à travers tout un tas d’émotions et d’expériences !
Mais mes rêves il me les ont volé, j’ai vendu mon âme au diable, et je me sent mourir en dedans sans but, et sans avenir
certains, emprisonné dans ce quotidien vicieux et sans fin, j’aimerai tant m’en sortir, mais faut dire qu’avec toute leurs
lois ils sont plutôt doués pour tenir les gens en laisse !
J’ai mal à mon coeur maman, j’ai mal à mon monde, l’enfant autrefois plein de vie, d’entrain et de rêve est aujourd’hui
apeuré, désabusé, ce monde  » d’adultes  » m’angoisse, c’est pas comme ça que j’imaginai la vie !
Si encore il n’y avait que le travail, mais j’ouvre les yeux chaque matin et je voit ce monde partir à la dérive, je voit la haine
envahir les cœurs, je voit des gens qui appellent à l’aide et des passants amusés qui au lieux de brandir leurs mains,
dégainent leur smartphone pour filmer ces gens en détresse, je vois des illusions d’un monde merveilleux germer
partout sur les pancartes publicitaires, et de laisser inéluctablement sur leurs routes des gens envieux, jaloux, malheureux
de ne pouvoir atteindre du bout des doigts les belles promesses qu’on leur fait, je voit des gens qui se renferment sur eux
même et qui vivent par procuration à travers leurs gadgets high tech …
Mais c’est pas comme ça que tu m’a élevé maman, tu m’a transmis des valeurs, tu m’a appris qu’il fallait aider son prochain,
qu’il fallait se respecter, s’aimer, qu’il ne fallait pas juger, mais je ne reconnait rien de tout ça dans ce monde qu’ils nous
laissent ces êtres inhumains assoiffés de pouvoir et d’argent, et je suis si triste, et si seul, je n’ai personne avec qui partager
ces douleurs, ces maux qui me pèsent, ces cauchemars qui m’arrachent à mon sommeil, et pourtant je suis sûr que nous
sommes tellement nombreux à souffrir en silence chacun dans notre coin avec nos smartphones comme seul lot de
consolation, mais tout ces gens qui souffrent comme je souffre, qui se sentent isolés, absorbés par leur travail, esclaves
de leur vie, tout ces malheureux silencieux qui pour certains n’ont plus le courage et préfère mettre fin à leur jours,
tout ces oubliés, ces gens qui pleurent seuls le soir au fond de leur lit, j’ai envie de courir vers eux, j’ai envie que tous
ensembles nous nous prenions dans les bras, que tous ensembles nous pleurions, je rêve d’un monde où un matin
les gens se réveilleront et dans un élan frénétique d’humanité, jetterons à terre leur smartphone, relèverons leurs
yeux, et que tous ensemble on se reconnecte, que tous ensemble on se prennent dans la main, que nos voix s’élèvent
comme un chant révolutionnaire, que nos cœurs battent à l’unisson, je rêve d’un monde où toute les barrières
tomberaient d’un coup d’un seul, et que tous ensemble dans une fraternité sans pareil, nous nous dressions face
à ces êtres inhumains, si petits en nombre, que nous leur fassions barrage et que nous reprenions notre avenir en main, pour
nous, pour tout ces enfants innocents, ces mêmes enfants qui lorsque je les voit sourire, ces mêmes enfants dont je peut
voir les yeux plein de bonheur, me fend le cœur, parce que même si je ne veut pas leur montrer, j’ai peur pour eux, ils
n’ont rien demander, nous non plus, parce qu’au fond nous sommes tous des enfants avec quelques années de plus
seulement mais il semble que nous l’ayons oublié !
J’aimerai crier mon amour au monde entier, crier à m’en écorcher les poumons que la vie est belle et que nous sommes
tous unis, que nous partageons la même planète, que nous poursuivons le même rêve de bonheur universel, et que nous
ne voulons pas haïr notre prochain, j’aimerai crier à la terre entière qu’ils n’ont pas le droit, ces êtres abominables,
de nous réduire à l’état de matière première à coups de lois qu’ils votent sans notre consentement, putain maman si
tu savais comme j’ai envie de pouvoir changer les choses, je chiale comme c’est pas permis, j’aimerai croire que c’est possible,
et je m’accroche, c’est dur mais je m’accroche putain !
Je me raccroche à la vie comme un damné parce que je ne veut pas abandonner, je veut croire qu’un monde meilleur est
possible, mais putain je me sent si seul, mon âme crève de ce manque d’humanité et d’amour, j’en crève, et
j’espère que je tiendrai bon, je doit tenir, mais je ne sait pas pendant combien de temps encore je tiendrai ainsi, dit moi que
tout ira bien, dis moi que rien est perdu d’avance, dis moi que nous pouvons changer cela, j’ai besoin d’y croire, car lentement
je me meurt …
à toi maman, à tous ces gens que je ne connait pas qui souffrent en silence, à mes frères et sœurs, à toi
papa, à tous ces laissés pour compte, à cette putain qu’est la vie, à l’humanité, voilà j’avais besoin que ces mots sortent, qu’ils
soient une bouteille à la mer, puissent il faire prendre conscience ne serait ce qu’à une seule personne qu’elle n’est pas seule.