Le Grand Bleu n’était pas blanc-bleu
samedi 7 juin 2025 à 12:38Le film qui mélange (mal) réalité et fiction, dresse un portrait flou de l’apnée
Combien de générations ont-elles été « impactées » par Le Grand Bleu, ce film de 1988 qui a fait découvrir au monde la pratique de l’apnée avec un héros : Jacques Mayol, sous les traits de Jean-Marc Barr ? Mais Luc Besson s’est arrangé avec la réalité pour faire un « produit » qui s’est très bien vendu. Au détriment notamment d’Enzo Maiorca.

Jacques Mayol ne l’a jamais décrit autrement. Il y a bien eu une bataille épique entre lui et Enzo Maiorca, un plongeur italien qui avait débuté avant lui dans la compétition et qui, le premier, avait atteint la barre des 50 mètres, une limite dont les médecins disaient qu’elle serait fatale à l’Homme. Mais dans le film Le Grand Bleu de Luc Besson, la comparaison avec l’histoire réelle s’arrête à peu près là.

Et encore, il n’est pas certain que cette compétition ait pris cette forme-là. Mais surtout, pourquoi donc le réalisateur s’est-il mis en tête de croquer Enzo Maiorca comme un italien lourdaud, caricatural, prenant des risques insensés? Pourquoi présenter Jacques Mayol comme un homme totalement hors du monde, un peu illuminé? Bien sûr, un film est souvent (toujours?) romancé. Mais pourquoi, encore, avoir choisi de changer le nom de Enzo Maiorca en Enzo Molinari et avoir en revanche conservé celui de Jacques Mayol?
Les deux hommes, Mayol et Maiorca sont deux personnages incontournables de la plongée en apnée et ils ont fait faire un bond à ce sport sur tous les plans, y compris sur le plan médical. Leur histoire, les péripéties de cette période historique de la discipline sont un vrai sujet de film.
Le Grand Bleu a eu le mérite de faire entrer l’apnée dans la vie d’une grande partie de la population. Il a démocratisé en un instant une pratique...