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Doctolib : des données de santé insuffisamment protégées

jeudi 20 février 2025 à 12:01

Les États-Unis de Donald Trump pourraient se servir allègrement

C’est une discussion sans fin mais qu’il convient d’avoir à nouveau au moment où Doctolib propose d’héberger nos ordonnances et autres résultats médicaux : nos données de santé sont-elles protégées correctement ? Ces données sensibles pourraient être accaparées par les États-Unis. Alors que 60 millions de Français utilisent Doctolib, que se passerait-il si la société était vendue à un groupe étranger ? L'élection de Trump modifie-t-elle la donne ?

Doctolib respecte la vie privée des utilisateurs

Il fut un temps, lointain, où les données de santé et plus généralement les données personnelles étaient un sujet de premier plan en France. En 1974, un article du Monde titré « SAFARI ou la chasse aux Français » met le feu aux poudres. Le Système automatisé pour les fichiers administratifs et répertoires des individus (SAFARI) inquiète. Ce projet visait, selon Le Monde, à relier par le numéro de sécurité sociale toutes les informations détenues dans « les 400 fichiers que possèdent les services de police […] le cadastre, le fichier... des impôts et, plus grave peut-être, celui du ministère du Travail ». La généralisation de cette identification dans toute l'administration avait pour but de faciliter l'interconnexion des fichiers. Déjà…

Le tollé provoqué par cet article déclenche la création de la CNIL. Le temps s’est écoulé, Internet est arrivé, les États comme les entreprises privées se sont littéralement gavés de nos données personnelles sans véritable contrôle. Le poids croissant de la société Doctolib dans la gestion des données de santé des Français devrait générer un débat bien plus soutenu et l’on peut s’étonner du silence des gouvernements successifs et des députés et sénateurs. Car, à bien y regarder, les garde-fous ne semblent pas suffisants.

Depuis des années, le collectif InterHop, ainsi que plusieurs associations et syndicats médicaux tentent de faire valoir que les prises de rendez-vous dans les hôpitaux, avec des médecins dans le privé, ou pour la...

Anonymat sur Internet : Darmanin... porte quoi !

mercredi 19 février 2025 à 10:51

Le ministre met ses pas dans ceux des plus gros incultes numériques et il y a des raisons à cela.

Ils sont tellement nombreux, depuis l'arrivée d'Internet à pester contre un supposé « anonymat », contre une « zone de non droit » supposée. Rien de tous cela n'existe et cela a été démontré mille fois. Mais on ne renonce pas à le faire à nouveau, histoire de tourner en ridicule le nouveau ministre de la justice.

Gérald Darmanin - Jacques Paquier - Wikipedia - CC BY 2.0

Ça manquait à son palmarès. Gérald Darmanin, qui s'était déjà illustré avec « les messageries cryptées comme Wazzaaaap » va s'attaquer avec ses gros muscles à l'affreux anonymat qui prévaut sur Internet et au fait que bien sûr, il s'agit d'une zone de non droit. Et pour cela, il a une solution : imposer à chaque Français une « identité numérique propre ».

Il s'en explique dans Le Parisien :

« Dans les semaines qui viennent, nous nous intéresserons à l’anonymat sur les réseaux sociaux. Au ministère de la Justice, nous considérons que la fin de l’anonymat sur les réseaux sociaux est d’une importance capitale dans la lutte contre la pédocriminalité, le trafic de drogue, le cyberharcèlement… Reprenons la proposition du député Paul Midy déposée il y a quelques mois, pour que chaque citoyen français ait une identité numérique propre, qui permette aux enquêteurs de remonter à l’auteur de l’infraction. Pourquoi les réseaux sociaux seraient le seul endroit où l’expression ne serait pas conforme aux règles de la République ? On sait qu’une grande partie de la délinquance et de la criminalité est aujourd’hui numérisée. Internet doit cesser d’être une zone de non droit. »

Bon... Commençons par démonter les arguments du ministre avant de s'intéresser à son propre anonymat et pseudonymat sur les Internet. Paul Midy, sors de ce corps !

On va faire court parce que les redites, ça consomme de l'octet et c'est mauvais...

Les néonazis attaquent à Paris

lundi 17 février 2025 à 20:56

Une agression qui aurait pu faire plus de victimes

Ce dimanche 16 février, alors que la section parisienne de Young Struggle – organisation de jeunes socialistes et internationalistes implantée à travers l'Europe – organisait la projection d'un film antifasciste à Paris, dans les locaux de l'ACTIT, elle a subi une attaque ultra-violente menée par une vingtaine de néonazis. Ces derniers étaient armés de bâtons et de couteaux. Un blessé finit à l'hôpital.

Un déferlement de violence à Paris - © Reflets

L'ACTIT est une association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie, créée en 1999, qui accueillait une soirée cinématographique avec le collectif Young Struggle Paris. Le film choisi était Z, du réalisateur Costa-Gavras. Pour Reflets, Ali* explique : « Young Struggle est une organisation de jeunes socialistes et internationalistes implantée à travers l'Europe. En France, il y a trois sections : une à Paris, une à Nancy et une à Rennes ». Pour ce collectif révolutionnaire, Young Struggle a « pour objectif d'organiser et de politiser la jeunesse sous le prisme du socialisme, dans les lieux de travail, d’études et les quartiers ».

Affiche de l'evenement - Instagram - Young Struggle
Affiche de l'evenement - Instagram - Young Struggle

Sur leur page Instagram on peut lire également : « Young Struggle vise l'émancipation de toutes et tous. La libération de notre classe ne pourra pas se faire sans une révolution des femmes, sans la fin des LGBTIphobies et du racisme. »

Une attaque très violente

Aujourd’hui, lundi 17, le canal Telegram Memoria, dont le contenu est raciste, violent et néonazi, publie la vidéo du tabassage d’un militant de Young Struggle Paris, accompagnée du titre : « Six nationalistes en garde à vue après avoir rendu visite aux antifas du groupe Young Struggle. » Pour tenter de justifier leur attaque, ils diffusent une fake news, prétendant qu’il existerait un lien entre l'ACTIT, Young Struggle et le Parti communiste marxiste-léniniste (MLKP)...

Chroniques syriennes : retour à Alep #1

vendredi 14 février 2025 à 10:18

Plus un seul soldat à la frontière syrienne

En 2014, Talal Sarout fuit vers la France. Malgré des études de droit, il vit de petits boulots, jusqu’à son embauche en CDI. Il épouse une française, puis renonce à son statut de réfugié pour pouvoir revoir sa famille, au prix d’une très forte amende à payer au régime. Il envisage désormais de rentrer pour aider à reconstruire son pays. C’est ce qu’il va chercher à savoir dans ce voyage, dont il tiendra la chronique dans Reflets.

A l’intérieur du hall de contrôle de la douane en Jordanie, les membres du Croissant Rouge viennent à la rencontre des voyageurs qui rentrent en Syrie - © Reflets

« Vous, les Syriens, vous méritez d’avoir un pays digne de ce nom  ». C’est ainsi que m’accueille une employée au comptoir de l’aéroport de Marseille, alors que je m’apprête à embarquer pour Alep, via la Jordanie. « J’espère que vous êtes content de ce qu’il s’y passe et que vous allez fêter ça. On suit de près la chute du régime, j’espère que l’avenir se passera aussi bien que ce qu’il se passe pour l’instant ! » C’est la première fois que des membres du personnel sortent de leur réserve professionnelle alors que j’embarque pour mon pays et cela me fait chaud au cœur. « Incha’Allah » lui dit-je spontanément. « oui, incha‘Allah ! » me répond-elle en souriant, et en me proposant une petite place supplémentaire pour une valise en soute.

Dans l’avion Istanbul-Amman, je suis à côté d’un Syrien originaire de Damas. Installé en Allemagne depuis treize ans, cet homme d’une quarantaine d'années n’est jamais retourné dans notre pays. Tout ce temps, il était recherché par le régime d’Al-Assad pour avoir fui le service militaire et pour des activités avec l’opposition. Sa famille est complètement éclatée. Ses sœurs, restées en Syrie, ont été menacées par le régime qui voulait les obliger à dire où leur frère se cachait. Elles ont fui Damas avec leurs maris. Il a deux filles, qui sont parties au Liban avec leur mère, et qui n’ont aucun souvenir de la Syrie car elles étaient trop petites à leur départ. Il est très content de rentrer, surtout avec ses filles,...

Le bide de la vidéosurveillance algorithmique

mardi 11 février 2025 à 17:02

Et pourquoi elle sera pérennisée

Des IA peu performantes, un faible intérêt opérationnel, des faux-positifs en pagaille ; l’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) permise par la loi JO a montré ses limites. Mais les perspectives promises par ces logiciels ont enchanté les forces de sécurité, qui se positionnent toutes pour leur pérennisation.

Un système de traitement le l'image par IA - D.R.

Déposé le 14 janvier sur le bureau du ministère de l’Intérieur, le rapport d’évaluation de l’expérimentation VSA est tombé. Ce document a pour objectif d’alimenter les débats sur la pérennisation du dispositif de contrôle algorithmique de la population. Il est le fruit du travail d’une commission qui a pu assister au déploiement de ces technologies durant plusieurs mois et recueillir le retour d’expérience des quatre utilisateurs que sont la Préfecture de Police (PP), la Régie Autonome des Transports Parisien (RATP), la Société Nationale des Transports (SNCF), et la ville de Cannes.

Permise par la loi du 19 mai 2023 autorisant officiellement l’usage de ces technologies controversées — la VSA était en réalité utilisée depuis des années par de nombreuses villes sans aucun cadre légal et idem pour le ministère de l’Intérieur qui utilisait la reconnaissance faciale depuis 2015 en cachette — l’implémentation de ces technologies est justifiée par un impératif de lutte contre le terrorisme et d’atteinte grave à la sécurité des personnes. Il détecte automatiquement et en temps réel huit situations (ou cas d’usage : colis abandonné, départ de feu,* etc. ). Censés venir combler l’inefficacité patente de la vidéosurveillance traditionnelle** , les deux logiciels testés sont ceux de l’entreprise Videtics déployés dans la ville de Cannes, et celui de la start-up Wintics, utilisés par la PP, la SNCF et la RATP.

Ces logiciels reposent sur la vision par ordinateur, une branche de l’...